Test | NoTubes Bravo : l’enduro en mode soft-tonic
Par Olivier Béart -
Avec les NoTubes Bravo, la marque qui a révolutionné les roues avec son concept tubeless ready sort son deuxième modèle à jante carbone après les Valor destinées au XC. Et comme toujours, le bouillant Stan Koziatek n’a pas fait les choses comme tout le monde. Quand les autres imaginent les roues carbone comme hyper rigides, Stan répond par la souplesse et la tolérance. Quand on voit des jantes hyper larges fleurir partout, il cherche le bon compromis. Avec quel résultat sur le terrain ? C’est ce que nous avons voulu voir dans notre test longue durée.
Par rapport à la jante Valor, celle des Bravo reprend un profil bas assez similaire, mais en étant plus large. De 21,3/26,3mm de largeur interne et externe sur la Valor, on passe à 26,6/32mm sur la jante NoTubes Bravo. La marque a été parmi les précurseurs des jantes plus larges et dotées de crochets bas pour permettre au ballon du pneu de mieux s’épanouir et d’augmenter la surface de contact avec le sol, mais mister Stan Koziatek ne croît pas non plus aux jantes trop larges.
Alors qu’il n’est plus rare aujourd’hui de trouver des jantes de 30mm de largeur entre crochets (comme les nouvelles Sram Roam 60 ou les Roval Traverse SL), NoTubes juge que le bon compromis se situe plutôt un peu au-dessus de 26mm. C’est ce qu’ils appellent le « Wide Right » (ou « bonne largeur » en français) dans leurs appellations marketing et cela permet, selon la marque, d’atteindre un rapport optimal tant au niveau du poids de la jante que du comportement du pneu, dans la mesure où tous les modèles de gommes ne sont pas pensés pour être montés sur des jantes très larges.
Comme sur les Valor, Stan n’a pas souhaité faire la jante des NoTubes Bravo trop rigide, dans la mesure où une jante trop raide peut aussi nuire au comportement en compromettant la tenue du vélo à cause d’une mauvaise filtration des vibrations. Et, même dans le cas de jantes larges et en montant des gros pneus, cela ne fait pas tout. Le profil de la jante NoTubes Bravo est donc assez plat (19,5mm de haut) et arrondi, mais le type de fibres de carbone utilisées ainsi que la résine et le processus de fabrication ont été pensés pour donner une certaine souplesse à la jante, sans pour autant qu’elle soit molle. C’est ce que Notubes appelle le concept RiACT pour Radial Impact Absorbing Carbon Technology, c’est à dire une jante rigide latéralement (jusqu’à 3 fois plus qu’une jante alu NoTubes équivalente) mais qui reste souple verticalement.
Les jantes ne sont pas pas le seul changement sur les Bravo : NoTubes a également revu ses moyeux, désormais baptisés Neo. Généralisés aujourd’hui à toute la gamme en remplacement des 3.30Ti dont la fiabilité n’était pas extraordinaire, les Neo ont une nouvelle géométrie, un corps de roue-libre repensé, et de nouveaux roulements. Ils sont déclinés en deux versions : Neo « classique » et Neo Ultimate, qui se différencient principalement par la rapidité d’engagement de la roue-libre, à 6 cliquets/5° d’engagement sur le modèle Team contre 4 cliquets/10° sur le Neo simple.
On retrouve deux niveaux de gamme sur les roues complètes NoTubes Bravo qui sont proposées en version Team avec moyeux Neo et 28 rayons Sapim Race avt/arr, ainsi qu’en version Pro plus haut de gamme équipée des moyeux Neo Ultimate et de rayons Sapim Force custom. C’est cette dernière que nous avons testée. A noter que la jante n’est pas vendue seule, ce qu’on peut regretter car certains auraient sans doute préféré monter leurs roues avec d’autres moyeux, mais soulignons tout de même que les NoTubes Neo sont disponibles dans presque tous les standards du marché tant au niveau des axes (y compris Lefty) que du corps de roue-libre (Shimano ou Sram XD).
Avant de partir rouler, un petit passage sur la balance nous montre que les poids annoncés sont parfaitement respectés (on est même un peu en-dessous), avec 1615g la paire en version Pro 27,5″ (15×100 et 142×12, body Sram XD) avec le fameux fond de jante Yellowtape installé, ainsi que les jolies valves aluminium anodisées rouge livrées de série. Un dernier mot pour signaler que les Bravo sont disponibles en diamètre 27,5 », mais aussi 29 » et, fait plus rare, en 26 » ! Les amateurs de cet « ancien » format de roues apprécieront et on salue la volonté de NoTubes de ne pas les oublier. Reste la question du tarif, qui est plutôt salé : 1899€ en version Team et 2299€ en version Pro. On est dans des tarifs inférieurs à ceux des roues Sram Roam 60 (2500€) ou des Enve M70, mais même la version d’accès est au-dessus des roues carbone enduro les plus accessibles comme les Roval Traverse (1599€) ou encore les Duke (entre 1500 et 1800€ selon le moyeu) et autre Asterion (entre 1100 et 1600€ selon la jante carbone et les moyeux choisis). Mais voyons ce que cela raconte sur les sentiers.
NoTubes Bravo : le test terrain
Nous attendions les NoTubes Bravo de pied ferme, d’autant que nous avions testé les Valor dans le cadre de notre grand dossier roues carbone, sans être plus convaincus que cela par les roues dans leur ensemble, en dépit de jantes qui ont montré des qualités intéressantes. Mais comme ici tout a changé ou presque, on repart d’une feuille blanche. Pour ne rien vous cacher, le test a mal commencé car, voulant bien faire et nous envoyer une des premières paires disponibles quelque jours à peine après la présentation, le distributeur Sabma nous a confié une paire de roues de pré-série, annoncée comme roulable mais qui en fait ne l’était pas.
Bilan : corps de roue-libre cassé après quelques sorties, suivi par un gros coup dans une des jantes peu après. Hop, retour à l’expéditeur dans l’attente d’une version définitive… à laquelle, vous nous connaissez, nous avons donné double ration de torture afin d’être sûrs que nos premiers petits malheurs étaient bien dus à la livraison de prototypes non aboutis. Et, aujourd’hui, à l’issue de notre test longue durée, on peut vous confirmer que c’est le cas et que les NoTubes Bravo nous ont plus que convaincus. Voici les raisons en détails.
Des roues carbone à jantes bien larges et légères à la fois, qui plus est offrant une grande rigidité latérale et de la souplesse verticale : sur le papier, c’est Byzance. Et sur le terrain, cela se vérifie d’emblée. Montées sur plusieurs vélos (Viper Fiery, DeVinci Spartan et Troy), les NoTubes Bravo ont à chaque fois transformé la machine de façon très nette. On sent immédiatement qu’on est équipé de roues très légères, ce qui rend les accélérations beaucoup plus franches et donne l’impression qu’on roule sur un vélo beaucoup plus « tonique » qu’avec un train roulant classique.
En conditions de course, les relances sont particulièrement tranchantes, ce qui donne des sensations assez grisantes. Les parties roulantes s’enchaînent plus facilement et sur les liaisonsusantes ou les longues côtes on n’a pas du tout la sensation d’avoir des roues qui scotchent au terrain alors que nous les avons équipées de pneus Michelin (dont l’excellent Enduro Rear testé il y a peu) pas franchement légers.
Très à l’aise en enduro pur, les NoTubes Bravo peuvent aussi bien avoir leur place sur un vélo à plus court débattement.
Si même les liaisons deviennent un plaisir, c’est un joli tour de force ! Au fil de notre test, nous nous sommes rendus compte que même si les Bravo sont très à l’aise en enduro pur (elles sont d’ailleurs utilisées notamment par Martin Maes et François Bailly-Maître en EWS depuis cette saison), elles peuvent aussi bien avoir leur place sur un vélo à plus court débattement, y compris pour un usage typé marathon si vous souhaitez une jante plus large que la Valor de XC.
Quand on les pousse dans leurs derniers retranchements en descente, la rigidité latérale se montre effectivement sans défauts et les gros appuis sont jouissifs tant le vélo garde sa ligne et ressort des virages avec toute son énergie. Dans les parties défoncées, il est difficile d’évaluer exactement la déformation de la jante mais il est certain qu’elle est bien plus tolérante que la plupart de ses concurrentes que nous avons eu l’occasion de tester, Enve en tête. Quant à la largeur de 26,6mm, force est aussi de constater qu’il s’agit bien d’un agréable compromis qui ne rend pas les pneus trop « carrés », ce qui améliore le rendement, sans trop les pincer non plus et empêcher les crampons latéraux de se montrer mordants.
Signalons aussi qu’en près de 3 mois de test intensif, nous n’avons pas eu une seule crevaison à déplorer malgré des sorties à très basses pressions et des contacts assez nombreux avec la jante. Le profil des NoTubes Bravo, ainsi que la souplesse de la jante sont sans aucun doute, dans une certaine mesure, à saluer. Côté fiabilité, notre paire de roues « définitive » s’est montrée d’une solidité sans faille et, mis à part quelques griffes très localisées (photo), les jantes sont encore comme neuves. Les marquages peints sont aussi très solides. Nous avons par contre remarqué que le fond de jante Yellowtape était légèrement abîmé. Même s’il est léger et facile à mettre en place, ce n’est pas la première fois que cela nous arrive et nous pensons que NoTubes devrait revoir son mythique fond de jante pour le remettre au niveau de la concurrence. Même si, soyons honnêtes, la petite déchirure que vous voyez à l’image n’a pas entraîné la moindre perte d’air.
Verdict
Au final, avec ces NoTubes Bravo, on se retrouve en quelque sorte avec le meilleur des deux mondes : un comportement proche de celui de roues à jante alu pour le côté tolérant, souple, facile et reposant, mais avec la légèreté du carbone et tout ce que cela entraîne comme conséquences positives au niveau du dynamisme de la machine. Nos roues de test se sont aussi montrées d’une grande solidité et elles ont enduré quelques impacts dont nous ne sommes pas sûrs que des jantes alu seraient sorties sans dommages. En cela, on peut le dire que les Bravo sont d’excellentes roues. Sans aucun doute parmi les meilleures que nous ayons eu la chance de rouler avec, en plus, un grand spectre de compétences qui s’étend du marathon à l’enduro race. Mais avec des roues carbone, la conclusion est toujours la même : cela vaut-il un tel prix ? Espérons que les prix du carbone baisseront dans un futur proche, ce qui nous permettra alors de nous réjouir sans réserve.
Plus d’infos et d’images dans notre article de présentation des roues lors de leur sortie, sur le site NoTubes ou sur le site du distributeur France/Benelux, Sabma.