Dream Build | Specialized Epic Evo S-Works : l’heure du bilan - Résultats du sondage, choix et montage du Dream Build
Par Olivier Béart -
Vous avez été plus de 2000 à nous livrer votre vision de ce que serait le « down-country » de vos rêves, sur base d’un magnifique cadre Specialized Epic Evo S-Works. Il est maintenant temps de vous dévoiler notre version de ce montage, qui suit largement mais pas entièrement les grandes tendances dégagées lors de notre enquête. Et surtout, de vous expliquer les raisons de nos choix et de les confronter à la réalité du terrain après un peu plus d’un mois d’essai. En selle pour un article en forme de triptyque avec le montage de la bête, les premiers tours de roues au Roc en compagnie d’un des premiers Specialized Stumpjumper produits il y a 40 ans, et enfin le test complet sur nos terrains de jeu habituels !
Résultats du sondage, choix et montage du Dream Build
Mais pour monter ce 120mm léger et polyvalent dans le monde réel, il fallait également être réaliste en tenant compte des disponibilités du matériel dans le contexte actuel et de certains choix que nous avons souhaité poser en notre âme et conscience. Vous verrez donc que le montage final n’est pas 100% conforme aux résultats du sondage, ce que nous avions annoncé dès le départ, mais nous en avons suivi les grandes lignes. Voici le détail expliqué et argumenté.
Transmission : Sram en tête, et le sans-fil plébiscité !
Le premier grand choix que nous vous avons demandé de poser, c’est au niveau de la transmission avec l’éternel grand duel entre Shimano et Sram. Dans ce créneau, c’est Sram qui s’est imposé avec une belle longueur d’avance et plus de 56,3% des choix contre 41,7% pour Shimano. Quant aux alternatives, elles sont rares et vous n’êtes que 2% à avoir évoqué d’autres pistes, comme Rotor avec son 13 vitesses ou encore TRP et e13.
Vient ensuite le choix du groupe. Et là, vous avez clairement opté pour le tout haut de gamme Sram XX1 Eagle, clairement synonyme pour vous de rêve et indispensable sur un tel montage face aux petits frères XO1 et GX Eagle. C’est assez logique et attendu, mais ce qui est intéressant, c’est de voir que c’est le choix de près de 84% des répondants.
Nous étions impatients de savoir si la transmission électronique sans fil AXS de Sram était réellement populaire ou si cette évolution faisait encore peur à beaucoup d’entre-vous face au bon vieux câble en acier des transmissions mécaniques. Et là aussi le résultat est sans appel : parmi ceux qui ont choisi Sram comme transmission, vous êtes plus de 82% à avoir choisi l’électronique sans fil ! Quand le prix n’entre pas en ligne de compte, ce résultat montre clairement que cette nouvelle technologie est en réalité bien plus acceptée que certains commentaires pourraient laisser penser.
Face à ces évidences, nous avons donc pris contact avec Sram pour suivre vos recommandations à la lettre et monter notre Specialized Epic Evo en XX1 Eagle AXS, avec cassette 10/52 et plateau de 32 dents comme vous l’avez également souhaité. Et cela nous semble très cohérent dans le but d’avoir une transmission en rapport avec la polyvalence souhaitée pour l’engin. Le tout dans une finition « oil slick » qui, selon nous, s’accorde parfaitement avec le cadre.
Sur cette base, nous avons tout de même voulu rajouter un petit « tweak », une petite surprise, en optant non pas pour la commande VTT classique, mais pour des « blipers » destinés à la base aux vélos de chrono et de triathlon. C’est un des avantages de l’écosystème Sram AXS : les composants route/gravel/VTT parlent tous le même langage et sont donc tout à fait mélangeables si on le souhaite. Bonne idée ? Mauvaise idée ? Nous verrons plus loin dans cet article ce qu’il en est sur le terrain. Mais ces petits boutons ont en tout cas le mérite d’être très discrets et de permettre un changement des rapports selon une logique différente puisqu’on appuie d’un côté pour monter et de l’autre pour descendre les vitesses (le sens est customisable via l’application smartphone Sram AXS).
Petit désavantage : on n’est plus vraiment sur du sans-fil, puisque ces petits boutons ne disposent pas d’alimentation propre (ils sont trop petits pour cela). Il sont donc reliés par de petits fils à une unité centrale, la « Blip Box », qui a ici trouvé place à l’intérieur du cadre, calée dans le tube supérieur avec un morceau de mousse. C’est ce « cerveau » qui envoie ensuite les ordres, sans fil, vers le dérailleur et les éventuels autres composants AXS comme la tige de selle télescopique par exemple. Quant aux fils qui relient les commandes à la box cachée dans le cadre, ils sont très fins et souples, de sorte qu’il est possible de les cacher discrètement sous le cintre avant qu’ils rentrent dans le cadre.
Fourche : la Fox 34 SC en tête, mais…
Si la confrontation Fox/RockShox a longtemps été très serrée dans notre sondage, c’est finalement la Fox F34 SC qui a fini par se détacher avec 47% des voix. Néanmoins, par souci de cohérence avec l’amortisseur arrière RockShox et avec le reste du montage, mais aussi car nous avions déjà la fourche à disposition, nous avons retenu la RockShox SID Ultimate 120 pour notre montage. Elle a tout de même recueilli 39% des suffrages. Dans tous les cas, difficile de se tromper avec ces deux fourches stars du marché et dont le fonctionnement est dans les deux cas excellent.
Comme pour les transmissions, les outsiders ont du mal à se faire une place, avec tout de même DT Swiss qui parvient à recueillir 6,2% des voix avec sa nouvelle F232 One. Suntour ne perce par contre pas avec la pourtant très bonne Axon 34 (3,5% des voix), ce qui est le signe que la marque n’a pas réellement d’image haut de gamme. Parmi les autres suggestions, on notera qu’il y a toujours quelques afficionados de la fameuse Headshock Lefty, ici proposée à quelques reprises dans sa dernière version « Ocho ».
Dernier point au niveau des suspensions : faut-il un blocage au guidon sur ce genre de machine ? Et là, la réponse est « oui » pour 61,3% d’entre vous ! D’origine, le cadre Specialized Epic Evo n’en est pas pourvu pour l’amortisseur et la fourche SID dont nous disposions déjà non plus, mais nous envisagerons le montage d’un blocage par la suite. La réponse à cette question est en tout cas un indicateur que, malgré un débattement plus généreux et un souhait de plus de polyvalence, un blocage comme sur un bike de XC compétitif reste souhaitable sur un vélo plus type « down country ».
Tige de selle télescopique : un must, et sans fil svp !
Voilà LA question sur laquelle les réponses ont été les plus unanimes : pour 92,6% d’entre vous, la tige de selle télescopique est un must sur ce genre de machine. Seuls 7,4% d’entre vous évoquent « plus de simplicité et moins de poids » et « pas de soucis de fiabilité » pour expliquer leur refus de cet accessoire, mais il est clair que ceux qui y ont déjà goûté (et qui sont de plus en plus nombreux) ne reviendraient pas en arrière.
Au-delà de la question du principe avec ou sans dropper post, reste à savoir quel modèle. Et là, c’est la RockShox Reverb AXS qui se détache avec près de 40% des suffrages, loin devant la nouvelle et très légère Fox Transfer SL. Visiblement, le surpoids et le surcoût ne sont pas des freins pour la Reverb AXS qui séduit par son principe sans fil et sa simplicité d’utilisation. La RockShox Reverb hydraulique arrive en 3e position avec 8,3%, ex-aequo avec l’excellente mais plus rare Bike Yoke Divine SL, qui devance sa grande sœur Bike Yoke Revive, plus lourde mais qui propose plus de débattement.
A propos de débattement, c’est le 125mm qui vous semble le meilleur compromis pour ce type de vélo, avec 45% des votes. 150mm de débattement vous semble aussi un bon choix (23,7%) devant le 100mm (21,7%). Bien sûr, la taille du pilote joue aussi et il faut songer à une certaine proportionnalité du débattement (100mm pourront suffire pour un pilote de petite taille, quand il faudra 150mm pour qu’un grand obtienne les mêmes sensations). De notre côté, nous avons fait le choix du 150mm pour un pilote de taille « standard » (178cm) car nous aimons avoir beaucoup d’amplitude de mouvement une fois la selle baissée.
A ce niveau, nous avons suivi votre choix de la RockShox Reverb AXS dont nous apprécions beaucoup la rapidité d’action et le fonctionnement global, sans oublier sa facilité d’installation qui peut faire gagner énormément de temps à l’atelier. Dans l’esprit d’originalité que nous avons déjà appliqué pour les changements de vitesses, nous avons voulu essayer un autre modèle de petit « blip » Sram, intégré dans le grip à gauche, à la manière de ce que font Nino Schurter et d’autres pilotes en coupe du monde. Bon, on a un peu raté la découpe du grip… et nous ne l’avons pas refait car, comme vous le verrez plus loin, nous n’avons pas vraiment validé cette solution de commande à l’essai.
Freins : une offre large et des choix variés
Si l’utilisateur n’a pas énormément de choix en matière de transmission, il en va autrement pour les freins, où de nombreux acteurs sont présents. C’est néanmoins un géant qui arrive en tête, avec Shimano qui recueille 38,6% des votes. Juste derrière, Magura arrive deuxième avec 21,2% devant les (gros) artisans de chez Hope dont la fiabilité des produits séduit visiblement toujours. Un autre petit fabricant de produits pointus arrive en 4e position, avec Trickstuff (10,3%).
Et Sram ? Pour les freins, ils n’arrivent que péniblement en 5e position avec seulement 7,9% des suffrages. Une claque qui vient sanctionner un manque de puissance de certains modèles et des soucis de fiabilité à répétition qui laissent des traces, même si la situation s’est fortement améliorée avec le temps et une série de petites améliorations qui ont eu un effet bénéfique que nous avons pu constater lors de nos derniers essais. Alors pourquoi les avons-nous tout de même retenus sur notre montage final ? En toute transparence, c’est tout simplement par facilité car Sram nous a proposé de les fournir immédiatement en plus de la transmission et de la Reverb AXS qui avaient, elles, remporté le plus de suffrages. Nous verrons sur le terrain si nous regrettons ce choix ou si, finalement, cela se passe tout de même bien. N’empêche, le résultat de notre sondage doit sonner comme un sérieux avertissement pour Sram qui serait bien inspiré de renouveler sa gamme pour tourner la page.
Dernier point intéressant au niveau du freinage, vous avez été près de 45% à nous suggérer de mixer un étrier 4 pistons à l’avant avec du 2 pistons à l’arrière. Mettre un disque plus grand à l’avant (185mm) et plus petit derrière (160mm) est une pratique courante, mais le mélange des étriers l’est moins. Nous avons ici choisi de vous suivre et d’essayer le montage d’un étrier Sram G2 4 pistons à l’avant, tout en conservant le levier Level qui est tout à fait compatible. La différence de poids est négligeable (de l’ordre de 20g) et nous verrons ce qu’il en est sur le terrain !
Train roulant : des jantes carbone et des gros pneus
Quand on parle de rêve et de haut de gamme, le carbone est clairement dans tous les esprits. Plus de 85% des répondants feraient ce choix contre un peu moins de 15% pour l’alu. Hormis le prix, difficile aujourd’hui en effet de trouver des défauts au carbone, même en ce qui concerne le côté tolérant qui est bien présent désormais aussi sur de nombreuses jantes carbone. L’alu souple et le carbone ultra rigide, c’est plus un cliché qu’une réalité.
Au niveau des marques, Roval, marque de roues de Specialized, arrive en tête ! Ce résultat est probablement en partie influencé par le fait que nous avons retenu un cadre de la marque comme base de montage. Mais tout de même, cela montre que Specialized n’est pas connu que pour ses vélos et parvient aussi à se faire une place importante sur le marché avec ses composants et accessoires. DT Swiss arrive en 2e position sans trop de surprise car la marque est très présente en ce moment, mais elle ne devance que d’un cheveu les français de chez Duke qui recueillent près d’un quart des suffrages ! Une belle reconnaissance pour ce monteur de roues et concepteur de jantes, choisi par de nombreux champions. Autre monteur français, Asterion arrive à une belle 4e place, loin devant Mavic qui devra beaucoup travailler pour se refaire une place dans le cœur des vététistes.
Au niveau des pneus, Specialized arrive aussi en tête. Même explication que pour Roval : le choix d’une base d’Epic Evo pour notre montage a sans doute gonflé les votes, mais il s’agit aussi d’une belle reconnaissance pour des gommes de qualité qui séduisent bien au-delà des propriétaires de vélos Specialized. Les pneus de la marque ne sont d’ailleurs plus siglés « Specialized » mais simplement et discrètement du nom du modèle. Le géant Maxxis arrive deuxième devant Schwalbe et Hutchinson. Et, côté section, le 2.3″ recueille plus de 50% des suffrages !
A ce chapitre, nous vous avons encore une fois suivi, en optant pour les nouvelles roues Roval Control, tout en restant « raisonnables » et en n’optant pas pour la version SL. Moins chère, cette version à 1300€ propose le principal, à savoir les nouvelles jantes de 30mm de large équipées d’un « rebord » au niveau des flancs pour augmenter la solidité et diminuer le risque de crevaison par pincement. Côté pneus, nous avons opté pour un mix entre le Specialized Renegade très roulant à l’arrière et le nouveau Fast Track plus cramponné à l’avant ; les deux en 2.3 de section, mais avec une gomme T7 plus tendre à l’avant pour favoriser l’accroche alors que l’arrière est en T5 plus dure pour prioriser le rendement.
Cockpit : et si on essayait l’originalité ?
Enfin, on termine par le poste de pilotage. Si Race Face n’est pas du tout dans vos radars au niveau des roues (seulement 0,3% des votes) alors qu’elles font aussi partie de leur offre et qu’on en retrouve souvent en OEM (équipement de première monte), la marque canadienne désormais propriété de Fox figure en tête de vos choix pour un cockpit de rêve (22,5%). Syncros et Ritchey recueillent aussi pas mal de suffrages (autour de 15%) tout comme les allemands de Tune, spécialistes des composants légers. Mais la deuxième place des suffrages, avec 18,6% des votes, est occupée par la case « autres », signe que vous êtes demandeurs d’originalité à ce niveau.
Nous avons donc fait un choix très exclusif, original et visuellement impactant en optant pour les produits de l’artisan espagnol Gemini et son ensemble cintre-potence Propus ultra léger, qui ne pèse que… 160g ! Rendez-vous sur le terrain pour voir si ce choix extrême et exotique est raisonnable ou pas !
Justement, avant d’aller salir le vélo dans la poussière et la boue, on vous laisse apprécier cette petite vidéo du montage de la bête sur le stand Sram au Roc d’Azur, avec Carsten, mécanicien emblématique et très expérimenté du camion d’assistance présent sur les événements. Certains d’entre-vous ont d’ailleurs déjà eu l’occasion d’admirer le vélo sur le stand Sram, où il a été exposé lors du Roc.
Et maintenant, place à l’inauguration de la machine sur le parcours du Roc d’Azur, en compagnie de son ancêtre, le Specialized Stumpjumper de 1981 >>>