Madère, future « place to be » de l’enduro ?
Par Olivier Béart -
Alors que la saison internationale a tiré le rideau, quelques riders de renom comme Nico Vouilloz, Manuel Ducci ou Nico Quéré ont joué les prolongations pour participer au Sandokan Enduro sur l’île de Madère. En préparation d’un futur EWS ? Retour sur cette épreuve prometteuse.
Le “Sandokan” Enduro s’est déroulé les 15 et 16 Novembre sur la petite île de Madère, dans l’Océan Atlantique. Cette épreuve est le fruit du travail de Bikulture, qui organise des séjours DH et Enduro sur l’île. Preuve que l’île entend devenir une destination VTT de choix dans les prochaines années, le gouvernement local a permis à l’organisation d’inviter une belle brochette de pilotes internationaux, leur permettant de découvrir le potentiel de Madère. Les coureurs locaux furent ravis de côtoyer des stars venant de France, Italie, Allemagne, Espagne et Slovénie, qui ont repris un peu de service un mois après la dernière manche de l’Enduro World Series à Finale Ligure.
Au menu de cette course: deux jours, dix spéciales, 1100m de dénivelé positif et 2800m de négatif. C’est parti !
Après quelques centaines de mètres dans les ruelles au pavage traditionnel… …les vélos sont chargés dans les véhicules – dont ce magnifique Bedford, mascotte de la course – pour la seule navette de la journée qui va emmener les participants vers le départ sur le plateau de Paul da Serra à 1600m d’altitude A bord du Bedford sur les routes du haut plateau. L’ancêtre a encore de beaux restes ! Au départ de la première spéciale, reconnaissances à pied de dernière minute sur les premières dizaines de mètres. La vue plongeante sur la mer est époustouflante et montre bien le relief abrupt de l’île. Nicolas Vouilloz s’élance en favori, malgré une saison 2014 en demi-teinte pour cause de blessures. Mais E.T. reste un extraterrestre, comme vont une fois de plus le montrer ses chronos réalisés en terre inconnue. L’Espagnol David Vasquez était un des principaux concurrents de Vouilloz sur la Coupe du Monde de Descente à la fin des années 90. Il s’est récemment reconverti en coordinateur pour l’UCI, mais sait toujours manier un vélo ! Manuel Ducci, champion italien Super Enduro 2013, revenait également de blessure (cheville cassée) au début de la saison 2014. Première liaison sur le haut plateau, on roule entre amis et on partage les premières impressions sur les routes en parfait état de l’île. Même le bitume fait envie, c’est dire ! Jan Sallawitz, en plein sprint au départ de la Spéciale 2 sur le haut plateau, la plus physique, à faible pente, demandant de nombreuses relances sur du terrain cassant. Directeur marketing de EVOC, Jan a montré qu’il savait aussi rouler fort, en devançant de nombreux coureurs locaux. La troisième Spéciale, “Fatty Trail”, gardée secrète, était courue à l’aveugle. Presque “Freeride”, il s’agit d’une crête avec des lignes multiples, donnant la part belle à l’improvisation et au pilotage engagé, avec des drops surprises et des pierriers qui causèrent une douzaine de crevaisons. La venues de stars mondiales de l’enduro a attiré de nombreuses admiratrices, jusque dans les coins les plus reculés de l’île. La Slovène Tanja Žakelj, multiple championne d’Europe de XC et vainqueur de la Coupe du Monde 2013, a montré qu’elle savait aussi rouler fort en Enduro: elle termine 2ème chez les femmes et 21ème au scratch ! Paulo Sergio Batista a.k.a. “Cabrito”, coureur local et vainqueur de l’édition 2013, part en tête avec Nicolas Vouilloz sur ses talons. La Spéciale 4, “Cabeças”, une des plus techniques, était répétée au début du lendemain, en Spéciale 6. Les pluies des jours précédents avaient rendu certains parties pentues très glissantes, et les lignes audacieuses se voyaient récompensées. Robert Kordez, pilote slovène Masters, finira 7ème au général. Sergio Abreu, un guide local, entame la partie rocheuse technique de la Spéciale 4, “Cabeças”. Valentina Macheda, le regard déterminé, met les gaz sur une partie à découvert de la Spéciale 4. En raison d’une blessure au pied, Valentina n’a pas pu participer aux entrainements et a couru “à l’aveugle” (et avec une chaussure -plus grande- de son compagnon!) Manuel Ducci réalise sa meilleure performance sur la Spéciale 4, “Cabeças”, en terminant deuxième derrière le local de l’étape, Emanuel Pombo. Malgré une arrivée tardive et seulement une journée d’entraînement, Nicolas Quéré n’a eu aucun problème à se mettre dans le bain. Il finit 3ème du premier jour, et remportera même la deuxième journée. Le descendeur de Coupe du Monde Emanuel Pombo est la star locale (8 fois champion national). Distancé lors des deux premières spéciales, il comble un peu l’écart en remportant les spéciales 3 et 4, avec une belle avance sur cette dernière. Le Vosgien Jérémy Arnould, après quelques soucis mécaniques, terminera 9ème de la première journée, et 12ème au final. La « French Connection » se détend au bord de la plage de Calheta après une belle première journée : Jérémy Arnould, Nicolas Quéré, Nicolas Vouilloz. Le dimanche matin, changement total d’atmosphère ! L’île a beau être paradisiaque, elle a également une météo qui peut parfois s’avérer capricieuse. Brouillard et pluie intense sont de la partie quand le coureur portugais (du continent) Zé Borges s’élance le premier. Il a en effet créé la surprise en remportant la première journée, grâce à un écart important creusé sur les deux premières spéciales pédalantes, et en ne perdant que quelques petites secondes sur les autres spéciales techniques. Certaines liaisons s’effectuent sur des pistes forestières parmi les pins et les eucalyptus. Le sourire de Valentina Macheda, malgré les conditions difficiles de la seconde journée, aura réchauffé le coeur de nombreux coureurs et coureuses. Max Schumann, meilleur Allemand au classement de l’EWS, en pleine attaque sur la Spéciale 9 éponyme “Sandokan”. Courte mais très variée, avec des tunnels naturels de végétation, une partie découverte herbue très rapide et plusieurs pierriers rendus bien glissants par la météo capricieuse. Malgré la pluie, on garde le sourire, et on n’oublie pas de s’amuser dans les flaques d’eau. Gamin, va ! Emanuel Pombo à la sortie d’un des tunnels de la Spéciale 9. Il terminera le weekend troisième derrière Nicolas Quéré qui remporte cette spéciale. Au final, la régularité de Nicolas Vouilloz lui offrira la victoire au général. Après cette deuxième édition réussie, agrémentée de la venue de quelques grands noms de l’EWS, on se dit que Madère n’a pas fini de faire parler d’elle. Certaines sources bien informées évoquent même la possible arrivée prochaine d’une épreuve mondiale sur l’île portugaise. Mais chuuut, cela reste entre nous ! Résultats complets: http://bit.ly/sandokan2014_results BONUS: Merci à l’équipe de Motion Studios qui couvrait l’évènement. Ils collaborent régulièrement avec Bikulture, notamment sur la vidéo du Sandokan 2013 (http://vimeo.com/bikulture/sandokanenduro), et “Beyond” (http://vimeo.com/bikulture/beyond), tournée avec l’Allemande Stefanie Klostermeier. Avec leur super télé-objectif, ils ont même réussi à surprendre cette star qui tentait de passer des vacances incognito à Madère en se parant d’une belle tenue de camouflage… Raté !
La championne allemande Ines Thoma remporte la première journée, et confirmera le lendemain, en se plaçant en 17ème place parmi les hommes.
Photos/Texte : Motion Studios / Bikulture