Les Chemins du Soleil, en duo avec l’équipe Vojo

12 ans que le Raid VTT Les Chemins du Soleil se déroule le week-end de l’ascension. Une véritable référence qui n’a pas pris une ride et qui fait toujours le plein. La formule qui fait son succès ? Un parcours 5 étoiles, un tarif d’inscription contenu et surtout deux déclinaisons, rando et raid, qui permettent à chacun de s’y retrouver. C’est à la version Raid Elite que le duo composé de Julien Delaet et Jeff Bossler s’est attaqué cette année avec le maillot Vojo sur les épaules. Voici le récit de leurs aventures.

Dans l’ensemble, cette épreuve est réputée pour être engagée, mais accessible avec un minimum de bagage technique et dʼendurance afin dʼavaler les quelque 250km et 9000m de dénivelé positif au menu. Ce qui est très appréciable en tant que participant, c’est que le Raid VTT, est un concept «clé en main». L’organisation se charge de tout, ou presque : les repas du jeudi soir jusqu’au dimanche, 3 nuits en camping, les ravitos et le transfert de vos bagages entre les étapes. Ainsi, il ne reste plus quʼà s’inquiéter dʼarriver au bout de chaque étape.

Mais venons-en à notre périple, avec le première et très redoutée étape de nuit…

Etape 1: Nocturne Saillans >> Saillans

21h30, le départ de cette première étape est donné sous un fin crachin. Une première côte permet dʼétirer le peloton dʼacharnés que nous sommes pendant 7 km. Difficile cependant de savoir à quoi s’attendre exactement, puisque le tracé exact est gardé secret jusqu’au dernier moment.

On démarre sur route, puis une piste large, mais le tracé se transforme assez rapidement en magnifiques singletracks tortueux entre les arbres et les rochers. Le balisage fluorescent nous permet dʼaborder le tracé sans devoir trop nous occuper de la cartographie GPS.

Vers les deux-tiers du circuit, la trace devient un peu plus aérienne avec quelques passages assez délicats avant dʼentamer le gros morceau de cette étape, une longue côte de 6 km avec des passages très raides à plus de 20% où on se sent complètement scotché. Enfin, nous entamons la dernière descente vers Saillans, une descente digne dʼune spéciale dʼenduro avec des passages trialisants et des épingles serrées, le tout accompagné dʼun épais brouillard pour corser le tout.

A l’arrivée, même si ce n’est pas facile d’évoluer en binôme la nuit, quand plusieurs équipes se suivent roue dans roue, tout le monde est unanime : cela faisait longtemps que les organisateurs ne nous avaient plus proposé un parcours nocturne de cette qualité. On a vraiment pris notre pied, et on n’est pas les seuls ! Après cette mise en bouche, il est déjà temps dʼaller se coucher afin de récupérer avant la plus longue étape qui nous attend demain.

Etape 2: Saillans >> Luc en Diois

Ce matin à Saillans il fait frais et le ciel est menaçant. Sur la place de la mairie, Hervé Simon, le directeur de course nous annonce que la pluie nous accompagnera toute la journée. La veste Gore-Tex fait dʼailleurs partie du matériel obligatoire à emmener avec nous.

Le parcours sʼannonce corsé sur les 50 premiers kilomètres, avec pas moins de 8 cols répertoriés pour rejoindre Luc en Diois. La première côte est la même que celle de lʼétape nocturne. Mais, en haut, nous rejoignons un chemin pas très large sur une crête où nous rencontrons déjà les premières sections de portage. Avec la pluie et la boue en plus, cette étape va faire des dégâts.

Rien qu’à voir la liste des abandons, on peut dire que la journée aura été éprouvante pour tout le monde.

Il faut le savoir d’emblée, on n’échappe pas aux séances avec le vélo sur le dos ou à côté de soi. Parfois sur des chemins de chèvres, parfois à escalader des rochers, mais à chaque fois il y la belle récompense de l’autre côté, lorsqu’on bascule sur de magnifiques monotraces.

La descente vers le premier ravito est piégeuse et notre équipage en fait les frais avec une crevaison qui nous a fait perdre pas mal de temps. Nous repartirons bien refroidis vers le début de la 2ème grosse ascension de la journée, le col Agnes avec ses pistes larges et bien raides par moment.

Passé le km 50 où nous rejoignons le col de la Tour, le parcours devient moins cassant et est ponctué de quelques petits coups de cul offrant souvent de belles pentes.

A l’arrivée de chaque étape, un service mécanique est proposé ! Pour cette seconde étape celui-ci a rencontré un franc succès !

Pour le côté purement compétitif, on note chaque année un niveau en constante augmentation, avec la présence de plus en plus d’équipages Pro. C’est dire la notoriété de cette épreuve. Ici, à gauche, Pau Zamora du Buff Pro Team.

Etape 3: Luc en Diois >> Veynes

Nous avons droit aujourd’hui à une étape de transition, tracée entre les départements de la Drôme et des Hautes Alpes. C’est aussi la plus courte distance de ces 3 jours de course et le soleil est revenu, mais ce n’est pas pour autant la plus facile en terme de dénivelé car elle affiche tout de même 2500 m de grimpette cumulés.

Les 25 premiers kilomètres sont à profil ascendant et nous emmènent jusqu’au col de Cabre en passant par les pistes bien raides et collantes du bien nommé col de Gras. S’en suit une section plus roulante, avant d’emprunter un sentier GR qui nous mène vers une sympathique descente rejoignant le col de Cabre, où nous attend le ravitaillement.

La suite se transforme en gros chantier bien boueux. Malgré la décision prise par l’organisation de court-circuiter une partie de la montée vers le col de Banillon, nous n’échappons pas aux traces de tracteurs transformant la descente en toboggan boueux. J’en fais malheureusement les frais en bloquant complètement ma roue avant dû au bourrage et en réalisant au passage un superbe soleil en plein dans la pente.

Une petite section sur route nous permet ensuite d’alléger nos montures avant d’entamer un portage en altitude vers le col de la Haute Beaume, 3ème difficulté du jour.  Nous arrivons très vite au pied du col de Marjares, dernière grosse ascension avant de basculer sur « LA » descente de ce raid VTT !

Pas moins de 700 m de négatif pour plonger sur le village de Aspres sur Buech, en commençant d’abord par une succession de passages trialisants suivis de quelques épingles serrées avant de zigzaguer entre les pins à toute vitesse et enfin clôturer cette descente d’anthologie par un passage sur les marnes de terres noires.

C’est vraiment grisant… et quel décor ! On termine cette magnifique étape sur les bords du plan d’eau de Veynes.

Etape 4: Veynes >> Gap

Aujourd’hui, changement de décor pour cette ultime étape : on entre dans la haute montagne ! La journée s’annonce ensoleillée, ça tombe bien car on va en prendre plein la vue. Il est 6h45 lorsque le départ est donné dans les rues de la vieille ville de Veynes. Très rapidement nous entamons une longue ascension, d’abord sur route, ce qui permet d’étirer l’énorme troupeau de plus de 700 vttistes, ensuite sur une piste aux pentes irrégulières qui nous emmène au premier col du jour, celui de la Chaise.

Par la suite, nous évoluons sur des monotraces jusqu’à atteindre le col du Lauteret à près de 1750 m d’altitude où nous rencontrons même de la neige, récemment tombée 2 jours auparavant. La descente vers le village de la Cluse où nous attend le premier ravito débute sur des chemins de transhumance, sur lesquels il n’est pas toujours évident de trouver la bonne trace. En toile de fond, le massif du Devoluy et des lumières à couper le souffle.

Après un arrêt express au ravito de La Cluse, nous entamons la longue ascension du col de Matacharre sur une piste en sous bois, cela fait du bien d’être à l’ombre car le soleil commence déjà à bien taper. Passé ce col, la piste large fait place à un singletrack d’à peine 30 à 40 cm de large au bord du précipice.

Imaginez : un sentier qui a à peine la largeur d’une échelle ! Pas le droit à l’erreur, la concentration est maximale.

Mais un gros travail a été effectué par les traceurs afin de sécuriser la trace et permettre d’y faire passer tous les participants. Cette trace vertigineuse nous mène directement au col de Conode où le spectacle sur le cirque montagneux est tout simplement majestueux.

Le point culminant de ce raid est atteint, il nous reste maintenant juste à nous laisser aller vers Gap, ou presque. La descente débute par une longue section en dévers parsemée de rochers et de racines très glissante, pas toujours évidente à négocier sur le vélo. Un dernier gros effort pour monter vers La Barre, c’est ensuite une descente très rapide et cassante dans des pierres qui paraissent aiguisées comme des couteaux qui s’offre à nous.

Il faut être vigilant sur cette trace rapide et piégeuse afin de ne pas lacérer ses pneus sur l’une des nombreuses pierres aiguisées comme des lames de rasoir.

Ouf, les pneus ont tenu le coup, on peut enfin entamer la dernière petite bosse avant de terminer sur les Balcons du Gapençais où se situe l’arrêt chrono. Nous rejoignons enfin la ligne d’arrivée au stade Fontreyne de Gap par la route. Après une lutte acharnée avec deux autres équipes, nous parvenons à décrocher la 5e place, synonyme de podium. Pour vous donner une idée, les 4e sont 45 secondes devant nous et les 6e à 10 secondes, le tout sur presque… 16h de course !

Pour le mot de la fin, laissons la parole à Julien pour partager avec vous ses impressions : « Au final, je tire un bilan très positif de cette 13ème édition du Raid VTT, qui continue à s’améliorer chaque année. Je retiendrai principalement le magnifique parcours nocturne tracé sur les hauteurs de Saillans ainsi que les paysages traversés lors de l’ultime étape, à coup sûr celle qui aura le plus marqué les esprits de tous les participants ! Depuis mon premier raid VTT il y a 6 ans, cette édition est pour moi la meilleure de par la qualité de son tracé ! Je remercie particulièrement Hervé Simon et son staff qui effectuent un gros boulot en amont sur le parcours, et ce plusieurs mois à l’avance. Ajoutez à cela une équipe de bénévoles aux petits soins avec nous et il n’en faut pas plus pour nous donner la banane. C’est certain, l’année prochaine on sera à nouveau de la partie ! Mais il faudra se dépêcher car les inscriptions sont prises d’assaut dès qu’elles sont ouverte… A bon entendeur. »

Plus d’infos et résultats complets : www.raid-vtt.fr
Texte : Julien Delaet – Photos : Cyril Crespeau/Chemins du Soleil