Nouveauté 2022 | Yeti 160E : les ‘ricains se lancent dans l’e-bike !
Par Olivier Béart -
Yeti était une des dernières marques à ne pas avoir d’e-bike dans sa gamme. Mais ça c’était avant. Voici le Yeti 160E, premier VTT à assistance électrique de la légendaire marque américaine, qui inaugure aussi une nouvelle suspension inédite. Découverte :
Comme son nom l’indique, le Yeti 160E offre 160mm de débattement à l’arrière (et 170mm devant), mais avec une suspension inédite. En effet, la présence du moteur ne permettait plus d’utiliser le fameux Switch Infinity présent sur le reste de la gamme. Yeti a donc développé une toute nouvelle cinématique, qui reste dans le même esprit mais qui est compatible avec la présence d’un bloc moteur au niveau du pédalier. Nous avons déjà eu l’occasion de vous détailler le brevet déposé récemment par Yeti pour une nouvelle cinématique, mais nous allons ici pouvoir expliquer un peu mieux en quoi elle consiste concrètement sur ce modèle bien spécifique.
Cette nouvelle cinématique est baptisée SixFinity et, comme vous pouvez le voir, elle ne fait pas vraiment dans la simplicité. Mais pour Yeti, seule l’efficacité compte, peu importe s’il faut un système complexe pour y parvenir. Cette plateforme, développée par Yeti depuis 2016, compte pas moins de 6 points de pivot (6 Bar Linkage) et elle est exclusivement dédiée aux e-bikes. Elle a été optimisée pour des vélos dont la masse est plus importante et sur lesquels la présence d’une assistance modifie légèrement la manière de rouler et de pédaler.
Le fonctionnement de cette suspension n’est pas des plus simple à expliquer mais nous allons tenter de simplifier les choses au maximum. Commençons par la biellette basse, le Switch Link, qui a un trajet un peu particulier puisqu’elle commence par bouger vers le haut, avant d’atteindre un point d’inflexion et de redescendre quand on s’enfonce vers la deuxième moitié du débattement.
Quand le Switch Link se déplace vers sa position haute, l’anti-squat – qui permet de conserver de bonnes performances au pédalage – affiche une valeur élevée, ce qui permet d’apporter du support et du grip. Après le point d’inflexion, l’anti-squat baisse très rapidement, ce qui va vraiment « libérer » très rapidement la suspension de toute contrainte pour une efficacité maximale en descente et dans les zones techniques abordées à haute vitesse, où on va avoir besoin d’utiliser tout le débattement, mais où, au contraire, on ne va plus rechercher l’efficacité au pédalage. Le meilleur des deux mondes en quelque sorte.
Petite spécificité aussi de cette cinématique : elle est très peu affectée par le rapport sur lequel on se trouve au niveau de la cassette, ce qui est important sur un e-bike où on va parfois pouvoir grimper sur de petits pignons grâce à l’assistance du moteur, alors que sur un VTT classique, grimper rime davantage avec grands pignons.
Du fait de la masse plus importante d’un e-bike, l’anti-rise a été fixé à 65% au SAG. Le but est de trouver un bon équilibre entre traction et préservation de la géométrie lors des phases de freinage. L’anti-rise est aussi très constant sur toute la plage de débattement (8% de variation), ce qui va permettre d’offrir un comportement de suspension assez naturel et prévisible sur tout le débattement. Si vous vous y perdez dans certains des termes employés, n’hésitez pas à aller faire un tour dans notre guide des cinématiques pour plus d’explications.
Le SixFinity dispose aussi d’un système permettant de faire varier l’ancrage de l’amortisseur sur le cadre, ce qui va avoir pour effet de modifier le « leverage rate » (bras de levier), sans toucher aux valeurs d’anti-squat et anti-rise. Cela va par contre influencer le comportement de la suspension, avec un caractère de vélo plus pédaleur et efficace sur la position à 25%, neutre et équilibré à 30% et plus orienté vers la souplesse et l’absorption des impacts à 35%. Le débattement est légèrement modifié entre chaque position, mais on parle de seulement 2mm, ce qui est insensible.
Un des avantages de cette cinématique est d’être très compacte, ce qui va permettre de combiner des bases courtes (446mm) avec des roues de 29″ et un bon dégagement du pneu. Sur tous les montages, Yeti a retenu un Fox Float X2, le gros modèle à air, comme amortisseur.
Au niveau du moteur, présence aux USA et service mondial oblige, le Yeti 160E est équipé d’un bloc Shimano EP8 avec une batterie Shimano de 630Wh accessible via un cache résistant aux chocs sous le tube diagonal.
Le cadre est quant à lui entièrement en carbone et il répond au standard « vélo de descente » de la marque. Il est d’ailleurs déjà testé et utilisé en compétition EWS-E (la série e-bike des Enduro World Series) par Jared Graves, qui s’est reconverti dans ce format après ses graves ennuis de santé.
Au niveau de la géométrie, les cotes montrent que Yeti a clairement fait un vélo « engagé » destiné à combler des pilotes avec un gros niveau technique. Sera-t-il pour autant exclusif ? Pas sûr car notre expérience montre qu’aujourd’hui, les géométries les plus contemporaines ne rendent pas nécessairement le pilotage de ces vélos inaccessible à « monsieur ou madame tout le monde ». Nous sommes en tout cas impatients de le tester pour vérifier cela !
Pour le poste de pilotage, Yeti a développé des composants permettant d’intégrer entièrement la câblerie liée au moteur pour plus de discrétion.
On constate aussi une belle attention aux détails, avec notamment un anti-déraillement One-Up custom qui sert également de guide-gaine. Tous les passages internes dans le cadre sont 100% guidés pour éviter les prises de tête à l’atelier. Un garde-boue intégré est également présent pour protéger le moteur et la suspension.
Ce vélo d’exception sera proposé en deux montages haut de gamme, avec Fox 38 à l’avant, transmission Shimano et roues DT-Swiss pour des tarifs de 9999€ en version C1 Turq et 12999€ en T1 Turq, le tout avec deux options de couleurs « de série » et une version « team replica » reprenant les mythiques teintes jaune et turquoise.
Plus d’infos : https://yeticycles.com/