Merida Ninety Six 2016 : le premier test terrain
Par Olivier Béart -
Lors de la présentation du nouveau Merida 96 2016, nous avons bien sûr eu l’occasion de l’examiner sous toutes ses coutures, mais nous avons également eu l’occasion d’en faire un premier test terrain ! Voici nos premières impressions au guidon de la nouvelle machine utilisée en Coupe du Monde par José-Antonio Hermida, Rudi Van Houts, Ondrej Cink et les autres membres du team Merida Multivan.
Soyons clairs : la boucle de test concoctée par Merida sur les hauteurs d’Albstadt n’avait pas grand chose d’un parcours de Coupe du Monde. Rien d’extrême au programme mais, entre deux chemins roulants, quelques belles portions techniques permettaient de se faire une première idée assez claire du potentiel de ce nouveau Merida 96 version 2016. Au programme, beaucoup de racines, un petit rock garden, quelques virages rapides à prendre en appui et une longue côte glissante pour bien tester l’adhérence.
Le modèle qui nous a été confié est l’édition Team en roues de 29 », c’est à dire une fidèle réplique du modèle utilisé par les pilotes maison en Coupe du Monde. Accessoires carbone, groupe Sram XX1, fourche RockShox RS1,… que du top ! Sauf au niveau des roues. En effet, Fulcrum n’est pas officiellement mandaté par Sram pour produire des moyeux Predictive Steering spécifiques à la RS-1. Un montage spécial a donc été produit, mais hélas pas avec des composants en rapport avec le reste de la machine.
Le poids total s’en ressent d’ailleurs, puisque si nous avons pesé le vélo d’Hermida à 9,8kg avec pédales, le nôtre arrivait à 10,9kg dans la même taille et la même configuration. A noter aussi que Merida n’avait pas eu l’occasion de convertir les pneus de son impressionnant parc de test en tubeless, ce qui rajoute évidemment du poids.
Malgré ce train roulant un cran en dessous du reste, le premier mot qui vient à l’esprit quand on appuie sur les pédales est : « Woaw » ! Clairement, ça envoie et le complexe de rendement du 29 » par rapport au 26 » fait désormais partie du passé. Ce nouveau Ninety Six 29 » accélère bien mieux que son vénérable ancêtre !
D’autant plus qu’ici, on peut laisser la suspension active et écraser les pédales sans retenue, sans que cela occasionne de pompage néfaste. Il préfère qu’on pédale debout sur les pédales car même s’il n’y a plus de « trou » dans le débattement et de plongée excessive quand le poids est rejeté sur l’arrière, la suspension a quand même tendance à se tasser un peu si on se laisse aller.
Cela profite évidemment au grip en côte, qui est excellent. On peut pédaler sur les racines, même debout sur les pédales et sans blocage : ça passe. Et vite en plus, sans compter que, pour rappel, nous n’avons pas de pneus tubeless ! Ce n’est que si on est vraiment sur une portion roulante que le double blocage hydraulique se justifie car, quand on l’active, tout est complètement verrouillé.
Quant à la rigidité, elle est très bonne, mais le cadre n’est pas complètement verrouillé. On sent qu’il se déforme légèrement, en même temps que la suspension se comprime de quelques millimètres, mais l’énergie est restituée immédiatement et cela donne un petit effet coup de fouet très agréable.
Assis sur la selle, en mode plus marathon, le nouveau Merida Ninety Six 29 » donne moins l’impression d’être un « tapis volant » que son prédécesseur, le Ninety Nine. Il atténue les impacts, mais il ne les gomme pas complètement. En descente, on ne se souvient des 96mm de débattement que sur les gros impacts car on ressent encore très bien le terrain. C’est particulièrement agréable et fun, mais le 96 ne se conduit pas, il se pilote !
A chaque impulsion, il adore qu’on l’envoie en l’air pour survoler les obstacles plutôt que de les subir. Quand on voit les tracés de Coupe du Monde actuels et la façon de piloter des meilleurs mondiaux, presque féline, on se dit qu’ils doivent adorer ce nouveau 96. Et quand on lit qu’ils ont participé à son développement, on se rend compte que ce n’est pas juste pour faire joli sur la brochure.
Par rapport au Ninety Nine, l’évolution de la géométrie est immédiatement perceptible. Quand il l’a testé en notre compagnie, c’est d’ailleurs ce qui a aussi sauté le plus aux yeux de Sébastien Carabin, champion de Belgique de Marathon et coureur du team Merida Wallonie en Coupe du Monde : avec son top tube plus court combiné à un reach (profondeur du cadre) plus prononcé, le vélo reste aussi stable que le Ninety Nine à haute vitesse, mais il est beaucoup plus vif et maniable.
En contrepartie, comme nous l’avons dit plus haut, il demande plus d’attention, de la vitesse et un certain bagage technique pour en tirer le meilleur. Bref, une vraie machine de course, et ça tombe bien parce que c’est exactement ce qu’on lui demande d’être !
Sur terrain roulant, on file à des vitesses inavouables presque sans s’en rendre compte. Le confort est évidemment plus important que sur un semi-rigide, mais si on veut comparer, c’est au Specialized Epic qu’on pense immédiatement. On n’a pas de blocage automatique Brain, mais le comportement des deux vélos est très proche et se destine clairement à un public averti. Pour randonner paisiblement, mieux vaut aller voir ailleurs car vous n’allez pas profiter du quart de la moitié des qualités du Merida 96.
Verdict
Racé, vif, amusant : les qualités du nouveau Merida Ninety Six millésime 2016 ne manquent pas. Mais il ne faut pas perdre de vue un autre qualificatif également inscrit dans son ADN : exigeant. Pour celui qui achète en connaissance de cause et qui a le niveau pour l’exploiter, c’est la garantie de longues heures de plaisir. Nous, en tout cas, on adore ces vélos pleins de caractère, fougueux. Un peu rugueux même. Et on a hâte de tester le nouveau Ninety Six sur nos terrains habituels et dans une version un peu plus abordable. Ce que nous devrions pouvoir faire très prochainement.