Nouveau Cannondale Scalpel Si : affûtage en règle
Par Olivier Béart -
Apparu il y a 4 ans, le Cannondale Scalpel 29 s’offre un sérieux lifting. L’esprit reste, les lignes semblent toujours familières, mais la bête de XC/Marathon de Cannondale est en réalité un tout nouveau vélo qui, sans en avoir l’air, cache un caractère bien plus joueur, vif et passionnant. Nous avons assisté à la présentation du petit nouveau sur les bords du lac de Garde et, en prélude à notre prise en main, voici les subtilités techniques qui caractérisent cette 4e génération du mythique Cannondale Scalpel Si.
Avec le passage aux roues de 29 », le Scalpel s’était un peu plus tourné vers le marathon et le confort, tout en gardant une grande légèreté. Mais, même si Manuel Fumic l’a encore utilisé régulièrement la saison dernière, il ne convenait plus vraiment à un usage en Coupe du Monde où les circuits nécessitent de plus en plus l’usage d’un full suspendu.
Sans oublier le rider lambda et les marathoniens, c’est pour coller pleinement aux standards actuels de la pratique XC que le Cannondale Scalpel a été mis à jour sur une série de points qui, cumulés, en font un tout nouveau vélo, désormais baptisé Cannondale Scalpel Si. Tout en gardant un air de famille assez clair avec la précédente génération, il subit des changements majeurs. Et pas seulement au niveau de la technique. Au niveau de la philosophie aussi.
Avec ce nouveau Cannondale Scalpel, le fun et le plaisir de pilotage deviennent des facteurs de performance.
Cannondale a bien compris, sur ses semi-rigides, que le confort est un facteur de performance. Désormais, avec le Scalpel, le fun et le plaisir de pilotage font partie intégrante des caractéristiques qui rendent un vélo de XC compétitif. C’est nouveau et, si la promesse est tenue sur le terrain, c’est vraiment quelque chose que nous trouvons intéressant. Nous verrons un peu plus tard ce qu’il en est, mais en attendant, voici les principales caractéristiques techniques du nouveau Cannondale Scalpel.
Géométrie : aux sources du plaisir et de l’efficacité
Il suffit d’avoir roulé récemment sur un parcours de Coupe du Monde de XC pour s’en rendre compte (nous avons eu l’occasion de le faire l’an dernier à Nove-Mesto et Albstadt) : la performance d’un vélo sur ce genre de circuit n’est plus juste une question de rigidité et de poids. Comme le dit Cannondale, on est passé du XC au « XXC ». Et pour faire un vélo plus rapide et efficace, la géométrie est cruciale.
Pour y arriver, la marque a choisi une voie un peu différente de la tendance qui est « simplement » de concevoir des vélos avec un reach plus important et un angle de direction plus couché ; c’est à dire, pour schématiser, un avant plus long et une fourche plus penchée. Mais, même si plusieurs marques s’en sortent très bien avec ce type de recette (on pense notamment à BH avec son Ultimate), Cannondale a voulu suivre une autre voie : adopter un angle de direction assez couché pour un 29 pouces (69,5°), en le combinant avec un déport de fourche important pour préserver la maniabilité.
Peter Vallance, le Product Manager, nous explique : « Nous avons un angle de direction nettement plus couché que nos concurrents directs, mais aussi un offset de fourche plus important. La clé, c’est ce qu’on appelle le « fork trail » car c’est une mesure qui combine ces deux valeurs (voir schémas ci-dessous). »
« Sur un vélo avec un angle de direction très droit, comme sur les XC à l’ancienne, on va avoir de la maniabilité, mais on ne sera pas à l’aise dans le technique. En couchant simplement l’angle, on va avoir un vélo plus stable, mais on va aussi augmenter la valeur de trail, ce qui va donner une direction paresseuse et difficile à placer. En augmentant le déport de la fourche, ce que nous avons fait sur la Lefty 2.0, on peut avoir le meilleur des deux mondes. C’est ce que nous appelons « OutFront » . »
Concrètement, au niveau du cadre, on passe de 71° d’angle pour la précédente génération à 69,5° sur le nouveau Cannondale Scalpel. Du côté de la Lefty 2.0, le déport est de 55mm, ce qui se voit puisque l’axe de roue avant est fortement repoussé vers l’avant de la fourche. Cela aide le rider à être plus « dans le vélo », bien calé entre les axes de roues, sans déborder. Cela aide également à la sérénité dans les passages techniques puisque l’empattement du vélo est plus long. Toutefois, Cannondale ne touche pas à la longueur du tube supérieur, qui reste un facteur important en matière de maniabilité.
Pour le reste, le nouveau Cannondale Scalpel reprend exactement la géométrie du semi-rigide apparu il y a deux ans, le F-Si (que nous avons testé dans sa version d’accès, le F-Si Carbon 4), avec simplement des potences 10mm plus courtes montées d’origine. Vous le voyez dans ce tableau, le Scalpel est aussi proposé en roues de 27,5 pouces pour la version femmes (une première pour ce modèle !) en XS, S et M, ainsi qu’en Small pour hommes.
Arrière asymétrique : des bases courtes, sans Boost
Autre point sur lequel Cannondale entend atteindre les mêmes buts que ses concurrents, mais en prenant un chemin différent, c’est le terrain des bases courtes. Il s’agit d’un paramètre très important pour la motricité, mais aussi la nervosité du vélo. Sur le nouveau Cannondale Scalpel, la longueur des bases est de 435mm, contre 444mm sur son prédécesseur. Mais pour arriver à cette très belle valeur pour un 29 », la marque n’a pas eu recours au fameux standard Boost 148×12 comme beaucoup d’autres, puisqu’on reste ici en 142×12.
Pour y arriver, Cannondale a repris le système « Asymetric Integration » apparu sur le F-Si. Celui-ci est basé sur un principe simple : « Si quelque chose t’empêche de faire des bases courtes, mets-le hors de ton chemin. » On parle bien sûr du pédalier et du dérailleur avant (qui reste d’actualité sur le nouveau Scalpel), qui sont ici décalés de 6mm vers la droite, ce qui permet de donner plus de dégagement au pneu et de raccourcir ces fameuses bases.
En conséquence, la roue arrière doit avoir un rayonnage spécifique, mais c’est aussi bénéfique car on élimine le fameux « parapluie ». Par ce terme, on désigne l’asymétrie classique d’une roue qui utilise habituellement des rayons de différentes longueurs à gauche et à droite, ainsi que des tensions inégales. Ici, les rayons ont tous la même longueur et les tensions des deux nappes sont équilibrées. Ce qui a une influence directe sur le comportement de la roue.
Le poids : toujours un cheval de bataille
Même s’il ne s’agit plus de la seule et unique priorité comme à une certaine époque, le poids est toujours un facteur important.
Cannondale annonce, non sans humour, que son cadre est un des plus légers du marché…
… avec un Peter Vallance tout sourire qui annonce que, pour arriver au même poids qu’un Specialized Epic, on peut ajouter une chambre à air et un gonfleur CO2 à son Scalpel… ou encore se prendre un bon petit steak, juste en cas de fringale.
Amortisseur, pivots, etc. : évolutions pour la suspension
Pour gagner du poids, mais aussi pour affiner le travail de l’amortisseur en dopant le rendement pour le XC sans pour autant perdre complètement le côté marathonien du Scalpel 29″, Cannondale a aussi revu la suspension en profondeur.
Le bras arrière est toujours sans pivot à proximité de l’axe, et joue sur la flexibilité du carbone. Grâce au placement de l’étrier de frein sur les bases, et non plus sur les haubans, il a pu être allégé. Comme sur la fourche Lefty, les trous pour les disques sur le cadre sont au format FlatMount (qu’on voit de plus en plus sur la route) mais passent au PostMount vtt classique avec un adaptateur en aluminium… même si nous avons vu le vélo d’un des ingénieurs monté avec un étrier Shimano de route et un disque de 140mm !
La biellette est désormais en carbone et elle ne pèse plus que 68g. Deux tailles existent, pour le 29 et le 27,5 ».
Les pivots sont désormais montés avec le LockR Pivot System, un principe issu de chez GT et vu également chez Santa Cruz. Il se compose d’un tube central, d’un axe très fin (ce qui assure une pré-contrainte très faible des roulements) et d’expandeurs/caches qui évitent tout desserrage ou encrassement.
L’amortisseur est quant à lui un RockShox Monarch à entraxe métrique (190mm) dont la vis de fixation avant est très esthétiquement intégrée au cadre. Elle n’est d’ailleurs apparente que d’un côté ! La commande hydraulique RockShox XLoc FullSprint permet de bloquer simultanément les deux suspensions au guidon, d’un seul geste du pouce. La Durit qui va vers l’amortisseur est parfaitement cachée dans le tube supérieur.
A propos de choses cachées dans le tube supérieur, un adaptateur pour batterie Shimano Di2 a été spécialement conçu pour le nouveau Cannondale Scalpel. Il se place solidement, sans risque de vibrations, dans le prolongement de l’amortisseur. C’est malin, d’autant que cela permet de préserver le tube de selle pour l’utilisation d’une tige de selle télescopique. Mais ce n’est peut-être qu’un début…
… à en juger par un brevet que Cannondale a déposé dernièrement et qui concerne le montage d’un dispositif de gestion électronique des suspensions équipé de capteurs ! Cela dit, on sait que nombre de brevets ne voient jamais le jour et que ce n’est sans doute pas pour tout de suite, mais cela reste intéressant !
Derniers détails :
Notons enfin que Cannondale a mis au point un système de passage des câbles en interne particulièrement propre, qui empêche les gaines et Durits de bouger sur le terrain, et qui est annoncé comme très simple à manipuler lorsqu’il s’agit de faire de la mécanique.
Enfin, dernier point important et qui montre bien que les épreuves plus longues étaient bien dans la tête des ingénieurs au moment de la mise au point du nouveau Cannondale Scalpel : le cadre permet le montage de deux porte-bidons, contre un seul sur la précédente génération.
Au catalogue : 10 versions à partir de 2999€
La gamme Cannondale Scalpel démarre avec un cadre en aluminium, qui équipe le Scalpel 5, monté en double plateaux et de la même suspension arrière. Il est affiché 2999€. A l’autre bout du spectre (à droite sur l’image), on trouve le Cannondale Scalpel Black Inc en XTR Di2, roues Enve et moyeux Chris King,… le tout à 11999€. Au-delà du prix de vente délirant de ce haut de gamme destiné aux plus fortunés, et du fait que la gamme Scalpel reste positionnée dans son ensemble sur le très haut de gamme, on notera aussi que les tarifs augmentent hélas assez fort par rapport à ceux de la version précédente.
Les Cannondale Scalpel Carbon 4 et Carbon 3, respectivement à 3999€ et 4999€
Les Scalpel Carbon 2 et 1 à 5999 et 6999€. A partir du Carbon 1, on passe sur un cadre en carbone Hi-Mod plus léger.
Les Scalpel Carbon Race (que nous avons testé) et Team (en Sram Eagle comme pour les vélos du team) à 8499 et 8999€ sont le sommet de la gamme niveau cadre et montage.
Deux modèles Dame sont aussi au programme, les Cannondale Scalpel WMN Carbon 2 et 1 à 3999€ et 5999€. Comme expliqué plus haut, ils sont équipés de roues de 27,5 ».
Cannondale Scalpel 2017 : premières impressions
Nous avons eu l’occasion de prendre les commandes du nouveau Cannondale Scalpel pendant une journée, avec un programme varié mêlant un parcours XC très complet disposant de 3 variantes et nous avons pris le départ d’une belle sortie en ligne d’une trentaine de kilomètres pour rejoindre le lac de Garde. Nous avons ainsi une première idée assez précise de ce que vaut ce nouveau châssis que nous avons testé dans sa version « Race ».