EDR 2024 #6 | Loudenvielle : Morgane Charre et Martin Maes, des sourires dans la boue

Par Adrien Protano -

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EDR 2024 #6 | Loudenvielle : Morgane Charre et Martin Maes, des sourires dans la boue

Et nous voilà déjà à la manche finale de cette saison 2024 des EDR/E-EDR. Pour finir en beauté, c’est à Loudenveille, dans les Pyrénées, que les enduristes avaient rendez-vous. Sous une pluie diluvienne, est-ce que les leaders actuels du classement général, Richie Rude et Isabeau Courdurier, pouvaient être renversés ? Une chose est sûre, cette journée de course a réservé bien du suspense ! Récit et résultats complets : 

À une semaine des premiers championnats du monde de l’histoire de la discipline, c’est en terrain connu que se déroulait la manche finale des EDR/E-EDR. Au coeur de la vallée du Louron, Loudenvielle n’en est pas à son coup d’essai en enduro, manche des feux EWS de 2021 à 2023 et au programme de la coupe du monde EDR/E-EDR pour ces deux dernières années.

Si le soleil battait son plein lors de la précédente édition, une année plus tôt, c'est ici la pluie et les nuages qui se sont invités

Si le soleil brillait lors de la précédente édition, une année plus tôt, c’est ici la pluie et les nuages qui se sont invités à l’ultime réunion des enduristes dans cette coupe du monde 2024, rendant les spéciales particulièrement boueuses et imprévisibles. De quoi rajouter une sacrée dose de suspense dans les batailles au classement général.

Bon, chez les Hommes, l’affaire semble dans le sac pour Richie Rude… Le champion en titre affiche 342 points d’avance sur son rival direct et coéquipier Slawomir Lukasik, et il faudrait ainsi que l’Américain termine au-delà de la 18e place pour imaginer un retournement de situation… lui qui n’a jamais fini au-delà de la 3e position cette année. La bataille va plutôt se jouer, juste derrière, pour la deuxième place sur le podium, avec un duel entre Charles Murray et Slawomir Lukasik.

Chez les Femmes, cette manche finale va être une jolie représentation de la saison qui vient de se dérouler, avec un magnifique duel entre Isabeau Courdurier et Harriet Harnden, séparées par 63 petits points au classement général à ce stade, et avec rappelons-le 500 points en jeu sur cette ultime finale. La médaille de bronze est tout autant sujette à suspense, avec seulement 21 points d’écart entre Ella Conolly et Morgane Charre.

Au matin de la course, la nouvelle tombe : les prévisions météo annoncent de fortes rafales de vent, et le télésiège amenant les pilotes au départ de la spéciale n°3 restera fermé ce samedi, ce qui amène les organisateurs à annuler ladite spéciale. Les pilotes passeront directement de la spéciale n°2 à la quatrième et dernière spéciale.

Femmes :

D’entrée de jeu, Harriet Harnden donne le ton et s’offre le scratch sur la première spéciale, avec plus de 5 secondes d’avance sur Ella Conolly et plus de 17 secondes sur Isabeau Courdurier… C’est ce qu’on appelle rentrer par la grande porte ! Le suspense va être entier en cette ultime journée de course au titre.

La deuxième spéciale va être encore plus surprenante, avec des chronos affichant des écarts très importants. Mélanie Pugin est la plus rapide, et devance de 15 secondes Morgane Charre (ici en photo). Derrière, ce sont 30 secondes supplémentaires qui séparent la pilote française et l’Anglaise Ella Conolly. Harriet Harnden est 5e à 56 secondes, tandis qu’Isabeau Courdurier est 12e, à presque deux minutes et 30 secondes de retard…. victime d’une casse de chaîne.

En temps normal, on aurait tendance à se dire que les jeux sont faits, mais vu les écarts sur les deux premières spéciales, tout est encore possible.

L’initiale troisième spéciale étant supprimée, les pilotes mettent directement le cap vers Zebre, troisième et avant-dernière spéciale du jour. Sur celle-ci, Harriet Harnden reprend du terrain en s’offrant le meilleur temps devant Ella Conolly et Isabeau Courdurier, mais cela ne suffit pas pour revenir sur l’avance prise par la Française Mélanie Pugin sur la spéciale précédente. La Française est en tête du classement provisoire au moment d’entamer la dernière spéciale, Harriet Harnden est 3e, tandis qu’Isabeau Courdurier est 11e, avec environ une minute et cinquante secondes de retard sur l’Anglaise. En temps normal, on aurait tendance à se dire que les jeux sont faits, mais vu les écarts sur les deux premières spéciales, tout est encore possible.

Et cette dernière spéciale va complètement bouleverser le classement général : Morgane Charre signe le troisième meilleur temps sur cette dernière spéciale, derrière Ella Conolly et Harriet Harnden, ce qui lui permet de prendre la première place au classement scratch, avec 5 secondes d’avance !

Mélanie Pugin et Ella Conolly complètent le podium. Harriet Harnden, qui avait commencé la journée en grande pompe, est 4e.« J’aime beaucoup ces conditions, c’est vraiment amusant. Je me suis améliorée de plus en plus malgré la pluie. Je suis tellement contente d’avoir gagné. Avant la dernière spéciale, Mélanie (Pugin) avait huit secondes d’avance, mais j’adore cette spéciale et je m’en sors généralement très bien », explique Morgane Charre dans la raquette d’arrivée.

Pour sa dernière coupe du monde avant sa pause (cf. Isabeau Courdurier annonce une pause en 2025), Isabeau Courdurier termine à la 9e position. « Quelle journée ! Dans ces conditions terribles, j’ai eu un problème mécanique (sur la spéciale 2) qui m’a couté plus de temps en une spéciale que sur mes dix dernières années de compétition. Je suis déçue de l’avoir vécu aujourd’hui mais ça fait partie du jeu, on le sait tous. Je ne peux que remercier les autres filles et tout le monde autour de m’avoir autant encouragé » débrief la pilote française. « Aujourd’hui, je célèbre surtout toutes les amitiés que ce sport a apporté dans ma vie, et j’en serais éternellement reconnaissante » continue-elle. Dix années de compétition au plus haut niveau, avec la clé 3 victoires au classement général, quatre titre de dauphine et une médaille de bronze… Bravo Isabeau Courdurier ! « Félicitations à Harriet (Harnden), notre nouvelle numéro 1 qui va montrer la voie à la nouvelle génération » conclue la championne française.

Cette 9e place écarte malheureusement la Française de la victoire au classement général, remporté par Harriet Harnden. Isabeau Courdurier doit se contenter de la deuxième position, devant sa compatriote Morgane Charre. « J’ai l’impression d’avoir enfin réussi. Battre Isabeau (Courdurier), c’est fou. Elle est inarrêtable, donc c’est vraiment spécial. Je voulais juste rouler comme je suis, être moi-même – si cela devait se faire, cela devait se faire. Tout s’est bien passé. Je n’arrive toujours pas à y croire. C’est vraiment spécial. Je ne sais pas encore ce que 2025 me réserve, mais j’espère que ce sera quelque chose d’excitant. Cela n’arrive pas souvent et je vais profiter de ce moment », confie la gagnante de cette saison 2024.

Ella Conolly et Mélanie Pugin terminent au pied du podium. Côté Français, Estelle Charles est 8e, Julie Duvert est 16e, directement suivie de Laura Simonin, et Sarah Chamaillard est 26e.

Hommes :

Surprise dans la première spéciale, c’est le pilote irlandais Greg Callaghan qui met tout le monde d’accord en s’offrant le meilleur temps scratch, avec plus de 8 secondes d’avance sur les têtes d’affiche, Richie Rude et Alex Rudeau respectivement 2e et 3e.

Moins bon début de journée pour Youn Deniaud et Tristan Botteram, qui accusent déjà plus de trois minutes de retard. Soucis mécaniques ou chute ? Aucune information précise à ce stade, mais les deux pilotes sont en route vers la seconde spéciale du jour. On rappelle que cette manche fait office de dernière manche pour le pilote français du Giant Off-Road Factory Team, qui a annoncé mettre un terme à sa carrière professionnelle à la fin de cette saison.

Cinquième sur la première spéciale, Martin Maes est le plus rapide sur la spéciale qui suit. Une fois de plus, les écarts sont conséquents. Richie Rude et Greg Callaghan pointent à un peu plus de 10 secondes du belge. Le pilote de l’Orbea Fox Factory Team prend par la même occasion la tête du classement provisoire.

 

Martin Maes va réitérer l’exploit sur la spéciale n°3, avec plus de 5 secondes d’avances sur l’Australien Daniel Booker qui crée la surprise en se classant deuxième. Véritable métronome, Richie Rude se classe troisième, tandis que Greg Callaghan termine 5e, ce qui lui permet de conserver sa deuxième place provisoire. Est-ce que les planètes s’aligneraient pour Martin Maes en cette manche de Loudenvielle ?

Plus qu’une seule spéciale pour départager tout ce beau monde, à savoir Tourteres, une des spéciales bien connues de la région, mais dont la partie haute a été remaniée avec des passages assez raides. Victorieux ici même en 2022, Alex Rudeau s’impose sur cette dernière spéciale, avec 6 secondes d’avance. Derrière, Martin Maes signe le deuxième meilleur temps… ce qui lui permet de conserver la première place au classement scratch. Martin Maes remporte la manche de Loudenvielle !

« Les conditions étaient vraiment terribles aujourd’hui. Je suis content de mettre tout ce travail acharné des dernières années à profit. J’avais ce sentiment rigolo ce matin de me dire « je peux le faire aujourd’hui ». J’ai roulé du mieux que j’ai pu. Il faut croire que les pédales plates ont eu du succès aujourd’hui (rires)… J’étais en pédales plates, tout comme Morgane Charre. Ça fait des années que je ne roule plus en pédales plates, mais là avec les conditions, sur cette course difficile, c’était un bon choix », explique Martin dans la raquette d’arrivée.

Richie Rude, très régulier, termine 2e suivi de l’Irlandais Greg Callaghan, qui aura effectué une jolie course!

De podium en podium… La deuxième place sur la manche du jour de Richie Rude permet à l’Américain de sécuriser son titre au classement général, devant Slawomir Lukasik et Charles Murray.

« Slawomir (Lukasik) et Charlie (Murray) ont été présents toute la saison. C’était une bonne bataille. C’est une sensation incroyable. J’ai eu une très bonne saison cette année – c’est l’une de mes meilleures jusqu’à présent. Je n’ai pas quitté le podium de toute l’année, ce qui est assez fou. Je suis tellement content et ça fait du bien de revenir sur la saison dernière et d’attaquer toute la saison. Commencer la saison en force vous rassure sur le fait que tout ce que vous avez fait pendant l’intersaison porte ses fruits. Gagner à Finale Ligure, être fort en Pologne et faire de bons résultats à Leogang, j’ai voulu continuer sur cette lancée. Certains jours, je ne me sentais pas aussi fort, mais j’étais toujours là à me battre. Je pense que ce sont ces moments qui m’ont assuré que j’étais toujours dans le rythme. Lors de la course en Suisse, je me suis mis beaucoup de pression et je voulais bien faire pour avoir un peu de marge de manœuvre ici. C’était un parcours difficile – tant de rochers, tant de choses qui auraient pu mal tourner. Je suis resté constant et je n’ai pas eu de problèmes » détaille le vainqueur de cette saison 2024

Alex Rudeau et Martin Maes complètent le top 5. On notera également la jolie 12e place du Français Dimitri Tordo, la 14e place de Louis Jeandel et la 15e place de Hugo Pigeon.

Rendez-vous le week-end prochain pour les premiers championnats du monde de la discipline !

Résultats complets : https://live.ucimtbworldseries.com

ParAdrien Protano