Flashback | Peugeot Team Line Titane : comme à la grande époque
Par Olivier Béart -
Après une longue pause, notre rubrique « oldschool » fait son retour avec un vélo qui a marqué l’histoire du vtt mondial, et français en particulier : le Peugeot Team Line Titane. Champion du Monde et vainqueur en Coupe du Monde à plusieurs reprises entre les mains Laurence Leboucher, il a contribué à écrire quelques belles pages de l’histoire du team Peugeot-La Poste. En voici un des rares exemplaires, monté en version « team replica » par son propriétaire.
Le Peugeot Team Line titane n’a jamais connu la production de masse. Il s’agissait avant tout d’un vélo destiné au fameux team Peugeot-La Poste dont faisait partie Laurence Leboucher (âgée aujourd’hui de 44 ans, elle travaille d’ailleurs toujours pour La Poste. C’était un des points forts de cette équipe qui proposait à ses coureurs des emplois aménagés ainsi qu’un plan de carrière après leur retraite sportive). A l’époque, le carbone n’en était qu’à ses balbutiements et c’est le titane qui représentait le summum de la production.
Mathieu, propriétaire du magnifique exemplaire que vous avez sous les yeux, nous explique : « C’est en 1996 que j’ai vu ce vélo pour la première fois. J’allais avoir 18 ans, mais surtout, c’est la période où les Français écrasaient les courses vtt en descente et en XC. Cette année-là, il y a eu le titre mondial de Jérôme Chiotti à Cairns. Puis celui de Laurence Leboucher en 98. Même si on sait aujourd’hui que les circonstances de certaines victoires n’étaient vraiment pas glorieuses, le point commun entre ces deux cyclistes français était de rouler sur un vtt Peugeot Team Line avec un cadre en titane fabriqué par Sandvik. »
Quelques années plus tard, au détour d’internet, un cadre Peugeot Titane me donna l’envie de retaper ce monument de l’histoire du vtt français
« A mon tout petit niveau de coureur régional, j’avais pu bénéficier cette année-là d’un co-factory sur un cadre plus « commun », toujours un Team Line, mais la version tubes carbone collés sur raccords alu. Quelques années plus tard, au détour d’internet, un cadre Peugeot Titane me donna l’envie de retaper ce monument de l’histoire du vtt français. Après un microbillage, le cadre a ensuite été vernis. C’est peu commun sur du titane, mais obligatoire car le triangle avant était peint en jaune à l’époque. »
Sur cet exemplaire, le travail de restauration a quelque peu adouci les soudures, ce qui permet d’admirer encore mieux les lignes pure du cadre, notamment au niveau des haubans cintrés pour accueillir les freins V-brakes.
Shimano XTR M952 : le premier groupe 9 vitesses
Ce vélo est équipé d’un autre pan de l’histoire du vtt, avec le fameux groupe Shimano XTR, ici dans sa version M952 sortie en 1999. Trois ans après le M950 présenté en vue des JO d’Atlanta, Shimano offre une vitesse supplémentaire à son groupe phare, qui devient le XTR M952 Mega 9 (et M953 en version à ressort inversé Rapid Rise)
Les développements n’ont plus rien à voir avec ce qu’on connaît aujourd’hui : 24/34/46 pour les plateaux à l’avant (il y avait même une version 26/36/48) et 11/32 dents pour la cassette ! Sur le pédalier, on trouve un boîtier spécifique avec axe Octalink. Plus gros que les axes carrés utilisés par la plupart des autres modèles, il restera un standard propre aux groupes Shimano haut de gamme.
Innovation Shimano : les commandes de vitesses sont solidaires des leviers de freins pour gagner du poids et de l’espace au niveau du poste de pilotage… ce qui n’était pas superflu vu la largeur des cintres de l’époque… ou plutôt leur étroitesse vu qu’il était courant de rouler en 580, 560, voire 550mm de large ! L’idée des shifters couplés aux leviers de freins est toujours utilisée aujourd’hui… mais les marques ont eu la bonne idée de désolidariser les deux et de permettre des réglages indépendants.
Pas de freins à disques à cette époque évidemment ! Le groupe Shimano XTR était connu pour offrir les meilleurs freins du moment (les Avid Arch Supreme étaient l’autre référence), avec ses v-brakes à parallélogramme permettant aux patins de venir au contact de la jante bien à plat, sur toute leur surface, et pas de biais comme sur les modèles classiques. Seul bémol : toute cette fine mécanique finissait par prendre du jeu. Sans toutefois altérer les performances.
Mavic CrossMax Ceramic : le rêve des crosseurs
Pour améliorer les performances de freinage, rien de tel à l’époque que des jantes à flancs recouverts de céramique ! Le team Peugeot-La Poste utilisait à l’époque les mythiques Mavic CrossMax de première génération, qui sont longtemps restées les roues de XC par excellence.
Avec seulement 1550g, des rayons tendus comme des arbalètes (rayonnage radial à l’avant et côté opposé à la roue-libre derrière) ainsi que des moyeux particulièrement fluides, elles ont fait rêver des générations de crosseurs. Aujourd’hui encore, leurs performances n’ont pas à rougir même si on fait désormais mieux au niveau solidité et si les disques ont permis d’oublier l’usure des flancs en céramique qui finissaient toujours bien par déclarer forfait un jour ou l’autre même s’ils allongeaient considérablement la durée de vie des jantes, en plus d’améliorer la qualité du freinage.
RockShox SID : une légende toujours vivante
Cette période a également vu la naissance d’une autre légende : la RockShox SID ! C’est en effet en 1998 qu’est née la reine des fourches de XC, toujours bien vivante aujourd’hui et qui vient justement d’être complètement renouvelée pour le millésime 2017.
A l’époque, la RockShox SID se distinguait notamment par son poids plume : 1180g annoncés !
A l’époque, la RockShox SID se distinguait notamment par son poids plume (1180g annoncés !) mais aussi par sa technologie d’amortissement. A l’intérieur, on trouve deux chambres d’air (une dans chaque fourreau) dont la taille était ajustable, ainsi qu’un ressort négatif permettant d’améliorer la sensibilité sur les petits chocs.
Au-delà de sa rigidité qui fait sourire aujourd’hui (merci les plongeurs de 28mm) et de son débattement réduit (63mm… et cela semblait déjà beaucoup à l’époque ! Le 80mm n’est apparu que plus tard en XC), elle a ouvert la voie à toute une génération de fourches de XC dont nous utilisons aujourd’hui les descendantes.
Hormis la couleur, voici comment retrouver aujourd’hui un vélo presque intégralement conforme à celui qui a permis au cyclisme français de dominer les podiums à la fin du siècle dernier…
Pour prolonger le plaisir, n’hésitez pas à vous offrir un voyage dans le temps en consultant le site Web de Laurence Leboucher… qui est toujours en ligne mais qui n’a pas changé depuis plus de 15 ans (!).
Quant aux Cycles Peugeot, après une longue période de sommeil, ils reviennent à la vie au sein du groupe Cycle Europe. Voici leur site Web et la nouvelle gamme : http://cycles.peugeot.fr