Match XC | Mondraker Podium R – Orbea Alma : deux Espagnols à fort caractère ! - Test - Mondraker Podium Carbon

Par Olivier Béart -

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Match XC | Mondraker Podium R – Orbea Alma : deux Espagnols à fort caractère ! - Test - Mondraker Podium Carbon

Mondraker Podium Carbon R : design et tempérament de feu

Le Mondraker Podium n’est pas tout nouveau, mais il a connu une sérieuse cure de jouvence pour le millésime 2017 avec une géométrie revue, quelques points corrigés (comme une augmentation de l’angle de rotation de la potence qui était très limité auparavant) et un cadre fortement allégé puisqu’il est annoncé à seulement 920g (sans potence).

Au niveau du cadre, un important travail a aussi été fait pour rendre le vélo plus confortable, ce qui n’était pas du tout un point fort de la première génération. Toute la partie supérieure du châssis du nouveau Mondraker Podium s’affine donc, parfois à l’extrême comme au niveau du tube supérieur, très effilé et qui est d’une finesse rarement vue. Les haubans sont aussi fortement aplatis et le carbone est prévu pour se déformer légèrement dans cette zone. Enfin, la tige de selle est en 27,2mm de diamètre et les Podium haut de gamme 2018 recevront même un nouveau modèle OnOff en carbone présentant une zone de déformation aplatie près du sommet.

La partie basse du cadre est par contre nettement plus volumineuse. Un classique, qui permet de garantir une excellente rigidité et de mettre plus l’accent sur le côté performance du cadre. Dans cet esprit, le boîtier de pédalier est en PressFit30, un standard qui n’a plus trop la cote en raison de nombreux soucis de fiabilité au niveau des roulements de certaines marques, mais qui garde un intérêt mécanique certain sur ce genre d’ossature.

Tant qu’à parler de standards, on remarque que le Mondraker Podium utilise une fixation d’étrier de frein à disque arrière de type Flat-Mount, comme sur certains vélos de route. Cette fixation permet d’éviter les filetages sur le cadre et se place au niveau de la base. Sur route, des étriers spécifiques existent, mais en vtt, un simple adaptateur en alu permet le montage de n’importe quel étrier Postmount classique. Signalons aussi que l’axe arrière est en Boost 148 et que le cadre dispose d’entrées de gaines intégrées, compatibles avec les différentes solutions du marché (Di2, câbles classiques, etc). Il n’est par contre proposé qu’en mono-plateau.

La potence intégrée mérite aussi qu’on s’y attarde. Entièrement en carbone, sauf le capot, elle ne pèse que 115g et elle permet désormais une rotation sur un angle de 85°, alors qu’elle était plus limitée auparavant. Elle est disponible en 4 longueurs (75mm, montée sur les M et L ; 90mm (L), 100 (XL) et 115mm (option)) et elle fait aussi office de top cap pour mettre en compression le jeu de direction. Les possibilités de réglages sont limitées en hauteur et le pivot de fourche doit aussi être coupé très court. Ce sont les conséquences d’un parti-pris fort qui permet au Mondraker Podium d’afficher un look unique.

Géométrie

Mondraker est connu pour sa fameuse Forward Geometry et, de façon plus générale, pour être assez radical sur ce point. Néanmoins, si c’était peut-être le cas il y a quelques années, les valeurs affichées par le Mondraker Podium de XC sont beaucoup plus dans la norme aujourd’hui et ne semblent plus vraiment étonnantes. Que du contraire. Le reach de 420mm en taille M n’est pas particulièrement long, même si le top tube affiche 610mm. Les bases font 432mm et l’angle de direction de 70° apparaît aujourd’hui comme assez redressé. Il y a 4 tailles au programme.

Equipements

Le Mondraker Podium R testé ici est en configuration 2017 avec un groupe Sram XO1 11 vitesses, un pédalier Race Face Next en carbone, des freins Sram Level TLM, une fourche Fox F32 Step Cast avec la cartouche Grip (un peu plus lourde et offrant moins de possibilités de réglages mais des performances tout de même très bonnes) ainsi que des roues Mavic CrossMax Elite. Le tarif est de 4499€ et nous avons pesé cette belle machine à… 8,9kg !

Pour 2018, la gamme évolue légèrement avec un passage au Sram Eagle 12 vitesses et à un pédalier Rotor. Pour le reste, les modifications sont très peu nombreuses et le châssis ne change pas. Notre modèle se situe entre le Podium RR 2018 qui hérite d’une Fox F32Sc Factory et d’un groupe Sram XX1 Eagle tout en gardant les mêmes roues Mavic CrossMax Elite pour 5999€ et le nouveau Mondraker Podium Carbon R qui est en Sram XO1 Eagle et qui garde la même fourche Fox pour un prix de 4599€. Seules les roues sont moins haut de gamme, puisqu’il s’agit des nouvelles Mavic Crossmax Light, dotées comme leur nom ne l’indique pas, de jantes moins travaillées et donc un peu plus lourdes que sur la version Elite (mais il y a peu de différence puisqu’on parle de 50g sur la paire). Enfin, la version d’accès est affichée à 2999€ avec un équipement déjà très convenable et « race-ready ». C’est d’ailleurs peut-être le meilleur choix pour 2018 !

Mondraker Podium R : le test terrain

Au premier regard, le Mondraker Podium R fait inévitablement penser au Look 989… qui ne nous avait pas vraiment convaincus sur le terrain. C’est donc avec une certaine appréhension que nous avons pris les commandes de cette machine très racée, mais dont certains choix techniques, comme au niveau de la potence, limitent les possibilités de réglages et risquent d’amener à des situations du type « ça passe ou ça casse » au niveau du feeling sur la machine.

Très vite pourtant, nos craintes ont été dissipées car, en tout, 4 testeurs avec des morphologies assez différentes (mais des tailles cohérentes avec notre vélo de test en taille M) se sont succédés sur le Mondraker Podium, et tous se sont sentis directement bien posés sur le vélo. Aucun n’aurait par exemple souhaité remonter drastiquement la potence. C’est heureux car c’est quasiment impossible mais Mondraker a visiblement très bien calculé son coup. Par contre, certains se sont cognés légèrement les genoux dans le top tube lors de sprints, sans que ce soit systématique.

Oui, on est sur une machine pour public averti mais le Mondraker Podium R est aussi un vélo pour s’amuser !

La position, justement, est clairement typée racing. On s’y attendait et on n’est pas surpris du tout, mais la différence de hauteur selle-cintre est assez marquée. Bref, il faut être souple, avoir des cervicales en bon état et savoir où on met les pieds quand on achète une telle machine. Par contre, là où le Look 989 pêchait par un comportement délicat, le Mondraker continue de prouver sur le terrain que sa géométrie est très réussie en se montrant très maniable, vif et précis en descente, mais sans rien sacrifier à l’efficacité et sans donner des sueurs froides au pilote. Oui, on est sur une machine pour public averti mais le Mondraker Podium R est aussi un vélo pour s’amuser !

Les descentes techniques ne lui font pas du tout peur et on sent que la marque a beaucoup d’expérience dans les disciplines gravity. La longueur de l’avant donne pas mal de stabilité, alors que la direction est très précise et vive, ce qui permet de se faufiler avec agilité et vitesse dans les singletracks. Même l’angle de direction assez droit ne se fait pas trop sentir, sauf dans le très raide, mais on s’en sort toujours la tête haute. bref, un vrai XC moderne, et ça fait du bien !

Le rendement est évidemment un point crucial pour ce genre de machine et, sans hésiter, on peut dire que le Mondraker Podium est un des vélos les plus nerveux et explosifs que nous ayons essayé ! Certes, avec 8,9kg, il est très (très) léger, mais ses roues Mavic Crossmax Elite sont des roues moyen de gamme et il y aurait moyen de faire nettement mieux même s’il s’agit d’un train roulant agréable et homogène.

Les accélérations sont ébouriffantes, l’énergie intégralement retransmise et le vélo dégage une impression d’élasticité particulièrement agréable. Loin d’être une barre à mine qui nécessite des milliers de Watts pour être exploitée, c’est plutôt une arbalète bien tendue qui ne demande qu’à décocher des flèches quand on appuie sur les pédales. Jouissif !

Mais le plus fort, c’est que Mondraker a bien su préserver le confort, ainsi que le grip en côte. La tige de selle OnOff en carbone se déforme généreusement quand on est assis sur la selle (et il lui arrive de descendre aussi – pâte grip carbone obligatoire !), mais elle n’est pas la seule à jouer son rôle car le cadre dissipe aussi très bien les vibrations. Grâce à cela et malgré la géométrie exigeante, on peut imaginer sans mal un usage du Podium sur des marathons. Il se montre aussi très agile en côte, où on perd rarement le grip de la roue arrière.

Bref, vous l’aurez compris, ce Mondraker Podium R nous a véritablement conquis. Seuls quelques détails nous ont un peu agacés, comme la présence de pneus Maxxis Ikon dans une version non renforcée, ce qui a occasionné de nombreuses crevaisons pendant le test. La commande Sram GX s’est aussi montrée imprécise en fin de test et la patte de dérailleur semble un peu souple. Un point qu’il faudra garder à l’oeil, surtout avec le passage au Sram Eagle, très sensible sur ce point et qui nécessite une patte parfaitement alignée pour donner le meilleur de lui-même. Nous avons aussi une fois de plus explosé la commande de blocage au guidon de la fourche Fox, qui a heureusement été renouvelée pour 2018. Enfin, nous avons perdu un petit écrou au niveau de la patte de dérailleur, qui manquait visiblement d’un peu de Loctite pour rester en place. C’est un détail, mais qui peut avoir de grosses conséquences (jeu dans l’axe de roue arrière, casse de la patte et du dérailleur,…)

Reste à voir ce que donne son rival, l’Orbea Alma !

ParOlivier Béart

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