Un championnat de VTT électrique lancé par la FFM : un très mauvais signal !

Par Olivier Béart -

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Un championnat de VTT électrique lancé par la FFM : un très mauvais signal !

En l’absence de cadre défini clairement par les autorités et en pleine période trouble pour les fédérations sportives, la Fédération Française de Motocyclisme (FFM) annonce le lancement du premier championnat de France de VTT électrique. Voici les premières informations et notre position sur le sujet.

« La Fédération Française de Motocyclisme innove en 2018 avec le lancement du Championnat de France E-VTT Enduro réservé aux VTT à Assistance Électrique (VTT AE). Une première dans l’Hexagone avec au programme cinq épreuves réparties d’avril à octobre. Le schéma de course sera fondé sur celui de l’Enduro avec des tests chronométrés et des liaisons permettant d’accueillir des participants aux horizons divers. Les épreuves seront ouvertes aux pilotes titulaires d’une licence annuelle VTT AE FFM, ou d’une licence à la journée LJA1 »

Le calendrier prévisionnel de ce « Championnat de France de E-VTT Enduro » s’étend d’avril à octobre et le nom des organisateurs de chaque manche ne laisse planer aucun doute : il s’agit uniquement de clubs moto et aucun de vélo.

On apprend aussi que plusieurs catégories sont prévues. Pour les vélos :

  • E Pro : VTT AE de 350 Watts maximum et dont l’assistance se coupe à partir de 45 Km/h.
  • Élite* & National : VTT AE de 250 Watts maximum et dont l’assistance se coupe à partir de 25 Km/h.

Pour les pilotes :

  • Open Nat (16/18 ans),
  • Senior N1 (19/29 ans),
  • Senior N2 (30/39 ans),
  • Senior N3 (40/49 ans),
  • Senior N50 et +.

En plus des titres de Champions de France, le communiqué précise également qu’un trophée du meilleur constructeur sera décerné au cumul des épreuves. On notera aussi, sauf erreur de notre part, l’absence de catégorie féminine.

La position de Vojo

Chez Vojo, nous accueillons cette nouvelle très froidement, et c’est peu dire. C’est l’occasion de rappeler que, si nous parlons de VTT électrique dans notre média, c’est parce que lorsque nous le pratiquons, nous avons réellement l’impression de faire du vélo lorsque nous chevauchons ce type de machine. Parce que l’impact sur les sentiers apparaît comme extrêmement limité, parce que les vitesses atteintes sont limitées et se rapprochent de celles du VTT classique (voire moins dans certaines circonstances), parce qu’il s’agit d’un moyen de déplacement silencieux qui n’empêche nullement l’échange avec les autres usagers de la forêt, et la liste n’est pas exhaustive. Nous nous sommes également fixé une limite, calquée sur une différence prévue par la législation, en ne traitant que de VTT à assistance limités à 250W et 25km/h ; seuls assimilables, selon nous, à des vélos. Et nous refusons également de parler ou d’encourager les pratiques de débridage, selon nous aussi inutiles que dangereuses dans le cadre d’une pratique VTT.

Bien sûr, on peut (et on doit) débattre de l’impact de la production des batteries, du côté moins écologique d’un VTT électrique par rapport à un vélo sans assistance. Mais aujourd’hui, le signal envoyé par la FFM nous semble très dommageable et dangereux pour l’ensemble de la pratique cycliste. Même rempli de bonnes intentions et quelle que soit la qualité de son organisation, la création de ce championnat va inévitablement rapprocher la pratique du VTT électrique de celle de la moto dans l’esprit de beaucoup de personnes et des pouvoirs publics en particulier. La différenciation entre un vélo avec et sans assistance étant complexe pour un non-initié, le risque d’une interdiction globale, au même titre que toutes les pratiques moto off-road à l’heure actuelle, est bien réel.

On ne peut pas non plus complètement s’empêcher de faire le lien avec la récente annonce de l’Europe et de sa commissaire à la concurrence, remettant en cause le monopole d’une fédération sportive unique sur une discipline sportive. Ni, en dépit du respect que nous avons pour la pratique de la moto off-road dans un cadre bien déterminé, s’empêcher de voir une tentative de récupération d’une discipline en plein essor par une fédération moto dont la section off-road est en perte de vitesse et d’adhérents. Ni, enfin, s’empêcher de regretter l’inertie de la Fédération Française de Cyclisme en la matière, qui a laissé la porte ouverte à d’autres acteurs.

La pratique du VTT est encore très largement libre. Mais des limitations ne cessent de fleurir et on sent l’équilibre actuel extrêmement fragile. Des associations comme la MBF se battent au quotidien pour défendre cette liberté d’accès et ce n’est pas un hasard si elles ont clairement pris position pour garder le VTT électrique dans le giron du cyclisme, dans le cadre d’une pratique durable et responsable.

Chez Vojo, nous estimons avoir un rôle à jouer, qui dépasse la simple répercussion d’une information. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de boycotter ce championnat, et nous espérons être suivis dans cette voie par un maximum de pratiquants, constructeurs et autres médias.

Nous restons cependant ouverts au dialogue et en profitons, en guise de conclusion, pour rappeler que c’est aussi à chaque VTTiste, motorisé ou non, de gagner le respect et la sympathie des autres usagers en se comportant de manière exemplaire lors de chacune de ses sorties. Il en va de l’avenir de notre sport.

 

Plus d’infos :
Le communiqué de la FFM
Notre dossier sur la pratique du VTT électrique et les positions des différentes fédérations
L’annonce par la FFC de son calendrier électrique et quelques autres pistes de réflexion

ParOlivier Béart