Laissac : en reco sur le parcours des Worlds Marathon
Par Olivier Béart -
Vingt-quatrième édition, déjà. Le Roc Laissagais est bel et bien une ancienne épreuve dans le calendrier français. Une pionnière même. Habituellement, elle est toujours située aux alentours du deuxième week end d’avril. Mais en 2016, le vénérable marathon de l’Aveyron fera une entorse à cette habitude. Et pour cause : la fête de la 25ème édition sera belle et grande puisque le Roc Laissagais accueillera les championnats du monde Marathon de VTT ! Vojo a participé à la répétition générale qui vient de se dérouler.
Le succès de cette longue distance est allé grandissant… en même temps que disparaissait la coupe de France de la spécialité. En 2011 le Roc Lessagais était support des championnats de France marathon avant de passer ensuite à l’échelon ultime avec trois années en Coupe du Monde. Echelon ultime ? Pas tout à fait ! Il restait à accueillir les championnats du monde de la spécialité. Ce qui deviendra une réalité l’année prochaine, pour la 3e fois en France après 2006 et feu la Traversée de l’Oisans, puis 2012 à Ornans. Cette édition 2015 revêt beaucoup d’intérêt. Le circuit est déjà en configuration 2016. cela signifie que c’est exactement le tracé que les meilleurs mondiaux emprunteront dans un an. Au menu : 90km et plus de 3000 mètres de dénivelé. C’est une grande répétition pour toute l’équipe du sympathique Pierre Boyer (en action ci-dessus, sur le vélo… et sur la ligne avec Eric Davaine) afin de régler les derniers détails. Et c’est surtout l’occasion pour nous de rouler sur le tracé lors d’une Coupe du Monde, avec un peloton étoffé des meilleurs marathoniens mondiaux : Lakata, Ilias, Paez,… Ils sont venus, comme nous, pour prendre la température. Justement, il a rarement fait aussi beau sur Laissac mi avril, la semaine précédente a été ensoleillée et le tracé est à 95% sec. Les 5% restant sont de beaux trous d’eau et de boue où les roues s’enfoncent presque jusqu’au moyeu. La température a beau être idéale pour sortir une des première fois le cuissard et le maillot court, nous allons être repeints malgré tout. Départ à 9h pour les 180 coureurs composant le peloton, dont 30 des meilleurs marathoniens européens. Sur la ligne, l’ambiance est détendue et l’ancien champion du Monde Greg Periklis Ilias se permet même un petit selfie avec le Portugais Pinto, grand animateur du début de saison, notamment sur l’Andalucia Bike Race. Vojo est dans la course, grâce à notre reporter spécialiste des marathons, Jeff Bossler, venu se dégourdir les jambes dans l’Aveyron après son retour du Cape Epic. Mais aussi prendre quelques notes car son club organisera les championnats de France de Marathon à Tournus en septembre 2015 ! La sortie de la ville de Laissac se fait sur de grandes avenues larges. Malgré tout, il est difficile de doubler ou de remonter tellement le rythme imprimé est élevé. Les premiers kilomètres se font ensuite sur une piste le long de la voie ferrée puis la première montée fait exploser la tête de course, quand derrière c’est la bousculade, avec pas mal de coureurs à pied. De petits groupes se reforment ensuite rapidement pour affronter ce début de parcours, truffé de côtes raides, de ruisseaux et de descentes sympathiques en singles rapides où il faut passer entre les pierres dans les sous bois de cette forêt des Palanges qu’on ne quittera jamais. C’est aussi une caractéristique du circuit : il n’y a quasiment jamais de plat, les montées succèdent aux descentes et nous sommes toujours en prise, sans aucun temps mort. Le premier ravitaillement arrive un peu tôt, au kilomètre 15. Ensuite le parcours devient plus roulant mais toujours montant et descendant. Le deuxième ravitaillement au kilomètre 22 est avalé lui aussi mais un bidon peut servir, nous entamons la boucle réservée aux hommes, soit environ 20 km en bout de circuit, qui vont passer très rapidement au sein d’un petit groupe de cinq. Quand nous repassons à la même zone technique/ravitaillement, les quelque 30 femmes parties 30 minutes derrière nous se trouvent à présent devant sur le parcours. Autre caractéristique du tracé, si la quasi-totalité des montées se fait sur des chemins suffisamment larges pour doubler, nous empruntons régulièrement de beaux singles entre les arbres en descente. Et certains passages ne feraient pas rougir une spéciale d’enduro avec des sauts et autres virages relevés ! Un régal pour le pilotage mais il aurait fallu tout reconnaitre tant le parcours est truffé de pièges, notamment des pierres et morceaux de bois cachés sous les feuilles. Il y aura d’ailleurs de nombreux abandons. Au kilomètre 65, il reste encore 1000 mètres de dénivelé positif sur les 25 derniers kilomètres du parcours. Cette dernière partie est entièrement nouvelle pour cette année. En effet, le temps de course habituel du vainqueur était légèrement sous les 4h habituellement. Or, le règlement UCI stipule que la durée de l’épreuve course doit être supérieure à 4h pour un Championnat du Monde de marathon. L’équipe a donc modifié le tracé en rajoutant une grosse montée de 300m de D+ à 20 km de l’arrivée. Et si le départ de la montée sur piste est déjà raide, la fin est encore plus corsée car elle se déroule dans une prairie dont l’herbe n’offre aucun rendement. Et après 70km de course, cette difficulté va faire de gros dégâts pour tous ceux qui n’auront pas gardé un peu de réserve. Dernier ravitaillement au bout de la colline, il reste 15 km mais ils ne sont toujours pas faciles. Nous restons dans la forêt et à chaque fois qu’on entame une descente qu’on croit être la dernière, un virage serré à gauche nous renvoie droit dans la pente pour une remontée sévère. Voilà enfin la dernière montée, toujours très raide, et encore dans une prairie. Elle nous emmène au sommet de la dernière descente, rendue technique et glissante par des marres de boue. Pas question de prise de risques à ce moment, les écarts sont déjà largement faits. Il reste 4 kilomètres enfin bien plats et vent dans le dos pour rentrer sur Laissac et franchir la ligne d’arrivée. Cette année Tiago Ferreira a continué sur sa lancée en s’imposant devant le champion d’Italie Samuele Porro et Robert Mennen. Chez les dames, la victoire est revenue à Sally Bigham devant Hélène Macouyre qui signe une très belle 2e place. Côté Belge, on relèvera la superbe 3e place de Marlies Beckers chez les Dames et la 4e position de Frans Claes ! Joris Massaer est 15e et décroche donc son ticket pour les prochains Worlds de Val Gardena, comme Christophe Bassons, 1er Français. Très sincèrement, il s’agit d’ un des plus beaux marathons français que nous ayons roulé. Le fléchage était impeccable, des bénévoles étaient positionnés à toutes les intersections, sans oublier les nombreux ravitaillements (6 en tout) et un parcours varié mais physiquement très dur et avec de beaux passages techniques et piégeux. C’est sûr, Laissac va permettre de désigner un champion du Monde complet en 2016, qui devra être très fort mais aussi chanceux pour ne pas crever sur toutes les pierres jonchant le parcours. Thomas Dietsch était présent à Laissac, mais pas en tant que coureur. Le champion à la retraite a accepté de devenir le parrain de l’épreuve et il a accompagné quelques journalistes et VIP sur le parcours en marge de l’épreuve. Le vélo idéal pourra être un semi-rigide en 29 pouces, fourche de 100mm, pneus renforcés en 2,25. Un mono plateau de 32 suffira, permettant aussi de passer les dernières montées raides de la fin de parcours. Le tout suspendu ne sera pas forcément un avantage car les montées restent roulantes, peu cassantes avec une bonne adhérence. Dans tous les cas, pour se qualifier pour ces Mondiaux 2016, la règle est simple : il faut terminer dans les 20 premiers d’une manche XCM après les mondiaux 2015 qui ont lieu fin juin à Val Gardena. Sinon des courses Open seront vraisemblablement organisées pour permettre à toutes et tous de participer à la grande fête du VTT fin juin 2016 dans l’Aveyron. Un événement à ne pas manquer et Vojo fera tout pour envoyer un ou plusieurs journalistes/coureurs sur ce futur très beau championnat. Pour revivre l’édition 2015 en vidéo : Résultats complets : www.chronorace.be Texte : Jeff Bossler – Photos : Fred Machabert
Plus d’infos : www.roclaissagais.com – www.facebook.com/roclaissagais.officiel