Flashback | On a retrouvé le BH Ultimate de Julie Bresset aux JO de Londres en 2012 !

Par Olivier Béart -

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Flashback | On a retrouvé le BH Ultimate de Julie Bresset aux JO de Londres en 2012 !

Ce jour-là, toute la France a vibré. Et même plus. Depuis 2011, rien ne lui résistait, mais la course olympique est spéciale et souvent cruelle pour les champions qu’on croit invincibles. Mais le 11 août 2012 à Londres, Julie Bresset a volé au guidon de son BH Ultimate pour aller conquérir la récompense suprême : l’or olympique. 10 ans plus tard, nous avons retrouvé le vélo utilisé par la Française lors de son sacre ! L’occasion de se remémorer quelques souvenirs… et de voir combien le VTT a évolué depuis lors. 


C’était le 11 août 2012, soit il y a quasiment tout juste 10 ans à l’heure de rédiger cet article : Julie Bresset devenait championne olympique à Londres, remportant la première (et à ce jour la seule) médaille d’or féminine pour la France dans cette épreuve qui fait rêver tous les athlètes. Ce titre, elle l’a conquis au guidon d’un BH Ultimate… semi-rigide, 26 pouces, sans tige de selle télescopique. Mais par contre déjà en mono-plateau, tubeless et équipé de freins à disques. Bref, un mélange de caractéristiques qui nous semblent pour certaines bien désuètes, et pour d’autres encore tout à fait à la page.

Aujourd’hui, ce vélo se trouve dans les collections BH en Espagne, mais il a récemment passé quelques jours en Belgique. Impossible de passer à côté d’une si belle occasion de réaliser une petite séance photo, histoire de se remémorer quelques souvenirs. Avec Julie Bresset tout d’abord. Puis au sujet de ce vélo qu’elle a fait entrer dans la légende.

Julie Bresset : « Comme si c’était hier »

Quatre fois championne de France, quatre fois championne du monde (Espoirs, par équipe et deux fois en Elite en 2012 et 2013) et vainqueur de la coupe du monde en 2011 : le palmarès de Julie Bresset a de quoi faire rêver. Mais le titre qui garde la saveur la plus spéciale à ses yeux et qui a sans doute le plus marqué le public est évidemment son titre de championne olympique. Si, par la suite elle a connu un passage à vide, elle est revenue à la compétition de 2017 à 2021 pour conclure en beauté sa carrière, avant de s’épanouir aujourd’hui dans un rôle d’ambassadrice très active pour le team et la marque Rockrider.

Nous l’avons contactée, en commençant notre conversation par lui demander ce que cela évoquait encore pour elle aujourd’hui, 10 ans après : « Chaque année j’y repense, et ce qui est fou c’est que j’ai toujours l’impression que c’était hier. J’en ai encore des frissons et je revois certains moments de la course comme s’ils venaient de se produire. Ma famille, mes amis, l’équipe qui était là, la piste, le déroulement de la course… Ce sont des moments tellement forts émotionnellement qu’ils sont comme gravés en moi. » 

Elle poursuit : « C’est assez incroyable ce qu’il s’est passé pendant cette course. Il y a certains moments dont je ne me souviens pas vraiment parce que j’étais tellement concentrée que j’étais presque hypnotisée. Mais par contre j’ai des souvenirs ultra précis d’autres moments et aussi des souvenirs de moments à la fois étranges et fascinants. Par exemple, mon entraîneur n’avait pas réussi à accéder au bord de la piste tellement il y avait de monde. Je ne le voyais pas, par contre je sentais exactement où il était et lors de la course, je l’ai entendu distinctement me dire « vas-y c’est maintenant » quand je me suis détachée. Au final, ce n’est que dans les derniers mètres, quand j’ai senti que c’était gagné, que j’ai eu mal aux jambes. Et là j’étais comme collée au sol. Dans la dernière ligne droite j’ai vu un drapeau Français, j’ai été comme attirée par lui et ce n’est que quand je l’ai pris que j’ai vu que c’était mon petit frère. C’est assez incroyable… » 

« Ce que j’aime aussi beaucoup aujourd’hui, c’est qu’à chaque anniversaire de ce titre, des gens m’envoient des messages, ressortent des photos. Ce sont des fans, des amis, ma famille, des anciens coéquipiers, membres du staff de teams, etc. Je me rends compte que ce moment n’a pas marqué que moi, et je m’en rends compte quand des gens me racontent des anecdotes qui montrent qu’ils se souviennent exactement de ce qu’ils faisaient à ce moment-là » !

Avant de passer au vélo, il est un point indispensable à aborder, c’est le circuit. Très artificiel, il a été critiqué à l’époque mais aujourd’hui, quand on regarde dans le rétroviseur, on peut dire qu’il a marqué un tournant dans l’évolution du VTT cross-country vers ce qu’il est aujourd’hui : « C’est clair que pour l’époque c’était un circuit très atypique. Lors du test-event un an avant, nous avions tous pris une petite claque avec les sauts, les rock-gardens, etc. Aujourd’hui, cela semble normal mais là, on a tous dû se préparer pour cela et revoir notre manière de rouler. Cela a fait quelques remous à l’époque mais on doit reconnaître que ce circuit était très télégénique et qu’il a beaucoup inspiré les évolutions du XC moderne. Qui, je pense, aujourd’hui, a trouvé un bel équilibre entre spectacle et côté naturel sur beaucoup de tracés. »

Et tout cela a aussi entraîné des évolutions techniques au niveau du matériel utilisé. Le BH Ultimate utilisé par Julie Bresset à l’époque lors de cette course en est le témoin. Même si beaucoup de chemin a encore été parcouru depuis.

Le BH Ultimate 2012 des JO de Londres

Le BH Ultimate utilisé par Julie Bresset à Londres diffère au niveau du look par rapport au modèle de série et à celui qu’elle utilisait en coupe du monde pour deux raisons. Premièrement, le règlement olympique limite très strictement la place allouée aux sponsors sur les vélos. Ainsi, seul le logo BH est placé sur le tube diagonal, avec une taille bien précise, et toute référence au modèle du vélo est effacée. Ensuite, la deuxième raison est le gain de poids, puisque le cadre a été poncé pour retirer toute la peinture et laisser le carbone à nu afin de gratter une bonne centaine de grammes.

Le poids est toujours un cheval de bataille en XC, mais il l’était encore plus à l’époque et le vélo que vous avez sous les yeux, semi-rigide, en 26″ et sans tige de selle télescopique, ne dépasse pas les 8,5kg en ordre de marche ! A titre de comparaison, la version actuelle en roues de 29 pouces (à l’arrière plan), toujours sans tige de selle télescopique, pèse 9,3kg sans pédales, et notre version custom équipée de nombreuses pièces exotiques et très haut de gamme arrive à 8,3kg mais sans pédales.

La comparaison visuelle avec l’actuel BH Ultimate 29 est assez intéressante. Même si le vélo de Julie Bresset est en taille M et l’Ultimate 29 en L, la différence globale dans les dimensions des deux vélos est assez impressionnante. Par contre, les tubes se sont globalement très affinés, signe que la rigidité n’est plus la seule qualité recherchée, mais qu’il y a une réelle volonté d’aller chercher l’efficacité aussi par une certaine dose de confort.

Le tout-suspendu était déjà régulièrement utilisé par certaines équipes, mais son usage n’était pas généralisé, loin de là. Et malgré son côté très technique par endroits, le circuit de Londres était composé de longues portions au sol bien lisse et recouvert d’une simple couche de gravillons. « A l’époque de toute façon, vu mon poids et ma manière de rouler, je roulais toujours en semi-rigide. Je ne me posais pas vraiment la question du tout-suspendu, d’autant que ma technique me permettait de passer partout. Cela dit, sur le circuit de Londres, quand j’y repense, une tige de selle télescopique aurait sans doute été intéressante. » Mais à l’époque, personne n’en parlait encore, en XC du moins, et le BH Ultimate était même doté d’une tige de selle carbone intégrée au cadre qu’il fallait recouper à la bonne hauteur. Le poids, toujours le poids !

Même si le 29 pouces est arrivé sur le marché dès le début des années 2000 et qu’il commençait sa percée en compétition en 2012 avec notamment la victoire olympique de Kulhavy sur un Specialized Epic 29 tout-suspendu et le podium de Marco Fontana sur un Cannondale 29, les grandes roues ne s’étaient pas encore imposées dans le peloton féminin. Ici aussi, la recherche du poids plume y était pour beaucoup, sans négliger non plus la question des géométries pour des pilotes de plus petite taille.

Les roues DT Swiss utilisées par Julie Bresset étaient par contre déjà en carbone et tubeless. « Par contre je me souviens que pour les pneus je voulais utiliser une carcasse assez légère et souple qui n’existait pas en tubeless, et que les jantes (très étroites), étaient rendues étanches avec un tape autocollant qui n’en était qu’à ses balbutiements, donc mon mécano avait collé les tringles avec de la colle à boyaux pour éviter tout risque de déjantage. » Par contre, les pneus Continental SuperSonic avaient déjà une section plutôt large (un vrai 2.2) et un profil roulant qui rappelle ce qui est encore utilisé aujourd’hui. Tom Pidcock a d’ailleurs utilisé la dernière version de ces pneus pour conquérir sont titre olympique de Tokyo.

Parmi les points qui étaient très novateurs pour l’époque et qui se sont imposés depuis, on relève la transmission mono-plateau (en 36 dents), avec toujours une cassette en 10 vitesses 11-36 qui n’offre qu’une plage très réduite de rapports. « C’est la première fois que je courais avec du mono-plateau. D’habitude j’utilisais un double plateau, mais la piste de Londres permettait de se contenter d’une plage de rapports assez réduite, mais bien précise. Cela simplifiait les choses. » Depuis, tant Sram que Shimano ont rendu le mono-plateau plus polyvalent en faisant grandir la taille de la cassette, ce qui a notamment permis d’améliorer fortement les géométries des vélos tout-suspendus et/où 29 pouces sur lesquels le dérailleur avant était un obstacle.

Pour le reste, les freins étaient des Magura MT8, déjà très proches des freins qu’on connaît actuellement. Dans ce domaine, il n’y a pas eu énormément d’évolutions. Idem pour la fourche SR Suntour qui reste proche des modèles qu’on trouve encore aujourd’hui, si ce n’est qu’elle est en 26 pouces. « Je me souviens par contre que j’avais eu droit à une cartouche sur mesure préparée par les équipes de Suntour France afin de bien gérer ce circuit très spécifique, à deux facettes, avec des zones très techniques et d’autres très roulantes ». 

Enfin, Julie se souvient d’une dernière petite anecdote : « Lors du dernier entraînement, j’ai chuté. Je me suis écorchée le coude, mais surtout, j’ai cassé mon cadre. Je ne m’en étais pas aperçue, et les mécanos ne l’ont vu que le soir. Ils ne m’ont rien dit pour ne pas me perturber, mais ils ont pris toute la soirée et une grosse partie de la nuit pour démonter entièrement le vélo et remonter mon mulet. Je ne me suis rendue compte de rien et je ne l’ai appris que bien longtemps après ! »

Pour aller plus loin…
Notre article sur le nouveau rôle de Julie Bresset chez Rockrider : Julie Bresset rejoint Rockrider
Notre test de la dernière version du BH Ultimate 2022 : Test nouveauté | BH Ultimate Evo 2022 : l’intégration raffinée

ParOlivier Béart