La Forestière 2021 : récit d’une journée magique dans le Jura

Par Olivier Béart -

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La Forestière 2021 : récit d’une journée magique dans le Jura

La Forestière fête cette année ses 30 ans. Voilà une belle occasion de prendre la direction d’Arbent, dans le Jura, pour se plonger au cœur de cet événement majeur du VTT français… qui n’a pas pris une ride ! Vojo vous emmène sur l’épreuve reine des 100km, un marathon UCI World Series que nous avons vécu de l’intérieur avec l’appareil photo dans le sac à dos. Récit :

La Forestière, voilà bien une épreuve mythique du calendrier français. Depuis 30 ans, elle emmène les vététistes à la découverte des montagnes du Jura et de l’Ain. Peu de gens le savent, mais elle ne doit pas son nom uniquement aux magnifiques forêts de la région, mais aussi à son initiateur, Michel Forestier, premier champion du monde VTT Français (en vétéran en 87) et pionnier du VTT dans le Jura. A noter qu’il n’était évidemment pas tout seul, et c’est ici l’occasion de rendre hommage aux autres initiateurs qui ont œuvré à ses côtés pour rendre possible ce bel événement. Citons notamment les co-créateurs de la Forestière, Patrick Cintract et Jean-Paul Borges. Et aussi à tous les présidents de l’association, qui se sont succédé depuis (ils sont 7).

30 ans plus tard, la Forestière est plus que jamais vivante… et elle se mérite ! Si le centre névralgique est situé à l’Espace Loisirs d’Arbent, le départ est donné dans le petit village des Moussières. Situé à seulement quelques kilomètres à vol d’oiseau d’Arbent, il faut pourtant près de 40 minutes pour y arriver en voiture ! C’est donc à 6h15 que je me mets en route en compagnie d’Emmanuel Tartavez, coordinateur de l’événement, afin de rejoindre le site de départ. Le paysage au lever de soleil, avec la brume matinale, est féérique… et sur les petites routes, les vaches ont pris possession du bitume.

Sur place, les bénévoles s’affairent pour terminer les derniers préparatifs et les coureurs se préparent pour le départ qui est donné à 8h.

Si Manu a pas mal de pain sur la planche et est content d’arriver bien à l’avance, j’ai un peu de temps pour flâner avant de suivre les coureurs et de découvrir ce tracé mythique. Et je découvre même quelques prototypes de vélos du futur bien camouflés…

Oh, un petit bar ! Tiens, mais c’est vrai, je n’ai pas petit-déjeuné ! Allez hop, un petit café et quelques viennoiseries au Ravit’Haut, ça ne peut que m’aider à bien démarrer la journée. A propos de bien démarrer sa journée, il y en a visiblement certains pour qui ce n’est pas encore l’heure.

Le petit café avalé, je constate que c’est noir de monde sur la place ! En plus des compétiteurs du 100km, les participants à une grosse partie des randos arrivent aussi, grâce à un service de navettes bus + camions particulièrement bien rodé.

Pour ceux qui ont un petit creux, on est dans le pays du Comté ! Et il n’est jamais trop tôt pour une petite dégustation. La charmante hôtesse est convaincante… avec les randonneurs.

Mais les compétiteurs déclinent poliment, dont le favori de l’épreuve, le champion d’Europe et déjà double vainqueur de la Forestière, Andreas Seewald. Bon, c’est vrai qu’il y a mieux pour aborder une coupe du monde marathon !

Un autre champion, presque régional de l’étape, est aussi présent sur la ligne de départ, mais avec un autre but que les compétiteurs. Thomas Dietsch, jeune retraité, est désormais un spécialiste du suivi de course en vidéo et il va aider TV8 Mont Blanc à réaliser un direct de qualité avec ses caméras embarquées.

Allez, fini l’échauffement, il est 8h, top départ pour le 100km !

Après une première boucle pour étirer le peloton autour des Moussières, les coureurs approchent de la mythique descente vers St-Claude et ses quasi 600m de dénivelé négatif tout en singletrack !

Un groupe d’une petite dizaine de coureurs est en tête

On y retrouve la plupart des favoris, dont l’Allemand du team Bulls Simon Schneller et le Tchèque Martin Strosek qui emmènent le premier groupe dans cette portion d’alpage très raide.

Le jeune champion de France marathon, Axel Roudil Cortinat, est aussi très bien placé dans ce groupe !

Je laisse filer ce premier groupe, et c’est parti pour la magnifique descente vers St-Claude, nommée « La Tendue » par les locaux !

On commence par un petit singletrack sans trop de pente mais très joueur, où les deux équipiers du team La Forestière-Rosti se chambrent et s’amusent à se doubler en prenant des lignes un peu différentes.

Puis on enchaîne dans une portion de résineux assez ombragée, mais où le généreux soleil parvient à percer par endroits.

On a droit aussi à quelques traversées de rivières…

… glissantes et pas faciles pour tout le monde !

L’enchantement continue dans cette descente aux mille facettes, quand on pénètre dans cette portion entre de gigantesques bouleaux fins et longilignes.

Et ce n’est pas tout ! Place ensuite à un slalom entre de gros rochers recouverts de mousse.

Absolument magique !

En contrebas, nouveau changement de décor, avec une zone où les arbres sont intégralement recouverts de mousse.

En bas, à « La Fontaine aux Oiseaux », le retour au calme est à peine moins beau et féérique avant de regagner le ravitaillement et d’entamer la remontée.

De retour sur les hauteurs, c’est peu après le petit village de La Pesse que je retrouve le peloton.

L’objectif est maintenant de rejoindre « La Borne aux Lions », au terme d’une ascension éprouvante.

Même si on peut prendre un peu de vitesse à certains moments…

… les changements de pente, de relief du sol et de décor sont constants, imposant même parfois de pousser son vélo. Avec déjà plus de 50km dans les jambes, ça commence à piquer !

Au Crêt du Nerbier, 1359m, c’est la délivrance !

Un peu de descente rapide, une vue à couper le souffle, que demander de plus ?

Full gaz pour rejoindre le pied du Crêt de Chalam qu’on aperçoit au loin, et la Borne au Lion.

Les kilomètres défilent et le décor change, laissant place à de beaux passages au pied des falaises.

Des panneaux indiquent le décompte de chaque kilomètre. Un indicateur précieux et motivant, même quand on a un GPS.

Giron et son ravitaillement approchent !

Une nouvelle descente très rapide dans les prés permet d’y arriver à vitesse grand V. La Forestière réussit une belle alternance entre les passages engagés et techniques, et d’autres plus roulants qui permettent de composer un parcours aussi complet qu’agréable.

A Giron, c’est l’occasion de souligner le travail et l’implication des bénévoles, que ce soit directement au sein du club organisateur, ou dans chacun des villages traversés. Ils sont plus de 500, toujours souriants, et sans eux, rien de tout cela ne serait possible !

Après avoir repris quelques forces, on re-rentre directement dans le vif du sujet avec la délicate descente du « Nant du Mort », rapide, glissante et bien technique par endroits. Une référence de la Forestière depuis longtemps.

A ce moment, je me retrouve en compagnie de quelques-unes des meilleurs Dames, qui courent sur un tracé de 75km pour la coupe du monde marathon. Ici, la Française Margot Moschetti, qui termine 10e.

La montée vers Echallon est roulante, mais elle fait mal ! Heureusement, c’est la dernière grande ascension, tant pour les hommes que pour les femmes. On retrouve aussi les randos sur quelques kilomètres, mais sans souci de cohabitation car les pelotons sont très étirés.

Jusqu’à l’arrivée, les dix derniers kilomètres ne sont presque que du plaisir, avec des portions en descente très techniques où je me régale avec mon e-bike en 150mm de débattement. Mais avec un vélo de marathon et avec plus de 85km dans les jambes, j’avoue que c’est parfois plus complexe.

Passer à pied est parfois une solution plus sûre dans ce passage dit de « la Roche Taillée »…

Et même si cela ne ressort pas toujours aussi bien en photo, on peut vous dire qu’il y a de la pente !

Ah, oups, on avait oublié qu’il restait encore une côte, le « Collet de Châtel ». Petite mais très raide, elle a imposé une petite séance de poussage à quasi tout le monde, comme ici à Estelle Morel, 5e et première Française avec son maillot de leader de l’Alpine Cup.

Encore une dernière descente d’anthologie, « la Buis », sur des traces prisées et shapées par les enduristes locaux…

… et voilà enfin le dernier panneau, annonçant qu’on rentre dans l’ultime kilomètre.

Côté course, le champion d’Europe Andreas Seewald a fait honneur à son statut de favori en s’imposant pour la troisième fois, juste devant son équipier Martin Stosek avec qui il a réalisé une course d’équipe parfaite. Chez les Dames, Ariane Lüthi s’impose devant Lejla Tanovic. Côté Français, Axel Roudil Cortinat et Estelle Morel décrochent tous les deux la 5e place dans leurs courses respectives.

De mon côté, je retiendrai de cette Forestière les incroyables paysages traversés, magnifiés par une météo particulièrement clémente cette année (ce qui n’est pas toujours le cas, il faut le dire). Je retiendrai aussi un parcours 5 étoiles qui fait bien le lien entre l’histoire de l’épreuve et une vision plus contemporaine du VTT. Et c’est certain, je reviendrai !

Plus d’infos et résultats : https://www.la-forestiere.com/

ParOlivier Béart