Dossier | Gravel bike, qui es-tu ? 5 tests toutes saisons pour le savoir ! - Match - Orbea Alma vs Orbea Terra : VTT/Gravel, quelles différences ?

Par Olivier Béart -

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Dossier | Gravel bike, qui es-tu ? 5 tests toutes saisons pour le savoir ! - Match - Orbea Alma vs Orbea Terra : VTT/Gravel, quelles différences ?

Match | Orbea Alma vs Orbea Terra : VTT/Gravel, quelles différences ?

En l’absence de suspensions dans les deux cas, nous allons pouvoir nous concentrer sur ce qui fait réellement les différences entre ces deux types de machines, au niveau de la position, de la géométrie, de la taille des pneus et des roues et, au final, du comportement global de ces deux vélos qui ont de nombreux points communs (cadre carbone, freins à disques,…), mais qui développent des personnalités très différentes.

Une des premières choses dont on se rend compte, c’est qu’il y a tout de même une belle différence de poids entre les deux. Le Terra, qui n’est ici pas encore équipé du fin du fin au niveau légèreté, pèse 8,41kg, alors que, même en fourche rigide, l’Alma est quasiment un kilo plus lourd (9,34kg). En cause, les pneus notamment, ainsi que la transmission qui reste en double sur le VTT. En roulant, c’est surtout la petite inertie supplémentaire des roues et la résistance au roulement clairement supérieure des pneus qui vont faire la différence. On est sur une section de 33mm sur les Schwalbe G-One du Terra, contre 2.25″ pour les Maxxis Ikon de l’Alma, soit 57mm. Un sacré gap.

Ensuite, au niveau de la géométrie et de la position sur le vélo, y a pas photo, comme on dit ! Sur le Terra, le poids est beaucoup plus porté vers l’avant, même en gardant les mains en haut du cintre. En bas, n’en parlons même pas. Malgré son étiquette de gravel, les points d’appui rappellent bien plus ceux d’un pur vélo de course que ceux d’un VTT. Le reach a beau être plus court sur le Terra (385mm contre 405 sur l’Alma en M), la potence est infiniment plus longue et on est donc beaucoup plus allongé sur la machine. Logique,, me direz-vous, mais c’est bon de le pointer.

Enfin, autre différence marquante au niveau de la géométrie : la hauteur du boîtier de pédalier et de la fourche. Il y a 24mm de plus sur l’Alma au niveau du boîtier et la fourche est carrément… 10cm plus haute sur le VTT ! Ceux-ci sont compensés en partie par une douille de direction plus compacte sur le VTT, mais pas entièrement, de sorte qu’on est clairement plus droit sur l’Alma même si, comparativement à d’autres VTT, il est plutôt typé racing. La longueur des bases est identique dans les deux cas, et il y a un degré de différence au niveau de l’angle de fourche, 69,5° sur l’Alma, 70,5° sur le Terra, mais avec un déport de 44mm sur le premier et 51mm sur le second, qui va renforcer le côté vif du Terra.

Un dernier mot pour parler gros sous : le Terra reste, à équipement similaire, moins cher que l’Alma. Comptez environ 500€ de moins pour le gravel par rapport au VTT en fourche rigide chez Orbea, et quasiment 1000€ si vous partez sur une fourche suspendue. Cela s’explique aussi par le fait que notre Alma est doté du cadre haut de gamme en fibres OMR (Race), alors que le Terra reste en OMP (Performance). Si on part sur un Alma en OMP, il est à 3599€ avec fourche suspendue, soit presque comme le Terra (3499€), et on est 449€ moins cher si on part sur la fourche rigide.

Mais, au-delà des chiffres, ce qui compte, c’est la vérité du terrain ! Allons donc rouler et voir ce que racontent ces deux machines sur des chemins et sentiers variés, tantôt plus larges, tantôt un peu plus engagés, comme ce que nous avons coutume de faire avec les VTT que nous testons habituellement.

Sur le terrain

On commence par confronter les deux machines sur des chemins larges, et là, on peut dire qu’ils font quasiment jeu égal. Bien entendu, la différence de position expliquée plus haut est clairement perceptible, mais les deux ont des aptitudes assez similaires malgré leurs différences de personnalité. Ils sont vifs à l’accélération et gardent bien la vitesse une fois qu’ils sont lancés. Le Terra prend un petit avantage sur ce dernier point, avec ses pneus plus roulants et sa position un rien plus aérodynamique, mais la différence n’est pas décisive. Quant à l’Alma, il reprend un peu l’avantage dans les grandes courbes avec un grip qui reste plus élevé.

Sur route, le Terra creuse l’écart. On peut très clairement envisager d’aller rouler avec un peloton de routiers en Terra et, en changeant les pneus, on peut se retrouver sur un quasi vélo de route très performant. Il y ajoute une bonne dose de sécurité avec ses freins à disque (même si les Sram Force ne sont pas les plus puissants du marché) et si on garde les pneus d’origine, on est très bien armé pour affronter l’état souvent pitoyable de certaines parties du réseau routier. Avec l’Alma, on peut bien entendu aussi rouler sur route mais… tout seul ! En groupe, avec d’autres routiers, il faut oublier car on va se fatiguer beaucoup plus vite et il sera impossible de tenir une moyenne raisonnable.

Par contre, par rapport à un pur vélo de route, les deux offrent la possibilité de s’évader sur un chemin de campagne au revêtement dégradé… voire sans revêtement du tout, et d’aller s’amuser à peu près où on veut. Avec le Terra et, dans une moindre mesure, avec l’Alma monté en fourche rigide, on redécouvre aussi certains plaisirs oubliés du VTT.

L’évolution de la pratique a amené les VTT à être de plus en plus efficaces, au point de rendre la pratique sur certains chemins limite ennuyeuse tellement ils rendent tout facile.

Ici, surtout avec le Terra, on se prend à s’amuser à nouveau de tout petits passages techniques qui peuvent paraître anodins avec un VTT tout-suspendu de dernière génération, mais qui reprennent ici une nouvelle saveur. On doit se faire plus fin dans les trajectoires, penser au grip précaire des petits pneus, à l’absence de suspension, etc. Et c’est très formateur… en plus d’être sacrément fun la plupart du temps.

Où c’est moins amusant, c’est quand on touche aux limites du concept et qu’on tente de faire du vrai VTT avec un gravel comme le Terra. Là, on se fait secouer, on se met en danger et on se rend vite compte que c’est tout sauf une bonne idée. Avec l’Alma en fourche rigide, la position met nettement plus en confiance, de même que les pneus avec un ballon plus important, et on fait à peu près tout ce qu’on réaliserait sur la version avec fourche suspendue à l’avant, simplement en roulant moins vite.

Enfin, dans les montées, au-delà d’un certain pourcentage, on cale littéralement avec le Terra, alors qu’on peut continuer à monter presque à l’aise avec l’Alma. En cause, des développements qui restent franchement trop limités à notre goût sur le Terra. Le mono en 40 dents avec cassette 11/32 demeure réservé aux gros mollets et à des pourcentages comparables à ceux qu’on rencontre sur des routes, certes très escarpées, mais qui n’ont rien à voir avec les murs qu’on peut retrouver à VTT. Dommage, car le châssis en lui-même a plus de potentiel, mais on ne parvient pas à l’exploiter pleinement à cause des braquets. Selon nous, c’est un point qui devra évoluer à l’avenir pour donner réellement aux gravel bikes la polyvalence qu’ils prétendent avoir et pour leur conférer une personnalité propre, plus éloignée de la route.

Verdict

Avec cette confrontation entre l’Orbea Terra et son cousin l’Alma, on perçoit qu’un gravel comme celui-ci reste tout de même beaucoup plus proche d’un vélo de route que d’un VTT. Disons que c’est un peu comme un SUV dans l’automobile : capable d’aller dans les chemins, mais pas de crapahuter comme un vrai 4X4. Cette impression est aussi sans doute renforcée dans le cas précis de l’Orbea Terra, dont le cadre est plus rigide et exigeant que d’autres gravel bikes que nous avons pu essayer. En tant que VTTiste, si vous envisagez d’investir dans un vélo de route pour l’hiver, un gravel comme celui-ci vous offrira la sécurité de bons freins et des pneus qui vous permettront de prendre quelques chemins si vous n’y tenez plus. Mais si les aptitudes sur route sont secondaires à vos yeux et que vous cherchez plus à pimenter vos sorties hivernales tout en limitant l’entretien du matériel, alors l’Alma en fourche rigide est nettement plus indiqué. C’est d’ailleurs lui qui garde nos faveurs à l’issue du test.

Plus d’infos : www.orbea.com

ParOlivier Béart