Yannis Pelé | Chronos : l’épopée temporelle
Par Adrien Protano -
Après Playground, Yannis Pelé revient avec un nouveau court-métrage baptisé Chronos. Au travers de cette nouvelle réalisation, le pilote français nous invite pour un voyage spatio-temporel au travers de lieux chargés d’histoires et d’Histoire… et évidemment au guidon de son vélo ! Le pilote Lapierre accompagne sa vidéo d’une exposition de 24 clichés, découverte :
En plus de la production vidéo, c’est une exposition d’une vingtaine de photos que le Français et son équipe ont construite tout au long de leur aventure. Celles-ci nous offrent de réelles mises en scène permettant de découvrir certaines histoires de ces lieux comme figés dans le temps malgré les époques traversées. Yannis nous légende ces différents clichés :
« ≈ -20 000 av. J.-C. : L’Humanité commence à laisser ses premières traces. Ces sculptures, témoins silencieux d’une époque lointaine, offrent une vision sur les prémices de la créativité humaine. »
« 10 000 av J-C : La lueur vacillante d’un feu de camp illuminait autrefois ces galeries et les nomades qui venaient s’y réfugier le temps d’un orage. Bien plus qu’un simple abri, ces grottes étaient des toiles vivantes où les premiers hommes laissaient leur empreinte créative. »
« 1er siècle : les cris de la foule résonnent encore autour de l’Arène, vitrine de la splendeur de l’Empire romain. Cet amphithéâtre majestueux a vu passer de nombreux combattants en recherche de gloire et de renommée. Un lieu cruel et festif qui a su traverser les rouages du temps. »
« Xe siècle : Le vent souffle à travers les créneaux, agitant l’étendard aux couleurs du seigneur, tandis que le garde demeure immobile, son visage caché derrière un heaume. Grelottant, arc à la main, il scrute l’horizon du haut de ces remparts qui semblent imprenables. »
« XIVe siècle : le sol tremble et le cliquetis des armures se fait de plus en plus assourdissant. Puis soudain, plus rien. Le silence résonne tandis que les adversaires se scrutent et se jaugent. Les secondes semblent durer des heures. La frénésie s’empare alors de cette forêt dans un ballet martial où la force brute rencontre l’habileté. »
De véritables labyrinthes souterrains ont coloré de teintes chaudes l’ensemble du monde.
« XVIIIe siècle : De véritables labyrinthes souterrains ont coloré de teintes chaudes l’ensemble du monde. Pourtant dissimulé sous cette végétation typique de Provence, ce sable ocreux est maintenant traversé de voûtes monumentales. »
« XIXe siècle : une fumée couleur charbon s’élève dans le ciel tandis qu’un sifflement retentit. Le train arrive en gare après avoir traversé les campagnes françaises pendant plusieurs heures. Les touristes découvrent alors en sortant des wagons l’air marin de la Baie de Somme. »
« 1910 : Les rafales de vent sifflent après avoir heurté ce “Cuirassé des Nuages”. Niché à plus de 3000 mètres d’altitude, il domine de ses 8 tours les vallées italiennes et françaises environnantes. Défiant les cieux, cette forteresse semble imprenable et pourtant… »
« 1925 : Les araignées du ciel s’attellent à tisser le plus haut téléphérique de France. Un seul objectif, défier la haute altitude et arriver au pied de l’aiguille du Midi, à 2414m. Ce n’est que 30 ans plus tard que les 3842m de l’aiguille furent accessibles via ces cabines volantes. Un voyage où l’on survole ces géants de glace pourtant si fragiles. »
« 6 juin 1944 : les premières lueurs du jour se font sentir dans le ciel. Les embruns n’atteignent pas ce lieu monolithique tant il est inaccessible. À l’intérieur, un homme allemand regarde une photo de sa famille avec nostalgie. Il lève la tête et discerne au loin d’inquiétantes silhouettes, tels des navires fantômes. »
« 6 juin 1944 : les balles ricochent sur le blindage, le sable vole autour des hommes qui se réfugient derrière ce bouclier à moteur. Ce Sherman slalom à travers les dunes de cette plage française quand soudain un bruit terrible retentit, le colosse ne bougera plus. »
Les fenêtres baissées laissent entrer le doux parfum de l'été tandis que la petite décapotable colorée dévale les routes sinueuses avec aisance.
« 1948 : les fenêtres baissées laissent entrer le doux parfum de l’été tandis que la petite décapotable colorée dévale les routes sinueuses avec aisance. Cette voiture aux modestes performances, véhicule du peuple, a fait défiler les paysages pendant des décennies entières. L’expression d’un besoin qui est, par la force du temps, devenue un symbole de la France. »
« 1990 : ce curieux lavoir n’est qu’un des témoins du dynamisme éphémère de cette petite ville. Le noir charbon y était extirpé laissant derrière lui d’immondes résidus. Le labeur a laissé place à un enchevêtrement de poutres de béton et à d’immenses cuves que seul le temps se chargera de vider. »
« 1990 : le minerai a terni les murs de cette rampe toxique. Symbole d’une activité minière importante, ces couloirs sont maintenant creux. Dorénavant, la poussière dort paisiblement tel un ruisseau noir. »
« 1956 : depuis le ciel, ce dieu de la mer et des océans en inspecte les profondeurs. Dans des contrées lointaines, l’outil servit pendant la froide guerre à de morbides besognes. Cette sentinelle des cieux prend maintenant un repos bien mérité. »
« 1965 : témoins d’une dure époque, ces irrégularités gisent dans de vastes plaines. Des monuments érigés par des hommes aux visages sombres. Vestiges de ces habitués du labeur qui descendaient affronter les entrailles de la Terre. »
« 1980 : une noirceur reprend peu à peu vie. Les bouleaux y poussent maintenant par centaines. Les cyclistes en font même leur terrain de jeu. Une nouvelle vie pour ce monticule de déchets pourtant inhospitalier. »
« 1993 : la mélodie des cigales est couverte par les cris des spectateurs. Ces derniers sont venus se masser autour de chemins ancestraux pour assister à la naissance d’une discipline. Ces intrépides qui, avec leurs frêles montures d’acier, dévalent les pentes ensoleillées. »
« 2023 : le café, servi dans une tasse élégante, ravit la jeune femme qui vient de s’attabler sur cette terrasse parisienne. Elle contemple l’agitation de la rue, les rires qui s’échappent des cafés voisins et le charme intemporel de l’architecture haussmannienne. Elle est soudain surprise par une silhouette fugace qui traverse les toits, à moins qu’elle n’ait rêvé ? »
« 2023 : il court libre sur les toits, ces endroits qui semblent pourtant inaccessibles pour ceux d’en bas. Ce chat qui ne craint plus le danger tant il est entraîné impressionne les passants. Plus qu’un sport c’est de l’art, l’art du déplacement. »
« Date inconnue : dans cette fosse, seules résonnent les gouttelettes qui frappent les flaques d’eau présentes au sol. Ni reflet du jour ni murmure du vent. Les dédales où gisent tant de souvenirs savent égarer les explorateurs avides de curiosités. »
« BEHIND THE SCENES : parce qu’au-delà de ces images, nous vivons des moments de vie incroyables et privilégiés, remplis de découvertes et de belles rencontres. Comme toutes les aventures, certains moments sont plus difficiles mais la récompense n’en est que plus grande. »
« L’équipe : tout d’abord Nicolas, le pilote de drone, qui prend plaisir à créer quelques frayeurs en me frôlant, tout en contrôle bien sûr. Du moins c’est ce qu’il dit.
Le van, fidèle compagnon d’aventure, du moins quand il le veut bien.
Et Pierre, auteur de ces différentes photos, vidéaste & photographe mais surtout ami d’enfance. En effet, plus de 10 ans que nous mettons en image nos idées, que nous avons élaborées avec le temps. »
Crédit photo : Yannis Pelé / Visualp.art