Devenir moniteur de VTT : les parcours et formations
Par Léo Kervran -
Moniteur ou entraîneur de VTT est un métier qui fait rêver nombre d’entre nous, jeunes ou moins jeunes. En effet, quoi de plus enrichissant que de pouvoir partager sa passion et ses connaissances avec les vététistes de demain et les voir progresser d’année en année ? En France comme en Belgique, plusieurs parcours existent, et pour mieux s’y retrouver, Vojo s’est penché pour vous sur leurs points communs et leurs spécificités. Voici ce qu’il faut retenir :
En France
En France, il existe deux parcours pour faire de l’enseignement du vélo une activité professionnelle : l’université, avec un diplôme (licence ou master) délivré par le ministère chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, et les diplômes d’Etat, délivrés par le ministère en charge des Sports.
A la fois complémentaires et concurrents, ces deux parcours ont chacun leurs atouts et leurs inconvénients. Les diplômes d’Etat présentent l’avantage d’être bien connus dans le milieu associatif et appréciés à leur juste valeur. Ce sont des organismes de formation agréés qui s’occupent de délivrer les différents cours pratiques et théoriques. Leur contenu est très axé sur le terrain, la pédagogie et l’enseignement de séances pratiques, surtout en début de parcours. En revanche, ces formations sont chères : plusieurs milliers d’euros chacune, même si des possibilités de financement existent (aides, accord avec un club…).
En face, les diplômes universitaires sont plus axés sur la réflexion, l’analyse et les connaissances scientifiques (physiologie, biomécanique, psychologie…). Ensuite, libre à chacun d’adapter ces connaissances à son domaine d’expertise pour concevoir des séances adaptées. Moins connues dans le milieu associatif, ces formations peuvent néanmoins compter sur leur coût pour se distinguer : c’est celui d’une année universitaire, soit moins de 800 € au total pour l’ensemble des trois années de licence et il est possible d’en être exonéré grâce aux bourses sur critères sociaux délivrées par l’Etat.
Les diplômes du ministère en charge des Sports
- le BAPAAT (diplôme de niveau 5) : le Brevet d’Aptitude Professionnelle d’Assistant Animateur Technicien spécialité Loisirs de Pleine Nature représente la porte d’entrée dans le monde de l’enseignement des activités sportives contre rémunération. La formation est accessible à partir de 16 ans, même si le diplôme n’est délivré qu’après 18 ans. Elle dure entre 1500 et 2000 heures et coûte généralement entre 5000 et 7000 € selon les organismes de formation. Toutefois, le titulaire d’un BAPAAT ne peut pas exercer seul et doit être en permanence sous la responsabilité d’un cadre de niveau supérieur (diplôme de niveau 4 au minimum). Dans le monde du cyclisme, elle est très peu utilisée.
- le BPJEPS (diplôme de niveau 4) : le Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport est le premier véritable diplôme qui permet d’exercer en autonomie et contre rémunération l’activité d’encadrement et d’enseignement d’une activité physique. Pour le vélo, il faut choisir la spécialité Educateur Sportif et la mention Activités du Cyclisme ou la spécialité Activités Physiques pour Tous. La durée minimale légale de la formation est de 600 heures stage compris, mais pour ce parcours précis, il faut souvent compter entre 700 et 800 heures selon les centres de formation, pour un coût autour des 5 000 €. Attention, les prérogatives du titulaire d’un BPJEPS spécialité Educateur Sportif mention Activité du Cyclisme sont limitées : il ne peut pas entraîner des athlètes ni intervenir en compétition ni encadrer en DH (et disciplines associées) et sur des parcours de niveau rouge ou noir d’après la classification de la FFC. Son rayon d’action se limite donc à de l’initiation et de l’encadrement « loisir ».
- le DEJEPS (diplôme de niveau 3) : le Diplôme d’Etat de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport est l’équivalent de l’ancien Brevet d’Etat niveau 1, d’où l’appellation encore fréquente (mais erronée) dans le milieu associatif de « BE 1 ». C’est le diplôme de référence dans le cyclisme pour tout ce qui est encadrement et entraînement en tant que professionnel. La formation dure un peu moins de 1200 heures stage compris et coûte aux alentours de 9-10 000 €, avec quelques variation suivant les organismes. Pas de prérogative limitées à un domaine précis, avec la mention VTT à son DEJEPS le titulaire peut encadrer et entraîner à tout niveau dans toutes les disciplines et toutes les structures. Des parcours similaires existent pour la route, la piste et le cyclo-cross (mention cyclisme traditionnel) et le BMX (DEJEPS mention BMX).
- le DESJEPS (diplôme de niveau 2) : le Diplôme d’Etat Supérieur de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport est le dernier niveau de formation possible dans le parcours du ministère chargé des Sports. Il correspond à l’ancien Brevet d’Etat niveau 2 et permet, entre autres, de former des DEJEPS. Il est également plus adapté que le DEJEPS pour travailler avec des athlètes de haut niveau ou pour occuper des fonctions dirigeantes dans de grosses structures car il atteste d’une expertise technique poussée, tant sur le plan des connaissances dans l’activité que dans les capacités d’analyse et de décision. Cependant, il n’est pas accessible directement : il faut avoir déjà passé le DEJEPS et pouvoir justifier d’une certaine expérience. En revanche, c’est le même diplôme pour toutes les disciplines du cyclisme (DESJEPS mention cyclisme), il n’y a pas de spécialisation comme pour le DEJEPS.
Les diplômes du ministère chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
- le DEUG STAPS : le Diplôme d’Etudes Universitaires Générales est délivré automatiquement avec l’obtention de la deuxième année de licence STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives). Ses prérogatives sont celles du BJEPS mention activités physiques pour tous, c’est-à-dire qu’il permet d’encadrer en autonomie et contre rémunération toute pratique sportive à l’exception de la compétition et des milieux spécifiques (listés dans l’article R212-7 du Code du Sport) qui nécessitent un DEJEPS.
- la licence STAPS Entraînement Sportif : C’est la formation universitaire « de base » pour l’encadrement et l’entraînement dans les activités sportives, l’équivalent du DEJEPS du ministère des Sports avec des prérogatives similaires. Toutefois, pour pouvoir exercer dans ces conditions en VTT, il faut que la discipline soit mentionnée explicitement dans l’annexe au diplôme. Si ce n’est pas le cas, les prérogatives sont celles du DEUG STAPS. Comme évoqué plus haut dans cet article, la formation dispense moins de connaissances pratiques que celle du DEJEPS mais elle est plus poussée sur les connaissances scientifiques, l’analyse et la transversalité, les échanges avec d’autres sports. Selon la façon dont on envisage d’exercer son activité, cela peut être un avantage ou un inconvénient. Attention, toutes les universités ne proposent pas le parcours Entraînement Sportif (la licence STAPS compte 5 parcours différents au total) et il en va de même pour la spécialisation en VTT.
- le master STAPS Entraînement et optimisation de la performance sportive : Le master est à la licence ce que le DESJEPS est au DEJEPS, un diplôme qui n’est pas obligatoire pour exercer mais qui s’inscrit dans la continuité du parcours de formation et qui permet de pousser encore plus loin les thématiques abordées en licence, dans l’objectif de travailler plus facilement avec le haut niveau, de diriger des structures… De même que pour la licence STAPS Entraînement Sportif, cette formation n’est pas délivrée par toutes les universités.
Et le bénévolat ?
Aucun diplôme n’est nécessaire pour encadrer bénévolement, mais de nombreux clubs demandent aux personnes qui souhaitent s’investir un minimum de formation. A cet effet, la FFC a développé un parcours accessible à partir de 16 ans, ponctué de plusieurs diplômes, qui permet aux encadrants ou entraîneurs bénévoles de parfaire leur maîtrise de l’activité. Payantes (mais bien plus accessibles que celles du ministère des Sports), ces formations ne donnent en revanche pas le droit d’exercer contre rémunération.
Pour le VTT, on distingue deux niveaux : l’éducateur fédéral (72 h dont 30 de stage, après le module d’accueil de 15 h) et l’entraîneur fédéral (88 h dont 40 de stage, après l’éducateur fédéral). L’éducateur fédéral VTT est le profil-type du bénévole en école de vélo, formé pour s’occuper en autonomie de jeunes de 8 à 16 ans jusqu’en compétition. L’entraîneur fédéral met ensuite l’accent sur l’entraînement pour les plus de 15 ans (cadets, juniors et seniors), en vue d’assister efficacement un DEJEPS sur un public compétiteur. La spécialisation est aussi plus présente à ce niveau, puisqu’on demande au candidat de choisir entre XC, DH et Trial pour le VTT.
La FFVélo, nouvel acronyme de la fédération française de cyclotourisme, propose également des formations pour ses adhérents. Ici, on compte 4 niveaux : Initiateur club, Initiateur fédéral, Moniteur fédéral et enfin Instructeur fédéral (formateur pour les Initiateurs et Moniteurs). Les formations durent entre 16 et 50 h suivant le niveau. Attention, ces diplômes pour bénévoles ne sont officiellement reconnus que dans les clubs affiliés à la FFCT, comme les diplômes FFC ne sont reconnus que dans les clubs FFC.
En Belgique
Outre-Quiévrain, c’est le récent décret du 3 mai 2019 de la Fédération de Wallonie-Bruxelles portant sur l’organisation de la formation des cadres sportifs ainsi que la reconnaissance et l’homologation des différents brevets qui fait aujourd’hui référence pour l’encadrement contre rémunération dans les activités physiques.
La situation est bien plus simple puisqu’il n’existe qu’un seul parcours de formation, proposé conjointement par l’ADEPS (Administration générale du Sport) et les différentes fédérations sportives, la FCWB (Fédération Cycliste Wallonie Bruxelles) pour ce qui nous intéresse ici.
Le parcours est composé de 3 niveaux qui fonctionnent tous sur le même principe, un tronc commun à tous les sports dispensé par l’ADEPS suivi d’une spécialisation dans le cyclisme assurée par la FCWB . Elles sont bien plus accessibles qu’en France puisqu’il faut compter entre 40 et 90 € pour les cours ADEPS puis 140 et 180 € pour chaque formation de spécialisation, licence d’encadrant pour l’année suivante comprise. Revers de la médaille, le métier de moniteur de VTT n’a pas vraiment le même statut qu’en France et il est aujourd’hui très difficile de gagner sa vie comme moniteur à plein temps (au moins pendant une partie de l’année) en Belgique.
Les diplômes
- Moniteur Sportif Initiateur : comme son nom l’indique, son rôle est d’initier à la pratique cycliste et il travaille donc avec des débutants ou des jeunes. La performance et l’entraînement ne font donc pas partie de son domaine, il se concentre sur la découverte de l’activité et des différentes disciplines. La formation dure 78 h, cours généraux et stage compris.
- Moniteur Sportif Educateur : pour débuter ce deuxième niveau de formation, il faut avoir au préalable validé le diplôme de Moniteur Sportif Initiateur. Il propose trois spécialisations, Road (route et piste), Offroad (VTT, trial et CX) et BMX. Le diplôme d’Educateur permet de prendre le relais de l’Initiateur sur les pratiquants déjà familiarisés avec la pratique pour les faire progresser et éventuellement les amener à la compétition. Cours généraux et stage compris, la formation de MS Educateur dure 86 h.
- Moniteur Sportif Entraîneur : c’est le dernier niveau de formation proposé par la FCWB et comme son nom l’indique, il permet d’entraîner des pratiquants confirmés jusqu’en compétition dans un véritable objectif de performance. Pour démarrer la formation, il faut bien avoir passé le diplôme de MS Educateur et pouvoir attester d’une expérience minimum de 3 ans dans l’encadrement sportif. Contrairement aux deux autres, accessibles dès 18 ans, il faut être âgé de 21 ans minimum au moment des examens des cours généraux. C’est la plus longue des 3 formations puisque la charge totale de travail est estimée à environ 230 h par l’ADEPS (les cours spécifiques au cyclisme n’ont pas encore été définis, d’où l’absence de volume horaire précis pour l’instant).
Et le bénévolat ?
En Belgique, il n’existe actuellement aucune formation pour les bénévoles. Néanmoins, rien n’empêche de valider un ou plusieurs diplômes de Moniteur Sportif pour acquérir les connaissances et d’encadrer ensuite bénévolement.
Pour plus d’informations
En France, le site de la FFC est un bon point de départ si l’on s’intéresse aux diplômes du ministère des sports ou à ceux destinés aux bénévoles. On retrouve également une page dédiées aux formations des bénévoles sur le site de la FFVélo. Pour les diplômes de l’enseignement supérieur, le plus simple reste de se rapprocher des universités pour connaître leur offre de formation.
En Belgique, l’ADEPS et la FCWB disposent chacune sur leur site d’une page qui centralise les informations relatives aux différents diplômes, avec plus de détails dans leur domaine en particulier (cours généraux pour l’ADEPS, cours spécifiques pour la FCWB).