EDR 2024 #1 | Finale Ligure : pas de nouvel ordre mondial

Par Paul Humbert -

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EDR 2024 #1 | Finale Ligure : pas de nouvel ordre mondial

2024 sera une année importante pour l’enduro. Après une inter-saison rythmée par des annonces de teams qui s’arrêtent puis se lancent, des athlètes laissés sans support, un championnat du Monde toujours pas officiel et une catégorie e-bike poussée par l’organisation, il fallait relancer la machine à Finale Ligure. C’est dans le coeur historique de l’enduro que la saison a posé une nouvelle fois ses bases, et sur les spéciales, le sport reprend ses droits. 

Le début de saison a toujours cette saveur un petit peu particulière. On est heureux de retrouver les athlètes, qui de leur côté attendent de pouvoir en découdre après un hiver studieux. Les courses d’entraînement les aident à se mettre dans le rythme, mais il n’y a pas de véritable confrontation avant la première coupe du Monde. 

La destination de Finale Ligure fait également figure de « mètre étalon ». Les pistes iconiques de Ligurie sont connues de tous et permettent de juger de sa forme facilement. 

Au programme des athlètes EDR : une journée de reconnaissance le vendredi, la course EDR le samedi, et la course d’E-bike E-EDR le dimanche. On notera que quelques athlètes ont décidé de jouer sur les deux tableaux, et tout particulièrement l’équipe Scott SR-Suntour composée d’Hugo Pigeon et d’Emeric Ienzer.

Une saison qui commence, c’est également le nouveau matériel qui se dévoile officiellement. On a repéré des suspensions électroniques chez Rockshox et chez Fox, un nouveau pneu Hutchinson, des protos Look et pas mal de petites choses qu’on vous présente dans un article dédié.

Petit coup de tonnerre en début de week-end, Isabeau Courdurier, la triple vainqueur du classement général et pilote Lapierre-Zipp annonce qu’elle marquera une pause dans sa carrière en 2025.

Au programme de la course, 5 spéciales incluant principalement des traces emblématiques de la destination pour se conclure sur la plus iconique d’entre elles : DH Men qui plonge les athlètes du sommet des collines jusqu’à la mer. 

Après une journée de reconnaissances rythmée par des « shuttles » en voiture pour s’économiser physiquement autant que possible, les athlètes ont alerté l’organisation sur les timings serrés entre les spéciales. Le dénivelé positif annoncé de 1600 mètres n’a rien pour effrayer les athlètes, mais le rythme imposé pourrait nuire de manière trop marquée aux performances en spéciales. 

Le programme est ainsi annoncé comme très physique, avec des tracés assez sinueux et roulants, et une spéciale 3 de plus de 7 kilomètres comprenant de grosses relances. 

L’organisation est restée inflexible et les craintes des pilotes se sont révélées exactes. Dès la liaison entre la spéciale 2 et la spéciale 3, de nombreux athlètes se sont retrouvés hors timing, et les délais rallongés n’ont fait que créer une forme d’anxiété généralisée pour ne pas rater son départ, ou profiter d’un éventuel délai pour conserver son énergie. 

Conséquence indirecte, l’évacuation d’une athlète sur la spéciale 4 a ajouté une contrainte supplémentaire au timing, et l’organisation a fait le choix d’annuler la spéciale en cours. 

Dames 

En 2023, l’ouverture de la saison avait lieu dans la vallée voisine, à Pietra Ligure, et avait vu Morgane Charre s’imposer. En 2024, Finale Ligure avait sa favorite : Isabeau Courdurier puisqu’elle a rarement manqué un podium sur cette course. La première spéciale semblait conforter cette hypothèse puisque la française prend la tête de la première spéciale. 

Son avance de 6 secondes sera vite grignotée par la femme du jour : Harriet Harnden. La pilote Trek remporte la deuxième spéciale en plus de 9 minutes au chrono. 

Elle devance Morgane Charre qui avait misé sur le Pivot Switchblade, un vélo plus léger que son Firebird habituel. 

Ella Conolly reste en ambuscade dès les premières spéciales de la journée. Elle fera une course régulière jusqu’à la dernière spéciale du jour. 

La liaison de la spéciale 3 aura entamé le physique et le moral de toutes les participantes, si bien que certaines d’entre elles partiront en retard. À l’approche de ce chrono qui s’annonçait comme le plus exigeant, toutes étaient fébriles. Toutes sauf une : Harriet Harnden. L’Anglaise enfonce le clou et prend 20 secondes d’avance sur sa première poursuivante, Rae Morrison. Dans cette spéciale, les deux athlètes marquent leur domination sur un tracé truffé de relances.

Il faut ensuite tirer un trait sur la spéciale 4 pour envisager de reprendre du temps sur l’anglaise. La spéciale est annulée alors qu’une partie des concurrents l’a déjà parcourue. 

Cette annulation enlève toutefois une épine du pied de certains concurrents. Le départ de la spéciale « Rocche Gianche » se fait sur une roche acérée en dévers, un passage casse-tête pour de nombreux athlètes aux reconnaissances. Du côté des dames, Isabeau Courdurier ne cache pas sa déception (après avoir souhaité un bon rétablissement à la pilote blessée) puisqu’elle affectionne ce tracé. Place à la suite. 

Si l’enduro devait avoir une spéciale iconique, ça serait « DH Men » : un nom désuet et un intérêt hors compétition assez limité, mais une des plus belle vues du sport. Dans le dernier pierrier, des centaines de spectateurs s’amassent. 

C’est Isabeau Courdurier puis Morgane Charre et Ella Conolly qui se positionneront le mieux sur la descente. 

Ça ne suffira toutefois pas à rattraper le retard creusé par la pilote Trek. Harriet Harnden s’impose avec plus de 8 secondes au général : « Je ne pensais pas que ça arriverait. Je doutais de moi avant le début de la course, mais j’ai pu inverser ça et m’adapter à ce qui se présentait à nous. C’est ça l’enduro. »

Sur le podium, c’est Isabeau Courdurier qui est deuxième, suivie par Ella Connoly. Pour cette dernière, «le travail paye et je suis heureuse de pouvoir me comparer aux autres ». 

Morgane Charre et Rae Morisson complètent le top 5. 

Mélanie Pugin est 7ème, derrière Raphaëla Richter et juste devant Nadine Ellecosta et Andreane Lanthier Nadeau.  

Les résultats dames, EDR Finale Ligure 2024 : https://live.ucimtbworldseries.com/

Hommes  

Chez les hommes, il faut compter un absent de taille au départ de la course. Jack Moir est annoncé comme blessé après une chute aux reconnaissances. 

Les hostilités sont lancées dès la spéciale 1 par les hommes qui feront la course du jour. 

Premier au chrono, Richie Rude confirme son statut de leader à l’issue de la saison 2023. Il remporte la première spéciale juste devant Martin Maes. 

Le pilote belge continue sur sa lancée après une 21ème place en descente à Fort William. Après une prise de recul sur sa pratique l’année passée (comme il nous le confiait dans notre épisode du Lunch Ride il revient plus en forme que jamais. On l’a d’ailleurs observé très en confiance aux reconnaissances, talonné de près par Gilles Franck aujourd’hui en charge de la mécanique pour le pilote Orbea. 

Pilote talentueux et champion d’Italie, Mirco Vendemmia impressionne au guidon de son Ancilotti. Porté par son public, ll prend la troisième place de cette première spéciale. 

Slawomir Lukasik ne fait plus figure d’outsider aujourd’hui et continue sa progression vers le podium en prenant la quatrième place. Il prendra ensuite la troisième place de la spéciale suivante et prouve qu’il ne compte pas attendre que le podium vienne à lui. Sur la spéciale 3, il chipe de peu le meilleur chrono de la plus grosse spéciale du jour et prive son coéquipier Richie Rude d’un strike sur les quatre spéciales du jour. 

Dès la spéciale 2, Charles Murray entame une remontée au classement et réalise une course très régulière. 

Sur la troisième spéciale très physique, on retrouve Jesse Melamed à la troisième place. Le descendeur canadien Finn Illes était sur le bord des spéciales pour encourager ses compatriotes. 

Premier Français sur cette spéciale clé de la journée, Dimitri Tordo est 6ème. 

À ce stade de la course, les deux pilotes Yeti ne sont départagés que par un centième de seconde. Tout se jouera dans « DH Men ». 

Le soleil baisse et on approche des 18h30 quand les meilleurs hommes plongent vers la Méditerranée. 

Richie Rude engloutit la spéciale en moins de 4 minutes 30 et prend plus de 6 secondes d’avance sur Martin Maes. 

Charles Murray confirme sa place sur le podium en prenant la troisième place de la spéciale : « Quand ça devient dur, je baisse la tête et je continue. »

Sur cette descente iconique, il est suivi par Greg Callaghan qui marque son grand retour dans le top 5 après un hiver à se construire une structure individuelle suite à l’arrêt de l’équipe Devinci. 

On retrouve quatre Français dans le top 10 de cette spéciale : Kévin Miquel (6), Hugo Pigeon (7), Louis Jeandel (9) et Dimitri Tordo (10). 

Au classement de la journée, c’est Richie Rude qui est incontestablement le plus fort. Il monte sur la première marche du podium devant Charles Murray et Martin Maes. Pour Richie Rude, c’est la spéciale 1 qui a tout enclenché : « Une victoire sur la première spéciale, ça aide pour la confiance. On sait qu’on peut le faire et on fait confiance à son rythme pendant la journée. » 

Le top 5 est complété par Mirco Vendemmia et Lukasik Slawomir. Jesse Melamed est 6ème. 

Greg Callaghan et Dimitri Tordo terminent aux 7ème et 8ème places. Les deux pilotes se sont retrouvés sans soutien d’une équipe fin 2023 et prennent leur revanche en prouvant leur haut potentiel même sans structure en support. 

On retrouve ensuite un trio francophone : Youn Deniaud (9), Kévin Miquel (10) et Louis Jeandel (11). 

Les résultats hommes, EDR Finale Ligure 2024 : https://live.ucimtbworldseries.com/

U21 

Chez les dames, la victoire est tricolore : Lily Planquart s’impose avec une généreuse avance de 44 secondes sur la Canadienne Elly Hoskin. Simona Kuchynkova prend le bronze. 

Chez les juniors hommes, c’est le jeune Bailey Christie qui l’emporte devant un autre pilote Yeti : Jt Fisher. On retrouve ensuite un Français à la troisième place : Marius Tenet Berrat monte sur le podium de Finale Ligure. 

E-EDR 

C’est la rumeur qui persistait pendant l’inter-saison : les organisateurs de la coupe du Monde d’enduro aimeraient pousser tout particulièrement le VTTAE. Au départ de la première course de la saison, on compte 34 hommes et 8 femmes. 

Les pilotes de l’E-EDR ont bénéficié d’une journée de repos entre les reconnaissances du vendredi et la course du dimanche. Pour les pilotes qui souhaitaient jouer sur les deux tableaux, c’était possible, à condition de reconnaître les spéciales communes aux deux courses en VTT d’enduro classique. C’est logique, mais sur une grosse journée de reconnaissance, c’est s’ajouter une pression supplémentaire.

La course E-EDR comprenait 9 spéciales, dont deux « Power Stages » en montée.

À l’issue de la course, c’est Ryan Gilchrist qui s’impose au guidon de son Yeti. Il devance José Borges et Cecce Camoin sur Specialized. 

Au guidon du nouveau Orbea Rise, on retrouve Damien Oton en cinquième position. 

Chez les dames, c’est Florencia Espiñeira Herreros qui s’impose en grande favorite. Le nom de la médaillée d’argent vous sera familier : c’est Tracey Moseley qui monte sur le podium. Elle devance de trois secondes Laura Charles.

Les résultats, E-EDR Finale Ligure 2024 : https://live.ucimtbworldseries.com/ 

Rendez-vous en Pologne dans quelques jours pour la seconde manche de la saison, dans une destination inédite !

ParPaul Humbert