Découverte | Le grand tour du Buet
Par Léo Kervran -
Fin septembre, Nicolas Masse est parti avec quelques amis pour une aventure « sur le pas de la porte » ambitieuse : un grand tour du mont Buet, ce sommet emblématique de Haute-Savoie en face du massif du mont Blanc, en VTT. Au programme, 4 jours de vélo pour 142 km et 9350 m de dénivelé positif. Revenu de cette entreprise avec succès, il nous raconte leur expérience :
L’alpinisme se pratique de bien des manières. A pieds, à ski, en chaussons d’escalade et même pour certains en chaussures de running. Si en haute montagne un vélo peut paraître un fardeau peu banal aux yeux des randonneurs étonnés, il s’avère dans certains cas un outil adapté pour qui saurait l’exploiter. On pourrait dès lors parler de « vélo-alpinisme ». Êtes-vous prêt à embarquer pour une aventure aussi intense physiquement que techniquement ?
Quel que soit le moyen utilisé, la fierté d’un accomplissement augmente avec l’altitude atteinte. La quête de points hauts, cols ou sommets est aussi valable à vélo. Sans même parler de haute montagne, le plaisir est toujours plus important lorsqu’on passe par le point le plus haut, et l’itinéraire de descente idéal démarrerait d’ici pour rejoindre au mieux la vallée.
Le vélo n’est que rarement l’outil le plus adapté pour atteindre un haut sommet, mais il peut devenir un ami merveilleux pour capter de beaux moments lors de sa descente.
Apportant des terrains très variés et des paysages à couper le souffle, la haute montagne est également un lieu idyllique pour enchainer les challenges physiques et techniques. C’est ce qu’on y recherche, après tout les sommets à l’accès facile et aux sentiers lisses sont rares.
C’est dans ces principes que j’ai imaginé une boucle de 4 jours entre Haut-Giffre (Sixt-Fer-à-Cheval), Aiguilles Rouges (face au massif du mont Blanc) et vallée du Trient (Suisse) avec comme point culminant le mont Buet (3096 m). Passer une journée en altitude c’est toujours bien, s’y promener en itinérance pendant plusieurs jours c’est encore mieux et ça donne l’occasion de repousser un peu plus ses limites. D’ailleurs, j’ai dû réfléchir à cette boucle sur la demande de David Dondana qui souhaitait se lancer un défi de plus dans le cadre de son association AlpineHeart (alpineheart.fr) avec laquelle il tente de rassembler des fonds pour aider des enfants atteints de cardiopathies congénitales.
Cette aventure regroupe tout ce qu’on aime en haute montagne : les difficultés physiques, la technicité des tracés, la variété de terrain, l’ambiance alpine, les panoramas d’exception… Et cerise sur le gâteau, c’est une boucle dont les accès aux points culminants sont aussi esthétiques que les descentes qui suivent.
C’est aussi ça l’alpinisme : ne pas forcément emprunter la voie la plus facile, la plus logique, mais choisir celle qui paraît plus élégante, plus appréciable. De part sa technicité, sa difficulté ou simplement sa beauté. En VTT nous avons cependant une contrainte d’encombrement en plus d’une contrainte de poids. Il faut savoir porter son vélo et sur certains parcours la tâche peut devenir complexe voire dangereuse. C’est parfois pour cette raison que dans le nombre restreint de hauts sommets « roulables », une bonne partie se fait en aller/retour.
Dans notre cas le seul aller/retour sera sur les derniers mètres au sommet du Buet.
Les chiffres de notre balade sont conséquents mais n’ont rien d’extravagant pour qui a l’habitude des grandes virées, seul le rapport dénivelé/kilomètres parcourus peut choquer :
- 1er jour : Vernayaz (Finhaut) → Refuge des Fonts, par le Cheval Blanc. 34 km et 2300 m de D+ / 2150 m de D-
- 2ème jour : les Fonts → Refuge d’Anterne Alfred Wills par le Buet. 20 km et 2400 m de D+ / 1900 m de D-
- 3ème jour : Anterne → Argentière, tour des Fiz et col du Brévent. 50 km et 2850 m de D+ / 3400 m de D-
- 4ème jour : Argentière → Vernayaz, par le col de la Terrasse. 38 km et 1800 m de D+ / 2600 m de D-
Cependant il faut considérer ces chiffres sur du terrain difficile : les montées à vélo sont raides, parfois très raides et une bonne partie de ces ascensions se font en portage ou poussage quand c’est possible. En VTT il y a dénivelé et dénivelé, 1000 m de montée douce ne sont pas comparables à 1000 m de montée continuellement raide voire en portage. Les effets de l’altitude ne sont pas à négliger, au dessus de 2500 m porter son vélo ne fait pas le même effet qu’en bas (et bien plus tôt pour qui n’aurait pas l’habitude de rouler en montagne). Il est nécessaire aussi de prendre en compte que les passages reposants en descente ne sont que très rares. La journée la plus courte de ce trip a duré 9 heures, et 11h30 pour la plus longue. On aurait sûrement pu gagner du temps, mais l’accumulation de fatigue aurait été plus importante.
Jour 1 : de Vernayaz aux Fonts
Nous démarrons notre périple par une montée progressive. On gratte les premiers 750 m de dénivelé en prenant le train (Mont-Blanc Express) de Vernayaz à Finhaut (Suisse) et on commence l’effort par quasi 1000 m d’asphalte dont la majeure partie grimpe tranquillement. Elle se finit toutefois par une rampe bien raide entre les deux barrages et lacs d’Emosson, sûrement pour nous rappeler que la tâche ne sera pas si facile et qu’à partir de là il faudrait réellement gérer l’effort.
La suite, sur sentier, mixe des passages plus ou moins raides qui se pédalent et quelques poussages voire quelques zones où il est plus confortable de porter. A mesure qu’on s’éloigne du lac du vieux Emosson la terre se fait plus rare et laisse place à un sol 100 % pierreux. Les derniers 250 m de dénivelé de ce gros effort (1600 m en tout et d’une traite) se feront en portage, avec un final aérien où il faut parfois s’aider des mains.
Même si on cherche à maximiser l’intérêt des parties montantes, notre parcours est surtout façonné de manière à optimiser son côté descendant. J’ai passé du temps à glaner un maximum d’infos sur les passages que je ne connaissais pas encore, mais nous avions roulé la majeure partie des sentiers avec Pascal (aka Fatscal sur les réseaux) quelques semaines auparavant. C’est le cas du sommet que nous atteignons alors : le Cheval Blanc et ses 2831 m au-dessus du niveau de la mer. Nous l’avions fait en aller/retour au début du mois d’août, y accéder par cette traversée rend la balade bien plus élégante.
Pascal et moi savons ce qui nous attend pour la suite. Pour David et Lucas c’est 100 % surprise. A chaque pause, je tente de leur faire le meilleur topo possible. Savoir à quoi s’attendre peut parfois améliorer l’expérience sur un sentier encore inconnu.
Le terrain de haute montagne peut être très compliqué à vélo. Beaucoup de sentiers sont inroulables, et quand ils le sont la tâche est la plupart du temps ardue avec parfois (souvent ?) des expositions élevées. L’exposition c’est le danger en cas de chute. Quand le terrain est agressif, il faut déjà éviter les erreurs de pilotage, mais quand l’exposition est forte, elles sont interdites. Ce sont des conditions à prendre en compte dans son choix d’itinéraire et bien entendu dans sa façon de l’appréhender et dans sa manière de le rouler.
On peut se relâcher et prendre de la vitesse quand ça redevient facile, mais l’humilité doit rester à son maximum en permanence, il ne faut pas hésiter à faire un passage à pied si on ne le sent pas, quand bien même son partenaire s’est senti à l’aise à cet endroit. La fierté est à mettre de côté. Dans les terrains très techniques, le plaisir d’avoir su improviser un enchainement de franchissements est suffisamment intense pour qu’il ne soit pas obscurci par quelques passages « NR » (non roulant) effectués à pieds.
Ceci étant dit, l’itinéraire de descente idéal comporte le minimum de ces passages « NR » ou en tout cas une proportion suffisamment faible pour laisser le plaisir à un niveau réjouissant.
L’itinéraire de descente du Cheval Blanc est une orgie physico-technique. Du caillou sous toutes les formes possibles, un passage de lapiaz où il faut improviser la meilleure ligne possible, deux belles longueurs jubilatoires sur crête et même encore un petit portage à l’ambiance préoccupante et forte en sensations avant de basculer sur les lents tronçons techniques et parfois exposés qui nous amènent au refuge de Grenairon. De là il nous reste encore 1000 m de dénivelé négatif avant l’effort final de la journée, 400 m de piste raide pour atteindre le refuge des Fonts.
La descente du refuge de Grenairon est un must dans le quartier. Si c’est du terrain dans lequel on est tous bien plus à l’aise, ça reste un parcours difficile : beaucoup d’épingles très serrées (là où les nose turns sont plus commodes) et quelques franchissements techniques. Depuis le sommet du Cheval Blanc, à part quelques très courtes remontées et un portage de 10 minutes, nous enchainons tout le dénivelé négatif du jour soit plus de 2000 m. La descente semble à présent interminable et même si le terrain est plus amical, il s’agit de rester concentré pour ne pas partir à la faute.
Nous n’arrivons pas tous au refuge des Fonts dans le même état physique. David finit un peu dans le dur mais c’est surtout Lucas qui subit le plus cette rude montée.
Jour 2 : des Fonts au refuge d’Anterne
Malgré une nuit pluvieuse, il ne fait pas froid au réveil (pourtant « les Fonts » ne sont pas connus pour leurs matinées douces). Ça facilite bien la mise en route, nous avons à peu près 3 minutes pour tourner des jambes avant que le chemin ne se redresse sérieusement et que démarre une « bosse » de 1700 m de dénivelé où il faudra majoritairement porter (un peu de poussage et les secteurs qui peuvent être pédalés sont suffisamment rares pour être vite oubliés). L’objectif : le sommet du Buet, à 3096 m d’altitude.
Commence un long travail sur soi-même. C’est long, très long et nous ne progressons pas tous au même rythme. Lucas semble payer les difficultés physiques de la veille, David a pris son rythme, lent et régulier, Pascal fera un long morceau devant pendant que j’essaie de naviguer entre les allures de tout le monde. En plus d’être long c’est globalement raide, sûrement le portage le plus difficile physiquement que j’ai pu faire.
Heureusement, les ambiances et paysages changent régulièrement, pas de monotonie. A mi-chemin nous profitons un moment d’un groupe de bouquetins qui se reposent dans l’herbe puis repartons vers des altitudes plus minérales.
C’est un peu plus haut que nous accédons à la plus grosse montée d’adrénaline de notre ascension : le Grenier de Villy. Un petit enchainement de cheminées raides et de secteurs «aménagés» nécessitant de s’aider des câbles d’une main en tenant son vélo dans le vide de l’autre. Un passage en particulier correspond parfaitement à l’adage « si tu tombes c’est la chute, si tu chutes c’est la tombe ».
C’est un secteur qui prend un peu de temps et de l’énergie, mais personnellement la montée d’adrénaline qu’il procure me remet presque les jambes à neuf. C’est un bienfait facilement accepté car il reste encore 300 m de dénivelé aux alentours de 3000 m d’altitude avec toujours ce surpoids sur le dos qui semble un peu plus lourd à chaque pas réalisé, d’autant que le sentier est toujours raide.
Le sommet est finalement à notre portée, recouvert de beaux restes de neige tombée une dizaine de jours avant. Pascal déteste la neige, ce machin blanc et froid il ne le maîtrise pas, il décide donc de nous attendre Lucas, David et moi sous le sommet, au croisement du sentier de descente. D’ailleurs le sommet il le connait déjà, nous l’avons roulé ensemble quelques semaines auparavant. Finalement les restes de neige n’étaient pas gênants pour rouler. On aurait pu le voir sur une très belle image de drone, si Lucas avait correctement appuyé sur « REC ».
La descente du Buet, c’est du terrain de haute montagne bien sûr, mais c’est beaucoup plus « roulant » que la descente du Cheval Blanc. Nous sommes dans notre zone de confort et on peut se faire plaisir à chaque instant.
Mais il ne faut pas oublier que sur ces sentiers nous ne sommes pas seuls. D’ailleurs certains secteurs sont à éviter durant les périodes touristiques. Très pratiqués par les randonneurs, il faudra préférer y aller « hors saison ». Cependant la randonnée est pratiquée toute l’année et si les piétons doivent être considérés comme prioritaires sur tous les sentiers, c’est à prendre d’autant plus en compte en haute montagne : le terrain et l’exposition l’exigent.
De même, il est important de respecter un maximum les tracés : éviter autant que faire se peut de les quitter (coupes, freeride, etc, la flore nous en remercie d’avance), et aussi de les éroder. La haute montagne c’est le domaine des cailloux. Quand la pente est importante, ceux-ci peuvent dégringoler sur de longs dénivelés. Il n’est pas rare que les tracés zigzaguent dans une pente : une roche décrochée en haut peut parfois traverser plusieurs fois le sentier et mettre en danger d’autres usagers.
Nous finissons la journée au refuge Alfred Wills (Anterne). Il est plus grand et un peu plus cossu que le refuge des Fonts et nous y trouvons une ambiance très sympathique. Nous faisons figure d’OVNIs, ou plutôt ORNIs, seuls vététistes d’un refuge plein de randonneurs. Les questions et anecdotes affluent, souvent pleines d’inquiétude, et parfois on répond par un peu de dérision pour rassurer ou peut-être nous rassurer nous-mêmes… « Mais vous faites comment quand il y a des chaines ? – Ah nous on n’en a pas besoin, on s’accroche au vélo ! »
Jour 3 : du refuge d’Anterne à Argentière
La troisième étape de notre périple commence quasi en descente, nous avons juste une courte montée comme réveil musculaire, suivie de la descente du Collet d’Anterne vers le Lignon composée de multiples franchissements de roches calcaires souvent bien patinées et bien glissantes. Nous enchainons par la remontée des Gorges de Sales et ses multiples cascades. De nombreux marcheurs progressent à notre rythme. Si Lucas semble avoir pris le rythme, David est dans le dur. C’est souvent comme ça le troisième jour consécutif.
A l’avant du groupe nous faisons une pause un peu avant les chalets de Sales et nous voyons rapidement arriver le vélo de David poussé par un des randonneurs avec qui nous partagions la montée depuis un moment. « J’en avais trop envie ! », nous dit-il. Il avait pris le vélo des mains de David sans même lui demander afin de le pousser à son tour. On voit finalement arriver David avec deux bâtons de marche et un regard amusé.
Même si on y croise de temps en temps des personnes qui semblent gênées par la présence de vélos sur les sentiers, et ce même si nous adoptons le comportement le plus cordial, on peut dire qu’en haute montagne les rencontres sont généralement chaleureuses. Ceci dit, c’est bien la première fois qu’on croise quelqu’un qui veut faire l’effort à notre place !
Cette étape, c’est le jour le plus long, question dénivelé, question distances et question durée. En montagne, le timing est essentiel. Partir suffisamment tôt, gérer les possibilités d’intempéries, tout a son importance. Nous ne pouvions pas partir plus tôt du fait des horaires imposés par le refuge (nous avions besoin de cette infrastructure pour notre nourriture, sinon nous ne serions pas allés bien loin). Le rythme adopté depuis le matin n’est pas bon, ça ne passera pas. Mais David a dans l’idée de couper à mi-chemin et de prendre le train à Passy pour se rendre à Chamonix. C’est une solution qui plait également à Lucas.
Avec Pascal, nous sommes décidés à aller au bout de cette étape. Nous ferons donc la descente de Platé depuis le Col de la Portette tous ensemble puis nous nous séparerons. Cette descente nous remet dans l’ambiance de tension et d’exposition du premier jour au Cheval Blanc. Enfin, le terrain est quand même différent car beaucoup plus fuyant. J’avais vu quelques vidéos de Pascal roulant certains verrous de cette descente, mais avec la fatigue accumulée et le gros sac à dos on a préféré ne pas prendre de risques inutiles et laisser certains de ces passages.
Pour aller au bout de cette journée et atteindre l’hôtel avant la nuit, il a fallu réadapter le rythme. Gagner du temps partout où on pouvait, en perdre un minimum là où c’était possible et gérer une vitesse de progression suffisante sans pour autant exploser physiquement. Nous arrivons à boucler ces 50 km et près de 2900 m de dénivelé positif en gagnant l’hôtel juste avant la nuit.
Jour 4 : d’Argentière à Vernayaz
J’avais volontairement découpé la boucle pour que le dernier jour soit un peu plus léger en termes de dénivelé. Ça nous permettrait de terminer sur un rythme un peu plus détendu. Ce n’est pas une journée facile pour autant, avec une belle bosse de 1300 m d’une traite jusqu’au col de la Terrasse, dont plus de 600 m de portage avec un final très alpin dans des éboulis au calibre de plus en plus important.
La suite nous fait finir notre trip en apothéose : la descente intégrale d’Emosson. Descendre du barrage d’Emosson vers la vallée du Rhône, c’est un classique de la vallée du Trient. On prend le train à Vernayaz pour Finhaut (comme nous l’avons fait le premier jour), on pédale jusqu’au barrage et s’en suit un itinéraire globalement descendant et de grande qualité jusque dans la vallée du Rhône 1500 m plus bas.
Cette fois, pour rejoindre le barrage d’Emosson nous allons démarrer du col de la Terrasse, descendre toutes les dalles autour du lac Vert (mythique, atypique, mais technique et exigeant), et rejoindre la Gorge de la Veudale (toujours très technique) qui débouche au bord du lac. Entre le col de la Terrasse et la vallée du Rhône il y a 2200 m de différence d’altitude. Avec les quelques remontées qui parsèment l’itinéraire c’est environ 2500 m de dénivelé négatif que nous devons enchainer : un must pour qui aime le vélo de montagne.
Après 4 jours d’une météo quasi parfaite, nous finissons sous un ciel chargé. Nous avions programmé ce trip à la fin septembre et malgré un caprice météo ayant recouvert les sommets d’une belle épaisseur de neige quelques jours avant le départ, l’arrivée d’un anticyclone et d’un redoux marqué nous ont apporté un créneau quasi parfait pour nous lancer. Même avec une intense préparation, nous ne sommes jamais à l’abri d’aléas météo qui pourraient compromettre nos plans.
C’est juste après avoir trinqué pour clôturer notre trip que les grosses gouttes ont commencé à tomber et les semaines qui ont suivi n’ont pas été clémentes question météo : on peut dire qu’on a eu de la chance !
Nous sommes quatre à avoir bouclé la boucle : se sont joints à moi David Dondana (alpineheart.fr), Pascal aka Fatscal et Lucas Frigout. Pour vous narrer cette aventure en images, je vous laisse écouter le point de vue de Lucas avec son récit en 4 épisodes pour autant de jours sur le vélo :
Texte & photos : Nicolas Masse