BrakeAce : un capteur pour apprendre à freiner ?
Par Léo Kervran -
« Roulez plus vite sans être plus en forme » ? C’est le slogan un brin provocateur de BrakeAce, un projet Néo-Zélandais qui veut rendre accessible à toutes et tous des capteurs de freinage. Objectif, nous faire comprendre et analyser notre freinage pour progresser afin d’être plus efficace et plus rapide.
C’est bien pour cette raison que les mesures embarquées sont de plus en plus utilisées en VTT et que les outils « grand public » se développent rapidement. Après les capteurs de puissance, désormais bien installés, on a ainsi vu apparaître les capteurs de pression pour les pneus et surtout les capteurs de suspension, comme le Quarq Shockwiz ou le Mondraker Mind. Maintenant au tour des freins ?
C’est en tout cas ce que souhaitent proposer Matthew Miller, Rolf Ostergaard et Philip Fink avec BrakeAce. Né en 2016 comme un projet mené par Miller et Fink à l’Université de Massey, en Nouvelle-Zélande, le système a progressivement été raffiné et amélioré de façon à pouvoir être utilisé en-dehors du monde de la recherche et des applications purement scientifiques.
Grâce aux différentes études publiées par l’équipe, il est d’ailleurs possible de suivre la conception du système et ce qu’ils ont appris sur les comportements des pratiquants dans le domaine du freinage. Le projet est disponible à cette adresse et toutes les études sont en accès libre : researchgate.net/project/Quantification-and-description-of-braking-during-mountain-biking-using-a-novel-brake-power-meter
Concrètement, comment ça fonctionne ? BrakeAce ne donne aucun détails sur le système dans sa version actuelle mais grâce aux études publiées par Miller et Fink, on peut retrouver assez vite le principe. Le capteur se monte sur la fourche ou le cadre (suivant qu’on parle d’un frein avant ou arrière), à la manière d’un réhausseur postmount pour l’étrier. Cette entretoise intègre une jauge de déformation, c’est-à-dire un capteur de force, qui mesure le mouvement de l’étrier au moment du freinage 100 fois par seconde. Avec cet infime mouvement lié à la déformation des matériaux, BrakeAce peut calculer l’effort de freinage appliqué par le pilote.
Sur les premières versions du système, le capteur transmettait ensuite ces données à une « unité centrale » située sur le cintre mais dans le produit que présente BrakeAce, toute la partie harware semble concentrée au niveau de l’étrier. Le reste, ça se passe dans votre téléphone ! Sans surprise, les données brutes sont impossibles à interpréter pour la plupart d’entre nous et BrakeAce a donc développé une application pour les traduire en indicateurs simples et utiles : durée du freinage, intensité, modulation, répartition avant/arrière, perte de vitesse. La température du disque et la force appliquée par l’étrier sont également indiquées.
L’application indique également 3 zones de la descente où le freinage peut être « considérablement » amélioré, ce sont les Key Opportunities. Enfin, toutes ces informations permettent de calculer le FlowScore, un indicateur qui résume la qualité du freinage et qu’il faut garder le plus bas possible.
Nous n’avons plus d’informations pour l’instant, que ce soit sur le protocole de communication entre le téléphone et le capteur (on imagine du Bluetooth Low Energy, à moins qu’une unité centrale se cache ailleurs sur le vélo), la présence ou non d’une puce GPS dans le capteur pour économiser la batterie du téléphone, l’autonomie du capteur ou tout simplement le prix du système. En effet, le BrakeAce n’est pas encore produit en série. La phase suivante du projet, un financement participatif sur Kickstarter, devrait être lancée dans l’été mais aucune date précise n’a été annoncée pour l’instant.
Plus d’informations : brakeace.com