EWS #4 | La Thuile : Rude, l’extraterrestre des montagnes
Par Olivier Béart -
Quel que soit le terrain, Richie Rude survole les débat en Enduro World Series cette saison et il n’y a guère qu’une crevaison qui a réussi à l’écarter de la première place en Irlande. Car, après deux victoires en Amérique du Sud, il semble en bonne voie pour signer un troisième succès sur cette quatrième manche de La Thuile ! Après avoir dominé la première journée avec 3 scratches en 3 spéciales, il a remis le couvert ce dimanche, laissant juste un meilleur temps à Sam Hill, 2e au général devant Damien Oton. Voici notre grand portfolio de ces deux journées passées au coeur des montagnes, dans des paysages somptueux.
Dans les stands, on se prépare dur pour affronter cette deuxième journée de course. Chacun sa méthode : concentration et détente en mode « carpette » pour Adrien Dailly, alors que Théo Galy confie ses avant-bras à de charmantes mains expertes. Une précaution pas du tout superflue vu la longueur et la difficulté des spéciales !
Richie Rude a une fois de plus impressionné tout le monde sur cette manche de La Thuile. Vainqueur pour la 3e fois en 4 courses, il montre qu’il est le maître incontesté de la discipline, tant grâce à sa pointe de vitesse en descente que par ses capacités physiques. D’autant que le seul qui semblait capable de le suivre depuis le début de la saison, Martin Maes, était absent pour cause de poignet pas encore bien remis suite à une chute spectaculaire lors de la Coupe du Monde de DH de Fort William.
A l’arrivée, le pilote Yeti partage ses impressions : « C’est vraiment un super sentiment de rouler comme cela sur un tracé comme celui-ci. L’écart est important ? Oui, c’est vrai, et je travaille beaucoup mon physique. J’aime cela, c’est un des aspects du sport qui me passionne. Et je ne roule pas à l’économie. »
« Jusqu’à la dernière spéciale, j’ai roulé à fond sans non plus prendre trop de risques. En cas de pépin, chaque seconde peut compter alors tant que tout roule, il faut mettre un maximum de secondes de son côté. »
Derrière lui, c’est Sam Hill qui brille par sa pointe de vitesses mais, lui aussi, par sa bonne préparation physique. Il prend pour la deuxième fois la seconde marche du podium, après l’Irlande.
Damien Oton, qui a bataillé avec lui pendant toute la course, s’est dit épaté par l’ancien champion du Monde de descente : « Je me doutais que Sam Hill serait fort ici sur certaines spéciales vu le profil très descendant, mais je ne pensais pas qu’il serait si régulier. Dans la dernière spéciale par exemple, avec ses pédales plates et ses qualités de descendeur, je m’attendais à ce qu’il soit rapide. Mais même le premier jour dans le 3, alors qu’il y a une grosse bosse au milieu, il pointe devant. Ca devient un sérieux cleint en enduro ! »
Oton, justement, a aussi connu un très bon week-end même s’il n’a pas pu lutter pour la victoire. « Je suis heureux du résultat, mais aussi super content d’avoir couru sur un aussi beau parcours. Pour moi c’est le plus beau de la saison pour le moment. Et être sur le podium derrière deux champions du Monde, c’est plutôt sympa. Je passe aussi 2e au général avec un peu d’avance, c’est bien. Rude est intouchable, il est sur une autre planète, je ne sais pas comment le battre à moins qu’il ait un souci… ce que je ne lui souhaite pas. Il m’a doublé dans une spéciale où je fais ex-aequo avec Sam Hill. Dans la dernière montée, c’était très raide, j’avais l’impression d’aller vite, j’avais des bonnes jambes… et j’ai vu un extraterrestre passer à ma droite ! Il y avait de la poussière quand il m’a passé ! Il est aussi fort en montée qu’en descente, c’est la folie ! »
François Bailly-Maître signe une très belle 4e place, après une belle remontée le 2e jour… lors duquel il a réussi à passer au travers des soucis mécaniques qui ont retardé quelques-uns de ses concurrents directs comme Nicolas Lau. Pourtant, le pilote BMC n’avait pas des sensations extraodinaires : « Je ne me sentais pas aussi bien que pendant les recos. J’ai été super vite avant la course et je me disais que le podium était possible mais je n’ai pas réussi à concrétiser en course, même si au final je ne suis pas loin grâce à ma régularité. J’ai fait des erreurs mais pas tant que cela et j’ai gardé le tempo jusqu’au bout, notamment car je ne savais pas que Nico (Lau) avait crevé et n’était plus à mes trousses. Ce qui est marrant c’est que je fais deux top 5 sur les trois SP les plus descendantes… et je me prends des valises quand ça grimpe. J’avais les jambes qui tétanisaient de suite. Je ne sais pas si c’est fatigue des recos ou l’enchainement TransProvence/Mega qui était un peu too much. Mais en tout cas, j’en ai ch… ! »
Florian Nicolaï confirme lui aussi qu’il est un des hommes les plus réguliers de la saison en signant pour la troisième fois un top 5 cette saison. « C’était un week-end très dur, et plus spécialement la deuxième journée. La SP4, ce n’était pas vraiment mon truc car c’est très physique mais la 5 c’est tout ce que j’aime et pourtant le chrono n’est pas extraordinaire. J’étais à l’arrêt sur la fin tellement j’avais mal aux bras, j’ai dû baisser le rythme. Par contre, sur la 6, j’ai réussi à me remotiver et je redresse la barre. Au final, je prends cette 5e place sur la régularité. » Ce qui lui permet de pointer maintenant à la 3e place du général provisoire.
Curtis Keene a connu un week-end contrasté. Malgré deux chronos au-delà du top 20, il a aussi signé quelques coups d’éclat qui lui ont permis de prendre la 6e place du général.
Son coéquipier star, Jared Graves, n’a par contre pas terminé la course. Victime de sa deuxième crevaison du week-end dans la SP5, il a jeté l’éponge.
Beau coup d’éclat par contre pour le Suédois Robin Wallner, déjà 10e en Argentine et qui signe ici son meilleur résultat en EWS avec une 7e position devant l’Australien Jack Moir. Ce qui a bien aidé Ibis à prendre la 2e place du général des teams.
Jérôme Clementz a eu du mal à se mettre dedans. Mais il ne s’est pas découragé et il a mis les bouchées double le dimanche. Une stratégie payante qui lui permet de rentrer dans le top 10 ! « Dimanche, j’ai roulé plus propre. J’espérais revenir dans le top 10, même si 12/13e me semblait plus réaliste. Et là je fais 9 donc je suis vraiment content. Cela montre qu’il ne faut jamais abandonner ! Je prends aussi de bons points pour le général, c’est pas mal. Par contre, il faut que je travaille sur ma vitesse pure pour faire mieux sur les prochaines manches. »
Petit coup d’oeil aussi sur Antonio Ferreiro, 14e, qui revient ici sur Bryan Regnier dans le gros pierrier de la dernière spéciale, qui illustre bien la difficulté de cet enduro ! Profitons-en pour nous pencher sur la course des principaux autres pilotes Français engagés.
La course des Français
Aux portes du top 10, on retrouve Alexandre Cure, 11e. Il s’est fait remarquer par un 4e temps dans la première spéciale et il pointe désormais à la 7e place du général.
Grand retour pour Fabien Barel, dont la 17e place finale n’est pas vraiment représentative de ses performances du week-end ! En effet, sans un souci technique dès la première spéciale où il signe le 134e temps, il aurait pu grimper sur le podium. Tous ses autres chronos sont dans le top 10 et il signe même le 3e temps dans la SP5. Le jeune retraité n’a pas dit son dernier mot !
Remy Absalon 18e, signe une course régulière.
Thomas Lapeyrie est juste derrière, 19e, mais avec des chronos plus en dents de scie.
Signalons aussi la grosse performance de Bryan Regnier, 27e malgré des côtes et un pouce encore en vrac suite à son énorme chute en tentant un nouveau gap il y a quelques semaines. Respect. On citera aussi Pierre-Charles Georges (21e), Théo Galy (22e), Irenee Menjou (26e) ou encore Benoît Clément (28e) pour ceux qui rentrent dans le top 30.
Gros coup dur par contre pour Nicolas Lau, 44e à cause d’une crevaison dans la 5e spéciale… alors qu’il occupait la 4e place du général juste avant. Même s’il a de gros avantage et qu’il semble l’avoir adopté, le 29 » serait-il plus sensible aux crevaisons ?
Enfin, du côté des Belges, Johnny Magis est 94e et Olivier Bruwiere 97e.
Junior
Adrien Dailly a dominé sa catégorie, mais il a aussi et surtout signé une énorme performance ! 3e du général le premier jour, il a un peu rétrogradé le deuxième jour mais il se serait classé 7e au scratch si les classements étaient combinés ! De quoi envisager l’avenir avec sérénité. Même constat pour Sébastien Claquin, 2e en U21 et qui occuperait la 16e place scratch. Joli !
Dames
Une fois encore, quand Tracy Moseley n’est pas là, Cécile Ravanel écrase la concurrence. Auteure de tous les scratches, elle s’impose avec plus de 2’30 » d’avance sur sa dauphine.
Celle qui prend la deuxième place, c’est Isabeau Courdurier, hyper contente d’enfin réussir à monter sur cette marche du podium : « Cela faisait cinq fois que je faisais 3e, et à chaque fois c’était derrière une fille différente ! Il fallait bien que ça tombe enfin sur moi. Et, pfiouh, c’était dur ! Il a fallu aller la chercher cette deuxième place. Sur la SP4 j’ai vraiment tout donné… et je ne fais pas un super temps. La 5, j’ai géré, c’était de la survie, c’était dur à accepter d’être sur la retenue mais ça a payé et sur la dernière ça s’est bien passé. Je suis trop contente ! »
La Canadienne Andréanne Lanthier Nadeau montre l’étendue de son talent et sa montée en puissance dans la discipline en signant une superbe 3e place.
Junior Filles
Chez les jeunes Dames, outre la victoire de Raphaëla Richter, on notera aussi la belle 2e place de Martina Berta, championne du Monde U23 de XC en 2015 et 2e en 2016, dont il s’agissait du premier enduro.
Master
Karim Amour poursuit sa domination sans partage. Parfaitement remis de sa grosse blessure au dos qui l’avait tenu écarté des circuits un moment l’an dernier, il remporte largement sa catégorie.
A la fin de la course, le public très nombreux de La Thuile descend de la montagne pour aller acclamer les pilotes près du podium.
… Et plus particulièrement la star du week-end, Richie Rude. Rendez-vous au USA fin juillet, à Aspen, pour la manche américaine en attendant celle, mythique, de Whistler ! Rude restera-t-il le maître incontesté ?
Résultats complets
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Jour 1
Face au Mont Blanc et sur des sentiers très naturels, les meilleurs enduristes de la planète sont de retour pour en découdre après une longue pause. les pilotes auront-ils réussi à gérer convenablement cette coupure en planifiant leurs pics de forme et en conservant suffisamment de vitesse ? Richie Rude, le grand vainqueur de la première partie de saison sera-t-il en mesure de contenir les attaques de ses adversaires ?
Après une journée de course et trois spéciales, l’Américain est serein dans sa préparation et ses performances, il domine largement la course après près de 27 minutes de spéciales.
Rude 2, incroyable, tout le monde se demande comment il fait pour mettre de tels écarts à ses adversaires. Un extraterrestre. Autant dans les portions de descentes engagées que dans les parties physiques.
Sam Hill, déjà 2e en Irlande continue sa montée en puissance en enduro. La légende des pistes de descente peine à conserver son niveau dans sa discipline de prédilection mais s’épanouit en enduro malgré ses récentes blessures.
Sam Hill n’est plus à considérer comme un « simple » descendeur venu s’essayer à l’enduro mais comme une menace potentielle pour la première place sur toutes les courses auxquelles il participe.
Damien Oton, 3e prouve une nouvelle fois son excellente forme cette saison et encore plus sur cette étape des EWS qu’il avait remporté en 2014.
Mais le « vrai » 3e scratch de cette première journée, c’est lui : Adrien Dailly, solide leader du classement U21, qui épate la galerie en pointant à 11 secondes de Hill et 3 secondes devant Damien Oton !
Toujours en U21, Sébastien Claquin n’est pas mal du tout non plus dans son genre ! 2e de sa catégorie, il pointe à la 11e place scratch !
Nicolas Lau, 4e en Cube Stereo 29″, qu’il ne quitte plus après sa victoire sur la Transprovence. Il devrait d’ailleurs conserver cette montures pour les deux futures manches Nord-Américaines.
Florian Nicolai 5e, devant son coéquipier Jesse Melamed. Le pilote azuréen est à une minute de Richie Rude mais très proche du podium.
Malgré des sensations qu’il décrit lui-même comme « moyennes », François Bailly-Maître pointe en 7e position.
Il devance Jared Graves, retardé dans la première spéciale où il ne signe que le 30e chrono, mais qui a ensuite enchaîné avec un 8e et un 4e temps.
Alex Cure prend une très encourageant 9e place sur les tracés de La Thuile.
devant Curtis Keene, qui semble prendre son pied.
Lui aussi habitué des EWS depuis quelques temps, le Néo-Zélandais Sam Blenkinsop est 15e. Du côté des descendeurs, Troy Brosnan réussit à accrocher la 17ème place de cette première journée.
Après une nouvelle victoire sur la Mégavalanche, Rémy Absalon se place 23ème à l’issue des trois premières spéciales de la course.
Il devance d’une place un autre vosgien : Pierre-Charles Georges.
Jérôme Clementz chute en début de journée et perd un temps précieux, il se classe 18ème de cette première journée. Peu en forme à La Thuile, Nicolas Vouilloz peine à trouver son rythme de course.
Fabien Barel est de retour sur les EWS pour cette étape (et peut-être plus ? ) italienne. Malgré un ennui mécanique dans la première spéciale, il réalise le 10ème puis le 8ème temps des deux spéciales suivantes. Pas mal pour un retraité.
Dames
Cécile Ravanel termine 1ère de cette journée et confirme sa domination sur ses concurrentes. Dans la première spéciale de la journée, la pilote Commencal tape un arbre et sort de la trace. Elle réalisera plus tard que l’arbre en question n’était autre que Jared Graves venu reconnaître les premiers virages du tracé au mauvais moment.
Isabeau Courdurier est à l’attaque derrière Cécile Ravanel même si cette dernière la tient bien à distance.
La bataille fait rage aujourd’hui à la Thuile et c’est face au Mont Blanc qu’un nouveau trophée sera décerné. Quelqu’un arrivera-t-il à voler la vedette à Richie Rude ? Rendez-vous très vite pour découvrir les images du second et dernier jour de course.
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