Découverte | Verbier, l’enduro en illimité
Par Christophe Bortels -
Au-delà de sa réputation de destination hivernale chic et pas vraiment bon marché, Verbier offre aussi en été un vaste terrain de jeu pour le VTT. D’abord centrée sur la descente, la station suisse a depuis quelques années développé un impressionnant réseau de traces enduro, que nous avons exploré le temps d’une journée tout en profitant aussi du bikepark plus traditionnel. Une mise en bouche bien trop courte mais très instructive !
Pour tout vous dire, nous avions déjà posé nos crampons ici en 2013. A l’époque, seules les piste de descente du bikepark étaient répertoriées sur les cartes éditées par la station valaisanne et les itinéraires enduro se sont développés peu après. Après des années à rêver en voyant les photos des nouvelles traces sur Instagram et Facebook, l’occasion s’est enfin présentée cette année et mi-juillet nous étions de retour à Verbier !
L’office du Tourisme avait dans un premier temps réservé un guide pour nous accompagner, mais nous avons préféré partir à l’aventure seuls, uniquement armés de la très dense carte officielle des parcours enduro, histoire de se mettre dans la peau d’un vététiste qui découvre le coin.
Après une première remontée avec la télécabine des Ruinettes, nous laissons (pour l’instant) le bikepark derrière nous et nous entamons la liaison à plat vers la Croix de Coeur.
2km plus loin, nous bifurquons à droite pour attaquer la côte qui mène au Col des Mines. Elle ne fait qu’un kilomètre, mais à froid les jambes souffrent et la respiration n’est plus si facile à plus de 2200m d’altitude…
Au Col des Mines, on bascule vers le Vallon d’Arbi en empruntant une trace rouge d’enduro. Tout ça dans un paysage de carte postale qui ne nous quittera plus de la journée…
N’espérez pas trouver un balisage spécifique au début et plus loin sur les traces pour vous y retrouver plus facilement et ne pas vous perdre, les itinéraires enduro sont en fait des chemins piétons autorisés aux VTT, où la priorité est évidemment donnée aux marcheurs. Ils ont d’ailleurs été choisis en fonction de leur intérêt pour la pratique de l’enduro évidemment, mais aussi parce qu’ils sont peu fréquentés par les piétons.
On doit donc un peu chercher son chemin et sortir régulièrement sa petite carte pour vérifier qu’on est bien au bon endroit. Pour ceux que cet aspect « aventure » rebuterait, les traces .gpx sont téléchargeables sur le site du bikepark de Verbier et l’Office du Tourisme loue des GPS sur lesquels se trouvent les itinéraires.
Mais revenons à notre trace rouge, qui se montre dès le début plutôt technique avec pas mal de roches et de petites cassures très ludiques pour certaines mais piégeuses pour d’autres.
Dans les derniers hectomètres, la roche laisse davantage de place à la terre, et on découvre même quelques épingles au milieu des sapins. Une belle mise en bouche, la journée commence bien !
Arrivés à La Tzoumaz après une liaison descendante, on emprunte le télécabine pour revenir sur les hauteurs de Verbier.
C’est là que se trouve le départ de la « petite » nouvelle : la Chôtatai, une trace DH de pas moins de 5km de long particulièrement flow. Une épreuve chainless (sans chaîne) s’y déroulera d’ailleurs ce samedi 27 juillet !
Fruit de pas moins de 9 ans de démarches pour obtenir les autorisations et valider le tracé, cette nouvelle descente a été shapée sur un secteur plus doux et vient parfaitement compléter l’offre du bikepark en proposant une bleue accessible à tous. On y croisera d’ailleurs bon nombre de bikers en herbe, un grand sourire sur le visage.
Une fois remontés de la Chôtatai, notre retour vers la station de Verbier se fait dans un premier temps par une rouge d’enduro très fraîchement dégagée et tout en dévers…
… et se poursuit par une autre rouge, mais de DH cette fois.
On se fait vite rappeler à l’ordre : nous ne sommes plus sur un itinéraire enduro, et les pistes de descente du bikepark, c’est du costaud ! Un gros vélo d’enduro n’est pas de trop pour éviter de se faire chahuter sur ces traces plutôt engagées.
Après une deuxième remontée par la télécabine des Ruinettes, on emprunte le début de l’autre piste bleue du bikepark pour rejoindre le petit resto d’altitude où nous allons manger à midi. La Tsopu a beau être bleue comme la Chôtatai, elle se montre plus âpre et un peu moins accessible, mais très fun malgré tout.
Contrairement aux traces enduro, les DH sont parfaitement balisées et il est impossible de se tromper : elles sont toutes agrémentées de tape coloré correspondant à leur difficulté. Bien pensé !
Après le repas, on traverse le bikepark via un chemin large pour emprunter le début d’une piste rouge de DH, qu’on quittera après quelques dizaines de mètres seulement, histoire d’aller chercher une noire d’enduro sur les conseils avisés de Fabrice Tirefort, aka Trifon, le directeur du bikepark. Et là, c’est un changement radical de paysage puisqu’on se retrouve à Clambin, dans des prairies typiquement suisse ponctuées de chalets tout aussi typiques.
Euh, il avait dit à gauche ou à droite ? Ce n’était peut-être pas une bonne idée d’oublier la carte sur la table du resto… On hésite, on se perd, mais on tombe sur une fontaine bienvenue pour refaire l’appoint d’eau.
Un peu plus loin, on s’engage sans grande conviction dans un chemin où l’on découvre ce panneau : visiblement les sentiers partagés ne sont pas au goût de tout le monde, mais au moins on a la confirmation qu’on est toujours sur un sentier VTT !
Les prairies bucoliques laissent rapidement la place à du bon single dans la pente.
Une succession d’épingles engagées nous le confirment : on est bien sur une noire !
On réalisera plus tard, en remettant la main sur une carte, qu’on a en réalité basculé sur l’itinéraire 4b, et non le 4a qui nous avait été conseillé. Mais peu importe, les traces sont belles et ça a parfois du bon de ne pas vraiment savoir où on est…
Nous voilà à présent au fond de la vallée en contrebas de Verbier, où nous attend la télécabine du Châble.
Si vous vous baladez dans la région, il est probable que vous croisiez Ludo May, pilote BMC mais aussi ambassadeur de Verbier (dont il est originaire), ici aux commandes de son Trailfox AMP.
Il faut dire qu’avec sa configuration et ses dénivelés, la région se prête bien à l’e-bike et on en verra d’ailleurs énormément au fil de la journée. Verbier ne propose pas d’itinéraire spécifique pour l’instant, mais elle se montre pro-active en développant les stations de recharge, au nombre de 11 pour l’instant. Elle va même plus loin encore en lançant son premier e-bike festival qui se tiendra du 15 au 18 août prochain avec un salon, des tests, des randos, etc.
Après avoir emprunté la télécabine du Châble et celle des Ruinettes, le télésiège qui mène à Fontanet offre une vue imprenable sur les passerelles de la Bortabitche, une rouge de DH.
A Fontanet, à 2475m d’altitude, on se pose un instant pour profiter du panorama exceptionnel et de la vue sur la Rôdze, l’autre piste rouge partant du même endroit et qu’on dévalera un peu plus tard.
Mais d’abord, place à la Bortabitche, dont la première partie est flow et aérienne.
Vient enfin cet impressionnant passage en passerelles aménagées au-dessus d’un tout aussi impressionnant pierrier… Bluffant et inoubliable !
A l’approche du télésiège de Fontanet que l’on va emprunter pour la deuxième fois, on profite d’une vue imprenable sur Verbier, 700m plus bas.
La journée se termine doucement, on profite donc à fond de la Rôdze et ses 65 sauts (on n’a pas compté mais c’est ce qu’annonce la carte VTT officielle…) !
Mais gare à l’excès d’enthousiasme, quelques portions plus techniques viennent agrémenter cette belle piste rouge…
Dans la foulée de la Rôdze, notre découverte de Verbier se conclut par une autre piste rouge, la Wouaïy. La fatigue se fait sentir et on subit la descente…
On termine la journée avec une cinquantaine de kilomètres au compteur, et le sentiment de n’avoir fait qu’effleurer le potentiel fou de la région. Bref, on sera obligé de revenir pour creuser un peu tout ça !
Quelques infos pratiques : la saison estivale est longue à Verbier puisque le bikepark est ouvert de juin à octobre (les remontées mécaniques principales tournent 7j/7 à partir du 1er juillet). Le prix du forfait est fixé à 38 francs suisses la journée pour un adulte, soit un peu moins de 35 euros. Suisse oblige, se loger coûte cher, a fortiori à Verbier, mais les prix sont plus abordables dans la vallée, notamment au Châble d’où part la télécabine du même nom et où se trouve un vaste parking. Pour info, chaque nuitée à Verbier/Val de Bagnes/La Tzoumaz donne droit au « VIP Pass » pour une journée. Ce pass lancé l’an dernier par l’Office du Tourisme peut s’avérer très intéressant puisqu’il donne accès gratuitement à certaines activités et offre des réductions pour d’autres. C’est notamment le cas pour les remontées mécaniques, gratuites pour les piétons avec le VIP Pass et à moitié prix pour les cyclistes. Et pour ceux qui ne souhaitent vraiment pas loger en Suisse, sachez que Châtel et les Portes du Soleil sont à une heure de route du Châble !
Site officiel de l’Office du Tourisme de Verbier : www.verbier.ch
Site officiel du bikepark de Verbier : www.verbierbikepark.ch