Dream Build | L’hommage de Dangerholm au Scott Ransom
Par Léo Kervran -
Le cross-country et le gravel c’est bien gentil mais au bout d’un moment, il s’agirait de retourner s’amuser sur des gros vélos. C’est probablement ce qu’a dû se dire Gustav Gulholm, alias Dangerholm au moment de se lancer dans ce nouveau projet. Spécialiste des dream bikes aux finitions incroyables sur fond de pièces exceptionnelles et de poids défiant toute concurrence, le Suédois a cette fois opté pour une démarche un peu différente en s’attaquant à un Scott Ransom 930 en… aluminium. Voici le résultat :
Avec un cadre d’enduro en aluminium comme base du projet, difficile d’aller chercher des records de poids. Sans se départir de son approche ultra-haut de gamme et exclusive, Gustav (que nous avions rencontré lors du dernier Eurobike) a donc décidé cette fois de se concentrer plutôt sur la performance pure en enduro, avec tout ce que cela sous-entend en termes de solidité. Comme il l’explique, « l’accent a été mis sur des éléments clés tels que la suspension, les freins et les roues. En plus du cadre lui-même, ces trois éléments sont pour moi les plus importants quand on parle de pratique gravity. »
Pourquoi le Ransom 930 d’ailleurs ? Au-delà de la résistance de l’aluminium en usage enduro, il y a aussi un clin d’œil historique, voire nostalgique : le tout premier Ransom 30, sorti en 2006, fut le premier Scott de Gustav. 160/165 mm de débattement, un peu plus de 15 kg… A certains égards, l’ancêtre n’est pas si éloigné du modèle actuel !
Toutefois, même avec un cadre en aluminium notre homme n’a pas pu s’empêcher de procéder à quelques modifications. Pas d’électronique ou de nouveau passage de câble, cette fois c’est l’amortisseur Intend Hover GameChanger (on en reparle plus loin) qui posait problème avec son réservoir particulièrement volumineux, et ce malgré l’espace déjà créé par la trappe du câble de blocage de l’amortisseur initialement présent sur le vélo.
Qu’à cela ne tienne, un peu de ponçage pour agrandir le trou de quelques millimètres et le problème n’en était plus un. Evidemment, adieu la garantie…
La peinture a toujours été une composante importante des projets de Gustav et ces derniers temps, le Suédois semble particulièrement friand des mélanges qui évoluent selon la lumière et l’angle avec lequel on regarde le vélo. Après le Spark RC Hyperspark ou le Contessa Addict Gravel, ce Ransom a lui aussi droit à ce traitement unique. Cette fois, c’est une peinture baptisée Chromacoat Golden Night qui a été retenue, et qui oscille entre le bleu et le bronze/doré avec des reflets pouvant aller jusqu’au violet ou au marron. Pour le contraste, tous les logos sont blancs.
Arrive maintenant l’une des parties les plus intéressantes du montage : la suspension. Le seul objectif étant de faire le vélo d’enduro le plus performant possible, Gustav avait l’embarras du choix mais pour un dream build comme celui-ci, il serait trop facile de se servir chez un grand acteur du milieu. De plus, ce serait bien loin de l’esprit Dangerholm. Direction les petites productions donc et Intend plus précisément. Cornelius Kapfinger, l’homme derrière la petite marque allemande, est un ami de longue date de Gustav donc la connexion est facile, mais sur le plan technique, ses produits concordent parfaitement avec l’idée du montage.
A l’avant, le vélo repose ainsi sur une Intend Ebonite Bandit en 170 mm (ici en déclinaison Blackline, produite en « série »), la fameuse fourche à un té et demi. Un look unique qui a pourtant une explication technique très rationnelle et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas la rigidité. On vous en parlait à son lancement mais pour reprendre les mots de Gustav, « sur l’Ebonite Bandit, vous avez également une chambre à air positive secondaire, que vous gonflez à deux fois la pression de la chambre positive classique. Cela signifie qu’au début du débattement, la fourche fonctionne à la pression d’air la plus basse ce qui la rend très souple et sensible aux petites bosses. Mais plus loin dans le débattement, avec des chocs plus importants, la chambre à air secondaire entre en jeu et [les deux chambres] fonctionnent maintenant comme une seule grande chambre à air, mais à une pression plus élevée. Ainsi, la fourche se raffermit, offrant plus de soutien. »
Oubliez les fourches simple té et double té, voici la fourche à un té et demi !
Une histoire de performance du ressort donc, et son créateur ne s’embarrasse pas de faux-semblants puisqu’il la présente tout simplement comme « la fourche la plus sensible du monde ». Avec une telle conception, la rigidité est inévitablement un peu plus importante qu’avec une fourche simple té classique mais ce n’était pas l’objectif premier. Notez au passage que l’Intend Ebonit Bandit est tout sauf une fourche de salon puisque l’Allemande Raphaela Richter (désormais chez Ibis) l’a emmenée à plusieurs reprises dans le top 10 des EWS en 2021.
A l’arrière, c’est aussi du Intend avec l’amortisseur Hover Gamechanger. Evidemment, ce n’est pas parce que c’est un amortisseur qu’Intend va revenir dans le rang et le Hover Gamechanger a lui aussi une allure unique. Le plongeur est extrêmement fin pour un amortisseur à ressort air afin de réduire les frictions liées aux différents joints tandis que la chambre négative est bien plus volumineuse que d’habitude, toujours pour cette histoire de sensibilité.
Rouler vite c’est bien, mais parfois il faut arrêter la bête et, dans ce domaine, qu’est-ce qui se fait de mieux que Trickstuff ? Pas grand-chose, voire rien du tout. Le Ransom a donc reçu une paire de Trickstuff Maxima avec leurs disques Trickstuff Dächle UL. UL pour… UltraLight, on n’aurait peut-être pas eu l’idée de monter des disques légers sur un enduro comme celui-ci mais Gustav est confiant et surtout, il apprécie leur toucher au point de les installer de façon récurrente sur ses montages. Petite touche supplémentaire, les Durits sont tressées d’acier et Gustav reconnaît que c’est autant pour la sensation (elles se déforment moins sous la pression du liquide) que pour le style.
Les suspensions c’est fait, les freins également… Place au troisième point le plus important sur une machine de ce calibre : le train roulant. Avec ses précédents vélos Gustav nous a habitués à des montages exotiques et bien que le poids ne soit pas sa priorité cette fois, il ne pouvait décemment pas opter pour des composants trop classiques. Résultat, les moyeux sont les fameux Onyx Classic (arrière) et Helix (avant), célèbres pour leur finition et surtout le concept unique de roue libre, à engagement instantané et parfaitement silencieuse grâce à un système à cames.
Les jantes viennent du spécialiste allemand des roues Radsporttechnik Müller, qui s’est également occupé de l’assemblage, et il semblerait que ce modèle ne soit pas encore au catalogue. Baptisées MFX, elles sont prévues pour un usage enduro/DH et annoncées à 600 g l’unité. La solidité avant tout ! A l’heure où nous écrivons ces lignes, Gustav a déjà eu l’occasion de rouler quelques fois avec le vélo et il n’hésite pas à les qualifier de « bombproof »…
Toutefois, une bonne paire de roues n’est pas grand-chose sans une monte pneumatique à la hauteur. Vous le savez déjà si vous lisez régulièrement Vojo, la nouvelle gamme Continental Gravity a d’excellents retours et, en bon curieux, Gustav a lui aussi voulu voir ce qu’il en était. On trouve donc sur ce Ransom un combo Kryptotal Fr (avant) et Kryptotal Re (arrière) en 2.4 de large, carcasse DH et gamme SuperSoft soit exactement celui qui nous a accompagnés depuis l’été… et qui nous a beaucoup plu (lire Test | Continental Kryptotal Fr & Re : retour au premier plan) ! Pas d’inserts dans ces pneus, avec la carcasse DH et la solidité des roues Gustav n’a pas jugé cela nécessaire.
Côté transmission, le choix était plus facile sans la contrainte du poids mais là aussi, un peu d’exotisme savamment dosé ne fait pas de mal pour s’accorder au mieux au reste du montage. Gustav a donc retenu un pédalier Intend Rocksteady équipé d’un plateau Actofive en 32 dents et une cassette Garbaruk 10-50 en finition Silver pour accompagner la chaîne Sram X01 Eagle et le dérailleur Sram GX AXS Eagle. Evidemment, il était impossible de laisser ce dernier en configuration d’origine : des galets CeramicSpeed ainsi qu’une chape et un corps repeints à la couleur du cadre ont permis de lui donner une touche unique. Notez que le boîtier de pédalier vient également de CeramicSpeed mais ce serait surtout pour « la facilité d’entretien et la durée de vie ».
On finit avec les périphériques, et si l’assise est très classique avec une selle Syncros Tofino sur une tige de selle RockShox Reverb AXS (imbattable en qualité de fonctionnement), l’avant est un peu plus intéressant. Plus pour la petite touche de finition sur ce montage décidément bien pourvu en pièces Intend que pour un réel intérêt technique, Gustav a en effet opté pour une coupelle supérieure de jeu de direction Intend StiffMaster. Sur le papier, elle est censée apporter de la rigidité sur l’avant du vélo sans qu’il y ait besoin de toucher au cintre mais avec la fourche Ebonite Bandit, le Suédois reconnaît que ce n’était pas vraiment nécessaire.
Enfin, la potence est une Intend (encore) Grace EN et le cintre un Schmolke Carbon DH Riser, l’un des modèles favoris de Gustav qu’il a ici récupéré d’un ancien projet. Une paire de pédales ainsi qu’un porte-bidon pour compléter le tableau et le vélo pointe aux alentours de 15,9 kg sur la balance, ce qui est tout de même respectable pour un enduro en aluminium avec de vrais pneus adaptés à la pratique.
Le chant du cygne pour le Ransom ? Après le renouvellement du Spark en 2021 et celui du Genius en 2022, il est en effet le prochain sur la liste et à ce titre, on ne serait pas surpris d’en voir arriver un nouveau en 2023. Si c’est le cas, ce Ransom 930 version Dangerholm est un beau dernier hommage !
Ce genre de projet vous intéresse ? Retrouvez tous nos articles sur les montages de Dangerholm sur cette page : vojomag.com/?s=dangerholm. Pour suivre ses prochaines aventures, ça se passe sur Instagram : instagram.com/dangerholm