Interview – Théo Galy : se poser pour mieux rider
Par Paul Humbert -
Aéroport Paris Charles de Gaulle, il est 6 heures du matin et Théo Galy vient de passer une nuit dans l’avion. Ses heures de sommeil se comptent sur les doigts d’une main et il attend son train qui le ramènera chez lui. Son téléphone est en charge et il lui reste une heure à attendre. C’est le moment que nous choisissons pour entamer une interview. « Je m’en souviendrai de l’interview à 6 heures du matin… ».
C’est une discipline jeune qui prend une ampleur considérable. J’ai pris la vague quand ça a commencé à pousser. L’enduro a différent formats et chacun a ses avantages et ses inconvénients. Ce que je fais le plus souvent, c’est tout ce qu’il y a de plus classique : je prends mon vélo, je fais ma montée tranquille et derrière je me mets un gros run avant de recommencer. Sur une EWS, je pars seul face au chrono pour toute une journée, et c’est un beau format. Les courses avec les départs en mass-start c’est encore autre chose et j’adore ça ! Enfin, les courses au format rallye-raid comme Biivouac, c’est juste extraordinaire. Le VTT est un sport individuel à la base mais le fait d’être en équipe apporte quelque chose d’extra. Je n’ai donc pas de réelle préférence entre ces différents formats. Où se trouvent tes sentiers ? J’ai un nouveau chez moi du côté de Nancy mais là où j’aime rouler, et là où je prends un plaisir extra, c’est à Mons dans l’Hérault, dans le parc régional du Haut-Languedoc. À chaque fois que je vais rouler là-bas c’est que du plaisir! Avec qui aimes-tu rouler ? Tout le monde ! Tant qu’il y a du partage et qu’on peut discuter, c’est juste trop bien. Plus y’a de gens, mieux c’est! Quel regard portes-tu sur ta saison 2015 ? 2015 a été une saison mitigée et assez compliquée. J’étais motivé en début de saison avec un nouvel entraineur mais ça ne s’est pas super bien passé. Ça c’est ressenti dans les résultats, je n’étais pas vraiment en place dans ma tête et j’ai fait des résultats très très moyens en début de saison. Sur les deux dernières étapes, j’ai essayé d’inverser la tendance en changeant d’entraineur. Je travaille désormais avec Anne-Carole Drezet avec qui le feeling passait déjà bien. Je suis à nouveau bien motivé et je finis cette saison sur une bonne note avec une 17ème place à Finale Ligure. Qu’as-tu changé dans ton entrainement pour te remettre dans cette bonne dynamique ? Clairement, sur la fin de saison, nous avons insisté sur mes lacunes. Je manquais clairement de force. Je savais que je manquais également d’endurance mais il était un peu tard. J’ai fait également pas mal de boulot sur l’explosivité. Ce sont des qualités qu’il faut impérativement avoir pour être devant en World Series. En changeant d’entraineur, les méthodes et les exercices sont différents, forcément, ça nous booste. Que vas-tu faire pour rentrer dans le top 10 l’année prochaine ? Mmh, pour commencer je vais poser le vélo et je vais manger des raclettes et des fondues. C’est bien. C’est bien mais ce n’est pas bon pour le top 10 ! Une raclette ne va pas te tuer. Mais une douzaine oui… Après, ce qu’il y a à faire c’est s’entrainer sérieusement et être assidu. Nous n’avons pas encore établi le programme car la saison vient de se finir mais je vais évidemment devoir travailler mon endurance. Pour travailler ça je vais devoir faire du volume. Je vais varier les sports, ce n’est pas mon truc de faire du vélo H24. On va faire de la course à pied, de la natation, de la moto, du ski, plein de choses… L’idée est de faire beaucoup de sport avant de rentrer dans le spécifique à l’approche de la saison. À ce moment là, il faudra faire de la force et des intensités pour être prêt fin mars. Y a-t-il une course que tu attends avec impatience ou, au contraire, qui ne te plaît pas ? Oui, l’Irlande. J’ai un mauvais souvenir de cette année, ce n’est pas une course d’enduro. Une petite butte avec 200m de dénivelé négatif, 7 fois la même montée et des runs entre 2 et 4 minutes, ce n’est pas de l’enduro pour moi. En dehors de ta vie de sportif professionnel, quelles sont tes activités ? J’ai un BE depuis quelques années et je propose de temps en temps des stages de préparation technique avec l’association Vélo Caroux. C’est compliqué à caler avec le sport de haut niveau mais je peux en faire sur une certaine période de l’année. J’essaye également d’être bénévole du côté des organisations, histoire de passer de l’autre côté de la banderole. Les évènements Wildtracks sont organisés par des amis, alors quand je suis dispo, je me rends sur les épreuves pour les aider ou rouler. À côté de ça on bosse beaucoup sur le Shimano Epic Enduro. Je suis co-traceur avec Greg Noce et mon beau-père, ça demande beaucoup de temps. Cette année,sur le Shimano Epic enduro, ton challenge est le traçage du parcours pour les VTT électriques ? Oui, une nouvelle catégorie électrique est crée. Le challenge est que ces E-MTB puissent faire le même parcours que les VTT classiques. Avec l’autonomie des batteries, cela fait entrer un nouveau paramètre et c’est un peu de la torture pour la tête ! Mais je suis confiant, on va y arriver ! Parlons de ton vélo, un Devinci Spartan carbone. Que préfères-tu dans son montage ? C’est une bonne question. J’ai un petit faible pour les pédales que Crankbrothers m’ont offertes. Elles sont gravées à mon nom et prénom. J’aime beaucoup ce petit cadeau d’un sponsor, c’était une surprise à l’arrivée de l’EWS de Whistler. Roules-tu sur d’autres types de vélos ? Oui, essentiellement sur le Devinci Troy. C’est un 140mm qui a un comportement de malade, ultra-joueur. J’essaye de le prendre quand je ne vais pas faire des descentes trop cassantes. En entrainement, pour m’amuser, c’est top. Un dernier petit mot sur la Mégavalanche de La Réunion dont nous revenons ? J’ai fait 6 ou 7 Méga à l’Alpe d’Huez et c’était ma première fois à La Réunion. L’Ile est géniale mais ce n’est pas THE tracé. Le haut est intéressant mais ça frappe vraiment. Le bas est surtout constitué de piste à 4×4 dans les champs de canne à sucre, ce n’était pas le top.