Worlds 2024 | DH Elites : à couper le souffle !

Par Christophe Bortels -

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Worlds 2024 | DH Elites : à couper le souffle !

C’était le jour J pour les descendeurs à Pal Arinsal, en Andorre, où avaient lieu ce samedi après-midi les finales Elites des championnats du monde de DH ! Alors, qui aura l’immense honneur d’arborer le maillot arc-en-ciel durant les 12 prochains mois ? Récit et résultats de la course la plus importante de la saison :

Trois minutes de run pour les femmes, encore moins pour les hommes. Et au bout, peut-être, décrocher la consécration absolue : le tant convoité maillot arc-en-ciel sur les épaules pour toute une année, et le droit d’afficher jusqu’à la fin de sa carrière les liserés irisés. C’est ça la magie des championnats du monde ! Une course Ô combien importante et une date cochée en rouge dans l’agenda de tous les descendeurs.

Cette année, c’est donc en Andorre que les descendeurs avaient rendez-vous pour LA course de la saison, sur une piste toujours très spectaculaire, rapide et pentue par endroits, sans pour autant être la plus technique du calendrier. Les Français Myriam Nicole et Loïc Bruni s’étaient illustrés lors de la séance de qualifications avant-hier en y signant le meilleur temps avec une avance appréciable. Restait à voir s’ils allaient pouvoir transformer l’essai aujourd’hui en finale ou si d’autres pilotes en avaient gardé sous la pédale !

Femmes

Une finale à 40 pilotes, c’est bien plus qu’en coupe du monde. L’occasion de voir en action pas mal de têtes moins connues en début d’épreuve, avant que les stars entrent en action plus tard pour se disputer les médailles. L’Australie, qui dispose visiblement d’un bon vivier de descendeuses, truste les trois places sur le hot seat après une dizaine de runs. Et parmi elles, Elise Empey qui va détenir le meilleur chrono pendant quelques temps avant de finalement être battue par Gracey Hemstreet.

Myriam Nicole s’élance tôt dans cette finale malgré son meilleur temps en qualifications. Et grosse surprise, elle ne bat le temps de référence réalisé juste avant par Gracey Hemstreet que d’une seconde ! Ça risque d’être court pour le titre vu les grands noms qui sont encore au départ…

Et pourtant. Camille Balanche, Veronika Widmann, Gloria Scarsi, Anna Newkrik, Eleonora Farina, Phoebe Gale, Mille Johnset, Lisa Baumann, Monika Hrastnik. Ça défile mais le chrono de Myriam Nicole tient bon. Clairement, le système qui fait partir les pilotes dans l’ordre inverse du classement UCI au lieu de tenir compte de la hiérarchie issue des qualifications fausse un peu la donne, sachant que Myriam Nicole a un gros numéro (16). Dommage pour le suspense…

Elles ne sont désormais plus que 4 au départ, et que des concurrentes directes de Myriam Nicole. Deuxième des qualifications, Tahnée Seagrave affiche ses ambitions en se montrant agressive d’entrée de jeu. C’est vert au 1er intermédiaire, mais d’un rien, et rouge au deuxième, d’un rien également.

Son retard augmente encore un peu et monte à 4 dixièmes de seconde puis au 4e et dernier elle fait jeu égal avec Myriam Nicole. Le suspense est total ! Mais sur la ligne, le verdict est cruel : +0,692 s… Le maillot arc-en-ciel, ce ne sera pas encore pour la Britannique.

C’est nettement moins serré pour Nina Hoffmann qui ne sera jamais au contact du chrono de Myriam Nicole. Elle termine à 4 secondes du temps de référence. C’est désormais officiel pour la Française : elle sera médaillée ! Reste à voir de quelle couleur sera la médaille…

Même scénario, hélas, en ce qui concerne Marine Cabirou. La pilote Scott n’a rien à se reprocher et produit un run propre et efficace, mais pas assez rapide pour inquiéter sa compatriote toujours en tête. Cabirou est 6e provisoire à plus de 3 secondes.

L’affiche du match final est désormais connue : ce sera Myriam Nicole face à Vali Höll ! Agressive, l’Autrichienne entame son run en boulet de canon et impressionne d’emblée. Pourtant, elle est légèrement en retard au premier temps intermédiaire, et encore un peu (mais moins) au 2e. Au 3e par contre, c’est vert pour 4 dixièmes de seconde ! Et au 4e, c’est quasi égalité parfaite entre les deux. On voulait du suspense, on en a ! Myriam Nicole et Tahnée Seagrave se tiennent la main sur le hot seat en attendant le verdict du chrono final.

Il tombe un instant plus tard : Vali Höll termine une demi-seconde devant Myriam Nicole et remporte son 3e titre de championne du monde consécutif ! Une performance qui n’avait été réalisée qu’une seule fois dans l’histoire de la descente féminine, par une certaine… Anne-Caroline Chausson. La Française avait même été sacrée 8 années de suite, un record qui ne sera sans doute jamais battu. Mais qui sait !

« C’était dur de retrouver de la vitesse après une si longue pause dans la saison« , expliquait la championne du monde quelques instants après l’arrivée. « Je n’étais pas dans le rythme aux championnats d’Europe. J’avais peur de ne plus savoir comment piloter un vélo… Je ne me pensais pas capable de faire ça aujourd’hui. Trois titre de suite, c’est dingue ! Le run, c’était à fond. C’est effrayant, je n’aurais pas pu aller plus vite. Les autres filles poussent tellement et les chronos étaient si serrés, personne n’est dans la retenue en ce moment. C’est fou ! »

Aux côtés de Vali Höll sur le podium, on retrouve donc Myriam Nicole qui décroche l’argent et Tahnée Seagrave qui repart avec le bronze. Gracey Hemstreet et Lisa Baumann complètent le top 5. Petite déception en revanche pour Marine Cabirou, finalement 7e, Camille Balanche, 8e, et Nina Hoffmann qui rentre tout juste dans le top 10.

Hommes

Sur le coup de 14h, place aux hommes Elites ! Là aussi, pas mal de noms un peu moins connus que d’habitude en première partie de finale, et au milieu de tout ça, un certain Martin Maes. Le Belge aime de temps en temps revenir à ses premières amours et ajoute toujours avec plaisir l’une ou l’autre course de descente à son calendrier d’enduriste.

Après sa 28e place en qualification, il signe le meilleur temps provisoire de la finale au guidon de son e-bike Orbea largement modifié pour affronter une piste de DH, une machine qu’il avait déjà utilisée à Fort William cette saison. Spoiler : le chrono de Martin Maes va tenir pendant plus de la moitié de la finale et le Belge finira 20e.

C’est l’Américain Austin Dooley, 52e à s’élancer sur 80 pilotes au départ, qui va parvenir à déloger Martin Maes du hot seat. Un nouveau temps de référence directement amélioré d’une grosse seconde par Angel Suarez.

Deuxième des qualifications derrière Loïc Bruni, Ryan Pinkerton était très attendu dans cette finale. Le suspense va tourner court : jamais dans le coup, il échoue à la 8e place provisoire, à plus de 2 secondes d’Angel Suarez, et terminera finalement 23e.

Plus qu’une petite vingtaine de pilotes au départ de cette finale des championnats du monde et il n’y a quasi que des grands noms, dont plus de la moitié ont déjà gagné au moins une manche de coupe du monde… C’est maintenant que la course aux médailles commence vraiment !

Laurie Greenland est le premier d’entre eux, mais comme les 9 pilotes avant lui il bute contre le chrono d’Angel Suarez. Même chose pour le GOAT Greg Minnaar, qui espérait sans doute un peu mieux pour ses 28e (!) et derniers championnats du monde (il terminera 23e), ainsi que pour Matt Walker juste après le Sud-Africain.

Plus d’une demi-heure après qu’on ait vu du vert pour la dernière fois sur la ligne d’arrivée, c’est finalement Danny Hart qui va parvenir à améliorer le chrono de référence, d’un peu plus d’une seconde !

Mais voilà déjà Amaury Pierron ! Grand favori au titre mondial après ses performances en coupe du monde avant la pause estivale, le Français est devant à tous les intermédiaires, mais son avance fond petit à petit. Et sur la ligne, il échoue d’un rien : +0,174 s.

Mine de rien, c’est une grosse surprise, même s’il n’avait pas semblé totalement en confiance cette semaine sur la piste andorrane. Dans la foulée, Rémi Thirion est trop court lui aussi, tout comme Thibaut Dapréla juste après. La France a grillé quelques précieuses cartouches dans cette finale, mais il lui en reste trois et pas des moindres.

Charlie Hatton, lui, ne signera pas de doublé après son titre décroché l’année dernière à Fort William. 14e au classement provisoire après son run, il prend finalement la 19e place.

Plus que 10 pilotes au départ ! Qui sera le premier à battre le chrono de Danny Hart ? Pas Bernard Kerr, vraiment trop loin, par contre ça semble bien parti pour Ronan Dunne qui allume le vert aux trois premiers intermédiaires. Le souci, c’est que Danny Hart semble avoir fait très mal en fin de piste, et à l’arrivée Dunne est finalement derrière le Britannique lui aussi. La chasse continue…

On craint un scénario identique pour Benoît Coulanges, en avance à tous les splits… mais cette fois ça passe ! Le Français signe le meilleur temps pour 0,135 s seulement. Une marge infime mais suffisante ? On ne va pas se mentir, ça s’annonce compliqué. Pourtant, juste après, Oisin O Callaghan chute et Finn Iles, pourtant bien devant Coulanges en milieu de run, échoue derrière le Français pour à peine 21 millièmes de seconde. Luca Shaw, lui, ne sera jamais en mesure de menacer le chrono de Coulanges. Alors qu’ils ne sont plus que quelques-uns sur l’aire de départ, le top 4 provisoire se tient en 0,3 seconde à peine !

C’est le moment que choisit Loris Vergier pour venir se mêler à la fête. Et comme si ce n’était pas déjà assez serré, le Français vient se placer 0,148 s devant son compatriote Benoît Coulanges. Incroyable !

Dakotah Norton est le premier des deux pilotes qui peuvent encore priver un Français du maillot arc-en-ciel. Mais une erreur en fin de piste alors qu’il est une demi-seconde devant Loris Vergier va mettre fin à tous ses espoirs. Cruel. L’autre, c’est Andreas Kolb. Pas de crash pour l’Autrichien, juste pas assez de vitesse. C’est donc officiel : un Français sera champion du monde puisqu’on n’attend plus que Loïc Bruni sur l’aire d’arrivée alors que Loris Vergier est dans le hot seat. Un triplé bleu-blanc-rouge est même possible puisque Coulanges occupe alors la 2e place provisoire !

S’il y a bien un pilote qui sait comment sortir LE run le jour J, c’est Loïc Bruni. Déjà cinq fois champion du monde Elite, le Français se verrait bien ajouter un 6e maillot arc-en-ciel à sa collection et s’approcher un peu plus du record de 7 titres de Nicolas Vouilloz. Très impressionnant, SuperBruni semble appliquer son plan habituel à la perfection puisqu’il compte pratiquement 2 secondes d’avance au 3e intermédiaire. Et puis vient ce dévers très rapide, la roue avant qui décroche, le pilote et le vélo qui s’envolent, et avec eux les espoirs d’un nouveau titre historique…

Loris Vergier se couvre le visage avec les mains puis baisse la tête et fond en larmes, comprenant ce que ça signifie : il est champion du monde Elite de descente pour la première fois, 10 ans tout juste après son titre chez les Juniors !

L’émotion est immense entre les deux potes sur l’aire d’arrivée…

« J’ai été si malchanceux ces dernières années et cette fois j’ai été chanceux… C’est irréel !« , confiait Loris Vergier à l’arrivée. « Ça a été une mauvaise saison jusqu’ici et je ne m’attendais pas à ça aujourd’hui. Merci à Loïc de s’être crashé parce que sans ça ça aurait été très compliqué ! Je suis champion du monde, waouw, c’est dingue. Dingue… C’était très fuyant aujourd’hui, et j’ai une abeille qui s’est coincée dans mon casque au premier intermédiaire (rires) ! J’étais un peu hors de contrôle mais j’ai continué de pousser jusqu’à la ligne d’arrivée. C’est tellement serré, je suis content d’avoir poussé comme ça, je me souviendrai de ce jour toute ma vie ! »

Sur le podium, Loris Vergier est entouré par Benoît Coulanges, 2e, et Finn Iles, 3e. Un trio qui se tient donc dans 0,169 seconde ! Danny Hart est 4e et Amaury Pierron 5e. Ronan Dunne signe une belle performance avec sa 6e place, tout comme Angel Suarez, 7e, et Oliver Davis, 8e.

Clap de fin pour la DH dans ces championnats du monde, place à présent aux courses de cross-country U23 et Elites qui auront toutes les quatre lieu ce dimanche !

Résultats complets :

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ParChristophe Bortels