Découverte | Le Beaufortain avec Up’n’down : affinage en cours
Par Paul Humbert -
Il y a des endroits qui ont une saveur particulière dans nos esprits après y avoir posé nos roues. Le Beaufortain fait partie de ces destinations qu’on apprécie tout particulièrement chez Vojo. Au début du mois de juin, nous nous sommes entourés d’une bonne équipe pour découvrir le travail d’Olivia qui lance la société de navettes « Up’N’Down » dans le Beaufortain. Il ne fallait pas une raison de plus pour partir à l’assaut des longs kilomètres de singletracks dont regorge le massif.
Au départ du village de Beaufort, levez les yeux et vous voilà dans le Beaufortain. Les sommets verdoyants qui entourent ce point de départ sont particulièrement connus et reconnus des cyclistes, des motards et bientôt des VTTistes. Evidemment, le Beaufortain est loin d’être une destination inconnue et les initiatives et évènements dédiés aux VTTistes ont donné leurs lettres de noblesse au massif.
Après un passage dans ses sentiers, on comprend évidemment pourquoi et on se demande simplement pour quelle raison cette destination n’est pas encore en haut de la liste des endroits à visiter pour tous les passionnés de notre sport.
Une des raisons est peut-être le manque d’infrastructures dédiées à la découverte du massif comme on l’entend. Pour vous « gaver » de sentiers toute la journée, l’option pédalage est possible mais le dénivelé est impressionnant. Pour accéder facilement aux sommets, un sytème de navettes gratuites a le mérite d’être en place mais leur fréquence n’aide pas à frôler l’overdose de ride en fin de journée.
C’est partant de ce constat, et lassée d’entendre que « quelqu’un devrait le faire », qu’Olivia Kemp a pris son courage à deux mains pour lancer une société de navettes et de guides VTT dans le Beaufortain.
Dans la région, le bike park des Saisies offre des prestations de qualités pour les amateurs de pistes travaillées et balisées, mais le créneau d’Olivia n’est pas concurrent et son objectif est de faire découvrir les plus beaux itinéraires VTT et traces cachées du Beaufortain. Deux salles, deux ambiances.
Excités par l’altitude ou l’odeur du Beaufort qui mature à quelques mètres du centre du village, nous intégrons une petite équipe prête à mettre Olivia à l’épreuve pour une de ses premières journées « tests ». Passionnée de VTT, Olivia a quitté son travail pour se lancer corps et âme dans cette activité estivale au sein d’un massif où elle a élu domicile il y a 4 ans.
L’hiver passé le nez dans les formalités administratives, le feu vert est donné quelques jours avant notre arrivée et si son travail est réfléchi, rien ne vaut un test « grandeur nature ». Entre stress et excitation, Olivia nous ouvre les portes de « son » Beaufortain.
En notre compagnie, nous retrouvons deux des guides qui travailleront avec Olivia : Simon et Déborah (que vous connaissez bien, en fidèle lecteur et lectrice).
Avec nous, Armand, qui officie comme pisteur-secouriste et patrouilleur nous gardera en sécurité quand Fred, qui connaît les sentiers comme sa poche, s’assurera que personne ne se trompe de cap.
Les sentiers justement, il ne sortent pas de nulle part ! Le massif du Beaufortain investit depuis plusieurs années dans la création d’itinéraires VTT enduro et c’est Alex Kociemba, dit l’indien, qui officie en tant que « shaper ». Amateur de belles traces, il laisse sa marque sur les sentiers en les bordant de petites sculptures que seuls le yeux attentifs pourront repérer.
Des sentiers officiels, on en compte une dizaine mais Olivia nous annonce qu’avec Simon et Déborah, les portes de bien d’autres traces s’ouvriront à nous.
Première étape du baptême du feu d’Olivia, accrocher nos vélos. Quelques jours avant de recevoir le beau camion qui lui servira de navire amiral, nous lui laissons l’occasion de se faire la main sur nos vélos en les accrochant à la remorque qui sera également de la partie tout l’été. 27,5, 29 pouces, gros pneus, petit pneus, Olivia passe l’épreuve avec brio.
Viennent ensuite les premières remontées sur les petites routes si typiques du Beaufortain. On déambule entre les chalets et on traverse les nuages qui se lèvent pour laisser place au chaud soleil du mois de juin.
Vachette, Faucheuse, Dev’Alberville et de nombreux autres noms circulent. Inutile d’essayer d’être exhaustif, il y en a trop ! On se contente de suivre nos guides sur des traces toutes plus belles les unes que les autres.
Là où le coup de foudre opère, c’est quand on réalise que même les pistes les plus officielles et reconnues restent très naturelles. On s’éloigne de tout ce que peut offrir un Bike Park et on retrouves des tracés on ne peut plus adaptés aux VTT, mais dans un écrin de mousse, de terre, de racines et de cailloux parfois.
Les virages relevés sont rares mais le relief est travaillé pour que les courbes se négocient parfaitement.
L’ensemble saura séduire tout VTTiste aguerri équipé d’un vélo avec un peu de débattement. Une autre qualité des tracés est l’exploitation progressive de la pente. Les descentes sont longues et on ne plonge pas inutilement pour avaler du dénivelé. Il faudra tout de même être à l’aise sur son vélo pour profiter au maximum des tracés.
On traverse des rivières, des sections techniques et d’autres bien plus rapides. On croise parfois quelques obstacles plus travaillés par la main de l’homme mais ils sont bien peu nombreux. Le tout s’enchaîne facilement, nos bras ne fatiguent pas trop vite, et on doit se forcer à s’arrêter pour faire des photos.
Fred égaye notre sortie avec une cascade dont seuls les locaux ont le secret.
En bas, Olivia ronge son frein en nous attendant, espérant que tout se passe comme prévu. Récompensée par nos sourires et l’envie de remonter aussi vite que possible, elle nous accompagnera d’ailleurs pour un des plus beaux rides de nos deux journées. Démarrant dans les pins et la bruyère, on plonge dans la pente et la terre avant d’attraper les portions rapides et rocailleuses nous menant à l’arrivée et à notre barbecue.
Si il y a une chose avec laquelle on ne rigole pas dans le Beaufortain, c’est bien le fromage !
Le fromage éponyme se décline à toutes les « sauces » et en cas de pénurie, les habitants de Beaufort peuvent compter sur leur distributeur automatique !
Si on profite de nos pauses repas, l’appel des sentiers est bien trop fort pour nous en laisser éloignés.
Les yeux derrière la tête, Déborah et Simon terminent de repérer l’ensemble des sentiers qui seront au programme des rides des clients d’Olivia. Il faut en trouver pour tout le monde, des descentes techniques, d’autres plus accessibles et de quoi combler les envies de chacun.
Déborah et Simon gardent un oeil attentif sur tout le monde et ils repèrent vite les premiers signes de fatigues et, à l’instar de bons chiens de berger, vont nous ralentir ou adapter le programme pour nous ramener en un seul morceau à la bergerie.
Ils n’oublient pas non plus de guider leurs bêtes dans un des nombreux abreuvoirs.
Dans le Beaufortain, les sections de pédalages ne sont jamais bien longues, mais elles existent !
Difficile toutefois d’envisager une grosse journée sans l’assistance d’un véhicule, les dénivelés sont costauds !
Une autre raison de tomber sous le charme du Beaufortain (le Beauf’ pour les intimes), c’est la variété de terrain qu’on traverse. Du single en pente douce à travers les pins et la bruyère jusqu’aux pierriers plus exposés, il y a vraiment de tout et la région se distingue des domaines plus alpins comme les Portes du Soleil.
Les nombreuses épingles s’enchaînent avec plus ou moins de facilité mais elles sont toutes plus belles les unes que les autres.
Passée la découverte des traces les plus reconnues du massif, on se glisse dans la roue de nos guides pour aller chercher les traces préférées des locaux. Il est difficile d’imaginer y accéder sans vraiment les connaître mais on profite allègrement de la découverte.
Si on termine nos deux journées de vélo avec les bras bien fatigués, on réalise qu’une toute petite partie du domaine est passée sous nos roues.
On retrouve Olivia, rassurée à l’issue de son test. Tous les voyants sont au vert et elle peut désormais accueillir ses premiers clients pour des sessions à la journée ou sur plusieurs jours, en partenariat avec des hôtels ou gîtes du coin.
On valide l’A.O.P. « Up’n’Down » et une seule question demeure, quand est-ce qu’on retourne dans l’Beauf’ ?
Plus d’infos sur Up’N’Down : www.vttbeaufortain.com