Notre journée au Championnat de Belgique XC (Portfolio)

Courir un championnat national est une belle aventure. Mais le couvrir en tant que journaliste en est aussi une. Pour vous raconter les différentes épreuves du championnat de Belgique, j’ai choisi la première personne afin de partager avec vous ce que j’ai vu et ce que j’ai vécu lors de cette journée, à côté et sur la piste. Retour sur une chaude et poussiéreuse journée au Bois des Rêves.

Une bonne dose de Fun pour débuter

Dès la reconnaissance, je me rends compte que cela va être un beau chantier… Le circuit est extrêmement poussiéreux et glissant.

En quelques jours, avec les passages de reconnaissance, des ornières se sont creusées, remplies d’un sable d’une rare finesse.

Bon, de toute façon, il est trop tard pour reculer ! Au guidon d’un superbe Niner Air9 RDO dont vous retrouverez bientôt le test sur Vojo, me voilà sur la grille de départ de cette première course de la journée. Si le peloton des Fun A est bien garni, nous ne sommes qu’une vingtaine en Fun B. Qu’à cela ne tienne, c’est bien assez pour se tirer la bourre !

Les descentes vraiment techniques sont au nombre de trois seulement, mais elles sont particulièrement difficiles à négocier, surtout en course où l’adrénaline et la fatigue viennent encore compliquer les choses. Avec ce sol fuyant, la précision des trajectoires est une utopie et il faut plus surfer sans trop toucher aux freins que réellement piloter. Sans oublier les autres concurrents qui peuvent chuter et vous entraîner avec eux ou, au minimum, vous empêcher de descendre sur le vélo comme ici. Même si ce n’est pas la plus élégante, la technique la plus efficace consiste alors à courir à côté du vélo…

Il y a aussi plusieurs côtes très physiques, dont une longue ligne droite particulièrement cruelle, mais aussi intense et intéressante car vous pouvez avoir vos adversaires en point de mire, même s’ils sont plusieurs dizaines de secondes devant. Après un départ prudent, j’ai profité des zones techniques et de cette longue côte pour remonter jusqu’à la 5e place, avec le 4e et le 3e en point de mire. Mon associé Christophe est sur le bord de la piste pour immortaliser le moment et m’encourager, ce qui me donne encore plus de motivation. Mais le manque d’entraînement se paie toujours et après l’euphorie du milieu d’épreuve, je recule finalement jusqu’à une 8e place bien anecdotique. Mais c’est une expérience qui m’a redonné goût aux courses sur circuit ! Et j’ai maintenant une petite idée des endroits où les choses vont se décider lors des prochaines épreuves.

Pas le temps de reprendre mon souffle, et encore moins de décrasser, ce sont déjà les premiers podiums. Il n’y a pas beaucoup de public, mais l’ambiance est déjà bonne avec la 3e place de Romain Gihoul, membre du club organisateur. Je file prendre quelques photos au smartphone et féliciter Antoine Danneau pour sa victoire et mon pote Andy Matiuzzi pour sa 3e place en Fun B puis je file récupérer le « vrai » matos photo pour couvrir la course des Masters.

Masters 1 & 2

Rapidement, je fais un premier constat : le sol est encore plus glissant et compliqué à pied qu’à vélo ! Les pentes sont hyper raides et je peine à rejoindre les premiers endroits intéressants que j’avais repérés en roulant.

Je remarque aussi rapidement que beaucoup de coureurs éprouvent des difficultés dans les passages techniques et il y a du spectacle. Heureusement, les chutes sont sans gravité.

Devant, Jimmy Tielens mène la danse. Ultra-dominateur dans la catégorie Master 1, cet ancien semi-pro ne laisse transparaître presque aucune émotion ou signe de fatigue. Il maîtrise et ça se voit.

Derrière lui, Kristof Houben est le seul à pouvoir le suivre. En grimaçant, certes, et en faisant quelques fautes, mais il garde Tielens en point de mire. Hélas, il chutera et il connaîtra un souci mécanique dans le dernier tour, reculant du même coup à la 16e place.

Gerrit Delfosse en profite donc pour prendre la 2e place chez les 30-40.

Au niveau expression, Gody Jacobs est l’exact opposé de Jimmy Tielens. Il se tord sur le vélo, grimace : c’est sûr, il se donne !

Globalement, il y a très peu de francophones dans cette catégorie. Sans doute préfèrent-ils les épreuves en ligne ou plus longues ? Voisin du circuit et vainqueur en Fun B l’an dernier, Martin Dupuis a cette fois pris une « vraie » licence. Il termine 15e tout en décontraction et sans perdre le sourire.

Chez les Masters 2, partis quelques minutes après leurs « benjamins », c’est une belle bagarre entre Peter Douha et Kurt Tempst qui se passe devant mon objectif.

Un tour c’est l’un…

… un tour c’est l’autre !

Finalement, c’est Peter Douha qui remporte son premier titre devant Tempst, visiblement pas trop déçu de céder son maillot tricolore.

Geoffry Maes, l’ancien champion du Monde Master, en a gardé sous la pédale en vue du marathon où il brillera trois jours plus tard. Il est 3e.

Je suis aussi impressionné par le champion de Wallonie André Février, qui termine à une magnifique 8e place, alors qu’il est un des plus âgés du peloton : 52 ans, soit 12 ans de plus que le vainqueur !

Dames

Après une pause midi bienvenue, place aux Dames. Le peloton est clairsemé. Comme pour le marathon, on dirait que les courses de haut niveau n’intéressent pas vraiment les filles chez nous. Mais la qualité est au rendez-vous et les meilleures sont là.

Très vite, la course se résume à un cavalier seul de Githa Michiels. Rien d’étonnant à cela puisque la bikeuses du team Versluys pointe au 19 rang au classement de la Coupe du Monde.

Alice Pirard est aussi une habituée des rendez-vous mondiaux et elle pointe à la 33e place en Coupe du Monde. Mais la logique est respectée et voyant sa 2e place assurée, Alice a géré sa course… non sans détermination. Elle termine 2e à 4’47 » de Githa Michiels.

Très loin de la gagnante (10 minutes !), Alicia Franck a emmené sa tresse blonde jusqu’à la 3e place du podium.

Heureusement, malgré le faible nombre de compétitrices, le public était bien présent pour les encourager.

Il faut dire qu’elles s’élançaient juste avant les Juniors, ce qui n’a pas manqué de poser quelques soucis dans certaines portions lorsque les jeunes hommes ont rapidement rattrapé les dernières Dames, moins à l’aise techniquement et stressées par cette encombrante pression. Et encore, ici, Marlies Beckers (4e) s’en sort bien. Voilà en tout cas, selon nous, une cohabitation qui mériterait une remise en question…

Juniors

C’est souvent une des catégories les plus spectaculaires car elle oppose de jeunes gaillards fougueux, très à l’aise techniquement et qui commencent à avoir une belle force physique. Dès le start-loop, Pierre De Froidmont se porte en tête…

Mais il a retenu la leçon : déjà deux fois vice-champion de Belgique par le passé, il sait qu’il ne doit pas s’épuiser et qu’il faut gérer s’il veut s’imposer. Il laisse donc le soin à ses adversaires de prendre les commandes à plusieurs reprises, comme ici Stijn Siemons qui terminera 3e.

Derrière, un petit groupe de chasse s’organise avec les deux coureurs du team Merida-Wallonie Tom Denayer et Louis Jamin.

Si Tom Denayer parviendra à se hisser à la 7e place finale, Louis Jamin est victime d’un crash spectaculaire juste devant mon objectif. On vous laisse découvrir la séquence avec ce mini diaporama…

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Après quelques secondes, il se relève, le visage noir, de la poussière qui sort littéralement des narines, mais il repart ! Au courage, il terminera 14e.

Devant, c’est finalement avec son grand rival Niels Derveaux que Pierre De Froidmont va s’expliquer. Et là aussi, c’est une chute qui va sceller le verdict. « J’ai attendu sagement dans les roues, mais sur la fin, j’ai accéléré. Niels m’a suivi, mais je voulais absolument aborder les descentes devant lui. Et ça a payé puisqu’il a fini par partir à la faute.

Dans le dernier passage sur la zone technique, alors que Pierre De Froidmont jette son bidon, son jeune coach Simon Hupperetz le galvanise : « Vas-y, c’est le tour de ta vie ! »

Il franchit finalement la ligne avec 31 secondes d’avance sur Niels Derveaux pour savourer en famille et avec ses supporters une victoire bien méritée. Le moment est immortalisé par le célèbre Jean-Pierre Lekeu dont le blog MTBWal permet de suivre l’actualité du vtt en Wallonie.

U23

Reste une dernière course, celle des Espoirs, qui se déroule conjointement à l’épreuve Elite dont nous avons déjà publié le grand portfolio. Le circuit est de plus en plus dégradé et une fine poussière vole dans les airs. Mes appareils photo apprécient moyennement et les flashs montrent quelques signes d’épuisement. Le bonhomme aussi d’ailleurs. Mais ce n’est pas le moment de faiblir.

Le public est présent encore plus nombreux et l’ambiance chauffe. A certains endroits, il est même difficile d’accéder au bord de la piste car les spectateurs sont en rangs serrés le long des rubalises. Bon, ce n’est pas le Tour de France, mais ce n’est qu’entre deux épaules que j’aperçois Quinten Hermans pointer en tête de la meute dans le start-loop.

Mais il s’agit d’un feu de paille et Hermans finira 5e. Dès le premier tour complet, Didier Bats prend les commandes et il est bien décidé à ne plus lâcher le leadership.

C’est sans compter sur Kevin Panhuyzen. Auteur de quelques coups d’éclat au niveau national, très à l’aise techniquement mais malchanceux à l’international, il veut jouer un coup et il attaque Bats.

Tiens, au fil du passage des coureurs, je me fais une réflexion : même si le circuit se prêtait plutôt bien aux semi-rigides, les deux premiers U23 roulent en full suspendu et, en tout, pas loin de la moitié des coureurs de cette catégorie doit rouler sur ce type de machine toute la saison, à l’image de Pieter Geluykens (11e) qui nous gratifie ici un passage tout en glisse. Signe des temps et d’une génération qui est née avec la double suspension…

En tête avec quelques secondes d’avance dans l’avant-dernier tour, Panhuyzen ne va pas réussir à résister au retour de Didier Bats, qui gagne avec 22 petites secondes d’avance.

Auteur d’une course régulière et prudente dont il a le secret, Jens Schuermans complète le podium…

… malgré quelques passages un peu limite dans les zones sablonneuses !

Wout Alleman est 4e et le meilleur des Espoirs première année. Croyez-nous, on en reparlera, surtout quand on connaît également ses capacités sur les longues distances !

Voilà, cette longue journée touche à sa fin. Rendez-vous très bientôt pour de nouvelles courses et de nouvelles aventures sur et au bord des circuits avec Vojo. D’ici là, si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez poursuivre votre lecture avec nos articles sur la course Elite Hommes et le Championnat de Belgique de Marathon qui s’est tenu dans la foulée du XC.
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