Grand Raid Godefroy Gravel : l’année de la confirmation (et d’un beau défi)
Par Olivier Béart -
Pour sa deuxième année, le Grand Raid Godefroy en version gravel avait la lourde tâche de confirmer le quasi sans-faute de la première édition. Mission accomplie ? Vojo était une nouvelle fois de la partie pour juger sur pièces ! Et aussi pour suivre le beau défi que s’est lancé Jean-François Olivier qui a bouclé les 110 km en handbike !
Le Grand Raid Godefroy, c’est un des piliers du VTT marathon en Belgique. Et l’édition 2024 a une fois encore tenu toutes ses promesses (voir : BAMS 2024 | Grand Raid Godefroy : le monument fait honneur à sa réputation). Mais, en gravel, c’est encore une épreuve jeune qui doit faire sa place dans le calendrier. Clairement, la première édition qui s’est tenue en 2023 a posé d’excellentes bases ! Mais encore fallait-il réussir à confirmer.
Votre serviteur était donc curieux de revenir sur le Grand Raid Godefroy Gravel pour sa deuxième année d’existence, en prenant part au 60 km (eh oui, quand on a envie de rouler aussi le dimanche, le 110 km est peut-être un peu trop gourmand. Mais promis, l’an prochain, on y pensera !). Voici ce qu’on en a retenu.
Les parcours
Par rapport aux épreuves VTT du GRG qui partent à l’ouest de Bouillon, les deux tracés gravel de 60 et 110 km partent vers l’est. La raison est simple : la vallée de la Semois présente des pentes moins abruptes vers Dohan et Herbeumont, que du côté opposé.
S’il y a bien une clé pour proposer des parcours adaptés au gravel, c’est de proposer de belles côtes, mais d’éviter les pourcentages qui dépassent les 10%. Mission accomplie : malgré un dénivelé de 1250m sur le 60 km et de quasi 2000 m sur le 110km, jamais on ne doit poser pied à terre. Les tracés sont bel et bien parfaitement calibrés pour rouler en gravel et profiter plus du plaisir de rouler à vive allure, que de petits sentiers techniques.
Ne croyez pas pour autant qu’il n’y a pas de pilotage sur le GRG gravel ! C’est même une épreuve qu’on pourrait qualifier de « gravel hard » par rapport à d’autres qui empruntent des chemins qui tiennent plus de la route non asphaltée. Il y a bien sûr des portions roulantes, et même de la route, mais il y a aussi pas mal de chemins un peu cassants et quelques portions ludiques qui viennent pimenter le tout.
Et vous savez quoi ? Nous nous sommes une fois de plus régalés du début à la fin sur ce Grand Raid Godefroy Gravel 2024 ! A nos yeux, ce tracé réunit tout ce qu’on attend d’une épreuve gravel, avec un très bel équilibre entre différents types de chemins, un peu de route, un peu de pilotage et, cerise sur le gâteau, en traversant de magnifiques paysages et des lieux à l’ambiance assez magique. Et n’oublions pas non plus le fléchage, proche de la perfection.
L’ambiance
Avec environ 250 partants sur la ligne, le GRG n’est pas (encore ?) une « grosse » épreuve. Avec tous les bons côtés que cela comporte : ça ne frotte pas au départ, tout le monde semble très zen, pas de bouchons dans les premiers chemins, etc.
Attention, ça roule vraiment vite devant et il y a quand même des petits groupes qui se forment et se relaient. Mais on est loin de l’atmosphère parfois un peu trop « race » et sérieuse de certains événements World Series. Ici, ça envoie des Watts, mais dans une certaine décontraction. Alors, si vous voulez découvrir une épreuve gravel pour la première fois, ou si vous en avez déjà fait et que vous avez trouvé l’ambiance pas top, essayez le GRG !
Autre point : nous avons vu récemment des publications de participants et d’organisateurs de (gros) événements gravel qui étaient scandalisés (à juste titre) par la présence massive de déchets après le passage des coureurs. Eh bien, ici, nous n’en avons quasiment pas vu. Il y en avait, oui, environ 1 tous les 10 km, mais le phénomène restait très limité et on en profite pour féliciter tous les participants pour leur respect.
La course
Sur le 110 km, Stijn Van Der Jeught est sorti vainqueur avec un très beau chrono de 3h47 ! Il devance Laurent Evrard et Anthony Franquet.
Kim Knaeps, la championne de Belgique, termine première dame et 31e au scratch. Sur le 60 km, Théo Drumaux s’impose en tout juste 2 heures devant Samuel Cruysberghs et Pol Flesch. La première dame est Véronique Florizone, avec une très belle 13e place scratch.
Le défi de Jean-François Olivier : le 110 km en handbike !
Impossible d’évoquer ce Grand Raid Godefroy Gravel 2024 sans parler du défi que s’est lancé Jean-François Olivier : boucler le 110 km en handbike !
Paraplégique depuis un accident de vélo survenu en 2017, Jean-François a découvert le handbike durant sa revalidation et grâce à deux associations (Cap2sport à Esneux et Back2sport au Luxembourg). Et il a de suite accroché : « Le sport est indispensable à mon bien-être. Cela me permet de me maintenir physiquement et de mieux m’en sortir dans la vie quotidienne, où tout n’est pas toujours adapté aux personnes en situation de handicap, notamment en ville avec les pavés, les bordures, etc. Mais cela me permet aussi et surtout de m’évader, et de continuer à faire du vélo, comme j’en faisais avant mon accident. Le contact avec la nature est aussi très important pour moi. Au début, j’ai commencé par du handbike sur la route, mais j’ai très vite cherché un modèle VTT, que j’ai fini par trouver aux USA et que j’ai fait revenir ici. »
Pour Jean-François, les épreuves gravel sont vraiment idéales pour le handbike tout terrain : « Avant cette année, je roulais juste dans ma région en forêt, avec des amis. Mais je n’osais pas vraiment m’engager sur des randos VTT, de peur de me retrouver dans des passages trop étroits. Les singletracks, c’est top à VTT sur deux roues, mais en handbike, il faut une certaine largeur. Quand j’ai vu que le club de Rulles organisait une rando gravel au mois de mai, je me suis directement inscrit… et j’ai adoré ! J’ai bouclé le 80 km et j’ai de suite eu envie de retenter l’expérience ailleurs. C’est comme cela que je me retrouve maintenant sur le Grand Raid Godefroy Gravel, directement sur le 110 km qui est un défi que j’avais envie de me lancer en compagnie de mon ami Olivier Firre. »
Même s’il est très sportif (il fait aussi du ski, du handball et du tennis en fauteuil) et s’il roule plusieurs fois par semaine en handbike, c’était une première sur une aussi longue distance : « J’ai déjà fait 220 km en 3 jours, entre les centres de rééducation d’Esneux (Liège) et du Luxembourg, que j’ai fréquentés et qui ont tous deux des associations de promotion du sport adapté, je n’avais jamais fait plus de 100 km en off-road sur une journée. Le bilan ? J’ai adoré ! Le parcours est top, et je me suis vraiment amusé ! Bien sûr, j’ai une assistance sur mon handbike, sinon, c’est impossible, mais je l’ai mise dans les modes les plus bas car il fallait gérer la batterie, même si elle fait 1500 Wh. J’étais d’ailleurs à sec pour les 10 derniers kilomètres ! C’était costaud, mais j’ai réussi en tout juste moins de 8h. »
Souriant et avec un peu d’émotion dans la voix, Jean-François nous lâche aussi : « Je suis très heureux aussi parce que j’ai retrouvé l’ambiance des épreuves VTT que j’aimais tant avant mon accident, cette convivialité, le plaisir de revoir des têtes connues. » Puis, il conclut sur un dernier message : « Avec ce défi, j’ai aussi envie de montrer qu’après un accident de la vie, il est toujours possible de se relever, de faire de belles choses, et que rien n’est fini. Le sport permet d’avancer dans la vie, et c’est aussi ma manière à moi de sensibiliser le public par rapport au handicap. »
Sur ces beaux mots, nous vous disons : à l’année prochaine !
Plus d’infos et résultats : https://www.grandraidgodefroy.be/