Flashback | Santa Cruz Tazmon : le premier d’une longue lignée
Par Olivier Béart -
Après le Ritchey P21 que nous vous avons présenté il y a peu, le photographe Ricardo Vaz Palma nous a sorti de son garage une deuxième pièce maîtresse de sa collection : le Santa Cruz Tazmon, qui n’est autre que le premier VTT de la mythique marque californienne, sorti en 1994. Une pièce d’histoire préservée dans un état impeccable et dont il nous raconte le parcours… assez incroyable :
Vous connaissez désormais un peu Ricardo, ce photographe luxembourgeois habitant au Portugal, collectionneur de quelques beaux VTT qui ont marqué l’histoire et dont nous vous avons déjà présenté il y a peu le Ritchey P21. Aujourd’hui, c’est d’un autre jalon de l’histoire de notre sport que nous allons vous parler, puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’un exemplaire du tout premier modèle de Santa Cruz, le Tazmon, sorti en 1994.
De son côté, Ricardo a découvert la marque en 2005. « A 30 ans, après de longues années passées sur un Cannondale F1000 sympa mais franchement tape-cul, il était temps pour moi de rouler sur un vélo plus confortable afin de ne pas rentrer cassé après chaque sortie. Je suis tombé sous le charme du Santa Cruz Blur 2. Quelle joie, je n’ai pas été déçu par son comportement et depuis, j’ai eu pas moins de 6 vélos de la marque. » Sans compter le Tazmon, qui a rejoint sa collection en 2015.
Comme beaucoup d’histoires de vélos de ce genre, tout a commencé sur eBay. « Amoureux de la marque et collectionneur dans l’âme, je me suis mis à rechercher des infos sur l’histoire des vélos Santa Cruz, et sur les débuts. Quand j’ai su quel était le premier vélo de la marque, le Tazmon, mis sur le marché en 1994, je me suis mis à sa recherche. »
Pas question ici de VPP (la cinématique qui a fait la renommée de la marque à partir des années 2000 et qui en est aujourd’hui à sa 3e génération), mais d’un mono-pivot avec un bras arrière à la forme très caractéristique qui est resté une signature de plusieurs modèles Santa Cruz jusqu’à un passé très récent (Superlight, Heckler avant que ce nom désigne un e-bike). En 1994, il était déjà remarquable que le premier vélo de la marque soit un tout-suspendu !
Pour la petite histoire, le premier Tazmon a été produit de 1994 à 1997. Il offrait 80mm de débattement arrière avec un amortisseur Risse Genesis. On remarque une finition à couper le souffle, soulignée par la finition alu poli de ce modèle. Les marques d’usinage dans les grandes pièces qui relient le pivot au triangle arrière sont aussi remarquables !
Ricardo a acquis un premier Tazmon en juillet 2015, en Allemagne. « Il était dans un état correct, sans plus. Mais cela m’a permis de le rouler sans arrière-pensée. Je ne suis pas un grand testeur, mais j’ai été très surpris par son comportement pour un vélo qui avait déjà plus de 20 ans quand je l’ai essayé pour la première fois ! Je m’attendais à un vélo pataud et dépassé, mais ce n’est pas du tout le cas. C’est un vélo qui a déjà des côtés très modernes, qui a du répondant, maniable et qui met en confiance dans le technique. »
« Sur le terrain, j’ai retrouvé pas mal de caractéristiques de mon premier Blur ! Les grandes lignes étaient déjà là en 1994 et on comprend pourquoi ce vélo a directement placé Santa Cruz au rang des marques qui comptent. Il n’y a que dans le défoncé qu’on sent que la suspension arrière a un peu du mal et que le Blur est clairement au-dessus. Mais soyons beau joueur : il faut dire aussi que l’amortisseur Risse Racing du Tazmon aurait besoin d’un peu d’amour, et les élastomères de la fourche auraient besoin d’être changés. »
Puis, en décembre 2015, Ricardo tombe sur un deuxième Santa Cruz Tazmon, celui qui illustre cet article, en état neuf (NOS, comme on dit dans le jargon). Et il craque. « En fait, il n’est pas juste en état neuf… il EST neuf ! C’est un cadre 18″ en alu poli qui n’a littéralement jamais roulé puisqu’il avait été « oublié » au fond du stock d’un magasin de vélo aux Pays-Bas, près d’Amsterdam. Les seules petites traces visibles sont dues à un stockage parfois négligent. Mais autant dire que des Tazmon dans cet état, il ne doit plus en rester beaucoup dans le monde ! »
Toujours dans un esprit de cohérence, Ricardo a habillé ce cadre unique avec des pièces cohérentes avec l’époque et en très bon état. On commence par la fourche, qui est la mythique RockShox Judy DH (oui, oui, « downhill ») qui offre 80mm de débattement, le maximum accepté par le cadre et un débattement très généreux pour l’époque.
Côté transmission, Ricardo étant fan de Shimano, il a monté une transmission full XTR 8 vitesses, sauf le dérailleur avant (le XTR de cette époque n’ayant pas existé en tirage par le haut) et la cassette qui est une XT (les XTR de cette époque sont rares ou hors de prix). Le pédalier a des dentures qui paraîtront assez énormes à notre époque : 24-34-46 !
Pas de freins à disques à cette période, mais tout de même déjà des V-Brakes XTR assez efficaces, surtout en combinaison, comme ici, avec des jantes Mavic (517 et 217) à revêtement céramique.
Toujours au niveau des roues, les moyeux sont aussi des XTR et les pneus sont également une pièce d’histoire, puisqu’il s’agit des Panaracer Smoke et Dart, fabriqués au Japon, et qui ont longtemps fait figure de référence avec leurs profils différenciés pour l’avant et l’arrière. « Ils étaient déjà un peu dépassés à l’époque, et il s’agit ici d’une ré-édition, mais j’ai beaucoup roulé avec ces pneus et je trouvais qu’ils étaient cohérents sur ce montage. »
Du côté des périphériques, la tige de selle (en 26,8mm de diamètre) et la potence viennent de chez Syncros, également une référence à l’époque au niveau de la fiabilité. « Je me suis battu aux enchères avec un autre gars pour avoir cette tige de selle dans ce diamètre si rare, et je l’ai payée une petite fortune, mais je l’ai eue ! «
« La potence Syncros DH est aussi une rareté. En 90mm, c’est parmi ce qu’on trouvait de plus court à l’époque. » La Selle est une rare Vetta TT TriShock avec rails en carbone. « Je l’ai achetée neuve dans un magasin près de Liège, en Belgique. J’ai beaucoup roulé avec sur d’autres vélos… mais je n’oserais plus m’asseoir dessus aujourd’hui ! »
Quant au poids, il n’est que de 11,9kg avec pédales ! Pas mal pour l’époque, et pour un vélo qui était considéré à ce moment comme à « grand débattement ». « J’ai récemment acquis une paire de Mavic CrossMax de première génération pour mettre sur ce Tazmon, mais la livraison a pris du retard et je n’ai pas pu les monter avant de prendre ces photos. » Nous, on craque déjà tel quel…
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