Découverte | Sur les traces de la Forestière avec Thomas Dietsch et J-C Péraud

Pling ! Sur mon écran apparaît un message de mon collègue qui me demande si je suis libre la semaine suivante du mardi au vendredi. Euh non pas vraiment, lui répondis-je ! Mais il insiste pour que je le remplace pour une reconnaissance de la Forestière. Ce n’est pas dans le Jura français, ça ? « Oui ! Allez, fais-le stp, j’ai vraiment un contretemps » m’envoie-t-il presque en suppliant. Laisse-moi y réfléchir, lui dis-je, car le Jura, ce n’est pas là qu’il y a un climat (très) humide ? Et n’y a-t-il pas énormément de forêts où je peux me perdre pendant des heures et où je ne verrai pas plus que les écorces brunes des arbres et les feuilles au-dessus de ma tête ? Parfois, il faut savoir payer de sa personne et aller au-delà de ses a priori ! Découverte.

La Combe à la Chèvre

Quelques heures plus tard, une grande vallée se dévoile sous nos yeux. Et le soleil qui est présent fait vite évaporer une de mes peurs : il ne pleut donc pas toujours dans le Jura ! La vallée porte le nom de ‘Combe à la Chèvre’ et un large chemin serpente entre les pâturages où, l’été, les troupeaux viennent goûter l’herbe fraîche. Et nous, nous goûtons aux premières pierres de la journée.

Thomas Dietsch nous indique que c’est plutôt une partie chaude, surtout le matin. “Ici il faut bien faire attention si tu veux rester sur ton vélo,” nous dit-il, “car les cailloux blancs que tu vois là sont encore très glissants aux petites heures, à cause de la rosée. J’ai eu le coup moi-même il y a quelques années. Avant de comprendre ce qu’il se passait, j’étais à genoux et j’ai dû abandonner.”

Les cailloux blancs sont encore glissants le matin à cause de la rosée

Heureusement que le chrono ne tourne pas aujourd’hui, ce qui sera différent en septembre lors du marathon de La Forestière, nous avons donc bien le temps de profiter du paysage et de faire attention à chaque pierre…

… mais pas trop longtemps, car nos mannequins du jour sont très excités à l’idée de découvrir les autres endroits mythiques de La Forestière.

La Roche d’Orvaz

Sur la route vers la roche d’Orvaz, il est grand temps de faire la connaissance de l’autre chouchou du cyclisme français, à savoir Jean-Christophe Péraud. Vous savez, le numéro 2 du Tour de France 2014 et, dans un passé un peu plus lointain, un vététiste très doué qui a décroché la médaille d’argent aux Jeux de Pékin. En tant qu’ancien vainqueur de La Forestière, à deux reprises même, il était très heureux de pouvoir revoir les chemins du Jura.

Péraud a entre-temps quitté le cyclisme et est depuis peu développeur de produits chez B’Twin. “Plus de compétition pour moi,” nous dit Péraud. “Pas sur la route et pas sur le vtt. Après toutes ces années, c’est assez. Je fais encore du vélo, mais le plus souvent sur la route. » 

« C’est surtout parce qu’à Lyon, où j’habite, je perds trop de temps avant de pouvoir arriver aux plus beaux sentiers. Je dois d’abord rouler 1 heure sur la route, avant de pouvoir faire deux heures de vtt, pour ensuite encore rentrer 1 heure par la route. Non, alors je préfère m’entrainer directement 4 heures sur la route. Cela dit, à l’occasion, je roule tout de même en off-road. “

Ici, Péraud profite pleinement de la vue et nous lui demandons gentiment si nous pouvons encore prendre une photo. “Bien-sûr, par où est-ce que je dois rouler? ” “Non, pas sur le vélo, juste ici, dans l’herbe. ” “Ah, ça sera la meilleure séance de la journée,” dit-il en riant et en s’allongeant sur le sol.

Cela fait maintenant un peu moins de 6 mois qu’il a raccroché son vélo, nous voulions donc savoir ce qu’il en était de ce fameux « trou noir » que beaucoup de grands sportifs connaissent juste après avoir arrêté. “C’est quand même un peu bizarre, car c’est un grand changement dans ta vie. Mais le trou noir n’est pas si dramatique au point que j’en devienne dépressif. Je profite pleinement de mon temps à la maison avec ma femme et mes enfants. Quand j’ai arrêté, je me suis donné 6 mois pour me trouver un nouvel objectif. Je l’ai trouvé chez B’Twin et ça va dans la bonne direction.”

La Borne au Lion

Si vous voyez cette borne de frontière en septembre, vous saurez que vous êtes au point culminant de La Forestière. Au début du 17^ème siècle, la borne de frontière symbolisait la limite entre la France, la Savoie et … le royaume espagnol. Oui, la Franche-Comté faisait partie du royaume d’Espagne.

Mais assez d’Histoire, nous ne sommes pas en excursion scolaire ! Nous voulons savoir combien de jus il doit nous rester dans les jambes. L’homme du coin, Bastien Michaud, ancien vainqueur de l’Ultra Forestière, nous prévient : “Nous sommes plus ou moins à mi-chemin du marathon et les plus grosses montées sont déjà derrière nous, mais ça ne veut pas dire qu’à partir de maintenant ça sera facile. Ne vous déconcentrez surtout pas, car il y aura encore quelques belles descentes.” C’est donc le moment de tester un peu plus les freins.

Cette Ultra Forestière est un cas à part. C’est un classement général combinant la cyclosportive le samedi (130 kilomètres) et le marathon vtt le dimanche (100 kilomètres). Si vous comptez suivre les traces de Michaud, alors « doser » sera le mot-clé. Sans quoi, le marathon du dimanche pourrait devenir un sacré calvaire au lieu d’un chemin vers la gloire!

Bellecombe

Autre nouveauté cette année, c’est que La Forestière sera la dernière manche de la toute nouvelle MTB Alpine Cup, une série de 4 marathons dans les Alpes. Et pas des moindres car, à côté de La Forestière, il y a aussi le Hero Südtirol Dolomites, la MB Race et le Grand Raid en Suisse.

“Avec l’Alpine Cup, nous espérons à nouveau augmenter le nombre de participants étrangers, car ces dernières années, nous avons remarqué que même les Suisses, qui à vol d’oiseau n’habitent quand même pas très loin, ne venaient plus en masse à La Forestière,” nous confie le coordinateur Manu Tartavez pour expliquer une des raisons pour lesquelles ils ont intégré la MTB Alpine Cup.

Le Lac de Genin

A la fin du marathon, les participants de La Forestière passent à proximité du lac de Genin. Pour nous, l’endroit idéal pour le dernier arrêt de la journée. Les coureurs ne verront pas le lac pendant la course, mais c’est notre petit conseil secret pour celles et ceux qui voudraient recharger leurs batteries après l’épreuve ou pour prendre du bon temps en famille.

Et vous vous demandez peut-être ce qu’il en est de mes préjugés évoqués dans l’introduction de ce reportage ? “Une édition sur six est embêtée par la pluie, donc après les conditions apocalyptiques de l’année dernière (lisez ici notre rapport sur l’édition héroïque)  nous sommes bons pour les cinq prochaines années,” nous dit le président Jérôme Bey en rigolant. Et je ne me suis pas encore perdu dans les grandes forêts, mais c’est peut-être parce que les gens de La Forestière m’ont très bien guidé aujourd’hui…

Si l’envie vous prend de venir découvrir le Jura par vous-même, et plus précisément la course de La Forestière, sachez que les inscriptions pour la course sont ouvertes et que le marathon 2017 aura lieu le 17 septembre. Découvrez le programme et les différentes distances sur le site de La Forestière. Et vous trouverez la présentation de la MTB Alpine cup sur : www.vojomag.com/news/mtb-alpine-cup-4-courses-dexception-nouveau-challenge