Espero | Picture : la volonté de faire différemment… en bien !
Par Adrien Protano -
Si la pratique du VTT comme hobby est sensiblement proche et connectée à la nature, l’industrie qui l’entoure l’est souvent un peu moins. Pourtant, certains acteurs s’emploient à « mieux » faire les choses. Cette nouvelle rubrique baptisée « Espero », se veut être la tribune de ces efforts observés dans le monde du vélo. Pour ce premier sujet, Picture nous présente sa démarche, avec une volonté de production en Europe accompagnée d’une démarche éco-responsable, et aussi avec un objectif de réparabilité de ses produits et une diminution du nombre de collections :
Espero est une nouvelle rubrique de la rédaction que nous souhaitons vous proposer de manière régulière dès à présent. Avant d’attaquer le premier sujet, laissez-nous rapidement vous expliquer de quoi il s’agit :
Espero se veut être la tribune des gestes et actions qui vont dans le bon sens dans le monde du vélo, c’est pourquoi la parole est donnée aux acteurs sous forme de trois questions schématiques et récurrentes. L’idée est d’ici offrir un amphithéâtre plutôt qu’un tribunal, car nous sommes convaincus que les choses évoluent en discutant et en propageant un message positif.
Voilà qui explique le titre de cette nouvelle rubrique. Signifiant « Espoir » en espéranto (langue universelle), Espero porte un message positif et d’espoir : celui qu’à terme, de plus en plus de marques feront un effort d’un point de vue écologique.
Loin de la volonté de nous placer comme juge, nous préférons mettre en avant les gestes qui vont dans le bon sens, afin d’encourager la majorité à suivre le mouvement. Sans qualification utile pour juger réellement de ces actions et sans possibilité de contrôle précis et global de l’action, l’objectif est d’offrir un espace de communication aux acteurs pour que chacun puisse apprécier ces actions et en inciter d’autres à leur emboiter le pas.
Installé à quelques pas de la rédaction d’Annecy, on a déjà eu l’occasion de vous parler de Picture Organic Clothing ainsi que de son ambition : la marque et sa production se veulent éco-responsables (cf. Découverte | Picture Organic Clothing présente une gamme VTT).
Pour y parvenir, la marque française suit différents axes. Florian Palluel, Sustainability Manager au sein de la marque, s’est prêté au jeu de l’interview, face aux trois questions schématiques d’Espero, pour nous expliquer cela en détail :
Quelle est la réflexion qui a mené à cette action ?
Dès la création de l’entreprise en 2008, il y a eu le choix d’aller sur des matières et des usines spécifiques pour avoir l’impact environnemental le plus faible possible et collaborer avec celles-ci sur le long terme. En plus du choix des matières, on met également en place une réflexion dès l’étape de conception pour favoriser la réparation de nos articles. En plus de cela, on réfléchit sur les méthodes de création et de commercialisation. Par exemple, réduire le nombre de collections par an et limiter les effets de fast-fashion avec des prix cassés, pour tenter d’éviter la surconsommation.
Il faut aller vers une production d’énergie moins impactante comme il est possible de faire en Europe avec des méthode de production renouvelables ou moins polluantes
Les chaînes d’approvisionnement et la fabrication en elle-même sont des points importants. Au-delà d’une simple production en Europe, la manière dont va être produite l’électricité utilisée dans les machines de fabrication l’est également, surtout quand on sait que la production de cette énergie représente en elle-même 23 % des émissions de CO2 actuellement. Voilà pourquoi aller vers une production d’énergie moins impactante comme il est possible de faire en Europe avec des méthodes de production renouvelables ou moins polluantes prend tout son sens. Ce point sur la production des énergies utilisées par les machines est d’ailleurs plus valorisant que le point sur le transport par exemple qui ne représente au final que 1 à 3 % des émissions totales. Généralement, dans le milieu du textile, le choix de fabriquer en Asie est surtout fait pour réduire le coût de production, mais c’est un problème qui est lié au modèle de revente via des magasins. Or, si l’on passe par de la vente en direct, on fait sauter un acteur de la chaîne et donc les tarifs publics pourraient être similaires, mais avec une fabrication en Europe.
Pourquoi cette action ? Pour quelles raisons ?
Du côté des collections, 80 % sont fabriquées à base de matière première recyclée, biologique… C’est important pour nous de ne pas juste mettre en avant une petite capsule au milieu d’autres collections, mais que les efforts et les actions soient faites sur la majorité des références que l’on sort.
Pour reprendre un sujet actuel, depuis 2017 chez Picture, on n’utilise plus aucun PFC (perfluocarbures) qui sont notamment utilisés dans le textile pour les traitements déperlants. Alors effectivement, le niveau de performance de cette méthode sans PFC est moins important que les méthodes qui en utilisent, mais est-ce que les performances de certaines vestes ou autres ne se placent pas à un niveau de surconfort ? Je pense que si l’on ne veut pas rejeter des polluants dans la fabrication ou même pendant l’utilisation de vêtement, il faudra certainement accepter l’idée qu’il n’est pas possible de rester totalement sec sous des trombes d’eau pendant des heures.
On encourage les gens qui auraient besoin d'équipement sur des périodes de moins de 15 jours à louer leur matériel plutôt qu'à l'acheter.
Depuis l’automne 2020, les produits suivants sont couverts par une garantie réparabilité à vie de 99 ans : vestes techniques (vêtement porté en troisième couche, imperméable et constitué d’une fermeture à zip et/ou pression), polaire technique (vêtement porté en couche intermédiaire, constitué d’une fermeture à zip et/ou pression), pantalons techniques (vêtement imperméable, tissu technique) et sacs à dos. La garantie fonctionne aussi pour les produits des anciennes collections. Pour l’instant, seuls les marchés européens et nord-américains sont concernés. Concrètement, seul l’envoi est à charge du client. La réparation et le retour sont pris en charge par Picture.
On se limite également à 2 collections (printemps/été et automne/hiver) par an et pas 5, 10 ou 20 comme on peut régulièrement voir dans la fast fashion. Il existe depuis quelque temps un service de location d’équipement chez Picture ! On encourage les gens qui auraient besoin d’équipement sur des périodes de moins de 15 jours à louer leur matériel plutôt qu’à l’acheter. L’idée est de satisfaire un besoin sans être propriétaire et donc produire moins.
Et pour l’avenir, il reste quoi à faire ?
On va accélérer et développer au maximum le service de location. Côté création/ développement, on va se rapprocher du « workwear » qui est un secteur dans lequel des efforts seront à faire et seront demandés, et on va également recentrer une part importante du chiffre d’affaires sur le VTT par rapport aux collections ski/snowboard actuellement majoritaires. Picture a également prévu de réduire de 25 % le nombre de références dans ses prochaines collections et d’augmenter de 30 % l’intemporalité des collections en proposant la reconduction de certaines références d’une année à l’autre. Pour finir, on est également en train de travailler à la mise en place d’une charte de réparabilité des produits.
N’hésitez pas à (re)découvrir notre podcast sur Picture (cf. Lunch Ride | Julien Durant : lancer Picture dans le VTT) ainsi que notre article complet lors de la visite des locaux de la marque (cf. Découverte | Picture Organic Clothing présente une gamme VTT)
Pour plus d’informations : https://www.picture-organic-clothing.com/fr