Supre Drive : le dérailleur réinventé

Par Léo Kervran -

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Supre Drive : le dérailleur réinventé

La fiabilité et la solidité d’une boîte de vitesse mais l’efficacité d’un dérailleur classique, le tout avec un poids contenu ? C’est ce qu’avance Lal Bikes avec sa Supre Drive, une transmission d’un nouveau genre qui veut réunir le meilleur des deux mondes. Présentation et explications :

Le nom « Supre » (se prononce supré) vient lui de l’espéranto (comme « vojo » !) et signifie lui « au-dessus, « supérieur à ». Sous-entendu, la transmission Supre Drive serait supérieure à tout ce qui existe aujourd’hui dans le domaine. Ambitieux !

Comme Cédric nous l’explique, un dérailleur conventionnel a deux fonctions : guider la chaîne dans la cassette pour lui permettre de changer de pignon, et tendre la chaîne. Avec la transmission Supre Drive, l’idée est de séparer ces deux fonctions : le changement de rapport reste proche de la cassette mais la tension de chaîne est déplacée au-dessus du pédalier, pour un gain considérable en garde au sol. Plus rien ne traîne sous la roue arrière, tout est « rangé » dans le cadre et est de fait beaucoup mieux protégé des pierres, des chutes…

Il a fallu pas moins deux ans et demi de développement à Cédric Eveleigh avant de pouvoir présenter officiellement cette transmission. Et pour cause : une fois l’idée de départ acquise, il a fallu créer de toutes pièces un cadre adapté, concevoir un dérailleur spécifique…

L’illustration ci-dessus nous montre le système dans les deux positions extrêmes, sur le petit pignon en rouge et sur le grand pignon en bleu. Comme on peut le voir, tout a changé. Désormais, le système de changement de rapport ne consiste plus qu’en un petit galet monté sur parallélogramme (pour être utilisé avec un shifter classique), sans chape, ressort de tension et système d’amortissement ou de verrouillage.

Le deuxième galet d’un dérailleur classique, celui qui gère la tension de chaîne, est lui monté sur une patte mobile qui pivote autour du boîtier de pédalier. Ici non plus, aucun ressort n’est visible car celui qui permet de tendre la patte est caché le cadre, dans une cartouche reliée à la patte par un petit câble. Présenté comme ça, cela peut paraître un peu complexe et l’impression visuelle ne fait rien pour arranger les choses, mais Lal Bikes a heureusement publié une vidéo (à retrouver en fin d’article) pour expliquer la Supre Drive en images.

Les avantages avancés sont nombreux : en plus de la meilleure solidité (plus de patte de dérailleur, système mieux protégé), on a un réglage plus facile (pas de vis B pour régler la hauteur de la chape). Du fait de la conception du système de tension, on a aussi une tension de chaîne qui reste plus ou moins constante sur tout les rapports, au lieu d’être élevée sur les grands pignons et plus faible en bas de cassette. Au final, cela réduit la tension pour les rapports les plus faciles (par rapport à un dérailleur classique), donc les efforts sur la chaîne, donc les frottements. La transmission est plus efficace.

Enfin, Cédric nous indique également que le système hydraulique qui contrôle le ressort de tension est sensible à la vitesse : il délivre beaucoup de tension quand le bras tourne rapidement, sous l’effet des compressions et autres impacts, mais un effort bien plus faible lorsqu’il tourne lentement, c’est-à-dire lorsqu’on change de vitesse (particulièrement lorsqu’on remonte dans la cassette). Autrement dit, cela permet d’avoir une chaîne qui ne bouge pas même dans les pires champs de racine tout en profitant en permanence d’une action douce au levier.

Supre Drive, la transmission idéale ? On serait tenté de le croire mais le concept soulève tout de même quelques questions. Celle du poids est vite écartée, la marque joue la carte de la transparence : oui, le système est plus lourd qu’un dérailleur classique, il faut compter 100 à 200 g de plus. En revanche, ça reste bien plus léger qu’une boîte de vitesse et il a l’avantage de réduire les masses non suspendues qui « perturbent » le fonctionnement de la suspension (130 g de moins par rapport à un groupe Shimano Deore XT grâce au dérailleur plus léger et à moins de chaîne autour de la cassette).

L’autre grand point d’interrogation, c’est celui de la compatibilité avec les plateformes et composants existants. Côté transmission, la Supre Drive n’a que deux conditions : une ligne de chaîne de 52 mm et un boîtier de pédalier au standard T47 (qu’on vous explique ici). Tant qu’elles sont remplies, on peut choisir n’importe quel pédalier, cassette, manette, chaîne…

Côté vélo, c’est plus compliqué. Dans l’état actuel des choses, il n’est pas possible de monter une Supre Drive sur un cadre déjà existant, c’est le cadre qui doit être dessiné exclusivement autour de cette transmission. Néanmoins, si le prototype présenté ici adopte une architecture type monopivot haut + biellette, Cédric Eveleigh nous a confirmé qu’il est possible d’adapter la Supre Drive sur des vélos avec un point de pivot moins haut ou une autre architecture, tant que le bras de tension et le galet associé restent au bon endroit. Reste à voir comment cela peut affecter le comportement de la suspension et notamment l’anti-squat, puisque le trajet de la chaîne est complètement différent.

Avec ce dernier point, on a vite fait de se dire que la Supre Drive n’est qu’un énième « projet fou » d’ingénieur, voué à se promener de salon en média sans jamais aller jusqu’au grand public. Toutefois, deux dernières informations nous laissent espérer un autre avenir pour cette transmission : premièrement, Lal Bikes a prévu de fabriquer ses pièces spécifiques (au Canada, qui plus est) et de les vendre aux marques ainsi qu’aux pratiquants comme n’importe quel fabricant de transmission. Deuxièmement, et surtout, elle collaborerait déjà avec une « marque majeure du VTT » pour concevoir un nouveau cadre adapté. On pense évidemment à Devinci, installée au Québec comme Cédric Eveleigh, mais ce n’est qu’une possibilité parmi tant d’autres…

La vidéo qui reprend toutes les explications :

Pour suivre les aventures de Cédric et de Lal Bikes :

lalbikes.com

@lal_bikes

ParLéo Kervran