Mini-interview | Loïc Bruni et ses freins : « Adapter le frein à moi, pas l’inverse »
Par Léo Kervran -
Il y a 4 ans, nous nous étions glissés sous la tente de l’équipe Specialized Gravity lors des Crankworx des Gets pour parler freinage avec Loïc Bruni et Jack Roure, son mécano. A cette époque, le partenariat avec Magura était encore récent et venait tout juste de déboucher sur un levier conçu spécifiquement pour Loïc. Aujourd’hui, ce levier est désormais bien installé dans le catalogue du fabricant allemand et comme on vous parlait récemment du fonctionnement d’un frein, on a profité de la coupe du monde de Lourdes pour retourner voir Loïc et lui (re)poser quelques questions à ce sujet :
Loïc : Non, on avait développé un levier pas mal, qui me plaît toujours autant et depuis on n’a rien développé. Ça marche bien et tout donc y’a pas de soucis, mais c’est clair que ce serait cool de faire quelque chose de nouveau, un peu ! Un nouveau disque ou un nouvel étrier… Je ne sais pas. Moi je suis chaud dès qu’il faut faire un nouveau truc de toute façon. Après je ne sais pas comment ils fonctionnent, comment ils amortissent leurs investissements mais je pense que ça ne va pas tarder à changer. Ça fait un moment qu’il est là ce frein !
Vojo : Les freins, c’est un composant qu’on doit connaître sur le bout des doigts et dans lequel on doit avoir parfaitement confiance, encore plus pour toi en tant qu’athlète. Mais de l’autre côté, les pistes de coupe du monde sont variées, il y en a des plus lentes que d’autres, des plus raides, il pleut parfois… Est-ce que ça t’arrive d’adapter / de changer des éléments de tes freins d’un week-end sur l’autre ?
Loïc : T’as fait exprès de dire ça ? Parce que quand tu freines, c’est avec le bout de ton doigt ! (rires) Non écoute, on a souvent les mêmes setup, comme on a quand même beaucoup de puissance on n’a pas besoin de changer les disques, on a toujours du 203. Je sais qu’ils les font en 220 mais on n’a pas besoin, on avait essayé une fois à Val di Sole mais c’était vraiment trop puissant, ça ne servait à rien. On peut changer de temps en temps les plaquettes de frein suivant les conditions mais c’est la seule chose qu’on va changer.
Vojo : Quelle combinaison de levier/disques/plaquettes utilises-tu le plus souvent ? Tu les changes fréquemment ?
Les leviers que j’utilise le plus c’est les miens, je ne sais même pas comment ils s’appellent [ce sont les HC Wide Reach, anciennement HC Loïc Bruni]. Les plaquettes c’est les noires, même pas les gold. On change très rarement les disques à moins vraiment qu’on les crame, s’ils sont bleus cramés on les change mais c’est quand même assez rare. Les plaquettes… On les change environ une fois par week-end de course, parce qu’après je déteste vraiment faire le rodage. C’est des freins qui ont besoin d’être bien rodés pour que ça marche donc soit on les a rodés à l’avance, soit on ne les change qu’une fois.
Vojo : Est-ce que tu travailles pour améliorer tes freinages ? Pendant l’hiver, sur un week-end entre les entraînements et la finale ?
Loïc : Non c’est quelque chose que je devrais peut-être travailler, t’as raison, on ne le fait pas forcément souvent. Après, on essaye toujours d’avoir un toucher qui est familier pour moi pour que justement mes freinages soit précis, appuyés et pas galérer à s’adapter aux freins. Plutôt que le frein soit adapté à moi en fait, pour vraiment pouvoir compter dessus quand tu arrives très vite et que tu veux freiner tard. Que le frein ne te fasse pas une mauvaise surprise, c’est super important.
En course, tu sais qu’il ne faut pas rater les zones de freinage mais c’est assez instinctif. Quand ça ne l’est pas c’est quelque chose que tu travailles mais le plus gênant dans ces choses-là c’est quand tu mets des coups de frein dans le virage un peu par réflexe. Tu vois, si tu as une pierre au milieu du virage qui te fait peur, ou tu sens que ça glisse et que tu mets un coup de frein trop tard, ou trop appuyé au milieu du virage ça te casse toute ta vitesse pour sortir donc c’est super important pour être bien calé de ne pas mettre ces « coups de patins » comme on les appelle, qui viennent te tuer tout tout élan.
Mais ça c’est plus dans le riding, c’est pas vraiment… Faut être dans le flow, faut être propre, rond, ça se travaille sans se travailler, c’est logique. C’est à toi de rouler par rapport à la piste, de ne pas « sur-rouler », de manière à ce que quand tu sors de ton virage t’as fait ton freinage à l’entrée et tu sors vite.
Rendez-vous tout le week-end sur Vojo pour suivre la coupe du monde DH de Lourdes 2022 comme si vous y étiez !