Flashback | Cannondale Scalpel Six13 : extrême rareté
Par Olivier Béart -
Encore un Cannondale dans notre rubrique oldschool ? Oui, c’est vrai, c’est déjà le deuxième. Mais quand on a la chance de pouvoir mettre la main sur une machine aussi rare que ce Cannondale Scalpel Six13, impossible de ne pas sauter sur l’occasion pour organiser un petit shooting. La raison : il n’y a eu que trois exemplaires produits spécialement pour les pilotes du team en vue des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 ! Roel Paulissen nous détaille ses souvenirs à propos de ce bijou d’aluminium et de carbone produit à la main aux USA :
La technologie Six13, venue de la route, est une véritable folie et son mode de production devait donner des cheveux gris aux responsables financiers de l’enseigne américaine. Pour réaliser ce type de cadre, un triangle avant est d’abord réalisé entièrement en aluminium puis les tubes sont découpés pour ne garder que les raccords ! La partie centrale est ensuite remplacée par des tubes de carbone pour un gain de poids de l’ordre de 200 à 300g.
Le cadre était intégralement fait aux USA et pas en Chine
Cerise sur le gâteau, Roel Paulissen nous explique qu' »il s’agit d’un cadre sur-mesure fait pour Christof Sauser et moi. C’était un intermédiaire entre les tailles M et L. Le cadre était intégralement fait aux USA et pas en Chine ». Voilà qui vous laisse imaginer le prix de revient. En 2005, Cannondale a produit une nouvelle très petite série de cadres où le tube de selle restait en aluminium. « Le gain de poids était marginal à cet endroit alors que c’était la partie la plus complexe à mettre en oeuvre ».
A l’arrière, l’amortisseur DT-Swiss SSD 210L et les bases flexibles en carbone permettaient d’avoir un débattement modeste de 63mm, mais la suspension était réputée très active. Un lockout d’origine Fox, plus long et facile à manipuler que le DT, a été adapté. Regardez aussi la qualité des soudures au niveau du boîtier de pédalier.
La célèbre Lefty et la première potence OPI
Au niveau de la fourche on retrouve l’inévitable Headshock Lefty carbone, préparée par les mains expertes de Kristof Nootens, « monsieur 88+/Lefty » en Belgique. C’est d’ailleurs lui qui aujourd’hui est propriétaire de ce magnifique vélo (dont il a prévu de se séparer très prochainement à la faveur d’un déménagement en France… avis aux amateurs).
Outre la partie basse et l’axe en titane, on retrouve aussi l’excellent système de blocage électronique ELO. Une première du genre. Regardez aussi la potence…
« Il s’agit de la toute première version prototype de ce qui deviendra plus tard la potence OPI avec le pivot de fourche intégré et serrage par le bas », précise Roel Paulissen. Elle est peinte en blanc pour s’assortir au reste du cadre et elle affiche le sponsor principal du team qui s’appelait à l’époque Siemens-Cannondale.
On en profite pour jeter un oeil au poste de pilotage… un des points qui ont énormément évolué sur les vélos contemporains. A l’époque, avec un modèle de 600mm de large, Roel Paulissen roulait avec un cintre considéré comme large. Aujourd’hui, on parle plutôt de 680 à 700mm voire plus. Les cornes étaient aussi un grand classique, tout comme les poignées en mousse pour gagner quelques grammes.
De l’or et de l’optimisation pour rêver de médaille
Spécialement pour les Jeux Olympiques d’Athènes, Sram a équipé les athlètes sélectionnés de pièces spéciales avec un revêtement doré. C’est le cas de la cassette PG990 9 vitesses en 11/32 (qui semble aujourd’hui minuscule par rapport aux énormes Sram Eagle) et des poignées tournantes qui commandent le dérailleur XO.
Véritable chasseur de grammes, Roel Paulissen et son mécano ont placé un dérailleur avant de route. Il s’agit d’un Shimano Dura-Ace ; Sram ne produisant pas encore de groupe de route à cette époque. Le pédalier permet aussi de gagner un peu de poids, puisqu’il s’agit du très léger Cannondale Hollowgram en BB30, avec un double plateau 42/29. Notez aussi les pédales Crank Brothers 4ti, à seulement 185g la paire.
Très jolie touche weight-weenie aussi au niveau des disques de freins. « Ce sont des Stan’s en aluminium. L’arrière en 140mm ne pesait que 50g ! Le traitement céramique permettait de garder un bon freinage avec les Magura Marta », ajoute Paulissen.
Dernière petite touche, invisible à l’oeil nu mais que le champion belge nous dévoile : les roues sont des Mavic CrossMax tout à fait spéciales. « Pour les JO nous avions eu droit à une version très particulière des CrossMax SL Disc. La jante était nettement plus légère que sur les roues de série. Mais je doute qu’elles soient encore présentes sur le vélo aujourd’hui car si je me souviens bien, il s’agissait presque de roues à usage unique et Mavic a demandé à les récupérer juste après les Jeux. »
Au total, cette véritable pièce de l’histoire du VTT ne pèse que 9,4kg ! « Chaque composant était optimisé, de sorte que nous étions plus légers que beaucoup de hardtails de la concurrence », se souvient le pilote en repensant une dernière fois à son Cannondale Scalpel Six13 au guidon duquel il a terminé à la 4e place de cette course remportée par Julien Absalon. Un modèle qui a ouvert la voie au développement de la génération suivante du Scalpel, dotée d’un cadre entièrement en carbone. Avant de se quitter, on se replonge dans la course avec la fin de l’épreuve d’Athènes en vidéo :
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Pour les collectionneurs, sachez que ce vélo est à vendre ; son propriétaire actuel s’en sépare à la faveur d’un changement de vie. Les intéressés (sérieux) peuvent contacter Kristof Nootens de Lefty House via Facebook.