La 1re Trans Madeira par Jey Clementz

Par Elodie Lantelme -

  • Nature

La 1re Trans Madeira par Jey Clementz

Au programme : 5 jours de course, un tour de l’île en roulant sur les plus beaux sentiers au milieu de 120 autres participants de 26 nationalités différentes. Un nouveau campement tous les soirs, une navette tous les matins pour gagner du dénivelé, 14000 m de dénivelé négatif, 6500 m de dénivelé positif, 211 km, 29 spéciales. Ça donnait envie !

D’autant que la course comptait une belle brochette de favoris : Steve Peat, Josh Bryceland, Josh Lewis, Ludo May, Yoann Barelli, Paul Van Der Ploeg (champion du monde de XC short track) et Emmanuel Pombo, le local de l’étape, sans oublier Ines Thoma chez les femmes.

Tous les pilotes sont arrivés la veille de la course. Nous nous retrouvons sur la plage de Machico pour un premier campement sur le sable. Au bord de l’océan Atlantique. C’est le moment du montage des vélos, on prend connaissance de ce qui nous attend pour les prochains jours : un réveil quotidien à 6h30, 1 seul sac autorisé par personne – donc on fait le tri dans les affaires, et on prend nos quartiers dans nos confortables tentes 2 secondes. L’ambiance est détendue, on retrouve des têtes croisées sur d’autres épreuves du genre mais aussi des novices emplis d’interrogations. Le point commun ? Tout le monde a hâte d’aller rouler.

Diversité insulaire

Les photos parlent d’elles-mêmes, mais ce qui m’a le plus marqué sur cette île, c’est sa diversité. Chaque versant, chaque vallée, chaque variation d’altitude marque un changement important.

On passe de spéciales ouvertes, sèches, à une jungle tropicale, humide et glissante. De la terre jaune, rouge, noire, puis de l’herbe ou un terrain rocailleux au bord de mer.

En général, sur la partie haute, nous nous retrouvons au-dessus des nuages. De là, la vue est majestueuse sur les sommets escarpés de cette île volcanique.

Plus bas, aux alentours des 1000 m d’altitude, nous rentrons dans la mer de nuages, ce qui réduit la visibilité et rend le sol plus humide.

Enfin, sur la partie basse, on alterne entre côte rocailleuse ou forêt d’eucalyptus poussiéreuse.

 

« Les sections chronométrées ne constituent qu’une partie de l’aventure, les liaisons permettent de prendre le temps, d’apprécier la vue, de rigoler »

Sentiers piétons techniques et raides, pistes tracées spécialement pour le VTT ou traces fraîches créées pour l’événement, nous avons eu droit à tout. En général, nous roulons entre 4 et 9 spéciales par jour, pour une quarantaine de kilomètres et 1300 m de D+. Mais les sections chronométrées ne constituent qu’une partie de l’aventure, les liaisons permettent de prendre le temps, d’apprécier la vue, de rigoler entre amis et de se remémorer les péripéties des spéciales.

Pour moi, le clou du spectacle restera la troisième journée. Nous avons traversé l’île du sud au nord. Après 2 spéciales rapidement enchaînées depuis le Pico de Ariero, le troisième sommet de l’île, qui culmine à 1818m, nous avons entamé une liaison de 20 km jusqu’à un village reculé. S’en est suivi le portage du Pico Grande pour rejoindre une « levada » (une canalisation d ‘eau) que nous avons suivie jusqu’à la troisième spéciale après être passés par deux tunnels d’un kilomètre creusés à même la montagne.

Un grand moment d’aventure et de partage avec tous les participants, avant deux spéciales uniques et magiques qui nous emmèneront sous les falaises de la côte nord de l’île.

« Un bon bagage technique est nécessaire pour apprécier le tout, mais l’aventure vaut vraiment le coup »

Je n’oublierai pas non plus l’arrivée sur les pointes est et ouest de l’île, avec des sentiers qui donnent sur l’océan, ni les descentes favorites des locaux comme Catripo et Redline, ou encore le final en apothéose pour rejoindre Paul Do Mar et son sentier qui descend la falaise. 

Et le résultat est…

Comme la Trans Madeira restait une course, il est temps de parler résultats. Chez les dames, il n’y a pas eu de suspens, avec la domination d’Ines Thoma (Canyon), qui termine dans le top 20 au scratch.

Chez les hommes, on ne peut pas en dire autant : la course est restée indécise jusqu’à la dernière journée. J’ai gagné les 3 premières journées avec un Josh Bryceland de gala, qui ne m’a pas lâché d’une semelle. Nous avions réussi à prendre 1’10 d’avance sur Emmanuel Pombo. Seulement, les deux dernières journées se déroulaient sur son jardin. Lors de la 4eétape, Pombo a repris 50 secondes à tout le monde ! Au départ de la dernière journée, j’avais 13 secondes d’avance sur Bryceland et 17 sur Emmanuel.

L’ambiance était bonne et, en tant que local, Emmanuel Pombo nous a donné toutes les infos sur les trails pour équilibrer la bataille. Personne n’aura fait de grosses fautes et chacun aura abattu ses cartes.

A ce jeu, Emmanuel Pombo l’emportera, avec 17 secondes d’avance sur moi et 34 sur Ratboy. On ne pouvait rien faire face à la vitesse du Portugais, mais l’essentiel n’était pas là. Nous avons roulé sur des sentiers magnifiques, l’organisation était déjà rodée pour une première édition, et nous avons tous fêté ça au Mojito Bar du bord de mer !

Alors, cette première édition ? Une vraie réussite, avec une organisation sans faille portée par l’équipe de Freeride Madeira et ses bénévoles, qui a créé un évènement de qualité. La Trans Madeira n’a rien à envier aux autres « Trans » du genre, Trans Provence, Trans BC ou Andes Pacifico. Un bon bagage technique est nécessaire pour apprécier le tout, mais l’aventure vaut vraiment le coup. Que ce soient les participants ou les locaux, tout le monde avait le sourire durant la semaine. On est repartis de cette expérience avec le sourire aux lèvres, les jambes bien fatiguées et la sensation, cette fois-ci, d’avoir visité Madère sous toutes ses coutures.

 

Photos © Duncan Philpott, Simon Nieborak

 

Retrouvez le résumé de la Trans Madeira 2018 en vidéo :

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http://trans-madeira.com

ParElodie Lantelme