Interview : « Le Premier Roc d’Azur, j’y étais ! »
Par Olivier Béart -
Le Roc d’Azur fêtait cette année ses 30 ans. De 7 participants à la 1ère édition, on est passé aujourd’hui à 20 000 ! Parmi eux, Raymond Crozet. Il a roulé le 1er Roc. Pour VojoMag, il se souvient.
Son visage buriné rappelle qu’il a la 70-aine bien faite, mais il a toujours le regard pétillant d’un jeune loup quand il parle de VTT. Avec son casque improbable, son maillot de la mythique équipe « Z » des années 80′ et son vélo en acier, on aurait pu le confondre avec un participant de la Rando Roc déguisée, à laquelle il a d’ailleurs participé pour le fun. A la différence que chez Raymond, tout est authentique. C’est exactement comme cela qu’il y a 30 ans, il était un des sept bikers à se présenter sur la ligne de départ de ce qui allait devenir le plus grand événement VTT au Monde. Vojo Mag: Raymond, à l’époque, en 1984, personne ne connaissait encore le VTT. Vous étiez un des pionniers… V: A l’époque, pouviez-vous imaginer que le Roc allait rencontrer un tel succès ? V: C’est la première fois que vous revenez au Roc d’Azur ? V: Justement, qu’est-ce qui a changé dans le Roc depuis les débuts ? V: En 30 ans, le VTT aussi a beaucoup évolué. Vous avez amené votre vélo de l’époque, pouvez-vous nous le présenter ? V:Vous roulez toujours ? V: Vous vous êtes promené dans les allées du salon. Qu’est-ce qui vous a marqué ? Vojo Mag était présent en force au Roc d’Azur. Retrouvez nos autres articles sur cette épreuve mythique ici:
Raymond Crozet: Oui, en quelque sorte. J’étais fabricant de vélos, ma marque s’appelait Mécacycle. Je faisais des vélos en acier, et j’ai entendu parler d’un nouveau type de machine permettant de sortir des sentiers battus. Cela m’a intéressé et j’ai présenté mon premier VTT au Salon du Cycle de Paris en 1983. J’étais le seul ! C’est là que j’ai rencontré Stéphane Hauvette, le créateur du Roc d’Azur. Il m’a parlé de son projet et il m’a convaincu, assez facilement d’ailleurs, de faire le premier Roc. Je suis venu avec un de mes employés, Larbi Midoune, qui est hélas décédé aujourd’hui, mais dont le nom restera à jamais dans l’histoire, puisqu’il a été le premier vainqueur du Roc.
RC:Non, certainement pas ! Même le VTT, je n’aurais jamais parié que cela allait séduire autant de monde. A la place de Stéphane Hauvette, voyant que la 1ère édition ne rassemblait que 7 participants, j’aurais arrêté tout de suite ! Mais il a persévéré, et il a bien eu raison. C’est une belle histoire.
RC:Non, en tout, je dois avoir au moins 20 Roc’s au compteur. Comme participant, au début, puis comme exposant ensuite, autant pour ma marque qu’avec Stronglight. D’année en année, j’ai vu l’événement grossir, que ce soit au niveau des courses ou du salon. Et, en parallèle, j’ai aussi vu le VTT devenir ce qu’il est aujourd’hui, un vrai phénomène de société.
RC: Tout ! Absolument tout ! Le premier Roc, ce n’était « rien ». Je veux dire rien de vraiment organisé. Il y avait un parcours, un vague lieu de rendez-vous pour démarrer tous ensemble et c’est tout. Aujourd’hui, c’est une énorme machine, très professionnelle, avec des centaines de personnes qui sont là pour en faire une énorme fête du vélo.
RC:C’est un vélo que j’ai construit moi-même, sous ma marque, Mécacycle. Je l’ai baptisé « Vercors ». C’est un des premiers VTT européens et sans doute le premier VTT français. Je l’ai soudé avec des tubes en acier haut-de-gamme en 0,3mm d’épaisseur. Le cadre fait à peine plus de 2kg, et il tient toujours ! A l’époque, le plus dur était de trouver des composants. Les dérailleurs sont des Sachs, avec 7 vitesses à l’arrière, et le pédalier est un Stronglight avec plateaux Biopace ovales. Cela m’amuse d’ailleurs de voir que ce genre de plateaux revient sur certains vélos aujourd’hui. Quant aux jantes, ce sont des Rigida, montées sur moyeux Mavic.
RC:L’âge aidant, je roule moins. Mais je roule toujours (et plutôt pas mal d’ailleurs, puisque Raymond Crozet a bouclé la Rando Rouge en à peine plus d’1h30, NDLR).
RC:Les vélos électriques ! C’est l’avenir ! J’ai eu l’occasion d’essayer cet été en montagne, aux Saisies. C’est merveilleux ! Grâce à cela, un vieux bonhomme comme moi retrouve ses sensations d’il y a 30 ans. J’ai pu suivre les plus jeunes et j’ai redécouvert le plaisir de rouler. Et il ne faut pas croire qu’il ne faut plus faire d’effort physique car j’étais fatigué en rentrant. Mais cela permet à plus de personnes de rouler, de rouler plus loin et plus longtemps. Cela ne remplacera jamais les vélos classiques, mais cela va aider le VTT à toucher encore plus de monde.