DH World Cup 2024 | Mont-Sainte-Anne : une finale à deux visages
Par Christophe Bortels -
La coupe du monde de descente 2024 s’est clôturée ce samedi soir outre-Atlantique sur la mythique piste de Mont-Sainte-Anne (Canada), au terme d’une finale intense et riche en suspense, malgré la pluie venue perturber la course des hommes. Infos et résultats :
Comme en 2023, c’est à Mont-Sainte-Anne que revenait l’honneur de boucler la saison de coupe du monde de descente. De belles couleurs automnales, un terrain plutôt bon pour la saison et une piste en partie remaniée qui a séduit la plupart des pilotes : tout était réuni pour que la course soit passionnante. D’autant que les titres Elites étant déjà attribués avant cette ultime manche (Loïc Bruni et Vali Höll), il y avait un peu moins de stratégie à l’oeuvre. Il fallait juste tout donner sans arrière-pensée, avec à la clé une victoire sur l’une des pistes les plus prestigieuses, longues et redoutables du calendrier mondial ! Et si la lutte a été belle chez les femmes, la pluie a perturbé la finale masculine. Mais le spectacle fut tout de même au rendez-vous avec du suspense jusqu’au bout.
Femmes
Myriam Nicole avait dominé les qualifications puis la demi-finale vendredi soir, la Française était donc attendue et partait avec le statut de favorite dans cette finale. Mais il fallait comme toujours se méfier de Vali Höll, en embuscade lors des deux sessions chronométrées (3e et 2e), alors que Nina Hoffmann était la seule à être parvenue à s’intercaler entre la Française et l’Autrichienne en qualif’ mais avait reculé au classement lors de la demi-finale.
Troisième à s’élancer en finale, la Canadienne Gracey Hemstreet va être la première à signer un vrai chrono de référence pouvant potentiellement l’amener sur le podium, devant son public en plus ! La preuve : dans la foulée, Lisa Baumann, Tahnée Seagrave puis Nina Hoffmann ne pourront pas améliorer la marque, que ce soit suite à des erreurs ou même une chute en tout début de run en ce qui concerne l’Allemande du Santa Cruz Syndicate.
C’est finalement Marine Cabirou qui va déloger Hemstreet du hot seat, avec un écart marqué mais pas énorme non plus : -1.423 seconde ! Pas certain que ça suffira pour la victoire vu le beau monde qui reste au départ…
Place à deux outsiders, toujours capables d’un coup d’éclat et candidates au podium. Anna Newkirk est la première des deux. Elle n’est pas si loin de Cabirou aux premiers intermédiaires mais toute chance de podium disparait quand elle part à la faute dans l’un des gros pierriers de fin de piste. 6e place provisoire pour l’Américaine. Même déconvenue pour Louise-Anna Ferguson, qui se sort de piste juste après le 2e split puis chute elle aussi dans une de ces fameuses portions rocheuses. La piste est plus délicate qu’elle n’en a l’air !
Plus que deux pilotes au départ. Et pas des moindres… Toujours spectaculaire, Vali Höll est une seconde et demie devant Cabirou au premier intermédiaire, encore une petite seconde en avance au suivant… mais une demi-seconde derrière au troisième ! Les pierriers passent proprement, mais ce n’est pas suffisant et au dernier intermédiaire l’Autrichienne est même plus de deux secondes et demie derrière. Elle passe la ligne à la 3e place provisoire, et c’est une grosse surprise…
C’est officiel : une Française va remporter cette manche finale de la coupe du monde 2024 ! Marine Cabirou ou Myriam Nicole ? Faites vos jeux… Au contact au premier split, la pilote Commencal fait une erreur juste après et la sentence tombe à l’intermédiaire suivant : plus de 8 secondes de retard… Prudence oblige, son run se poursuit sans encombre, mais le trou est impossible à combler et Myriam Nicole échoue à la 8e place.
Marine Cabirou décroche sa 2e victoire de la saison ! « Je suis très contente ! C’était une semaine si difficile. La piste était violente, j’ai essayé de tout donner mais avec les conditions ce n’était pas facile. J’ai fait quelques erreurs et à l’arrivée je ne pensais pas que mon run suffirait pour la victoire mais finalement ce fut le cas ! », confiait la Française à l’arrivée.
Sur le podium, Cabirou est entourée par Gracey Hemstreet (2e), Vali Höll (3e), Phoebe Gale (4e) et Mille Johnset (5e).
Au classement général final, Vali Höll devance Marine Cabirou, Tahnée Seagrave, Myriam Nicoles et Nina Hoffmann.
Hommes
Alors que la piste était un peu piégeuse mais plus que correcte pour les femmes, ça se complique pour les hommes puisque la pluie fait son apparition quelques minutes avant le début de leur finale !
Richie Rude est le 2e à s’élancer dans cette finale, et il ne fait pas de la figuration, loin de là puisque son chrono est plus qu’honorable et qu’il va finalement terminer 7e, rien que ça ! L’occasion d’indiquer que plusieurs enduristes de renom étaient présents à Mont-Sainte-Anne, avec des fortunes diverses : Jesse Melamed s’est cassé le coude lors des entraînements, Martin Maes n’a pas pris le départ des qualifications, tout comme Morgane Charre, alors qu’Isabeau Courdurier et Andréane Lanthier-Nadeau ne sont pas parvenues à se qualifier pour la demi-finale.
Mais le premier vrai grand moment marquant de la finale, c’est le run d’adieu de Greg Minnaar, qui avait annoncé quelques jours avant la course que Mont-Sainte-Anne serait sa toute dernière coupe du monde.
Le GOAT tire sa révérence après 28 saisons (!) avec une 19e position. Inutile de dire que l’émotion était grande en bord de piste et sur l’aire d’arrivée… « Il y avait tant de gens qui m’encourageaient en bord de piste, c’était difficile de se concentrer sur mon run ! »
Entre-temps, c’est Laurie Greenland qui détient le meilleur chrono provisoire, devant Rémi Thirion (photo) et Richie Rude. La moitié de la finale est passée, encore une quinzaine de pilotes au départ, et la piste semble de plus en plus humide et délicate à dompter.
Ceux qui se sont élancés tôt dans cette finale ont assurément bénéficié de conditions plus favorables, mais une grosse perf’ n’est pas impossible ! Elle ne viendra hélas pas de Loris Vergier, le champion du monde produit un run propre mais trop court de 4 secondes et demie.
Au suivant… Benoit Coulanges ? 6 millièmes d’avance (!) au premier split, un peu moins d’une demi-seconde aux deux suivants, une mini frayeur en entrée de pierrier, et la bascule s’effectue au 4e et dernier intermédiaire où il est derrière de pratiquement une seconde. Le Français franchit la ligne en 3e position provisoire, à 0.644 seconde du meilleur temps. On se dit alors que malgré les conditions de piste compliquées, Greenland peut être délogé du hot seat !
Lachlan Stevens-Mcnab nous donne raison juste après : auteur d’un run très spectaculaire, il prend la tête de la finale pour une demi-seconde ! Plus que dix pilotes au départ. Ça ne passe pas pour Luca Shaw, qui perd du temps au fil de sa descente, ni pour Bernard Kerr (pourtant en avance aux deux premiers intermédiaires) et Jakob Jewett dans la foulée.
Et voilà Aaron Gwin, 7e de la demi-finale vendredi soir. Quel plaisir de retrouver l’Américain en forme, même s’il n’est plus aussi dominateur qu’il y a dix ans. Concédant lui aussi du temps progressivement, Gwin devra se contenter de la 12e place finale. 2025 sera-t-elle la saison de son véritable comeback ?
Le vert fait son retour aux deux premiers split grâce à Ronan Dunne, mais ça ne va pas durer et dès le 3e il est largement derrière, sans erreur visible. C’est également vert d’emblée pour Finn Iles, de pas grand-chose cependant, puis rouge de plus d’une demi-seconde dès le deuxième et même 13 secondes au 3e. Une chute a dû passer par là… Inutile de dire que le Canadien termine bien loin des premières places.
Séance de rattrapage pour le Specialized Gravity avec une sacrée cartouche : Loïc Bruni, en quête d’une 3e victoire cette saison. Mais ça coince également et le Français, pourtant sans erreur, échoue à pratiquement 9 secondes.
Podium déjà garanti pour Lachlan Stevens-Mcnab qui a vraiment frappé fort et peut même commencer à croire en la victoire ! Seuls Andreas Kolb, Dakotah Norton et Troy Brosnan peuvent encore l’en priver…
Kolb, le premier des trois, ne sera devant qu’au premier intermédiaire mais termine finalement 4 secondes derrière. Et si c’était enfin le jour de Dakotah Norton, déjà passé si près d’une victoire sans être parvenu à concrétiser ? Eh non, l’Américain, au contact jusque-là, passe derrière un piquet et est obligé de remonter la piste à pied pour éviter la disqualification. A quoi ça tient parfois…
Le match final est connu : Lachlan Stevens-Mcnab vs Troy Brosnan, auteur du meilleur temps en demi-finale. Une toute première victoire pour l’un ou un nouveau succès pour l’autre ? L’Australien allume du vert au 1er split, il augmente son avance au 2e (-0,829 s), mais une fois de plus c’est du rouge au 3e… et à nouveau vert d’un rien au 4e et dernier. Quel suspense incroyable !
Brosnan donne tout ce qui lui reste pour sprinter jusqu’à la ligne d’arrivée. Verdict : 62 millièmes d’avance, il renoue enfin avec la victoire en coupe du monde !
« Je ne réalise pas encore bien… Je viens juste d’avoir un bébé. Je me sentais bien sur le vélo, comme libéré.J’ai vu les chronos d’en haut, notamment celui de Vergier qui était super loin. Je savais que ce serait dur mais tout coulait. J’ai roulé comme si c’était sec… Je suis 2e du général ? Incroyable !! »
Sur le podium, aux côtés de Troy Brosnan, on retrouve donc Lachlan Stevens-Mcnab (2e), Laurie Greenland (3e) et deux Français : Rémi Thirion, auteur d’une superbe 4e place, et Benoit Coulanges, 5e.
Richie Rude rentre dans le top 10 (7e), Loris Vergier est 13e, Loïc Bruni 26e, Finn Iles 29e et Dakotah Norton 30e et dernier.
Derrière Loïc Bruni au classement général, on retrouve Troy Brosnan (2e), Amaury Pierron (3e), Ronan Dunne (4e) et Finn Iles qui complète le top 5 de la saison.