MB Race 140km – 6500m d+ : vivez l’ultra-marathon de l’intérieur
Par Olivier Béart -
Qualifiée de « course la plus dure au monde » par ses organisateurs, la MB Race a effectivement de quoi faire rêver autant que faire peur. Deux chiffres résument à eux seuls son côté extrême : 140km pour la distance et 6500m pour le dénivelé positif pour la plus longue distance ! Encore quelques données : lors de la première édition, un seul biker est venu à bout des 140km malgré plusieurs centaines de candidats sur la ligne de départ et, en 6 éditions, ils ne sont guère plus d’une grosse centaine à arborer le titre de finisher. Cette année, la MB Race a fait son entrée au calendrier UCI… mais elle a surtout été marquée par une forte canicule. Pourtant, 137 marathoniens ont réussi à boucler le grand parcours sur les 1000 inscrits à cet ultra-marathon de plus en plus renommé. Parmi eux sur la ligne de départ, un « envoyé spécial » Vojo, Julien Delaet, qui termine à une magnifique 5e place ! Il vous raconte sa folle journée.
Il est 5h45 et le stress est palpable parmi les concurrents, tous prêts à en découdre. Le soleil vient à peine de se lever et le thermomètre affiche déjà des températures proches de 25 degrés. La journée s’annonce longue et surtout chaude… Il est 5h50, le speaker tente de détendre l’atmosphère et en profite pour nous rappeler quelques consignes de sécurité importantes ainsi que la localisation des différents points d’eau jalonnant le parcours.
Il est 6h lorsque la corne de brume retentit. Ca y est c’est parti pour une (très) longue journée de vélo. La première section est composée de route à profil ascendant afin d’étirer la masse. Après 4 km nous nous engageons sur un premier chemin forestier qui nous emmène jusqu’au chalet de la Vieille, avant un passage au Chable. L’ascension semble déjà interminable, alors que cela ne fait que commencer.
S’ensuit la première descente, avalée à toute allure vers le ravitaillement de Cordon. On pourrait croire qu’un ravito situé aussi proche du départ est une aberration, mais il ne faut pas le négliger sous peine de subir la panne sèche dans les 10 km de côte qui nous attendent ensuite. Déjà, les favoris pointent en tête, avec notamment Stéphane Beau, du team MB Race, 4e en 2014 mais qui sera cette fois contraint à l’abandon, ou encore le futur vainqueur Vincent Arnaud du team Cycle Tires Addictiv.
La première vraie grosse difficulté du jour se profile avec la longue montée du col du Jaillet, au coeur d’un paysage sublime.
L’ascension se fait partiellement sur piste et en portage, comme dans les alpages de l’Avenaz.
La descente depuis le col du Jaillet est un vrai régal avec une succession de passages techniques à travers les racines. Après 35 km nous profitons d’un bref arrêt à La Giettaz pour nous ravitailler. L’organisation y propose aussi un point d’assistance technique pour les plus malchanceux. Cette section descendante se termine par un passage très ludique en sous-bois, cela fait du bien d’être au frais et à l’ombre avant d’attaquer une très longue ascension sous le soleil. En effet, sur la MB Race, rares sont les montées qui se font à couvert. La plupart du temps, on n’a que son casque pour s’abriter…
Au fur et à mesure des kilomètres, on rattrape déjà quelques concurrents victimes de la chaleur. L’ascension vers la Tête de Torraz comporte des sections parfois bien raides qui font des dégâts, mais elle nous offre aussi une vue imprenable sur le massif du Mont Blanc. Quel spectacle ! Au niveau de la course aussi il y a de l’animation : vainqueur l’an dernier, Arnaud Rapillard est contraint à l’abandon (image de gauche), alors que Vincent Arnaud écope d’une pénalité de 20 minutes suite à une erreur de parcours. Emeric Turcat se retrouve alors seul en tête… mais la course est loin d’être finie.
A la moitié de cette longue ascension, on profite du ravitaillement du Gâteau (ça ne s’invente pas). Son emplacement est stratégique car les bidons sont pratiquement vides et la plupart des concurrents s’y arrêtent pour faire le plein. Une fois passé la tête de la Torraz, le tracé nous balade sur la crête du Bonjournal, une succession de 4 coups de cul à la limite du roulable, et le dernier se négocie obligatoirement en poussant le vélo. Une fois le col du Jaillet atteint, nous plongeons sur Combloux via la piste d’enduro/DH du bike park. Un pur régal, mais qui nécessite de rester attentif, d’autant que le final comporte quelques portions droites très rapides qui mettent les freins à rude épreuve.
Au km 70, un choix cornélien s’offre à nous : «stop ou encore» ? Pour ma part la question ne se pose même pas, je suis venu pour en baver et ça tombe bien, car je ne vais pas être déçu…
A la sortie de Combloux, la chaleur devient écrasante, il faut à tout prix penser à bien s’hydrater sous peine de se voir stopper net ! La longue ascension vers le Mont-Joux se déroule en deux temps, d’abord sur des traces en sous-bois parfois bien raides, puis sur une piste assez roulante. On y atteint l’altitude maximale du parcours : 1958m.
Une fois arrivé au sommet, c’est une descente rapide qui nous emmène vers l’ultime difficulté du parcours des 100 km, avec une petite grimpette sur piste d’environ 3 km vers le Mont d’Arbois. Enfin, nous entamons la descente sur Megève qui restera pour beaucoup d’entre nous l’un des plus beaux passages, avec une succession impressionnante de racines sur un monotrace s’enfonçant dans une forêt de mélèzes et offrant des pentes à la limite du franchissable.
Au passage à la bifurcation des 100/140 km, l’idée d’arrêter me traverse l’esprit… mais la motivation de boucler ce 140 est plus forte que tout. En sortant de Megève, le tracé emprunte pendant un long moment une route complètement exposée au soleil. Il est environ 13h et la chaleur devient très pesante, au point qu’il est important de s’arroser régulièrement afin de ne pas attraper une insolation.
L’avant dernière longue ascension nous emmène sur une piste assez roulante vers Les Tendues. Après une descente ponctuée de quelques épingles, mais dans l’ensemble assez facile, nous rejoignons le petit village de Praz-sur-Arly où nous attend le dernier ravito.
Un petit remplissage de bidon et c’est reparti pour aborder la dernière mais interminable ascension du Plan de l’Aar. Près de 750m de dénivelé positif avec des passages à plus de 25% ! Il y a de quoi être complètement scotché. Par après, un troisième passage au col du Jaillet ne nous épargne guère. En effet, il faut à nouveau grimper les fameuses crêtes du Bonjournal. Les crampes ne sont plus très loin…
Enfin, le sentier des Racines pointe le bout de son nez… et on peut vous dire qu’il porte très bien son nom ! Un dernier effort nous permet de nous hisser sur les hauteurs de Cordons et boucler ce parcours complètement hors normes.
C’est finalement avec beaucoup d’émotions que la plupart des finishers de cette édition 2015 passent la ligne d’arrivée. Car une telle épreuve n’est pas que physique. Elle met aussi le mental à rude épreuve. Imaginez par exemple ce qui a pu passer par la tête de Vincent Arnaud quand il a réussi à revenir sur Emeric Turcat après son arrêt forcé de 20 minutes, et quand il l’a déposé à seulement 10km de l’arrivée pour s’imposer en 9h05min ! Grosse émotion aussi quand le vainqueur du jour a été rejoint par son coéquipier et ami Nicolas Cambus sur le podium (3e).
De son côté, notre reporter Julien Delaet a porté très haut les couleurs Vojo. Puisqu’il est trop modeste pour en parler lui-même dans son compte-rendu, nous le faisons à sa place : il termine à la 5e place scratch ! Pour vous donner une idée des écarts, il est arrivé près d’une heure après le vainqueur… mais plus de 6h avant le dernier finisher, Anthony Ryckembusch, qui a franchi la ligne de nuit après plus de 16h18 sur la selle ! Côté belge, signalons aussi la 11e place du jeune Robin Van Den Abeele, ainsi que la victoire en Master 3 de notre testeur Vojo Simon Bastin qui, à 50 ans, termine 24e au scratch.
Résultats complets : http://mb-race.com/resultats-2015
La MB Race, c’est aussi de l’Enduro !
La MB Race, ce n’est pas que du marathon. C’est un programme complet avec des courses kids, et même une épreuve de FTT (Fauteuil Tout Terrain) pour les moins valides… ainsi qu’un Enduro qui se déroule le dimanche. Après avoir accueilli des pilotes de renom comme François Bailly-Maître et Nicolas Lau en 2014, l’épreuve affichait complet cette année avec 200 partants.
En l’absence de grandes stars cette année, c’est Emmanuel Allaz du team Irwego-Commencal qui est sorti grand vainqueur de cette MB enduro pour la deuxième fois.
Il devance Quentin Lepine de seulement 4 secondes (photo), alors que ce dernier a cassé sa chaîne au départ de la spéciale 2. Corentin ALTHUSSER termine 3ème.
Côté femmes, c’est la Néo-Zélandaise Raewyn MORRISON qui s’impose devant la championne de ski Alizée BARON (photo).
Plus d’images et d’infos : http://mb-race.com
Photos: Hugot Paget et Laurent Violland (Marathon) – Romain Laurent (Enduro)