La Mongolia Bike Challenge : 10 ans déjà !

Par Nicolas Raybaud -

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La Mongolia Bike Challenge : 10 ans déjà !

La Mongolia Bike Challenge vient de fêter ses 10 ans. Willy Mulonia, fondateur et directeur de course, a pour l’occasion renouvelé la totalité des parcours, qui emmènent les participants/aventuriers de la capitale nationale Oulan-Bator vers la ligne d’arrivée à Karakorum, capitale de l’Empire mongol entre 1235 et 1260,  Entre les deux, plus de 700 km en six étapes à travers les magnifiques steppes mongoles et des vues d’une rare beauté. Vojo vous emmène sur ce parcours spectaculaire !

Les 10 ans de la Mongolia Bike Challenge

C’est la 3ème année consécutive que mon tout-suspendu traverse les terres de Mongolie. C’est un pèlerinage, un retour à une vie nomade. Je découvre sur son côté Ouest, la beauté sauvage et infinie du pays de Gengis Khan.

Oulan-Bator ne donne aucune envie de rester. Derrière l’anarchie du génie civile, l’abondant trafic automobile et les usines crachant leurs fumées de particules, se cache un pays d’une immensité et d’une diversité surprenantes.

Willy Mulonia organise sa dixième Mongolia Bike Challenge. Il peut être fier de son œuvre. Quelques minutes avant le briefing d’avant-course, j’observe Willy préparer son discours. Je l’ai rarement vu autant sensible et stressé.

Les 108 participants sont assis face à l’équipe PA Cyclism. Willy a les yeux baissés. Martin Wisata (responsable communication) clame l’ouverture de la 10ème édition de la Mongolia Bike Challenge et offre la parole à son créateur.

Il a la voix rocailleuse. Il cherche ses mots. L’émotion est profonde. On pressent que sous sa casquette, les larmes ne sont pas loin de couler. Il présente son équipe et notamment Roberto Gazzoli, avec qui il partage cette aventure depuis maintenant 10 ans.

L’âme de cette course est dans son équipe. C’est une famille, une fraternité, des amitiés.

À l’origine, la Mongolia Bike Challenge était d’une mesure a peine croyable. En 2010, la première édition affichait 1400 km en 10 étapes… D’année en année, le parcours s’est réduit pour atteindre un format de 6 étapes en 2016. Le challenge a préservé son âme en s’ouvrant à différentes orientations et pratiquants.

Accompagné de John Da Costa (Australien qui participe pour la 5ème fois à la MBC), nous avons la sympathique idée d’offrir un gâteau d’anniversaire à Willy. Pour l’anecdote, il est minuit quand une notification de WhatsApp nous réveille. » C’est Willy ! Venez souffler les bougies et manger le gâteau dans ma chambre. » Le mini bar est là pour faire passer la part. Nous nous souviendrons de cette veille d’étape.

#1 : au départ d’Oulan-Bator.

Il nous faut 30 km de neutralisation pour sortir du brouillard de Oulan-Bator et plonger au milieu des steppes. La première étape de 87 km et 1700 mètres se gagnera en moins de 3h25.

L’équipe nationale mongole va rapidement prendre le commandement de l’étape en attaquant dès les premiers mètres.

Le profil est rapidement en pente. Nous traverserons 4 petites crêtes parallèles les unes aux autres avant de continuer près d’un contrefort, le long de la rive nord de la rivière Tuul.

Le paysage se compose d’une steppe aride avec de l’herbe courte poussant sur un sol rocheux et sablonneux.

Le parcours tourne vers le nord dans la chaîne de montagnes Khustai et grimpe en suivant de petits ravins et des lits de ruisseaux pendant 13 km. Je souris face à un élément de décor assez original.

À ce moment, je vois le retour rapide d’un Espagnol, Fran Tejada Benedito. Fran est le vainqueur du concours Strava organisé par la MBC. Il a gagné un vélo de gravel 3T et l’inscription pour la Mongolia Bike Challenge. Ce dernier survole la piste.

Bilguunjargal Erdenebat, champion national de cyclisme sur route U23 en titre, remporte l’étape devant ses deux compatriotes.

À seulement 22 ans, Bilguunjargal devient le premier leader Mongol de l’épreuve. Il me confiera qu’il est juste là pour s’entrainer pour un événement routier majeur à venir avec l’équipe nationale de Mongolie en Chine !

La première étape a prouvé une fois de plus qu’il s’agit d’une course intense. Le temps du repos est bien mérité sous nos gers.

Voir l’étape dans son intégralité sur https://videos.kinomap.com/fr/watch/r4t5ma

#2 : de Moltsog Els au ger camp de Tuul Ovoot.

À chaque étape, nous rallions un nouveau Ger camp. Ce sont comme des camping où les gers remplacent les mobile-home. À ma grande surprise, l’eau est chaude ! Des sourires s’esquisseront sur les visages à cette lecture. Mais les éditions précédentes n’étaient pas aussi confortables que cette édition anniversaire.

Après une nuit d’orage aujourd’hui, la journée va démarrer sur des pistes vallonnées.

 

La même frénésie accompagne cette seconde étape de 101 km et 1100 mètres de dénivelé. Les 3 coureurs mongols dominent à nouveau l’étape.

Cette étape est la plus facile de la semaine. La surface des pistes est sèche et roulante. Le gravel est une nouvelle fois à l’honneur.

 

À l’exception des nombreux bumpies, c’était un jour pour récupérer. La course se termine à Tuul Ovoot face à une grande rivière où les chevaux se rafraichissent.

Les premiers arrivés vont se faire masser, pendant que l’assistance technique remet au propre les vélos.

Voir l’étape dans son intégralité sur https://videos.kinomap.com/fr/watch/gx4mha

#3 : dans le petit désert de Gobi, du sable et du vent

Ce mardi matin, la pluie continue de tomber avec la régularité d’une horloge. Ça faisait des bruits d’applaudissements sur le toit de notre Ger. L’heure du départ approche et nous sortons au dernier instant avec mon germate Richard Deglise.

Une épidémie d’imperméables couvre les coureurs. Miraculeusement, l’averse va cesser.

D’une longueur de 137 km, l’itinéraire nous mènera plus à l’ouest à travers les spectaculaires prairies du centre de la Mongolie, vers les immenses dunes de sable, pour terminer au Ger camp de Elsen Tasarkhai.

Sur le papier, le profil semble facile. J’étais loin de me douter que l’épreuve serait aussi « mortelle »… Mais à plusieurs nous sommes plus forts !

Hamish Morrin, Richard Deglise et moi braverons les éléments. Nous ne cherchons pas la performance, nous voulons juste affronter ensemble ces éléments. Le vent dans un premier temps.

Après le point culminant de l’étape, le profil est descendant. Le sable vient s’ajouter au vent. Le moindre centimètre hors de la fameuse aspiration me laisse à l’arrêt. La fin d’étape est un supplice… Si les paysages de dunes sont à couper le souffle, le temps à sillonner les 10 km dans le sable semble une éternité.

Les visages sont marqués. Les muscles éprouvés. Les peaux gommées.

La satisfaction de franchir la ligne est immense. Sous les masques de boues se dissimulent la fatigue.

De la pluie à la chaleur du petit désert de Gobi, le contraste est surprenant mais bien réel. Si nous terminons en moins de 6 heures cette étape, les moins rapides la boucleront en près de 10 heures.

La nuit va été courte pour les derniers arrivés avant le coucher du soleil.

#4 : encore du sable

Les jours se suivent et se ressemblent. L’heure du réveil sonne. Le soleil se lève derrière les dunes de sable.

L’entrée de cette 4ème étape se fait dans le sable. Après une belle cabriole dès le départ, je dois déjà courir. Courir pour revenir devant et courir pour traverser les dunes de sable. Le coureur en FatBike a apprécié l’exercice. Ce secteur a redistribué les cartes.

Le long de cette étape, nous remontons une longue vallée. Les paysages panoramique faits de verdure sont d’une rare beauté.

Nous avons plaisir à recevoir des encouragements de quelques familles de nomades le long de notre itinéraire. Attendez-vous à l’hospitalité mongole de chaque ger que vous passez, sous la forme de sourires chauds et d’applaudissements. Je suis persuadé que si je m’étais arrêté, ils m’auraient offert du lait frais et du fromage sec !

Bolor-Erdene Enkhtaivan remporte l’étape et endosse le maillot de leader. Bilguunjargal Erdenebat s’est trompé d’itinéraire et a perdu du temps, passant en deuxième position au général. Bolor-Erdene, 25 ans, champion national mongol du contre-la-montre individuel en titre, est le nouveau leader.

Sur une plaine ouverte, nous dormirons autour d’un grand lac salé. Il s’appelle le lac Sangiin Dalai. Un ancien vestige bouddhiste est érigé sur cette plaine abondante d’oiseaux et d’animaux.

Notre camp de Gers s’est transformé en village de tentes militaires C’est une tradition de dormir sous tente à la Mongolia Bike Challenge.

Nous dinons au coucher du soleil, un repas servi par un restaurant très prisé de Oulan-Bator : le RoseWood.

Une bonne gastronomie au milieu de nulle part est un luxe qu’on ne refuse pas…

Couchés sur nos matelas de sol, emmitouflés dans nos duvets, l’orage se met à gronder. Le vent s’engouffre sous les tentes. Certaines peinent à tenir. La nuit sera difficile.

Voir l’étape dans son intégralité sur https://videos.kinomap.com/fr/watch/f4jb2c

#5 : plus haut, plus beau !

Au réveil, le vent est toujours aussi fort. La température est glaciale. Nous sortons les cagoules. Nous avons froid mais nous sommes si près du but.

La cinquième étape, longue de 126 km, nous mène au nord-ouest vers le Khangai, une chaîne de montagnes du centre de la Mongolie. Avec 1750 mètres de dénivelé, cette étape est la plus haute et la plus froide de la semaine.

Nous grimperons jusqu’à 2200 mètres d’altitude. Nous entrons dans de nouveaux décors incroyables, notamment avec une longue traversée de vallée bondée de yack.

La ligne d’arrivée, dans la vallée de l’Orkhon, est située sur un plateau à 1800m d’altitude, rocailleux et verdoyant. Un grand canyon sort de nulle part pour fendre les steppes. Au fond, la vue est vertigineuse sur le flux de la rivière.

C’est la Mongolie comme je l’aime : puissante, naturelle, verte, surprenante !

Nous récupérons à la veille de la dernière étape dans le luxueux Ger camp de la rivière Orkhon. Au sol, nous retrouvons des matelas très confortables dans des Gers modernes.

#6 : le bouquet final

Avec 1650 mètres d’ascension sur seulement 80km, la dernière étape n’est pas une promenade de santé. Il faut endurer trois grandes montées jusqu’à une crête au panorama incroyable.

À la faveur d’une confortable avance au classement général, la journée était à la contemplation.

Traversant une forêt de haut en bas, nous dévalons ensuite avec une vue sur la vaste plaine où se trouvait autrefois la capitale de l’Empire mongol : Kharkorin.

C’est notre arrivée de la Mongolia Bike Challenge 2019 !

Le sentiment d’être libérée d’un poids…

J’ai le regret de me dire que c’est la fin. C’était de plus en plus beau.

Nous nous félicitons. Il y a des larmes, des sourires, des bras levés, des corps à terre. Nous avons soufflé jusqu’au dernier moment les 10 flammes de la Mongolia Bike Challenge.

Voir l’étape dans son intégralité sur https://videos.kinomap.com/fr/watch/6frhm4

Elles étaient 8.

8 femmes de cinq nationalités différentes étaient au départ et à l’arrivée. Elles sont à l’honneur en cette dernière étape et s’installent sur le front de la ligne de départ.

Leah BAYER, Nuria SANCHEZ ALZURIA, Ana Isabel COSTA PINTO ALVES, Natalie BURGE, Winni JANSEN, Maribel TOUS JULIÀ, Agnès OLIVER MORA, Amparo Herena SÁNCHEZ MARTÍN.

La fierté de la Mongolie

Pour la première fois de son histoire, la Mongolia Bike Challenge affiche un podium entièrement aux couleurs du pays. 3 mongols dominent en effet le classement général.

Richard Deglise (SUISSE) défend sa quatrième place au classement général et Fran Tejada Benedito (ESPAGNE) prend la cinquième place devant votre rédacteur Nicolas Raybaud (FRANCE).

De la flamme rouge au vainqueur, tous les finishers de la Mongolia Bike Challenge seront récompensés. Sur chaque visage, on lit de sincères traits d’émotions et de fatigue. Bravant tous les éléments et toutes les surfaces, nous avons vécu une expérience mémorable !

C’était un paradis pour le Gravel

Pour ma 3ème participation, j’ai redécouvert la Mongolie sous toutes ses facettes : spectaculaire, naturel, brute.

L’âme du Mongolia Bike Challenge, ce n’est pas seulement une course, c’est une attitude de vie.

C’est une expérience épique réservé à 108 privilégiés. Il importe peu de savoir de quelle nationalité vous êtes. Le langage du cyclisme est universel. Une vague d’amitié qui se forme ici. Elle est à l’image de ses organisateurs, une fraternité.

Contrairement aux dernières éditions, les parcours étaient physiquement plus abordables et techniquement moins difficile. Tous le monde y a sa place.

Destinée au Gravel ? Oui. Je vous l’avoue, j’ai été épaté par l’incroyable performance de Fran Tejada Benedito qui prend la cinquième place de la Mongolia Bike Challenge. Comme vous le voyez, il n’a pas bouclé l’épreuve au guidon d’un vtt.

La Mongolie offre de la diversité. Si les précédentes éditions étaient davantage orientées tout-terrain, les routes de terre, d’herbe et de gravier abondaient cette fois. Et là où il n’y en a pas, il suffit simplement de pédaler à travers la steppe ouverte. Le terrain vallonné et herbeux constitue la majeure partie du pays. Mais attention, la Mongolie n’est pas toute plate. Je suis toujours tétanisé de douleur quand il faut franchir les montagnes. La ligne est tracée droit dans la pente.

La fête d’anniversaire est réussie. Willy nous a offert une variété de terrains et de paysages enchanteurs. Le curseur « Whaou ! » est montée crescendo tout au long de la semaine.

Mon tout suspendu m’a apporté du confort mais le projet de réaliser ce challenge en vélo de gravel me trotte dans la tête, tant le parcours s’y prête.

L’année 2019 était un cadeau unique, un évènement fait sur-mesure pour une année, à l’occasion de son anniversaire. En 2020, la Mongolia Bike Challenge offrira de nouvelles étapes.

La Mongolia Bike Challenge s’ouvre de nouvelle perspectives. Avec un taux de renouvellement de 80%, l‘intérêt de nouveaux cyclistes se confirme. 24 nationalités sont représentées. Plus de 20% viennent de l’Espagne et en second l’Amérique du sud avec la Colombie, le Costa Rica, l’Argentine et le Mexique.

Loin d’être une balade, il faut de l’endurance, de la force et de la motivation pour arriver au terme de ce marathon des steppes. La Mongolia Bike Challenge reste une épreuve exigeante qui doit se préparer.

Si vous voulez être de la partie pour la prochaine, retrouvez toutes les informations de la Mongolia Bike Challenge sur www.mongoliabikechallenge.com. Pour plus d’informations, laissez vos commentaires, Nicolas Raybaud vous répondra.

ParNicolas Raybaud