Découverte – Gravel | Un printemps dans le Morvan, la France des campagnes

Par Pierre Pauquay -

  • Staff pick

  • Nature

Découverte – Gravel | Un printemps dans le Morvan, la France des campagnes

En revenant de l’Ardèche, nous nous sommes arrêtés en Saône-et-Loire pour humer, découvrir et rouler en gravel dans cette France rurale, magnifique quand le printemps renaît.

Des régions proches peuvent nous porter loin… Les chemins de la Saône-et-Loire nous emmènent vers de paisibles itinéraires où l’on découvre une région vallonnée, peu peuplée et par endroit très sauvage. Nous avons trouvé une belle harmonie de paysages en abordant les Monts de Beuvray ou du Signal d’Uchon et nous nous sommes prélassés le long des rivières et dans les prés fleuris. En route pour cette douce échappée !

Deux mille ans d’histoire

Pour cette découverte du sud du Morvan, deux circuits balisés ont retenu notre attention, ceux qui empruntent la Grande Traversée du Massif Central (GTMC). En se jouant de ces deux traces, l’une partant d’Autun et l’autre de la Tagnière, nous avons pu rouler deux jours dans une campagne préservée.

Autun, la méconnue, est riche d’une histoire de deux millénaires. Capitale du peuple gaulois éduen, les Romains s’y installèrent après avoir signé un traité d’alliance. Les remparts, portes de ville et le théâtre antique sont les témoins de cette époque gallo-romaine.

Au Moyen-Âge, la ville devint le siège d’un évêché. Nombre d’églises et la cathédrale Saint-Lazare illuminent toute la richesse du patrimoine de la cité.

A peine avons-nous quitté Autun que la campagne nous ceinture. Dans le bois ou le long des prés, les chemins sont rapides et bien égalisés. Durant ces premiers kilomètres, les difficultés techniques sont inexistantes ; rouler dans la vallée du Méchet, c’est avant tout l’occasion de se ressourcer et de profiter de ces grands espaces, comme ces prairies qui coiffent les sommets des collines.

Nous suivons d’ailleurs un chemin tracé sur le chaume qui se dirige vers un bois. En contrebas, protégée des vents dominants par son encaissement, la petite vallée est chaude. Par ces vallons et ces crêtes, nous nous rapprochons des Monts de Beuvray. Nous voilà face à une rampe redoutable. La suite de l’itinéraire ne va pas nous ménager physiquement : enfin du costaud !

De la vallée, une longue ascension nous ramène vers la crête. Le dénivelé n’est pas sans conséquence : de 350 mètres, nous grimpons à plus de 800 mètres d’altitude. Si en bas, nous évoluions dans une ambiance printanière, plus haut, le vent souffle et refroidit le corps. Sur cette rampe, nous choisissons le plus petit développement, tant la côte est raide. Au sommet, voici Les Jours, encore un hameau paisible. Les Monts de Beauvray offrent aux cyclistes qui prennent le temps de découvrir leur richesse naturelle, une forme de ravissement.

De humbles paysages

Sur la crête, la vue qui s’étend n’est qu’une succession de collines et de vallons : nous sommes sur un plateau et cela se lit dans la topographie. Il est le parfait exemple d’un paysage modelé par la main de l’homme depuis des générations paysannes. Nous contournons le chaume via une très belle trace à travers la grande forêt constellée de hêtres et de chênes centenaires.

Elle est par endroit roulante, à d’autres lieux un peu technique mais rien d’insurmontable. Les kilomètres défilent à travers les belles courbes des collines. Le chemin qui descend vers Les Etang-sur-Arroux est superbe. Il nous gratifie d’une piste sans pièges comme ces racines ou ces pierres cachées.

Le pays harmonieux

Au deuxième jour dans le Morvan, le village des Etang-sur-Arroux est encore assoupi par un matin frileux. Du village, le chemin bien tracé longe la rivière et emprunte ce qui fut une ancienne ligne de chemin de fer. L’humidité de la vallée transcende un paysage où on vit paresseusement dans les châteaux de plaisance de Bussière, de Champignolle et de Trélague

A la Tagnière, nous sommes au pied du col de la Croix Messire Jean : il fut en 2021 le lieu d’une étape épique lors du Tour de France. Une échappée constituée de gros moteurs comme Philippe Gilbert, Wout van Aert, Jasper Stuyen, Kasper Hasgreen ou Mathieu van der Poel, titulaire du maillot jaune, prennent le large, au grand dam de l’équipe UAE de Pogacar. Au final, le Slovène Mohoric remporta l’étape. Elle bouscula la hiérarchie : Roglic, prétendant à la victoire finale, perdit 9 minutes dans l’aventure.

Les virages se prennent à la volée et les points de vue permettent de discerner la solitude des lieux. L’ascension vers le Signal d’Uchon se poursuit, inlassablement. Rien ne sert de s’essouffler : ici on grimpe au train, on économise ses forces. Au sommet du col de la Croix Messire Jean, la récompense est de voir un paysage se muer en véritables petits alpages.

A côté de la route, les Rochers du Carnaval sont un curieux amoncellement de blocs de granit que l’on rencontrerait plus volontiers en Bretagne. Il y souffle une impression étrange : aux alentours des gros rocs, les racines des hêtres et des chênes s’enroulent autour du roc érodé, formant d’étonnantes créatures de pierre et de bois… La vue qui s’étend n’est qu’une succession de collines bleues et de vallées encaissées se déroulant vers le nord du Morvan. Au col, l’auberge est ouverte et prête à l’envie de nous arrêter. Le petit plat du jour sera délicieux.

Un paysage humanisé

Un chemin en dévers rejoint les flancs de la colline où l’on peut admirer la vue vers la Chapelle-sous-Uchon. Une autre dégringolade nous emporte sur un chemin rapide, couvert d’herbes douces. Nous nous glissons avec bonheur sur cet itinéraire de découverte. La trace sillonne la corniche de la vallée du Mesvrin comme si elle nous invitait à nous arrêter à chaque virage pour admirer le paysage. Aucun bruit ne vient troubler la quiétude de notre progression.

Maintenant, la descente se faufile entre les genêts et traverse une pelouse sèche. Dans ce massif montagneux, le paysage est le témoignage des activités économiques humaines fondamentales. L’élevage et l’agriculture s’intègrent en note harmonieuse avec la nature. L’environnement, le paysage, la pureté de l’air de cette région sont des labels qu’il fallait préserver. Le Parc Naturel du Morvan vise à protéger ce territoire rural, en harmonie avec les besoins de la population et de son économie essentiellement rurale. Au sein du Parc, l’homme et la nature vivent en symbiose. Et le gravel demeure sans conteste le meilleur moyen de découvrir toute sa diversité.

Des haies vives

Dès cet instant, nous pénétrons dans une forêt où la trace sinue entre les feuillus. La balade aboutit à Mesvres. Aux lumineuses façades de l’ancien prieuré se marie un ciel bleu azur qui semble exempt de pollution.

En traversant la région, nous ressentons cette douceur de vivre qui s’y dégage. L’occasion de se ressourcer et de profiter de ces grands espaces, comme ces prairies qui coiffent les sommets des collines.

Nous suivons d’ailleurs une route tracée dessus qui se dirige vers les prairies, délimitées par des haies vives. Une dernière descente nous ramène vers l’Arroux. Depuis sa source, la rivière a façonné une région qui charme d’abord par ses paysages champêtres. Ici, point de berges aménagées, les hérons et martins-pêcheurs vivent dans un milieu préservé. Le soleil réchauffe l’atmosphère dans ce beau vallon que nous rejoignons en fin de journée, heureux d’avoir gravi tout de même 850 mètres de dénivelé dans la campagne.

Débouchant à l’orée du bois, nous apercevons l’église et la petite gare des Etang-sur-Arroux, heureux d’avoir bouclé un itinéraire des plus variés. Dans cette mosaïque de rivières, de larges vallées bucoliques, de petits sommets, la randonnée en gravel a trouvé l’une de ses raisons d’être.

Carnet pratique

  • Où trouver les traces de la Grande Traversée du Massif Central : Sur le site de la GTMC, vous pourrez télécharger les traces qui passent dans le Morvan et créer ainsi votre propre itinéraire. D’Autun on suivra la D 681 puis la D3 menant à la Grande-Verrière où vous rejoindrez la trace de la GTMC, disponible ici : https://www.la-gtmc.com
  • Etape 6 de la GTMC : La Grande-Verrière – Toulon-sur-Arroux : A la Tagnière, on empruntera l’itinéraire retour via la liaison La Tagnière-Autun
  • Balisage : Sur le terrain, le balisage mériterait une sérieuse mise à jour, dommage pour la liberté de rouler sans entrave. La trace GPX de la GTMC sera nécessaire.
  • Autres infos touristiques : Tourisme Saône-et-Loire
    https://www.destination-saone-et-loire.fr

ParPierre Pauquay