EWS #7 Spain : Rude, Barelli, Maes, le triangle d’or (Portfolio)
Par Olivier Béart -
Complètement libéré depuis sa victoire à Samoëns, rien ne semble plus pouvoir arrêter Richie Rude. Le pilote Yeti a dominé la manche Espagnole de l’Enduro World Series disputée à Zona Zero-Ainsa en Espagne en s’imposant avec plus de 20 secondes d’avance sur un tracé somptueux marqué par des conditions climatiques très changeantes… et même un orage dantesque qui a mené à l’annulation de la dernière spéciale. Derrière-lui, c’était la guerre avec 5 pilotes en 3 secondes dont deux qui ne cessent de monter en puissance : Yoann Barelli, à nouveau 2e comme à Whistler, et Martin Maes qui égale la meilleure performance de sa carrière en accrochant le podium. Retour sur l’avant-dernière manche de la saison EWS avec notre portfolio exclusif :
A Ainsa, le week-end de course commence dès le vendredi soir avec un prologue disputé dans les ruelles de la vielle ville. Certains le font pour le fun et assurent le spectacle comme il ne compte pas pour le général, mais d’autres en profitent déjà pour se tester en vue du week-end. Si c’est Alex Cure qui l’emporte, le jeune prodige belge Martin Maes en profite pour montrer sa forme et décrochant le 2e chrono. Autre enseignement : Damien Oton semble en forme, il est 5e.
EWS #7 Spain : La course Hommes
L’homme du week-end, c’est lui : Richie Rude et son Yeti SB6c peint spécialement pour les 30 ans de la mythique marque américaine. En pleine confiance après ses deux victoires consécutives à Samoëns et Whistler, il montre son habileté à s’adapter à des terrains très différents en signant… tous les temps scratch le samedi !
Avant la course, certains s’interrogeaient sur sa capacité à performer sur un terrain comme celui de l’EWS de Zona Zero, plus proche de celui rencontré dans le Sud de la France, d’où proviennent des gars comme Barel, Vouilloz ou encore Nicolaï. Sur le terrain, il leur a répondu de la plus belle manière qui soit.
Au général, Richie Rude s’envole, puisqu’il compte désormais 300 points d’avance sur Florian Nicolaï, 2e. Cela signifie que même en cas de victoire du Français à Finale sur la dernière manche, l’Américain pourrait se contenter de la 24e place pour l’emporter…
L’autre homme en forme du moment, c’est lui : Yoann Barelli. Deuxième à Whistler, où il réside désormais, le « crazy boy » de l’enduro français montre qu’en plus d’être fantasque et stylé (vous avez certainement vu ses vidéos déjantées), c’est aussi un pilote sacrément rapide en course ! Bientôt une victoire ?
Après deux quatrièmes places en Irlande et à Whistler, Martin « Tintin » Maes confirme aussi qu’il est capable d’être régulier au plus haut niveau et pas juste de faire des coups d’éclat comme à Finale Ligure en 2013, où il avait déjà atteint la 3e place scratch. Le tout frais vice-champion du Monde Junior de DH semble soudainement avoir eu un petit déclic. Bien parti (6e et 3e) dans les deux premières SP du jour 1, il a rétrogradé à la 6e place après un 22e et un 12e chronos dans les SP 3 et 4 avant de revenir au top le dimanche avec même un scratch dans la courte SP5 à la clé.
Dans l’interview qu’il nous a accordée en début de saison, il nous confiait avoir encore parfois du mal à gérer son stress lors des épreuves. « Il a plu entre les SP2 et 3 le premier jour. J’ai eu un peu de mal à adapter mon pilotage, mais je ne me suis pas déconcentré et ça a payé. Je suis content aussi de voir que j’ai été performant sur des spéciales physiques, ce qui prouve que le travail paie », nous a-t-il expliqué après l’arrivée. A 18 ans, il semble avoir trouvé une partie des clés de la réussite et on songe logiquement à lui parmi les prétendants à la victoire sur la dernière manche à Finale Ligure dans une semaine !
Nicolas Lau étrennait un tout nouveau vélo ce week-end : un Cube Stereo à la géométrie et aux suspensions légèrement revues, et cela semble mieux coller à son pilotage. Résultat : une 4e place à moins d’une seconde de Barelli ! Après la course, il nous explique : » C’était de la bombe cet EWS à Zona Zero ! J’étais en forme et je me suis bien amusé. Le terrain était comme je l’aime, bien engagé dans la rocaille et la poussière. Il fallait mettre de gros appuis dans les pierres. Après la Trans-Provence et la Trans-Savoie, je savais où j’en étais et je suis arrivé sans pression et motivé. Evidemment je suis un poil dégouté d’être au pied du podium à 1 seconde de la deuxième place mais c’était vraiment top. Ça nous a également permis de prouver que le nouveau bike marche vraiment bien ».
Dans le groupe « mouchoir de poche » à une micro poignée de secondes de la 2e place, on trouve le champion du Monde 2014, Jared Graves. Absent des premières manches pour cause de blessure, il prouve une nouvelle fois qu’il est revenu au top avec une solide 5e place devant le public espagnol très chaud et venu en masse sur le bord des spéciales.
Nicolas Vouilloz était 3e à l’issue de la première journée mais au jeu de la « guerre à la seconde » qu’il a pratiqué tout le week-end avec Barelli, Maes, Lau et Graves, c’est lui qui ferme la marche… à 3 secondes à peine de Barelli !
Dire que Nico Vouilloz s’est pris une « douche froide » serait un peu facile, mais on ne voit pas d’autres mots pour décrire ces images qui montrent les conditions dantesques dans lesquelles cet EWS Spain s’est terminé !
Juste après la SP7, pendant la liaison, les éléments se déchaînent. La fin de journée du samedi avait déjà été marquée par quelques averses, mais finalement rien de perturbant pour la course. Le dimanche par contre, c’est le déluge, au sens propre du terme.
Juste après le passage de Richie Rude et des premiers concurrents, les spéciales deviennent inroulables. Même à pied, c’est extrêmement glissant, les spectateurs doivent même former une chaîne pour aider les pilotes et leur machine à descendre. Finalement, l’organisation prend la seule décision possible : l’annulation de la SP8. Dommage, car l’explication finale pour figer les 2, 3, 4, 5 et 6e places promettait d’être épique.
Retour aux pilotes du top 10 avec le pilote BMC François Bailly-Maître qui signe son troisième top 10 d’affilée avec une 7e place acquise à coup de régularité, avec même un deuxième temps scratch dans la SP3.
Jérôme Clementz semble avoir une relation particulière avec le chiffre 8, puisque pour la quatrième fois cette saison, il décroche la 8e place ! Une régularité payante, puisqu’avec sa victoire en Nouvelle-Zélande sur l’EWS #1, il occupe la 3e place provisoire au général, mais c’est un résultat dont on sent bien qu’il ne comble pas un champion de son calibre : « C’était un super week-end cet EWS en Espagne. J’aimerais être mieux classé mais j’ai donné le meilleur de moi-même. C’est le niveau mondial et cela reflète honnêtement mon niveau actuel. Ma 3e place au général me donne une bonne motivation pour la finale la semaine prochaine ! »
Florian Nicolaï, qu’on attendait peut-être plus à la fête sur ce type de terrain, termine 9e avec des chronos très réguliers. Il devance de deux secondes Fabien Barel, 10e, mais qui aurait pu prétendre à un bien meilleur résultat sans une chute dans la SP2 où il a perdu de précieuses secondes.
Une fois encore, les pilotes français ont montré que l’Hexagone reste LA nation forte de l’enduro avec non seulement 7 pilotes dans le top 10, et pas moins de 12 dans le top 20 avec Remy Absalon 12e, Thomas Lapeyrie 13e, Alex Cure 14e, l’étonnant Amaury Pierron 16e (on en parle juste après avec les « U21 ») ou encore Damien Oton qui, s’il n’est pas encore revenu à son meilleur niveau, a réussi un retour à la compétition encourageant suite à sa blessure au pied.
U21 : la surprise Amaury Pierron
Dans la catégorie des Juniors, qui va jusque 21 ans, un petit gars a créé la surprise. On vous en parlait plus haut, le jeune descendeur Amaury Pierron, 13e des derniers Worlds DH Elite à Vallnord, a réalisé une performance incroyable pour son premier Enduro World Series en terminant 16e scratch et très largement premier de cette catégorie réservée aux jeunes. Un peu remis de ses émotions, il nous explique : « J’avais pris la décision de m’inscrire en début de saison. Après la finale de la Coupe du Monde DH à Val di Sole, j’étais complètement mort et j’ai vraiment hésité à me lancer. Je n’étais plus chaud du tout. Finalement, j’ai quand même décidé d’y aller avec mes potes Thomas Estaque et Pierre-Charles Georges. Avec Pich et FBM j’étais largué dans les liaisons. Je suis vraiment étonné de finir devant, Adrien (Dailly) a eu beaucoup de problèmes le premier jour, j’étais dégouté pour lui.
Quand on lui demande comment il a fait pour aller aussi vite, il répond avec humour : « J’ai pris tout les produits possibles, les plus puissants et illégaux au monde pour tenir : coca, chips, gâteau ! On était vraiment là en vacances, mais finalement on a fait beaucoup de vélo! J’ai adoré le lieu, le paddock et la paella du dimanche. L’ambiance était cool, c’est marrant de voir les différences avec la descente. On se prend moins la tête parce qu’on ne connait pas exactement les spéciales. Par contre, il faut avoir le mental pour mettre les Watts. Reste à savoir si cette perf’ lui a donné l’envie de revenir… « A ce qu’il paraît, il y a des remontés en télésiège sur les EWS en France. Dans ces conditions là, je suis hyper chaud si je suis dispo ! »
Quant au pilote Lapierre Adrien Dailly, toujours très largement leader de la catégorie U21 au classement général, il a galéré dans la la SP3 le premier jour, où il termine 316e avec plus d’une minute de retard sur Pierron. Il termine 41e du général et 4e de la catégorie derrière Sébastien Claquin et Eliott Trabac qui se tiennent en moins d’une seconde après plus de 30 minutes de course !
La course Dames :
Même si elle n’as pas dominé la course à chaque spéciale, Tracy Moseley a posé deux véritables mines dans les spéciales 2 et 3, où elle a collé plus de 30 secondes à sa plus proche poursuivante, Cécile Ravanel. Malgré ses 5 victoires en 6 manches, elle n’est pas encore assurée mathématiquement du titre (le barème de point de l’EWS fait en sorte de préserver le suspense jusqu’à la fin) mais on voit mal ce qui pourrait la priver de la couronne.
Cécile Ravanel s’est particulièrement bien comportée sur cet EWS en Espagne ! Elle repart avec 4 temps scratch (soit un de plus que Moseley), mais elle n’a pas réussi à reprendre suffisamment de temps à la reine de la discipline pour espérer s’imposer. Elle renforce par contre sa 2e place au général.
Isabeau Courdurier réalise aussi une très bonne opération en prenant la 3e place devant sa coéquipière québécoise Andréane Lanthier-Nadeau. Elle profite également des déboires d’Anneke Beerten pour prendre la 3e place du classement général provisoire.
Anneke Beerten justement, a connu un week-end noir sur cet EWS #7. Dès la SP2, elle chute, avant de perdre encore énormément de temps dans la SP6. Elle termine seulement 13e et elle rétrograde à la 4e place du général…
Grand sourire par contre du côté de Pauline Dieffenthaler, qui a pointé en 4e position un moment et qui décroche finalement la 6eme place, soit son meilleur résultat en EWS cette saison. Comme le dit son compagnon Jérôme Clementz : « C’est definitivement elle la leader du team! »
On termine par une petite photo des deux vainqueurs et on vous dit à la semaine prochaine pour suivre la dernière manche à Finale Ligure, où Vojo sera bien évidemment présent !
EWS #7 Spain : Résultats
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