Nouveauté | Schwalbe réinvente sa gamme gravity

Par Léo Kervran -

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Nouveauté | Schwalbe réinvente sa gamme gravity

Rouler avec les pneus d’Amaury Pierron, ça vous tente ? Schwalbe vient d’ajouter un nouveau volet à sa gamme Gravity avec deux nouveaux profils et une carcasse inédite, inspirée des pneus de voiture (entre autres) et censée offrir plus de grip, de confort et de contrôle. Voici ce qu’il faut savoir :

Nouveaux pneus Albert et Shredda

 

La fin d’une histoire ? Connue pour ses jeux de mots sur ses noms de pneus (Magic Mary, Tacky Chan, Dirty Dan, Big Betty…), Schwalbe tourne une page avec ces deux nouveaux modèles, qui répondent simplement aux noms d’Albert et Shredda. Deux modèles ou plutôt trois, puisque le Shredda se décline en deux versions, l’une spécifique à la roue avant et l’autre pour la roue arrière.

Schwalbe Albert Pro

L’Albert Pro est un pneu polyvalent orienté enduro, avec un dessin de crampons en « 2-3-2 » très populaire en ce moment, qu’on trouve sous différentes variantes chez presque tous les fabricants. Pensé pour être à l’aise sur tous les terrains, il ressemble à certains égards au bien connu Hans Dampf, dans une version plus moderne et en phase avec l’approche actuelle de l’enduro.

Nombreux et larges, les crampons recouvrent une grande partie de la surface du pneu ce qui laisse imaginer un profil particulièrement à l’aise sur les terrains secs et durs, même si Schwalbe insiste sur le fait qu’il est suffisamment polyvalent pour bien se comporter sur toutes les surfaces.

La marque allemande explique par ailleurs que ce pneu a été optimisé pour tirer parti de sa nouvelle carcasse radiale (plus d’infos en dessous), et de la plus grande surface de contact avec le sol qu’elle permet.

Au catalogue, l’Albert Pro se décline en deux versions, Trail et Gravity (les deux en constructions radiale), deux gommes, Soft et Super Soft, et quatre dimensions : 27,5 x 2,5″, 27,5 x 2,6″, 29 x 2,5″ et 29 x 2,6″. Comptez 73,90 € pour les modèles Trail (1110 g en 27,5″ et 1180 g en 29″) et 79,90 € pour les déclinaisons Gravity (1245-1265 g en 27,5″ et 1330-1350 g en 29″ selon la section).

Schwalbe Shredda Pro

Le Shredda se veut plus pointu et plus spécifique, avec un dessin différencié entre l’avant et l’arrière et tourné surtout vers les terrains souples, qu’on parle de poussière ou de terre meuble.

« Inspirés de l’enduro moto », les crampons centraux du pneu avant reprennent le schéma du Dirty Dan (2 pavés directement sur le pneu – 2 pavés avec une base pour les rigidifier) mais sont plus hauts, plus larges et paraissent moins écartés, tandis que les pavés latéraux se font plus rectangulaires.

Le pneu arrière reprend lui des éléments du Magic Mary, avec un profil un peu plus « fermé » et des crampons un peu moins hauts qu’à l’avant afin d’avoir une résistance au roulement un peu plus faible. Si l’avant est conçu dans le but d’offrir le maximum de grip en virage et au freinage, ce pneu arrière vise le freinage mais aussi la propulsion afin de parler aux e-bikes, un segment pour lequel il se veut particulièrement adapté.

Optimisé comme l’Albert Pro pour la construction radiale, le Shredda Pro n’est proposé qu’en trois versions, toutes à 79,90 € : un 29 x 2,5″ en carcasse Gravity et gomme Ultra Soft (1450 g) pour le pneu avant, le Shredda Gravity Front Pro, et un 29 x 2,5″ (1500 g) ainsi qu’un 27,5 x 2,5″ (1410 g) pour le pneu arrière, le Shredda Gravity Rear Pro, dans les mêmes gomme et carcasse qu’à l’avant. Autrement dit, un pneu de DH et rien d’autre !

Les carcasses radiales

L’autre grosse nouveauté, présentée comme presque révolutionnaire par Schwalbe, ce sont ces nouvelles carcasses avec une construction radiale. Kézako ?

Dans un pneu de vélo, les fils qui composent la carcasse sont disposés à un angle d’environ 45° par rapport au sens de roulement du pneu et s’entrecroisent avec un angle de 90° entre eux. On appelle cela une carcasse « diagonale », pour des raisons assez évidentes.

Sur ces nouveaux pneus, Schwalbe a complètement revu le positionnement de ces fils pour les placer de façon beaucoup plus perpendiculaire au sens de roulement (à droite ci-dessus, pneu classique à gauche). Schwalbe garde l’angle précis secret, puisque c’est le coeur de tout le système.

La construction radiale d’un pneu, c’est-à-dire avec les fils parfaitement perpendiculaires au sens de déplacement, n’est pas quelque chose de nouveau : c’est celle qui est utilisée dans les pneus de voiture depuis plus de 70 ans (un peu moins en Amérique du Nord, qui fut un marché plus difficile à convaincre). L’impact de ces pneus sur le comportement fut tel qu’il a poussé les constructeurs à revoir la conception de leurs véhicules, au niveau de la suspension et de la direction notamment.

Cependant, en automobile, les pneus sont un peu différents : les fils sont parfaitement perpendiculaires et pour les aider à supporter les contraintes, le pneu est renforcé par des « ceintures » qui courent de tringle à tringle, disposées à un certain angle et en acier, polyester ou parfois Kevlar selon les besoins.

Reste que ces renforts alourdissent le pneu, et si ce n’est pas très gênant lorsqu’on a un moteur pour faire avancer le tout, ça l’est beaucoup plus en vélo. Schwalbe s’est donc légèrement éloignée d’une construction parfaitement radiale en donnant un léger angle à ses fils afin de leur donner un peu plus de force et de se passer de ces ceintures de rigidification.

D’après la marque l’objectif était d’augmenter la surface de contact du pneu au sol, source de grip, sans les inconvénients des deux méthodes habituellement utilisées : qu’on choisisse une carcasse plus souple (moins de couches, moins de renforts) ou qu’on descende en pression, on se retrouve toujours avec un pneu plus fragile et moins stable à partir d’un certain point.

Avec la carcasse (presque) radiale, le pneu est plus souple et se déforme mieux sur les obstacles : Schwalbe annonce 30 % de surface de contact en plus à la même pression (1,5 bar), et encore 10 % de mieux si on augmente la pression de 0,5 bar dans le pneu radial par rapport au pneu classique. Plus pointu mais tout aussi intéressant, le rebond serait également plus amorti avec ces carcasses, ce qui donne un pneu qui dissipe plus d’énergie sur les chocs et offre plus de grip et de contrôle. Si vous avez déjà comparé deux pneus au dessin identique mais dans deux carcasses différentes, l’une légère et l’autre renforcée, vous voyez certainement ce que cela change.

Sur le papier, cette construction a toutefois deux inconvénients : un peu avec plus de résistance au roulement, du fait de l’empreinte plus longue et du plus grand nombre de crampons (donc autant d’arêtes) en contact avec le sol, et une résistance au pincement un peu moins bonne à pression identique puisque la carcasse se déforme plus facilement. Cependant, comme la surface de contact reste plus importante même à pression un peu plus élevée, rajouter quelques dixièmes de bars dans ces pneus pourrait permettre de contrebalancer ces inconvénients tout en tirant toujours parti des avantages.

Voilà pour la théorie ! En vélo de manière générale, ce n’est pas non plus une véritable innovation puisque Panaracer s’y est déjà essayé et que Maxxis compte depuis 2009 un pneu de route avec cette construction dans son catalogue, le Radiale, mais en VTT et à cette échelle c’est quelque chose d’assez inédit. Schwalbe indique d’ailleurs que ces pneus sont roulés depuis 2022 par l’équipe Commencal / Muc-Off en DH, ainsi que depuis le début de la saison 2024 par d’autres équipes dont le FMD Racing de Tahnée Seagrave.

Au catalogue, ces carcasses se déclinent en deux versions, Trail et Gravity. Si le nom « Super » disparaît pour marquer la distinction avec les carcasses classiques avec les fils en diagonale, la construction (nombre de plis, renforts) est la même que pour les modèles Super Trail et Super Gravity classiques. On trouvera ces carcasses « radiales » sur les Albert Pro et Shredda Pro, mais aussi sur trois versions du Magic Mary (Trail et Gravity en 29×2,5″ UltraSoft et Gravity en 27,5×2,5″ Soft), qui prend le nom de Magic Mary Pro pour l’occasion.

Nous venons de recevoir ces pneus à la rédaction et nous allons bientôt commencer à rouler avec, rendez-vous dans quelques semaines pour connaître notre avis à leur sujet !

Plus d’informations : schwalbe.com

ParLéo Kervran