Flashback | La suspension URT : un système, 4 vélos - Klein Mantra Race
Par Léo Kervran -
Klein Mantra Race
Breezer et Nicol ne sont pas les seuls à être intéressés par les suspensions à triangle arrière unifié et certains ont visiblement trouvé le moyen de contourner le brevet de John Castellano et sa marque « Sweet Spot » pour développer leur propre concept. C’est notamment le cas de Gary Klein, à la tête de la marque éponyme. Si Joe Breeze est spécialiste de l’acier, Gary Klein est lui le maître de l’aluminium et au début des années 90, les semi-rigides Klein figurent parmi les vélos les plus performants et les plus désirables du marché.
Pour construire son premier tout-suspendu, il s’associe à Darell Voss. Ce nom ne vous dit probablement rien mais derrière lui se cache l’homme à l’origine de la suspension Naild R3act 2Play qui a fait couler beaucoup d’encre à sa sortie et qu’on retrouve sur les Marin Mount Vision et Polygon XQuarOne. Les deux hommes décident de remonter le point de pivot jusque sur le tube supérieur, ce qui permet à la suspension de développer un peu plus de débattement que la concurrence : 5,3 pouces soit 135 mm, contre 5 pouces ou 127 mm ailleurs.
Ensuite, Klein fait parler sa maîtrise de l’aluminium et donne naissance en 1995 au Mantra Pro, reconnaissable entre mille avec cette massive et unique poutre en guise de triangle avant. En montage haut de gamme, le vélo pesait alors moins de 11 kg, c’est-à-dire moins que beaucoup de semi-rigides, tout en ayant un débattement de vélo de freeride.
Sur le triangle arrière, juste sous le point de pivot, un autocollant affiche clairement le savoir-faire Klein. Ce ne sont pas moins de 11 brevets déposés par la marque qui se succèdent et renvoient à différentes solutions techniques utilisées sur le vélo. On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec l’autocollant « Moron Tubes, Big Butts » de l’Ibis placé plus ou moins au même endroit et aux visées similaires mais pas vraiment dans le même ton… Chez Klein, on n’est pas là pour rigoler, la performance est une affaire sérieuse.
Entre cette fameuse poutre qui répond au doux nom de Torque Beam Control et les roues Spinergy Rev-X, le vélo semble tout droit sorti d’un film de science-fiction. Le premier Mantra disposait même d’un amortisseur « maison » qui renforçait l’allure futuriste de la machine, mais la marque reviendra rapidement à un système plus classique, d’où la présence d’un Fox Alps 5R sur ce Mantra Race un peu plus récent.
Le Klein Mantra n’est donc pas un vélo conventionnel, même parmi les URT, et la transmission de cet exemplaire le fait sortir encore plus de l’ordinaire. Dérailleur et shifter sont des Sram ESP 9.0 SL « Betsy », une édition spéciale sortie fin 1997 pour fêter les 10 ans de la marque. Ce n’est que la troisième génération de dérailleurs Sram, après l’échec catastrophique de l’ESP 900 en 1995 (toutes les premières séries cassaient au même endroit, au niveau de la pièce ici rouge et blanche qui était alors en plastique) et la deuxième tentative en 1996 avec l’ESP 9.0.
Avant cela, Sram s’était construit une solide réputation avec ses commandes Grip Shift à poignées tournantes (pour dérailleur Shimano), plébiscitées aussi bien en VTT qu’en ville. De 300 000 ventes en 1992, ce qui est déjà un chiffre honnête, les commandes Grip Shift ont explosé pour atteindre jusqu’à 8,6 millions de ventes pour la seule année de 1996. Ce n’est qu’au début des années 2000 que la marque se relancera réellement dans les transmissions complètes, avec la sortie du premier dérailleur XO.
Pour compléter cette édition « Stars and Stripes », le propriétaire a fait le choix de monter un pédalier Race-Face avec manivelles et plateaux assortis, ainsi qu’une selle Coda. La cohérence est légèrement mise de côté sur ce dernier point puisque Coda est une marque de Cannondale, et signifie d’ailleurs Cannondale Only Design Application, mais elle s’intègre parfaitement dans le montage et rentre à merveille dans l’esprit patriote qui ressort de ce vélo.