Canyon Ride Green : l’impression 3D au service de la planète ?

Par Léo Kervran -

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Canyon Ride Green : l’impression 3D au service de la planète ?

Un drôle de vélo se balade sur les salons et internet depuis une semaine… Signé Canyon, le bikeproject:Ride Green fait appel à l’impression 3D dans l’objectif de proposer un vélo le plus facile à recycler possible, pour générer le minimum de déchets. Ce n’est (pour l’instant) qu’un concept mais ce projet ne manque pas d’idées intéressantes, on vous explique pourquoi :

Bien sûr, il y a de nombreuses façons de réduire l’impact environnemental de nos machines mais Bike a ici fixé une contrainte, celle de suivre une approche Cradle-to-Cradle aussi appelée regenerative design. En d’autres termes, l’objectif est de réduire au minimum la quantité de matériaux bruts employés et de faire un produit le plus recyclable possible (avec réutilisation des matériaux).

Le résultat, le voici :  un étonnant ensemble cadre + fourche rigide imaginé par Canyon et équipé par Sram, Syntace, Schwalbe ou encore Trickstuff.

Entièrement en aluminium, bien plus facile à recycler que le carbone, ce cadre est issu d’une fabrication additive en suivant la technique de la fusion sélective par laser, ou SLM (Selective Laser Melting). Pour faire simple, un laser se promène au-dessus d’un lit de poudre métallique (de l’aluminium dans ce cas) et fait fondre les particules pour les agréger, donnant ainsi naissance au cadre.

Bien plus lente que les procédés utilisés habituellement pour construire un cadre en aluminium (il faut 6 heures pour « imprimer » chacune des 3 pièces qui composent le cadre) et potentiellement plus gourmande en énergie à cause du laser haute puissance, cette technique a néanmoins deux intérêts majeurs : elle ne produit presque aucun déchet, car la poudre non fondue peut être réutilisée après tamisage, et elle permet de dessiner des formes beaucoup plus complexes. Les designers et ingénieurs peuvent donc imaginer des cadres bien plus performants sur le plan technique, de manière à réduire au minimum la quantité de matériaux bruts utilisés.

C’est d’ailleurs exactement ce qu’il s’est passé pour ce vélo, avec des formes qu’on dirait pensées par une intelligence artificielle dans l’objectif de créer la structure la plus efficiente possible en production.

Image Canyon

Dans cette version, l’ensemble cadre + fourche pèserait autour de 2 kg sur la balance mais Canyon et Materialise, la compagnie allemande responsable de la fabrication par SLM, reconnaissent qu’il est possible de descendre bien plus bas en exploitant toutes les possibilités de ce procédé : le cadre prendrait alors la forme d’un « squelette » en treillage recouvert d’une « peau » pour la finition et la protection, comme sur le concept ci-dessus. Moins de poids, c’est moins de matériau utilisé donc un impact environnemental encore réduit.

Un cadre éco-conçu c’est bien, mais si l’équipement n’est pas au diapason, le projet perd beaucoup d’intérêt. Heureusement, Bike et les marques impliquées ne sont pas tombés dans cet écueil.

Le choix d’une fourche rigide a ainsi été dicté par la problématique du recyclage : avec ses éléments emmanchés en force (pivot et plongeurs dans le té par exemple), ses nombreuses petites pièces et ses huiles, une fourche suspendue classique est beaucoup plus compliquée à valoriser une fois arrivée en fin de vie qu’une fourche rigide en une seule pièce, composée d’un seul et même matériau tout du long.

Côté composants, Sram a fourni un groupe X01 Eagle ainsi qu’un pédalier NX Eagle. Le premier a été choisi choisi pour sa durée de vie et le nombre de pièces détachées disponibles tandis que le second a été retenu pour sa simplicité (axe et manivelles dans le même alliage d’aluminium, plateau en acier). On notera aussi que la cassette est une édition spéciale réalisée pour l’occasion, entièrement en acier à la différence des modèles de série qui utilisent un grand pignon en aluminium.

Les freins sont des Trickstuff, présentés comme presque indestructibles et faciles à réparer si un problème venait malgré tout à survenir.

Il y a moins de choses à dire sur roues Syntace, « simplement » conçues pour être solides et durables afin de maximiser leur durée de vie et éviter tout remplacement prématuré. Les moyeux et la potence, également signée Syntace, se passent d’anodisation car si ce processus est intéressant pour prolonger la durée de vie des pièces, il est aussi assez polluant. Toutes ces pièces sont fabriquées en Allemagne.

Les pneus sont quant à eux issus du catalogue Schwalbe, qui essaye de réduire chaque année un peu plus son impact sur la planète. Un programme de recyclage des chambres à air est ainsi déjà en place, et un autre pour les pneus devrait voir le jour sous peu.

Enfin, on signalera que la réflexion a été poussée jusqu’au divers graisses et lubrifiants utilisés puisque l’entreprise allemande Danico Biotech, qui propose des produits entièrement recyclables sans produits chimiques à base d’huile de tournesol, fait également partie du projet.

Évidemment, tous les éléments du bike project:Ride Green ne peuvent pas être facilement transférés à la série mais ce projet a au moins le mérite d’attirer l’attention sur une problématique trop souvent passée sous silence. Peut-être plus pour longtemps ceci dit, car le cadre réglementaire évolue et devient de plus en plus contraignant pour les fabricants. En France, le secteur des articles de sport et de loisir doit ainsi répondre depuis le 1er janvier d’obligations au sujet de la collecte et du recyclage de ses produits, comme le prévoit la loi sur l’économie circulaire du 10/02/2020. A cet effet, le bike project:Ride Green préfigure peut-être une partie de ce à quoi ressemblera le vélo de demain. Et vous, seriez-vous prêt à alourdir votre vélo de 300 g pour faciliter sensiblement son recyclage ?

Plus d’informations : bike-magazin.de (en allemand)

ParLéo Kervran