Le Scott Addict Gravel version Dangerholm
Par Léo Kervran -
Gustav Gullholm s’est fait connaître sous le pseudonyme de Dangerholm avec des créations toutes plus folles les unes que les autres, qui allient légèreté, montage exclusif et finition exceptionnelle. Devenu aussi célèbre pour ses quadriceps sur-développés et son style immédiatement reconnaissable que pour ses machines, il nous dévoile aujourd’hui son dernier projet, basé sur un Scott Addict Gravel.
Nous vous présentions en début d’année son HyperSpark (lire Projet Hyper Spark par Dangerholm : le VTT du futur ?, un travail exceptionnel sur base de Scott Spark ancienne génération, avec le double objectif de « construire le meilleur et le plus rapide vélo de montagne XC/XCM possible tout en le rendant le plus propre possible ».
Dans la foulée, Gustav s’est lancé dans l’élaboration d’un Scott Scale optimisé pour le gravel : fourche rigide, pneus ultra roulants, roues Bike Ahead à bâtons… Comme toujours, le résultat est incroyable et il faut croire que ce projet lui a donné quelques idées.
Après d’innombrables réalisations en VTT, l’homme est sorti (encore un peu plus) de sa zone de confort et s’est attaqué pour la première fois au monde des cintres route/gravel. En effet, c’est le tout nouveau Scott Addict Gravel, présenté début juillet (voir Scott Addict Gravel : fast & fun), qui lui a cette fois servi de base de travail.
Comme il nous l’explique, s’aventurer dans ce territoire inconnu ne se fait pas sans une certaine pression : « J’ai dû apprendre à enrouler proprement une guidoline, et je ne plaisante qu’à moitié ! Mes vélos sont toujours examinés à la loupe (et je suis moi-même perfectionniste), alors même un détail comme celui-là doit être parfait. Mais sur une note plus sérieuse, je me suis senti assez humble lorsque j’ai commencé ce projet. Le gravel est peut-être une niche relativement nouvelle, mais il a des racines dans le cyclisme sur route qui a une grande histoire et aussi quelques « règles » ».
« Mon objectif principal est bien sûr de construire un vélo que j’aime rouler, mais c’était ma première incursion dans le monde des cintres recourbés et je voulais faire les choses correctement. Il y avait donc quelques nouvelles choses à apprendre et à prendre en compte, comme par exemple la hauteur de la jante que je devais utiliser. Il a également été assez difficile de choisir les pneus, car les profils des pneus de gravel sont très différents de ceux des pneus de VTT en général. »
Heureusement, il ne partait pas non plus de zéro et l’expérience acquise lors des précédents projets ne s’est pas montrée inutile : « Sinon, c’était assez simple, un vélo est un vélo. Ce qui est particulièrement agréable, c’est que le nouvel Addict Gravel bénéficie d’un passage de câbles intégré dès le départ, il n’a donc pas été nécessaire de faire du travail sur mesure. »
Contrairement au projet HyperSpark, le cadre est ici presque complètement d’origine, il n’a pas subi d’importantes modifications (on reviendra sur ce « presque » plus bas). Pour la décoration, un de ses moments préférés, Gustav s’est inspiré du monde automobile : « Quand j’étais plus jeune, je voulais devenir designer industriel spécialisé dans la conception de voitures et bien que cela ne soit jamais arrivé, je continue à m’inspirer beaucoup du monde de l’automobile. »
« Cette fois, j’ai opté pour une couleur appelée Zanzibar Brown, que l’on trouve sur les Range Rover et certaines voitures Audi. Elle varie merveilleusement bien entre des tons marron, bronze et or. Je voulais créer un look à la fois raffiné et brut car c’est ce qu’est ce vélo : une machine raffinée et digne d’une course, mais en même temps brute et capable. La couleur fait un très beau contraste avec le carbone brut. »
Cependant, le travail ne s’est pas arrêté au cadre puisque « beaucoup de temps a été consacré à l’aspect esthétique de l’ensemble. Des éléments comme la tige de selle et les manivelles ont reçu le même traitement que le cadre, dépouillés de leur peinture et laissés bruts. Les galets du dérailleur arrière, noirs à l’origine, ont été également été polis jusqu’à l’aluminium pour obtenir une finition assortie au reste de la transmission. »
Pour cette transmission justement, Gustav est parti d’une base de Sram Red/Force mécanique en 11 vitesses qu’il a considérablement modifié pour la faire correspondre à ses besoins, à tel point qu’il ne reste plus grand-chose d’origine. Jugez plutôt :
En transmission mécanique, les groupes Sram Red et Force s’arrêtent à 11 pignons sur la cassette. Gustav voulait cependant monter une cassette 12 V et pour ce faire, il s’est tourné vers les Anglais de Ratio Technology, qui proposent des kits de conversion. Le levier a donc été modifié pour « recevoir » un douzième rapport (et poncé au passage pour accorder sa finition au reste), tout comme le dérailleur XX1 Eagle qui a dû être adapté au ratio de tirage d’une manette de route.
Cela vous semblera presque trivial si vous suiviez déjà les projets de Gustav mais le dérailleur en lui-même n’a également plus grand chose d’origine. La chape a été remplacée par une CeramicSpeed OSPW en carbone avec galets surdimensionnés et le corps a bénéficié d’un kit carbone Hopp (B-Knuckle et parallélogramme complet).
Enfin, la cassette est une Rotor en 12 pignons et 10-46, tandis que le pédalier est composé de manivelles Sram Red en finition raw et d’un plateau Garbaruk en… 46 dents.
Côté freins, ce sont bien sûr des Trickstuff mais pas les C21, seuls étriers de route (standard Faltmount) actuellement au catalogue de la marque. Ceux que vous voyez ici sont des prototypes, entièrement nouveaux (nouvelle forme, nouvelles plaquettes) qui pourraient s’appeler Strada. Leur poids se situe juste au-dessus d’étriers Sram Red, ce qui montre que Trickstuff n’a pour une fois pas cherché à faire dans l’ultra-léger.
Les disques sont eux aussi des Trickstuff, modèle Dächle UL en diamètre de 160 mm pour l’avant et 140 mm pour l’arrière.
L’Addict Gravel étant un vélo sportif avec un certain travail autour de l’aérodynamisme des tubes, il lui fallait des roues à la hauteur (attention, jeu de mot), tant esthétiquement que techniquement. Le choix de Gustav s’est porté sur une paire du monteur allemand Radsporttechnik Müller, avec des jantes « maison » MGRX 45 en 45 mm de haut et 25 mm de largeur interne (404 g l’unité ) associées à des moyeux Tune Prince/Princess. Des axes ultra légers Carbon Ti complètent le tableau.
Les pneus sont des Maxxis Rambler, le profil polyvalent du fabricant américain, en carcasse 120 tpi et 45 mm de large. C’est la largeur maximale qu’accepte officiellement le cadre de l’Addict Gravel.
Reste les périphériques. Si le cintre Syncros Creston iC SL X est complètement d’origine – il s’agit d’une pièce spécialement conçue par Syncros pour ce cadre et de ce fait parfaitement adaptée (notamment pour le passage complètement en interne des câbles et Durits) -, la tige de selle Syncros Duncan SL Aero a reçu quelques modifications. En effet, Gustav y a fait ajouter des inserts sur lesquels viendront plus tard se fixer des sacoches conçues sur-mesure pour ce montage.
Ce n’est pas le seul endroit du vélo à recevoir ce traitement puisque le tube diagonal a également été modifié, avec 3 inserts sur sa face inférieure près du boîtier de pédalier et un autre plus proche de la douille de direction, sur la face supérieure. Comme Gustav le dit lui-même, « je suppose que ce ne serait pas vraiment une construction Dangerholm sans un peu de modification ! ».
La selle est une Schmolke SL79 qui affiche, comme son nom l’indique, seulement 79 grammes sur la balance. Elle est entièrement en carbone et c’est la forme de la coque ainsi que sa flexion qui se chargent d’apporter le confort nécessaire. Enfin, les pédales sont les très rares Titanum MyTi, au corps issu d’une impression 3D de titane et qui ne pèsent que 100 g la paire (oui, la paire, ce n’est pas une coquille).
Poids de la bête ? 7,13 kg avec pédales et en taille L, pas si loin de la limite UCI à 6,8 kg. Pas mal pour un gravel avec grande cassette, roues mi-hautes et pneus en 45 mm…
On laisse le mot de la fin à Gustav, qui nous confie que « en tant que vététiste, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, mais c’est un vélo tellement fun et rapide à rouler. J’ai quelques vélos dans mon « écurie » [à ce niveau, on ne parle plus de garage !] mais je me suis surpris à choisir celui-ci beaucoup plus souvent que je ne le pensais. »
Pour suivre ses prochaines aventures : instagram.com/dangerholm