Découverte | Rwanda : du VTT au pays des 1000 collines

Par Olivier Béart -

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Découverte | Rwanda : du VTT au pays des 1000 collines

Quand on pense au Rwanda, c’est hélas encore souvent l’image d’un passé dramatique qui ressurgit. Pourtant, le pays a bel et bien tourné la page et se profile de plus en plus comme l’une des contrées d’Afrique les plus à la pointe au niveau économique… et sportif ! Véritable instrument de réconciliation nationale et de développement touristique, le cyclisme est l’un des sports les plus populaires du pays, qui accueillera d’ailleurs les championnats du monde de cyclisme en 2025. Et le VTT n’est pas oublié, avec la création d’un Epic Rwanda dont la première édition aura lieu au printemps 2022. Nous avons pu constater lors de notre voyage sur place que le pays se prête particulièrement bien au off-road ! Découverte :

Impossible d’oublier. Il y a moins de 30 ans, en 1994, le Rwanda était marqué par le génocide des Tutsi, qui a occasionné près d’un million de morts. Se relever après un tel drame semble presque impossible. Pourtant, 28 ans après, le Rwanda paraît avoir réussi à panser ses plaies et à prendre un nouveau virage.

Cela peut surprendre, mais le cyclisme a été (et est toujours) un des instruments de la reconstruction et de la réconciliation nationale. Quelle meilleure image que de faire rouler des Tutsi et des Hutu dans une même équipe cycliste nationale, et de véhiculer cette image de collaboration et d’unité lorsqu’ils s’entraînent et traversent les villages à travers tout le pays.

Non loin derrière le football, le cyclisme est aujourd’hui le deuxième sport le plus populaire. Le Rwanda dispose d’ailleurs d’un centre de formation permettant aux jeunes talents de progresser. Il est situé au cœur du parc des volcans, dans la ville de Musanze, sur un plateau d’altitude, non loin des célèbres réserves naturelles des gorilles au dos argenté.

C’est là que nous avons séjourné lors de notre voyage, et que nous avons pu constater que l’engouement ne vaut pas que pour le cyclisme sur route. Pour s’en convaincre, allez (re)voir notre reportage consacré à l’édition « zéro » du Rwandan Epic, qui s’est déroulée sous forme de course locale d’un jour, en prélude à l’organisation au printemps 2022 de la vraie formule en course par étapes (4 jours, du 10 au 13 mars 2022).

Dans ce reportage, c’est non seulement sur les traces de quelques-unes des étapes du Rwandan Epic, mais aussi au cœur du pays que nous allons vous emmener. Car nous avons eu un véritable coup de cœur pour ce pays absolument magnifique et dont l’accueil des locaux ne peut pas laisser indifférent.

Pour nous guider lors de ce périple, nous avons pu compter sur l’aide précieuse de quelques expatriés, avec en premier lieu deux Belges qui se prénomment tous les deux Simon (au centre de l’image). Le premier, Simon Hupperetz, a été coach de l’équipe nationale de VTT et continue de travailler régulièrement pour la fédération rwandaise de cyclisme dans le cadre du développement de ce sport dans le pays. Il est aussi, avec l’autre Simon et une petite équipe, l’instigateur du Rwandan Epic.

Nous avons aussi pu compter sur les bons conseils et sur l’aide de quelques locaux, comme Capione, qui nous a fait découvrir les alentours de Musanze.

Entre lacs et collines

Le Rwanda est souvent surnommé « le pays des 1000 collines ». Et quand on est sur place, on comprend directement pourquoi. Si le sud est plus plat, le nord du pays n’est qu’un enchaînement de petits monticules. Bref, un cadre parfait pour la pratique du VTT car cela ne fait que monter et descendre, mais jamais très (trop) longtemps.

Il y a bien des routes dans le pays, la plupart du temps en très bon état, mais il reste aussi énormément de pistes en terre battue. Certaines bien lisses et idéales pour le gravel, mais dès qu’on s’enfonce un peu dans le pays, on se rend vite compte que la plupart deviennent vite des chemins plus adaptés à la pratique du VTT et que des suspensions ainsi que des gros pneus sont plutôt agréables pour y circuler.

Puis, il y a aussi d’innombrables singletracks qui relient entre eux des champs, des petits hameaux, une carrière, etc. Et qui sont autant de terrains de jeux particulièrement amusants à VTT ! Car contrairement à d’autres pays où nous avons déjà eu l’occasion de rouler (au Maghreb notamment) et où ce genre de sentiers sont souvent des cul-de-sac, au Rwanda, il est quasiment toujours possible de faire des connexions et de se concocter un joli petit tour sans risquer de devoir régulièrement rebrousser chemin.

Au Nord, le pays n’a rien d’aride. On y cultive même le riz dans des marécages. Par contre, même s’il y a parfois quelques zones de boue, les chemins sont globalement plutôt secs.

Outre le gigantesque lac Kivu, qui marque la frontière avec le Congo tout proche (que nous avons aperçu au loin depuis certains points culminants de notre périple, mais près duquel nous ne sommes pas allés), la Province du Nord compte plusieurs autres grands lacs autour desquels les traces du Rwandan Epic emmènera les participants dès l’édition 2022.

Jamais seul !

Une des grandes caractéristiques du Rwanda, c’est sa relativement grande densité de population. Ce n’est pas un grand pays, et ses terres fertiles sont très prisées. Du coup, on n’est jamais seul !

Même quand on se croît à l’écart des villages, en pleine campagne ou en pleine forêt, il y a toujours bien un groupe d’enfants qui va sortir de nulle part et courir à vos côtés pendant quelques centaines de mètres.

Parfois aussi, c’est à vélo que des locaux vont vous accompagner ! Avant d’être un sport, le deux-roues est aussi un moyen de transport très prisé. On croise d’ailleurs souvent des vélos chargés d’énormes montagnes de marchandises en tous genres. Et pour freiner, rien de tel qu’un bon gros morceau de vieux pneu de voiture attaché sous la chaussure !

Un sentiment de sécurité

Si on n’est jamais seul, on se sent aussi toujours en sécurité. Jamais nous n’avons senti la moindre réaction hostile à notre égard. Juste des sourires, de grands « salut », des questions, des regards curieux.

Ce sentiment de sécurité vient notamment du fait que, si les populations locales ne sont pas riches et ne vivent pas dans le luxe, elles ne sont pas non plus dans la même extrême pauvreté que celle qu’on peut rencontrer au Congo voisin. Où rouler à VTT seul ou même en petit groupe n’est pas vraiment recommandé…

Lorsque nos guides étaient retenus par leurs obligations certains jours, nous n’avons pas hésité à partir en solo à la découverte de Kigali et de ses alentours. Bien sûr, il ne faut pas être complètement naïf et on n’est pas à l’abri d’un pickpocket, mais on peut s’aventurer sans crainte un peu partout, et c’est particulièrement agréable. Rien à voir, par exemple, avec l’Afrique du Sud, où les énormes inégalités dans la société font qu’il est clairement dangereux de se rendre dans certains coins.

Du côté santé, en pleine crise Covid, le Rwanda est aussi l’un des rares pays au monde à être resté en vert la plupart du temps sur les cartes mondiales de l’épidémie. Des précautions particulières sont d’ailleurs imposées à l’entrée, avec test et quarantaine obligatoire dans un hôtel de Kigali dans l’attente du résultat. C’est un peu contraignant, mais aussi tout à fait compréhensible et cela s’oublie très vite une fois qu’on est dehors.

A l’assaut du Mont Kabuye

Un des moments marquants de notre séjour a été l’ascension du Mont Kabuyé qui, avec ses 2647m, n’est autre que la plus haute montagne du pays. Attention : il y a bien des sommets plus hauts, comme le Mont Karisimbi qui culmine à 4507m, mais il s’agit de volcans ! Et il est impossible d’y aller à VTT. Alors que le Mont Kabuyé est un vrai paradis pour y poser ses crampons !

Au départ de Kigali, il faut compter une petite heure de route pour rejoindre Gakenke, où nous allons laisser la voiture. C’est jour de marché, et il y a énormément de monde partout.

Encore un peu d’asphalte à avaler à la pédale, et nous voilà sortis du tumulte.

Malgré l’altitude, le climat reste chaud et le sol fertile. C’est donc au milieu des champs que s’effectue une bonne partie de l’ascension.

Les pentes sont très irrégulières, et le type de chemin hyper varié. C’est aussi ça qui fait le charme de la sortie !

Passé 2500m, le décor change pour la toute fin de l’ascension.

La brume s’invite tout autour de nous et nous plonge dans un décor complètement surréaliste au cœur de cette forêt d’eucalyptus.

L’ascension devient plus technique, sur un petit chemin pédestre assez célèbre.

Preuve de son succès, on trouve un petit bar/restaurant au sommet, qui vient récompenser nos efforts après quasi 2 heures d’ascension !

 

La descente vaut vraiment le coup. On peut même dire que c’est le clou de notre séjour !

Le début est rocailleux et sinueux. Plus pentu aussi que la partie que nous avons prise pour monter.

Avec l’humidité ambiante, certains rochers sont glissants, mais il n’y a rien d’infranchissable et cela ne dure pas très longtemps.

On se retrouve vite avec une vue dégagée et absolument époustouflante, qui fait prendre tout son sens au nom « pays des 1000 collines ».

Entre les champs, dans les ruelles de petits villages, les chemins sont raides.

On sent les freins chauffer… et l’ambiance est aussi très chaude car même si on prend vite de la vitesse, notre passage est repéré très vite par les enfants qui ne manquent pas de nous encourager par de grands cris !

La fin de la descente marque aussi la fin de notre périple à travers ce pays qui est, n’ayons pas peur des mots, une de nos plus belles découvertes à ce jour ! Si vous avez, vous aussi, envie d’y poser vos crampons, un excellent moyen est de participer à l’Epic Rwanda et prendre quelques jours en plus avant et/ou après pour y voyager librement. Oui, on assume pleinement ce copinage car, contrairement au Cape Epic par exemple, le Rwanda Epic n’a rien d’une grosse machine commerciale. C’est l’œuvre d’un petit groupe de passionnés qui a envie de partager son amour pour ce magnifique pays d’Afrique Centrale, et leurs efforts méritent d’être récompensés. Les vols ne sont pas très chers (comptez de l’ordre de 500€ A/R) et croyez-nous, vous ne regretterez pas le voyage. Et vous risquez même d’avoir envie d’y retourner…

Plus d’infos : https://www.rwandanepic.com

Notre reportage sur le Rwanda Epic « édition zéro » : https://www.vojomag.com/decouverte-rwandan-epic-jour-de-course-jour-de-fete-en-afrique-de-lest/

ParOlivier Béart