EDR 2024 #2 | Bielsko-Biała : une première à suspense

Par Léo Kervran -

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EDR 2024 #2 | Bielsko-Biała : une première à suspense

Pas de repos pour les enduristes ! Dans la foulée d’une première manche de coupe du monde intense à Finale Ligure, les pilotes se retrouvaient déjà ce week-end dans le sud de la Pologne pour une étape inédite. Sur un tracé physique et « pimenté » par la pluie qui s’est invitée en milieu de journée après une journée de reconnaissances sur le sec, le suspense a été au rendez-vous dans toutes les catégories et les classements finaux recèlent certains des écarts les plus serrés de l’histoire de l’enduro. Voici tous les résultats :

Direction Bielsko-Biała, dans le sud de la Pologne et à une trentaine de kilomètres de la Tchéquie ainsi que de la Slovaquie, pour cette deuxième manche de la coupe du monde d’enduro. Inconnue au calendrier international, cette grande ville (170 000 habitants, 700 000 dans l’agglomération) est située au pied de la chaîne des Beskides, dans les Carpates, et fait figure de véritable référence pour les sports outdoor dans la région.

Le VTT, entre autres, y tient une place de choix. En 2015, un grand trail center baptisé « Enduro Trails » a même été ouvert sur les collines au sud de la ville avec une remontée mécanique et une trace de montée à la pédale, et depuis cette date, il n’a cessé de se développer. Pour cette coupe du monde d’enduro, les pilotes n’en parcourront toutefois qu’une partie : comme à Finale Ligure, 5 spéciales sont au programme du jour pour un total de 36,5 km et 2074 m de D-.

Côté pilotes, on surveille bien sûr les têtes d’affiches qui ont brillé en Italie mais un visage revient encore plus souvent : celui de Sławomir Łukasik. Le champion de Pologne et membre du team Yeti-Fox, 5e à Finale Ligure, est originaire de la région et habite un peu plus au nord, en périphérie de Cracovie, la capitale régionale. Désormais prétendant régulier au top 10 voire au podium, peut-il renverser la hiérarchie et remporter sa première coupe du monde d’enduro ?

Il faudra attendre la fin de la journée pour le savoir mais une chose est sûre, le public y croit ! Il s’est en effet déplacé en nombre pour suivre et encourager les pilotes sur les spéciales, et ce n’est pas la pluie ou la longueur de la journée qui ont réfréné les ardeurs des spectateurs et spectatrices sur place, toujours aussi présents et bruyants au fil des secteurs chronométrés. La plupart ont d’ailleurs confié à nos envoyés spéciaux avoir posé des congés spécialement pour venir encourager les pilotes !

Femmes

Troisième sans signer un seul meilleur temps à Finale Ligure la semaine passée, Ella Conolly remet les pendules à l’heure sur ces sentiers bien différents des pistes italiennes. La Britannique se montre la plus rapide dans la première spéciale mais les écarts sont relativement serrés.

En effet, Isabeau Courdurier (ici pendant les entraînements) prend la deuxième place à moins de trois secondes malgré une petite chute puis suivent Harriet Harnden et Andréane Lantier-Nadeau. Cinquième, Morgane Charre n’est qu’à 6,3 s.

Dans la deuxième spéciale, surprise. L’Anglaise Chloe Taylor, 8e du premier secteur, signe le meilleur temps devant Estelle Charles, l’Autrichienne Hanna Steinthaler (13e de la SP1) et la Suissesse Lea Rutz (21e de la SP1). Où sont passées les têtes d’affiches ?

L’explication vient du ciel : après une première spéciale (à peu près) sèche, la pluie s’est abattue au milieu des départs de la catégorie Femmes dans cette SP2. Premières à s’élancer, les dernières ont eu une piste relativement sèche tandis que les meilleures, parties plus tard, ont roulé sur des cailloux mouillés. Dans ces conditions, impossible de rivaliser… Mais c’est le risque dans ces disciplines où on est seul(e) face au chronomètre !

Isabeau Courdurier est celle qui s’en sort le mieux avec un 4e temps à 20,6 s mais elle est talonnée par Harriet Harnden. Ella Conolly y laisse un peu plus de temps et de points avec une 9e place à 25,3 s mais c’est Morgane Charre qui paye le plus lourd tribut, avec un retard de 48,3 s secondes et une 20e position.

Dans la troisième spéciale, les conditions redeviennent les mêmes pour tout le monde (glissantes) et on retrouve une hiérarchie plus cohérente. Harriet Harnden s’impose devant Isabeau Courdurier, tandis que Mélanie Pugin fait preuve d’une belle aisance et vient prendre la troisième place suivie par Morgane Charre. En revanche, Ella Conolly a encore un peu de mal à s’ajuster et se classe à nouveau 9e.

On prend les mêmes et on recommence dans l’avant-dernière spéciale, avec un nouveau meilleur temps de Harnden devant Courdurier. Chloe Taylor montre toutefois que son chrono de la deuxième spéciale n’était pas (que) un coup de chance en prenant la troisième place.

A ce stade, c’est toujours serré au classement provisoire : Harriet Harnden a pris la tête à la faveur de ses deux victoires de spéciales consécutives, mais Isabeau Courdurier n’est qu’à 2,2 s et Chloe Taylor tient bon en 3e position à 3,6 s. Tout va se jouer dans la SP5 !

Comme à Finale Ligure, Isabeau Courdurier signe le meilleur temps dans cette dernière spéciale… et cette fois ça passe ! La Française parvient à refaire son retard sur Harriet Harnden et remporte cette deuxième étape de la coupe du monde pour 0,236 s. Infime écart qui rend bien compte de cette journée mouvementée et pleine de suspense. Infime écart au classement général également, puisque Courdurier passe devant Harnden pour deux petits points.

Chloe Taylor complète le podium à 14,062 s, le premier de sa carrière tandis qu’Estelle Charles se classe 4e (+ 17,900 s) et Ella Conolly remonte à la cinquième place (+ 22,347 s) à la faveur d’une bonne SP5 (2e temps).

Lourdement pénalisée par son temps de la SP2, Morgane Charre est 7e derrière Andréane Lanthier-Nadeau (ci-dessus à droite). Mélanie Pugin (à gauche) est la quatrième Française à rentrer dans le top 10, avec une 8e place.

Hommes

Vainqueur à Finale Ligure, Richie Rude commence cette journée en terre polonaise comme il avait commencé celle sur les sentiers italiens : par un meilleur temps ! Le pilote Yeti-Fox est le plus rapide dans la première spéciale devant le revenant Jack Moir, qui montre que sa blessure en reconnaissances à Finale n’était qu’un bref contretemps.

Jesse Melamed est sur ses talons, tout comme Sławomir Łukasik, et Charles Murray suit à peine plus loin. Les quatre premiers se tiennent en moins de 0,9 s ! Côté Français, c’est groupé dans le top 20 avec Alex Rudeau à la 10e place (+ 5,5 s), Louis Jeandel 11e, Adrien Dailly 14e, Youn Deniaud 16e et Kévin Miquel 17e.

Plus rocailleuse, la deuxième spéciale est aussi devenue plus glissante avec la pluie et à ce petit jeu, Charles Murray a tiré son épingle du jeu. Le Néo-Zélandais signe le meilleur temps et prend la tête du classement à Richie Rude, tandis que Łukasik s’est fait surprendre et ne rentre que le 8e chrono. Belle performance d’Adrien Dailly en revanche, 4e sur ce segment !

La troisième spéciale est celle de la rédemption pour Sławomir Łukasik. Le Polonais s’impose sur cette spéciale et remonte à la 3e place provisoire de la course, pour le plus grand bonheur des fans locaux ! Derrière, on retrouve toujours les mêmes têtes : Charles Murray fait le 2e chrono, Richie Rude le 3e et Jack Moir le 4e.

Łukasik est lancé, on ne l’arrête plus ! Le pilote Yeti-Fox domine également les 4e et 5e spéciales de la journée et se lance dans une remontée folle vers la première place.

Néanmoins, les écarts sont toujours serrés et Jack Moir peut en témoigner : l’Australien se classe 2e de l’avant-dernière spéciale à seulement 0,6 s de Łukasik.

Au classement de la journée, suspense… et c’est finalement Charles Murray qui l’emporte ! Malgré trois temps scratch d’affilée, Sławomir Łukasik échoue à la deuxième place à 0,095 s du pilote Specialized. Moins d’un dixième de seconde d’écart, 9,5 centièmes exactement après plus de 23 minutes de spéciales !

Impossible de ne pas ressentir un peu de tristesse et de frustration pour le Polonais, qui échoue si près de sa première victoire à ce niveau sur cette coupe du monde à domicile. On pourra dire que les quelques secondes perdues dans la deuxième spéciale ont coûté cher mais 9,5 millièmes de seconde, cela peut venir de n’importe où… Revanche à Leogang dans 3 semaines ?

A côté de ça, il y en a un qui doit savourer : pour Charles Murray aussi, il s’agit de sa première victoire en coupe du monde ! Régulièrement sur le podium ou dans le top 5 en 2022 et 2023, 2e il y a une semaine à Finale Ligure, le Néo-Zélandais commence l’année sur les chapeaux de roue. Jamais en dehors du top 5 aujourd’hui, auteur d’un scratch, il a signé une course régulière et ça a payé ! Il prend par la même occasion la tête du classement général, 12 petits points devant Richie Rude.

Vainqueur la semaine dernière pour l’ouverture de la saison, le pilote Yeti prend la troisième place à 2,798 s de Murray. Jack Moir est 4e à 9,425 s et Jesse Melamed complète le top 5 à 21,705 s. Pour lui, c’est la troisième spéciale qui aura laissé quelques traces…

Avec deux top 5 scratch dans la journée (2e et 4e spéciales), Adrien Dailly est le premier Français et pointe à la 8e place. Juste derrière lui, on trouve Alex Rudeau, auteur d’une course sans gros coup d’éclat mais régulière. »Héros » de Finale Ligure avec sa 4e place, le champion d’Italie Mirco Vendemmia prend cette fois la 11e place, juste devant Louis Jeandel et son compatriote Tommaso Francardo. Enfin, on notera un tir groupé bleu-blanc-rouge vers la 20e place avec Kévin Miquel 20e, Lisandru Bertini 21e, Dimitri Tordo 22e et Hugo Pigeon 24e.

Peu d’abandons ce vendredi (seulement trois), si la journée était physique elle n’a visiblement pas fait trop de dégâts à la mécanique. Martin Maes (ci-dessus lors des reconnaissances) fut l’une des rares et malheureuses victimes, avec une roue cassée dans la première spéciale et un programme trop serré pour inventer une réparation de fortune afin de terminer la journée.

U21

Chez les U21 Femmes, on prend les mêmes et on recommence : troisième à Finale Ligure, la Slovaque Simona Kuchynkova s’impose cette fois avec deux meilleurs temps ( SP1 et SP5).

Après un « passage à vide » dans le premier secteur chronométré (11e temps seulement), Lily Planquart a bien remis la machine en marche en s’imposSant sur les trois spéciales suivantes mais ça n’aura pas suffi pour faire tomber Kuchynkova et remporter une deuxième coupe du monde d’affilée. 2e place cette fois pour la Française du Lapierre-Zipp Collective, qui conserve néanmoins la tête du classement général !

Enfin, la Canadienne Elly Hoskin prend la troisième place. Côté Françaises, on signale également la 7e position de Claire Chabbert et la 11e de Mélina Damestoy.

Chez les U21 Hommes, Bailey Christie réussit lui le doublé et s’impose pour la deuxième fois en deux courses. Il devance le Britannique William Brody et l’Australien Sascha Kim. Les Français sont concentrés entre la 10e et la 20e place avec Kentin Baldeyrou 10e, Marius Tenet Berrat 11e, Melvin Almueis 12e, Mael Feron 14e et Baptiste Bachelet 17e.

Résultats complets : ucimtbworldseries.com

ParLéo Kervran