Par Olivier Béart -
La manche française des Enduro World Series 2016 a réservé un spectacle assez incroyable, avec des spéciales unanimement saluées, mais aussi grâce à un duel à couteaux tirés entre deux légendes de la descente mondiale reconverties à l’enduro : Sam Hill et Nicolas Vouilloz. Retour en images sur l’EWS Valberg :
Tout le monde, à commencer par les pilotes, attendait avec impatience la très atypique spéciale des Terres Grises et son décor lunaire à la fin de la première journée.
Le public a aussi répondu présent et il était très nombreux au bord des spéciales !
Côté course, si Richie Rude est vraiment l’homme à battre cette année, le terrain de Valberg étant le royaume des riders sudistes, on s’attendait à les voir aux avant-postes. A moins d’une surprise ?
Bon, allez, on prend quelques forces et c’est parti pour deux journées de folie !
Hommes
Il avait récemment annoncé son retrait du circuit mondial de DH pour se consacrer à l’enduro ; discipline à laquelle il s’est essayé récemment. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a rapidement pris goût.
Deuxième en Irlande et à La Thuile sur des tracés présentant des profils assez différents, il sentait que la plus haute marche du podium était accessible. Plus qu’un rêve, c’était devenu un objectif pour lui et il a tout mis en oeuvre pour y parvenir.
Il n’a pas changé toutes ses petites habitudes… notamment les pédales plates auxquelles il reste invariablement fidèle. Mais il s’est préparé comme jamais. Pour la petite histoire, il s’est notamment présenté au départ d’un marathon de niveau national en Grande-Bretagne. Non content de le terminer, il s’est classé dans le top 10, en pédales plates toujours ! Désormais, on sait qu’il faudra compter sur un nouveau client très sérieux au podiums en EWS, tout comme pour le général 2017 !
Juste derrière Hill, on retrouve Nicolas Vouilloz, autre légende de la descente mondiale. Ou plutôt LA légende. Lui, cela fait un moment qu’il roule en enduro. Et il a même ressenti le besoin de faire une petite pause lors des manches Outre-Atlantique après deux abandons en Irlande et en Italie.
Sur un terrain qu’il affectionne, il est apparu en pleine confiance, ressourcé. Il décroche le scratch dans la plus longue spéciale du week-end, la deuxième, qui s’est courue en près de de 14 minutes pour les meilleurs. Après avoir terminé le jour 1 à moins de 2 secondes de Hill, il s’est légèrement fait distancer le dimanche mais Nicolas Vouilloz a été le seul à vraiment faire douter l’Australien pendant tout le week-end. Chapeau !
S’il fallait décerner une palme de la progression depuis le début de saison, c’est sans aucun doute à Jesse Melamed qu’elle irait. Du top 50 sur les premières manches, il est ensuite passé au top 20 puis au top 10 avant de signer une extraordinaire 2e place sur ses terres à Whistler. Même s’il a commis pas mal de fautes et passé un peu de temps au sol, le Canadien du team Urge-Rocky Mountain décroche un nouveau podium à Valberg. A tenir à l’oeil !
Beaucoup voyaient Florian Nicolaï comme un candidat sérieux à la victoire ici. Même s’il n’a pas été en mesure de rivaliser avec Hill et Vouilloz, il est resté dangereux jusqu’au bout pour son coéquipier en vue de décrocher la dernière marche du podium. Il termine 4e et il consolide un peu plus sa 4e place au général, menacée après son abandon à Whistler.
Cinquième, Martin Maes était le premier surpris et ravi par son résultat… surtout qu’une semaine avant, il était aux championnats du Monde de DH où il a décroché une magnifique 22e place pour sa première participation en catégorie Elite.
« J’ai eu une super belle 2e journée, mais le samedi j’ai eu du mal à me mettre dans le rythme, nous explique « Tintin ». Je signe un scratch et un 2e temps pour démarrer dimanche, ce qui me permet de bien remonter mais après ça a été dur. Après les Crankworx j’étais cuit et j’ai pris un peu de vacances puis, quand je suis revenu, je me suis focalisé sur les Worlds DH qui se déroulaient la semaine dernière et je n’ai eu que quelques jours pour m’entraîner à nouveau en mode EWS avant de venir ici. J’ai rarement fini une saison aussi cramé. Je devrai y repenser pour l’année prochaine. »
Greg Callaghan, l’Irlandais du team Cube, a démarré en trombe avec un scratch dans la SP1 avant de reculer un peu. Mais sa régularité lui permet de rester dans le top 10. Il est 6e.
Un brin de régularité, c’est sans doute ce qui a manqué à Richie Rude, qui s’est notamment pris plus de 25 secondes dans la vue par les meilleurs dans la très longue SP2.
Le pilote Yeti reste néanmoins très largement en tête du classement général, où il compte 390 points d’avance sur Damien Oton. A moins d’un cataclysme à Finale Ligure, où il doit « simplement » se contenter de terminer dans les 40 premiers, on se demande comment la victoire pourrait lui échapper.
Malgré un nouveau top 10, François Bailly-Maître nourrissait quelques regrets dans la mesure où il n’a pas manqué grand chose pour que sa 8e place se transforme en podium.
« C’est vraiment bête de se prendre 20 secondes d’entrée dans la SP1 ! Je n’ai pas fait de faute, j’ai juste été trop prudent. Après, je fais un super jour 2 qui me permet de bien revenir mais c’est clair que je peux faire mieux. Rendez-vous à Finale ! «
Nicolas Lau était 5e à l’issue de la première journée, où il a mélangé le bon et le moins bon : « C’était dur de se mettre dedans, ça glissait pas mal au début et les spéciales étaient longues. J’étais à l’aise sur celles présentant un relief plus alpin mais les Terres Grises, j’ai toujours eu du mal à m’en sortir ».
« J’aime bien mais même quand on y passait à l’aveugle lors de la Trans-Provence (épreuve qu’il a remportée à plusieurs reprises) je n’arrivais pas à y faire un bon temps ». Le jour 2 a été plus compliqué et il a reculé à la 9e place finale.
Enfin, Alex Cure complète le top 10, dans lequel on retrouve trois riders du team Urge-Rocky Mountain ! Rien d’étonnant à ce que l’équipe trône largement en tête du général au classement par équipes…
Les autres Frenchie’s
Jérôme Clementz était très bien rentré dans la course en prenant le 2e temps de la première spéciale, mais il n’a pas réussi à se montrer constant sur tous les profils. « J’étais bien sur les spéciales plus naturelles mais dans dans les portions de bikepark j’ai eu plus de mal. Bon, c’est dommage de ne pas faire top 10, ça fait baisser mes stats de carrière (rires) mais je prends quand même une fois de plus de bons points pour le général où je suis toujours 3e. Je veux aussi dire un grand bravo aux organisateurs car c’est sans aucun doute un des plus beaux EWS que nous ayons eu ! »
Pas mal en début d’épreuve avec un 8e puis un 5e temps, Damien Oton a ensuite eu du mal à rentrer des temps dignes des meilleurs. Avec plusieurs chronos autour de la 20e place durant le week-end, il se classe 13e au final. Le 2e du classement général provisoire a déjà le regard tourné vers l’Italie…
Yoann Barelli est le 8e et dernier Français qui rentre dans le top 20. Il est 16e. Pierre-Charles Georges n’est pas loin. Il est 22e
Remy Absalon, Dimitri Tordo (à gauche) et Thomas Lapeyrie (à droite) signent un tir groupé aux 26, 27 et 28e places. Benoît Clément (36), Kévin Miquel (37), Kilian Bron (39), Camille Servant (40), Irenée Menjou (41), Cédric Ravanel (43) et Rudy Cabirou (44) sont les autres Français à rentrer dans le top 50.
Dames
Cécile Ravanel a une fois de plus remporté la victoire chez les Dames… mais elle a eu chaud ! Juste après avoir sabré le champagne, elle nous explique : « Le premier jour c’était vraiment une grosse galère. Mais d’un autre côté, ça m’a permis de débrancher et de rouler comme j’aime, à fond, le 2e jour. Tout simplement parce que je n’avais pas le choix si je voulais gagner car Isa était vraiment rapide ». Cette nouvelle victoire permet à la pilote Commencal d’être assurée de remporter le général 2016 avant même la dernière manche.
Isabeau Courdurier s’est en effet montrée très dangereuse tout le week-end en prenant trois temps scratch sur 7 spéciales. Elle termine 2e à 32 secondes de Cécile Ravanel !
Enfin, Ines Thomas devance de seulement 4 secondes Anita Gehrig pour la dernière marche du podium. On soulignera aussi la belle 17e place de la championne de Belgique Alexandra Marchal qui s’essayait pour la première fois à un EWS.
U21
On a assisté à un festival des Français à domicile ! Adrien Dailly, le protégé de Nicolas Vouilloz, s’adjuge une nouvelle victoire de classe avec des chronos qui le placeraient dans le top 20 scratch !
Sébastien Claquin signe une deuxième journée éblouissante (deux scratches et un 2e temps) pour s’emparer de la deuxième place à seulement 15 secondes de Dailly.
Enfin, Eliott Trabac complète le podium en devançant de moins de deux secondes un autre Français, Youn Deniaud ! Visiblement, on n’a pas fini de voir du bleu-blanc-rouge sur les podiums en Enduro World Series ! Chez les jeunes filles, la victoire est revenue à Julie Duvert.
Masters
Enfin, en Master, Karim Amour a une nouvelle fois dominé les débats. Signalons aussi la belle 3e place de Cyrille Pages… ainsi que les magnifiques médailles « homemade » au look cheap 100% assumé !
Retrouvez tous les résultats ici : www.vojomag.com/news/ews-7-valberg-victoire-de-hill-ravanel