Interview | Morgane Charre passe Pro avec Bergamont
Par Paul Humbert -
Championne du Monde de descente en 2012, Morgane Charre reste avant tout une passionnée de vélo. Après deux saisons difficiles, la pilote retrouve petit à petit son meilleur niveau. Elle a grimpé à nouveau sur le podium d’une coupe du Monde en 2015 et elle compte bien retrouver le top 5 bien plus régulièrement. Pour cela, elle saisira en 2016 l’opportunité présentée par Bergamont et elle se consacrera entièrement à son sport et à son entrainement qu’elle a totalement repensé. Pour Vojo, elle revient sur ses dernières saisons et nous fait part de ses projets pour l’année à venir.
Je suis à Punta Ala en Italie, je me suis entrainée cet après-midi et j’étais à la plage ce matin !
As-tu quelque chose à nous annoncer ?
Je change d’équipe cette année, et je vais avoir des nouveaux vélos ! J’intègre le team Bergamont aux côtés de Edward Masters et Rupert Chapman. Je vais bien évidemment rouler sur toutes les coupes du Monde de descente. J’ai un vélo d’enduro pour l’entraînement et j’ai en tête de m’essayer aux coupes du Monde d’enduro si le calendrier le permet et si l’envie m’en prend. Rien n’est certain pour le moment et je me concentre avant tout à la descente même si j’ai envie d’essayer. J’ai vraiment envie que ça marche cette année et je vais tout faire pour ça.
Qu’est-ce que signifie ce changement de team pour toi ?
Ça change pas mal de choses, j’ai plus de moyens et j’ai pu arrêter mon travail. Jusqu’à présent, je travaillais chaque hiver pendant 6 mois. Je voulais pouvoir m’entraîner mieux et rouler plus l’hiver, ça me tenait à coeur. Je passe professionnelle et pour la première fois je vais vraiment gagner ma vie en faisant uniquement du vélo, c’est trop bien ! Bergamont ne me met vraiment pas la pression, ils ont envie que je fasse au mieux et moi aussi ! Je signe pour deux années.
Où vis-tu ?
J’ai un appartement à Thônes en Haute-Savoie mais je n’y suis pas souvent, je voyage beaucoup. J’étais régulièrement en Angleterre ces derniers temps et je suis toujours à droite à gauche.
Connais-tu tes futurs team-mates ?
Je les connais un petit peu pour les avoir croisés sur les courses. J’ai pas mal échangé avec Ed sur internet. J’ai vraiment hâte qu’ils arrivent en Europe et qu’on puisse passer du temps ensemble.
Sur quel vélo vas-tu rouler ?
Bergamont a sorti un prototype au moment des mondiaux, il va arriver dans une semaine mais en attendant je prends mes marques sur l’ancien modèle (le straightline). Ça me permet de m’habituer aux suspensions Manitou et dès que j’aurai l’autre je vais beaucoup rouler.
Tu es revenue en forme l’année dernière et tu grimpes sur le podium de Lenzerheide, qu’est-ce qui a changé pour toi ?
La saison 2014 a été compliquée dans tous les domaines, je ne m’amusais pas tant que ça alors que ce que j’aime c’est faire du vélo, contrairement à d’autres qui aiment la compétition. En 2015, je ne me suis pas trop pris la tête et j’ai beaucoup roulé à partir du printemps. Je me suis vraiment régalée et je me suis fait plaisir sur les courses. Andorre, Val di Sole ou Lenzerheide ma plaisaient vraiment, j’espère que je vais continuer sur cette bonne lancée cette année.
Après ton titre de championne du Monde en 2012, tu as eu du mal à rester au plus haut niveau. Tu as quitté Mondraker et la saison avec CK Racing a été très dure pour toi. Quel regard portes-tu là-dessus aujourd’hui?
Je pense que tout est arrivé très vite. En 2012, j’ai gagné alors que cela faisait deux ans seulement que je faisais des coupes du Monde. J’ai commencé le vélo tard et j’avais plein de choses à apprendre. Intégrer le team Mondraker, c’était une super opportunité mais j’ai fait des erreurs de débutante. Je me suis bloquée sur certaines choses qui n’étaient pas si importantes. J’ai passé des super moments avec Damien (Spagnolo) et tous les autres, j’ai appris plein de choses. Je n’ai vraiment pas à me plaindre de tout ce qui m’arrive depuis 3 ans, ça m’a ouvert des super portes et j’ai vécu des trucs géniaux. Mon titre de championne du Monde a changé beaucoup de choses.
Aujourd’hui, tu es rodée, tu connais les étapes de la Coupe du Monde et le rythme des saisons. Qu’est-ce qui va changer dans ton approche de la saison 2016 ?
Je m’entraîne désormais avec Laurent Solliet et je roule beaucoup plus qu’avant. Sur les courses, j’essaye de me mettre moins la pression qu’avant et de profiter, je pense que c’est ce qui marche le mieux pour moi. Je ne fais pas n’importe quoi pour autant.
Ton entrainement a changé ?
J’étais frustrée, je ne faisais pas de vélo. L’hiver en Haute-Savoie et avec mon travail, c’était compliqué. Le week-end, il fallait soit partir loin soit faire du ski. J’aime le ski mais j’avais vraiment cette impression de ne pas faire de vélo. Avant, j’étais à l’IUT à Annecy et je roulais tous les jours, ces dernières années j’étais un peu frustrée. Aujourd’hui, je me fais mal à l’entrainement, mais sur un vélo ! Je passe pas mal de temps à la salle en ce moment. Je fais le moins marrant le matin et je fais du vélo l’aprem.
Quelles sont tes pistes préfèrées ?
J’adore Andorre, j’aime bien Lourdes et j’adore Val di Sole (même si j’ai complètement raté ma course l’année dernière). J’aime beaucoup Méribel également, j’aime la terre, la pente et les parties techniques.
Te fixes-tu des objectifs ?
Je n’aime pas trop me fixer des objectifs mais je vais vraiment essayer d’être sur le podium le plus souvent possible.
Qu’est-ce qui te manque pour rattraper une pilote comme Rachel Atherton ?
C’est une bonne question ! Si je le savais… Rachel est loin devant. Elle a une confiance qui est énorme et physiquement elle est vraiment forte. D’autres filles sont physiques mais je pense que c’est vraiment une question de confiance. Elle va à fond et ça ne la dérange pas, elle n’a pas peur. J’espère que des filles comme Myriam (Nicole) vont arriver à son niveau cette année et réduire un peu cet énorme écart. J’étais un peu choquée par Rachel l’année dernière. Il me manque un petit quelque chose pour vraiment approcher le podium mais j’ai bon espoir que cette année, en roulant plus, ça va m’aider.
Sur qui prends-tu exemple ? Qui est-ce qui t’inspire et te motive ?
C’est un peu « faux » de dire ça parce que je suis censée me battre contre elle mais Rachel est vraiment impressionnante. Je l’admire, ça fait des années qu’elle est au top et elle s’entraîne encore super dur, elle y passe des heures et sa façon de faire force le respect. Je suis également pas mal le ski et d’autres sports qui ne sont pas dans la compétition, je regarde tout le temps des vidéos de surf ou de skate.
Comment s’est passé le premier stage de l’équipe de France de descente ?
On a bien rigolé avec tous les jeunes, ils sont complètement fous. C’était marrant de voir tout le monde dans un univers différent. On s’est fait plaisir en ski et on a fait un peu de musculation.