Les coulisses du Wild Ride West avec Pierre Henni
Par Paul Humbert -
Derrière toutes les belles images que vous découvrez chaque jour, il y a des personnes qui portent du matériel pendant des heures, qui filment, qui règlent, qui courent et qui passent ensuite des heures au montage. Dans le cas du Wild Ride West, la dernière aventure nord-américaine du Giromagny Enduro Team, cette équipe de caméramans se résume à une personne: Pierre Henni ! Il nous en dit un peu plus sur les coulisses de ce road-trip entre potes aux allures de grosse production VTT (à retrouver en fin de news).
« Je viens de Franche Comté, pas très loin de Montbéliard et j’ai commencé par faire pas mal de rando VTT et j’avais des potes qui roulaient en BMX. On a construit des bosses et la vidéo est venue de là, on se filmait et on rigolait bien. À un moment donné, je voulais garder ça en loisir parce que j’avais peur de me dégouter en en faisant mon boulot. Avec mes études dans le multimédia, j’ai mis un pied dans les web, le marketing et la communication. J’ai toutefois fait des stages en vidéo. Mon premier je l’ai cherché en agence et je me suis dit « pourquoi ne pas conjuguer ça avec ma passion ». J’ai contacté FastFocus et ça tombe bien, il cherchait quelqu’un ! (découvrez Fastfokus et Damien Vergez ici : https://www.vojomag.com/dans-les-coulisses-de-mtb-heroes-avec-damien-vergez/ ). Damien se lancait aussi à l’époque et il m’a bien formé et on a fait des trucs sympa. On est parti expérimenter. J’ai appris les bases du terrain et on est restés en contact. J’ai fait un peu d’animation et de motion design pour lui, tout en collaborant de temps en temps.
J’ai ensuite fait une licence pro et un stage dans une boite plus conventionnelle. En CDI, je suis resté un an et demi à faire autre chose que des vidéos de VTT. J’ai pu bosser sur l’aspect plus marketing avec des « vrais » clients. Mais quand Damien m’a appelé pour le rejoindre sur la saison 2 d’MTB Heroes, j’ai quitté mon boulot et je l’ai suivi. On est parti en Nouvelle-Zélande, au Chili, au Portugal, au Canada et en Chine ! Moi qui ne voyageait pas trop, j’ai tout de suite attrapé le virus.
C’est à cette période que je me suis lancé à mon compte, parallèlement à mon travail avec le Giromagny Enduro Team. J’étais à un stade où j’avais pas mal progressé en vidéo mais je n’avais pas de bons riders pour m’exprimer. Je trouvais le « Giro » sympa et on s’est croisés en soirée. On est devenu carrément potes et ils m’ont proposé de les suivre quelques jours à Finale Ligure. C’est aussi là que j’ai mis le pied dans le milieu de l’enduro. J’ai pu faire ma propre vidéo de vélo avec des riders qui tiennent la route. Ils ont tous beaucoup de contacts dans le milieu et ils m’ont aidé à me faire un réseau. Le team m’apporte énormément là dessus et c’est une vrai vitrine. »
En deux mots, qu’est ce que le Wild Ride West ?
« C’est un pélerinage. C’est pas plus compliqué que ça, nous voulions aller à la Mecque du VTT. Nous sommes partis pour une tournée de super spots aux USA et au Canada, aux origines de notre pratique du VTT à tendance gravity. »
Tu étais en charge de la vidéo, côté matos, ça représente quoi ?
« Vélo, affaires de ride, affaires perso et matos vidéo, j’ai pris tout ce que j’avais ! Je n’avais pas envie de faire de compromis même si je m’équipe relativement light. Je suis souvent amené, comme vous chez Vojo, à me déplacer avec mon matos dans la nature et à vélo. J’utilise deux boitiers hybrides. Un Sony A6300 avec une bague pour optiques Canon et un Panasonic GH4 comme second boitier. Côté objectifs, j’ai un Samyang 8mm (surtout pour la photo), un Tokina 11-16 F2.8 (que j’utilise beaucoup, surtout sur mon stabilisateur), un Sigma 18-35 F1.8 (un petit bijoux), un Canon 50 mm F1.4, un Canon 85mm F1.8 Canon et l’éternel Canon 70-200 F4 L stabilisé.
En plus de tout cela, j’ai un Ronin M, un stabilisateur gyroscopique motorisé, un drone DJi Phantom 3 Pro et un trepied avec une bonne tête fluide
Pour le voyage, j’ai glissé le trépied dans mon sac de vêtements, le Ronin et le drône dans une grosse caisse et le reste dans mon sac à dos avec mon ordinateur. Dans l’aéroport, tout le monde a halluciné en nous voyant arriver à 9 avec tous nos vélos ! »
Comment est-ce que vous vous êtes organisés sur les sentiers ?
« L’idée était de profiter de ce trip pour rider à fond ! La vidéo n’était pas secondaire mais il fallait un temps pour tout. On passait 3 ou 4 jours par spot et on se réservait une journée pleine pour un segment de vidéo. Toutefois, j’avais souvent la caméra à la main pour du lifestyle et les intros.
On a bien défini à l’avance les segments et la manière de nous organiser. Julien, Débi et moi même avions déjà passé du temps au Canada et on a fait jouer nos contacts sur place trouver les meilleurs spots. Pour le segment que je partage avec Jackson Goldstone (et Corentin), je le connaissais lui et sa famille d’un précédent tournage avec Damien de Fastfocus. Cette fois-ci, je revenais profiter des trails. Je me sens comme un grand gosse et le courant est bien passé. On aime aussi les mêmes types de pistes assez aériennes. Les frères Prenez ont filmé. Ça a été une longue journée mais on est contents du résultat. Je mettais en place la caméra et je courrais ensuite chercher mon vélo.
Pendant que je tournais avec deux personnes, les autres allaient rouler. Un autre rider restait toujours avec moi pour m’aider à porter le matos et pour me donner un coup de main pour doubler des prises. Nous avions déjà eu une première expérience un petit peu équivalente l’année d’avant en Écosse en en Angleterre. On est arrivés plus organisés et tout le monde savait qu’il fallait se donner du mal pour avoir un super résultat et je pense qu’on est tous bien contents. «
On a entendu dire que tu as terminé le montage une heure avant sa projection au Roc d’Azur…
« Oui ! Nous sommes rentrés début Septembre. À la base, je m’étais presque dit que j’étais large. Finalement Damien m’a appelé pour un tournage en Alaska avec le Coastal Crew. J’ai pu travailler un peu sur place quand il faisait mauvais mais je n’avais pas bien avancé en rentrant. J’ai aussi fait l’erreur de commencer par des détails en négligeant le gros du travail.
Par exemple, dans le segment chez Transition, on voit les sentiers apparaître devant la porte : il a fallu que je fasse exactement le même mouvement dans les bureaux et sur les sentiers. Derrière mon ordinateur j’ai du tout caler, assurer la transition et découper la porte presque image par image (du rotoscoping). On est donc passé d’un placard abritant les serveurs de chez Transition à la forêt de Bellingham, mais ça prend du temps !
Pour la faire courte, un segment sur quatre était monté dans les temps. Le reste, pas franchement. La veille de mon départ pour le Roc, j’ai fait une nuit blanche pour avancer. J’ai descendu la tour de mon ordinateur et j’ai terminé le travail dans un bungalow miteux le jour de la projection. Mais je suis vraiment content. La vidéo est vraiment complète et on retrouve ce qu’on aime : des beaux vélos pour bien rider, des beaux paysages, des potes, des guides et le tout avec des ambiances différentes sur des trails formidables. »
Et voilà, vous savez tout ! Chez Vojo, on adore et on espère que ces mots vous feront apprécier encore d’avantage ce super travail !
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Photos : Richard Bord, Déborah Motsch, Pierre Henni